Chapitre 8

DECEMBER-DAN

Hier soir, après cette longue journée de lundi, avec mes recrues, au détour du couloir, j'avais croisé John qui m'avait informé qu'une réunion se tenait le lendemain. Et ça avait l'air d'être assez urgent alors j'avais accepté sans en demander plus. J'étais certaine que c'était une mission et ce n'était pas pour me déplaire.

J'avais besoin de penser à autre chose avec ce week-end mouvementé et cette boule qui ne voulait pas quitter mon esprit. La savoir dans mon sac et repenser aux mots écrits dessus ne me rassurait pas.

Alors, en ce mardi matin, j'avais pris rendez-vous pour aller à la rencontre du prochain collègue de Sara, l'après-midi même. Cette situation ne pouvait plus durer. Elle avait besoin d'aide et moi, même si je faisais mon maximum, je ne pouvais pas me dédoubler. Puis, cette personne était probablement la seule personne qui pouvait peut-être me donner des réponses au sujet de cette boule...

Hope, pour me soulager décida d'accompagner Skyler à l'école, car Isaac était déjà au QG et que mon père devait lui aussi se rendre au QG. D'ailleurs, je décidai de faire le chemin avec lui. Je le découvris, bien habillé, dans son bureau.

— J'ai un père tellement beau, que je suis trop fière, commentai-je.

Il se retourna vivement vers moi, ne m'ayant pas entendu et il leva les yeux.

— Bien qu'on soit voisin, sonne ou frappe avant d'entrer !

Je lui fis une grimace avant de m'approcher de lui et de l'enlacer fortement. Il resserra mon étreinte en m'embrassant le sommet du crâne et m'éloigna de lui.

— Ça m'étonne qu'il te convoque quand même. Ça doit être vraiment important. Et je te préviens papa, tu n'iras pas en mission.

Il râla en me disant que je m'inquiétais pour rien. Il prit quelques papiers sur son bureau et je persistai en disant que je pouvais réaliser les missions qui lui seront confiées. Je n'aimais pas le savoir en mission et Hope non plus.

— Arrête d'insinuer que je suis vieux. Je suis encore en forme, mon cœur.

— Je sais mais pense à Hope et Jared. Et Skyler. Et moi ! Je ne veux pas qu'il t'arrive quelque chose, papa.

— Ça va ma puce. Arrête de me materner.

— OK, dis-je en levant mes mains en signe de reddition. Allez, on y va.

J'étais toute heureuse à l'idée de me retrouver en tête à tête avec mon père. J'avais l'impression de remonter le temps et de redevenir la fille à papa que j'étais.

Une fois dans sa voiture, il démarra et mon sourire stupide ne quitta pas mes lèvres.

— Pourquoi tu souris comme ça ? Tu me fais peur.

— Parce que je suis contente d'être avec toi ! répondis-je.

— Moi, ce n'est pas vraiment le cas.

— Tu n'es même pas crédible.

Il rit et je me joignis à son super rire qui me berçait toujours autant. Je pris sa main et entrelaçai nos doigts.

Il me regarda attendri et embrassa le dos de ma main.

— Je suis très fier de toi DD. Tu es bonne mère, même si tu penses le contraire, tu seras une parfaite épouse même si tu ne le crois pas et tu réussiras à gérer tout ça même si tu seras à la tête du QG après John.

— Merci papa. Mais si tu tentes de me faire pleurer, tu rêves !

Il rit une nouvelle fois et je lui embrassai le dos de la main avant de relâcher celle-ci. J'avoue, je voulais pleurer alors pour faire disparaître cette atmosphère prêtant aux confessions, je lui proposai un restaurant père-fille. Ça faisait plusieurs années que ce n'était pas arrivé et j'en avais besoin. Il accepta immédiatement, ravi qu'on reprenne cette habitude.

— On ira après dans le boxe de ta mère ? Ça fait très longtemps.

Je le regardai et acceptai. Il avait raison, ça nous ferait le plus grand bien de relire quelques lettres à elle.

— Ça sera une soirée père-fille, premier homme de ma vie et jusqu'à ce que la mort nous sépare.

Il ricana et lâcha :

— Tu sais, ça me rassure que tu dises que je serai toujours le premier, après tout ce qu'il s'est passé avec l'arrivée de Skyler, avoua-t-il après plusieurs secondes. Et ton futur mariage.

— Je t'ai pardonné, papa. Arrête de te torturer. Et, ce n'est pas parce que je me marie que je vais disparaître. Ça sera de ta faute si je commence à douter de mon mariage.

— N'abuse pas non plus. Tu sais, si tu commences à douter, repousse le mariage dès maintenant. Surtout, épargne-moi la mariée qui fuit devant l'autel, s'il te plait.

Je le dévisageai avec l'envie de rire et de le frapper.

— Ce sont dans les films que ça se passe ce genre de choses. En plus, je trouve que ça ne se fait pas.

Mon père s'esclaffa tandis qu'il redémarrait de notre arrêt du feu rouge.

