XXI
Ce serait le seul moyen. Mais l'issue dépendrait entièrement des deux singes à qui il adresserait la parole. Avec l'homme, Antonio passa le reste de la nuit à peaufiner tous les détails de ce qu'ils s'apprêtaient à entreprendre. Ainsi, le Singe et l'Homme avaient fraternisé. L'homme lui expliqua qu'il ne fallait pas sous-estimer les humains, même s'ils paraissaient ignorants du monde. Ils l'étaient, certes, mais ils employaient des méthodes dont il n'avait pas idée, et que cela les rendait imprévisibles. Il lui donna l'exemple de sa capture.
Avant l'aube, le plan fut exposé et l'organisation prompte des humains fascina Antonio. Dire qu'il les avait pris pour des sauvages... Il n'en était pas très fier. Il reprit ses esprits ; ce n'était pas le moment. Le soleil allait se lever et il fallait faire vite. Résolu, il se mit en marche.
Une demi-heure plus tard, Antonio, le corps recouvert de cendre, arrivait à la première maison, où se tenait Paolo. Du coin de son œil il regarda en direction de la forêt. Il espérait que ses ravisseurs et sauveurs y étaient en sécurité. Il reporta son attention sur son chef et l'interpella :
– Paolo ! Paolo ! J'ai passé les dernières heures à chercher mes singes... Ils ne peuvent pas avoir disparu, il sont forcément quelque part. Je prends des provisions et je repars sur-le-champ.
– Calme-toi, Antonio. Où étais-tu passé ?
– Dans la forêt, répondit-il tout en sachant que ça n'allait pas lui plaire.
– Mais tu es fou ! Si on t'avait vu ?
– Je me suis couvert de cendres pour ne pas me faire remarquer. Ils pensent que j'ai été envoyé sur le terrain.
Paolo se calma. Il reconnut qu'il avait agi avec brillance. Des singes allèrent chercher des provisions et Antonio demanda à aller voir les « sauvages » et admirer son œuvre ; la permission lui fut accordée.
Heureusement, sa mère se trouvait dans la maison la plus éloignée de Paolo. Il parla sèchement et l'emmena brutalement en la tirant par le bras. Il s'éloigna de deux maisons vers le nord afin d'être à l'abri des oreilles.
– Désolé, mais c'était la seule façon. Sinon ça aurait été suspect. Écoute-moi jusqu'au bout car je n'ai pas beaucoup de temps.
– Je me suis rendu compte de ce que je venais de faire. Ce serait trop long à expliquer, mais il faut que tu me croies. Ne dites rien au gouvernement ni à personne. Je ne sais pas si les deux autres sont de confiance, et si tu as le moindre doute ne les mêle pas. Je veux que tu viennes chercher les humains en hélico, en avion ou ce que tu trouveras, et que tu les emmènes à l'autre bout de la ville vide sans qu'on te voie les débarquer.
– Tu en es capable ? demanda-t-il à sa mère, voyant qu'elle ne réagissait pas.
Elle finit par hocher la tête et Antonio poussa un soupir de soulagement.
– Compte sur moi, mon fils.
Pendant un moment, la mère et son enfant ne se quittèrent pas des yeux. Antonio avait toujours pu faire confiance à sa mère ; cela n'avait pas changé et elle était heureuse de le retrouver, enfin. Malgré tout, les bons moments ont toujours une fin, et ils durent se séparer une nouvelle fois.
Antonio retourna chercher les provisions qu'on lui avait préparé et soumit sa satisfaction à son chef qui lui souhaita bon courage dans sa quête, sans se douter de rien. Il se fichait bien que des singes aient disparu, mais Antonio était une menace pour son grade. S'il pouvait ne jamais revenir..., pensa-t-il, très loin de se douter qu'effectivement il ne le reverrait plus jamais, mais qu'il serait toujours vivant.
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