Prologue
J'entends ses pas dans le couloir. Souples... légers. Comme rythmés par les battements de mon cœur que je sens vibrer dans ma poitrine. La lueur faiblarde qui taquine mes rétines m'indique que la nuit touche à sa fin. Les paupières mi-closes, j'attends son arrivée comme une dose d'opium, impatiente.
La porte s'ouvre. J'arrête de respirer.
Il entre, nu. Divinement beau. Diablement sexy.
Je m'oblige à rester immobile, pour l'observer en douce à l'abri de mes cils. Ses muscles se contractent sous l'effort qu'il fait pour ne pas faire de bruit. C'est comme ça que je le préfère. Dans le plus simple appareil, les cheveux encore humides de la douche qu'il vient de prendre. À cet instant, il paraît presque vulnérable. Et en même temps, tellement puissant...
L'ambivalence de mes perceptions me trouble. Je suis complètement accro à cet homme.
Lorsqu'il fait le tour du lit, s'échappant à ma vue, je lutte contre l'envie de me retourner pour l'accueillir entre les draps. L'attente se fait insoutenable et me rend fébrile. Je l'écoute se glisser sous la couette et réprime un frémissement quand le sommier geint sous son poids. J'ai passé la nuit à l'attendre...
Son odeur m'enveloppe comme un linceul, alimentant mes sens déjà en alerte. Je me mords la lèvre, attentive à la chaleur familière qui accompagne sa venue.
Surtout ne pas bouger...
Son bras droit se glisse lentement sous ma taille, tandis que l'autre m'enserre les hanches. D'un geste incroyablement tendre, il m'attire contre lui et vient enfouir son visage dans mes cheveux. Je l'entends inspirer. Profondément, comme pour s'abreuver de mon odeur.
Je ne peux plus faire semblant de dormir quand il grogne dans mon cou et pose ses lèvres, juste là, sous mon oreille.
— Déjà ? demandé-je d'une voix éraillée par l'émotion qui assèche ma gorge.
Je peux presque sentir sur ma peau, le sourire qui étire sa bouche avant qu'il ne grommelle.
— Hum... elle était fatiguée.
Ses mots me font mal. Je pince les lèvres, rongée par la jalousie et lâche d'une voix légèrement méprisante.
— P'tite joueuse.
Il rit en réponse et aligne son corps le long du mien, calant mes fesses contre son entrejambe.
— Dors bien, Pupi, soupire-t-il.
Je murmure, en ravalant la boule qui s'est formée dans ma gorge.
— Dors bien, Hugo.
Il parait que la jalousie est la gangrène des sentiments. Moi, je l'accepte sans broncher. C'est le prix à payer pour être avec lui.
Longtemps, je reste là, à attendre que sa respiration ralentisse. Je pourrais l'écouter pendant des heures. Toute une vie si je le pouvais. À cet instant, je me sens comme privilégiée. Parce qu'en définitive, toutes les autres ne comptent pas. Elles n'ont jamais été que le réceptacle de sa lubricité, une passade pour soigner les blessures qu'il garde profondément ancrées et qui le rongent depuis tellement d'années. Hugo a trouvé dans le sexe un exutoire pour panser ses plaies. Soit. C'est une solution comme une autre, du moment qu'il me revient.
Je sais que je ne devrais pas me réjouir de cette relation, qui n'a rien de normal. Pour beaucoup, elle serait avilissante et scandaleuse. Cependant, je ne peux m'empêcher de ressentir une satisfaction sordide lorsqu'il passe la porte de ma chambre. Car c'est toujours auprès de moi qu'il vient dormir. Après...
Toujours auprès de moi qu'il trouve l'apaisement nécessaire à son repos. Je suis la seule qui puisse lui faire trouver le sommeil. La seule qui le comprenne. Je suis son refuge.
Son essentiel.
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