— Ce n'est pas drôle ! Je ne lui ferai jamais ça.

— D'accord. Merci de m'épargner une honte monumentale dans ce cas.

— Tu n'es pas drôle.

— Je te taquine. Tu sais très bien que j'aime beaucoup Isaac et ça me briserait le cœur si tu lui faisais ça. Je voulais juste te prévenir. Te connaissant depuis un certain nombre d'années, je connais tes réactions imprévisibles.

— Tu penses vraiment que je suis capable de ça ?

Il me jeta un bref coup d'œil et haussa les épaules.

— Et pourquoi je l'abandonnerai à l'autel ?

— Je ne sais pas. Des circonstances atténuantes seraient présentes.

Mes épaules s'affaissèrent et mon regard le fit rire.

— Ton humour est vraiment mais vraiment merdique. N'insinue même Zeyn et Drew. Je m'en moque vraiment. C'est bon, tu es de leur côté maintenant depuis qu'ils sont venus à l'anniversaire de Skyler et qu'ils savent pour elle. C'est bon, l'histoire est bouclée. J'attends juste son appel pour qu'on voit comment on va faire pour qu'il passe du temps ensemble. Tout en sachant qu'elle ne voyagera pas seule jusqu'à New-York.

Je croisai les bras, irritée. Comme si leur présence allait me faire dire « non ». Bien sûr que j'allai épouser Isaac.

« On verra ! » chantonna Conscience.« En tout cas, je serai en première loge ! ».

Je lui lançai un regard méprisant mais elle s'en ficha.

— Je trouve que le fait qu'ils soient venues, a prouvé que vous avez grandi et que vous allez pouvoir gérer la situation comme il se doit. Et tu sais très bien, que je suis pour, et ça depuis le début, qu'ils sachent la vérité. Sept années sont déjà bien assez longues comme ça.

Je regardai le paysage extérieur défiler. Il devait de me saouler là et il en avait conscience mais ne dit rien. Nous finîmes par arriver au QG et il s'excusa en me serrant contre lui, mais je ne répondis pas à son étreinte.

— December-Dan ...

— Je suis susceptible aujourd'hui, dis-je.

Il me regarda bizarrement tandis qu'on entrait dans l'ascenseur.

— Tu n'es pas enceinte, j'espère ?

— Papa !

— Je demandais ...

Je levai les yeux et quittai l'ascenseur à mon étage et il me suivit.

— T'es vraiment chiant aujourd'hui.

— Et toi, tous les jours, Seigneur !

Je soupirai et le laissai entrer dans mon bureau. Il referma la porte derrière lui et j'allai poser mon sac sur mon bureau.

— Toujours aussi nickel.

— Toujours. Tu veux rester ici le temps qu'il soit 9 heures ?

Il accepta en s'installant dans le fauteuil face à moi.

— Je vais aller voir vite fait mes recrues avant la réunion. Et papa ? Je voulais te dire que ... tu as raison. Ça me fait chier d'entendre qu'on me l'avait dit. Mais, je suis soulagée de leur avoir dit la vérité.

— J'aime ce que tu me dis là. Encore une fois, je suis fière de la femme que tu es devenue. Je souris faiblement et décidai de ne pas troquer mes baskets contre mes talons. Ce n'était pas grave. Une jupe crayon et des baskets ça fait un style non ?

Je m'attachai les cheveux en attendant la suite de ses âneries lorsqu'on frappa à la porte et je donnai mon accord.

Ce fut Wyatt et je lui souris, heureuse de le voir.

Papa le regarda de haut en bas tandis qu'il avança vers moi.

— Bonjour Agent Lee.

— Bonjour Wyatt. Ne prête pas attention à cette antiquité.

— Heureusement que je t'aime ma fille sinon je t'aurais giflé ! Bonjour jeune homme, du moins Wyatt.

— Bonjour, vous ... vous êtes Karl Lawson ?

— En chair et en os ! sourit mon père. Je suis tout aussi célèbre que toi, DD !

— Mais DD a remporté quand même le plus de médailles, lâcha Wyatt, innocemment.

J'affichai un large sourire et fis un clin d'œil à mon père.

— Il a raison, Karl. À plus tard !

Nous laissâmes Papa sous le choc et nous quittâmes mon bureau.

— J'espère qu'il n'est pas choqué, bafouilla-t-il.

— Ne t'en fais pas, tout va bien, le rassurai-je. Il est habitué au culot avec moi.

Wyatt parut rassuré et j'allai saluer mes élèves qui étaient en compagnie du maitre Chang qui les entrainait ce matin.

***

Nous étions à la réunion.

J'étais assise à côté de Sara et Isaac était assis à côté de Papa. John se tenait debout le temps que les autres s'installent. Et les autres, c'était les membres du Conseil.

J'échangeai un bref signe de tête hypocrite avec l'agent Parker. Vous vous rappelez de celle-là ? Celle qui avait voulu que je sois suspendue il y a sept ans parce que j'avais enfreint les règles. Cette harpie ne voulait pas laisser sa place malgré son âge avancé. Bon, elle devait avoir 57 ans maintenant ou plus. Mais, je ne pouvais pas voir sa tête. Elle m'horripilait.

Sara me donna un coup de coude pour m'avertir de me tenir à carreaux. Je levai les yeux et Isaac me sourit tendrement.

Tout le monde était enfin là et John lança la réunion.

— Bien, je vous ai tous conviés à cette réunion car un client mystère nous a demandé de réaliser une mission à haut risque. Et après ce que je vais vous dire, vous allez penser comme moi que c'est un haut dignitaire du gouvernement.

— Mais si, c'est le cas, lâcha papa, pourquoi ne pas contacter la CIA ?

— Parce qu'elle nous a donné ça comme enregistrement, répondit John après avoir appuyé sur un bouton de la table.

L'enregistrement se lança et une voix féminine envahit la salle.

— Bonjour John. C'est un contact qui m'a envoyé vers vous et vos services. J'ai besoin de vous. Ou du moins, l'un de vos agents pourra m'aider. On ... On m'a parlé de l'Agent Lee. Je veux qu'elle fasse le travail. Le contact m'a assuré son excellence et je le crois. C'est peut-être en demander trop mais ... c'est une mission à haut risque. J'ai ... J'ai créé un logiciel qui pourrait détruire le monde. Je l'ai confié au gouvernement mais ... il y a des gens corrompus parmi eux et ils l'ont revendu. Ce logiciel est dangereux. Je désirerais donc en parler avec l'Agent Lee. En face à face si c'est possible. En ce qui concerne l'argent, dès notre première rencontre, je lui fournirai une partie de la somme, c'est-à-dire 10 millions de dollars. Je lui donnerai le reste si je récupère le logiciel et qu'elle soit sûre qu'il n'a pas été dupliqué grâce à l'aide de votre informaticienne de génie, l'Agent Carlton. Ainsi le reste de la somme sera de 10 millions de dollars. Avec ça, le QG aura encore de beaux jours devant lui. Vous savez, prit-elle une pause, si mon ami m'a envoyé à vous, c'est qu'il croit au QG. Aidez-moi s'il vous plaît. Si vous acceptez, contactez-moi à l'adresse e-mail suivante : . Je l'ai codé pour que vous ne puissiez pas remonter à la source. Un simple « Oui » ou « Non » suffira. J'attends une réponse de votre part, le plus rapidement possible sera le mieux. Je vous remercie d'avance.

On entendit des grésillements et l'enregistrement cessa.

Je sentis tous les regards braqués sur moi.

Je n'avais pas de réelles réactions mis à part le fait que je me rejouai l'enregistrement.

Pourquoi j'étais encore le centre d'attention ? Comme si je n'avais pas suffisamment de problèmes. Je reniflai bruyamment, me moquant totalement des regards des autres et m'affalai sur ma chaise moelleuse avec une envie de disparaitre.

Mais même cela ne me détendit pas et je dus poser mes coudes sur les tables et prendre ma tête entre mes mains. Je fermai les yeux quelques instants.

Cette mission rapporterait 20 millions de dollars au QG. 20 millions de dollars ! Bordel de merde. Le QG n'avait jamais été payé pour une aussi grosse somme depuis qu'il avait commencé. Jamais.

Je rouvris les yeux et croisai le regard de mon père.

Dans son regard, je tentai d'y trouver l'aide, un indice, une réponse mais ... rien. Juste la surprise face à cet enregistrement.

Je décidai de regarder Isaac et pareil avec en plus la crainte de me perdre.

Je tournai mon regard vers John qui finit par s'asseoir lentement sans me quitter du regard.

Attendaient-ils que je dise le premier mot ?

Si c'était le cas, j'allai le faire mais rien n'en sortit. Les mots m'échappèrent comme une assiette glissante de liquide vaisselle. Les mots étaient bloqués dans ma gorge.

Je déglutis et John m'aida en disant doucement :

— Tu n'es pas obligée d'accepter December-Dan. Je lui ai envoyé un mail en lui demandant si une autre personne pouvait être sur la mission mais je n'ai reçu qu'une seule réponse. Un simple non. Elle veut que ça soit toi December-Dan. Mais rien ne t'y oblige, répéta-t-il.

J'ouvris la bouche pour lui dire à quel point je le savais et que cette mission, je l'aurais accepté si elle m'avait été confiée il y a sept ans mais désormais, je ne pouvais pas.

J'avais Skyler, j'avais Isaac. J'avais ma vie et mon équipe. Je ne pouvais pas.

Bordel 20 millions de dollars.

Je ne pouvais pas.

« C'est 20 millions de putain de dollars DD ! » s'étrangla Conscience.« La mission de ta vi vie ! »

« Oui mais c'est risqué ! » ajouta Raison. « Réfléchis-y DD ! Je trouve ça louche après cette boule noire... ».

Un petit rire amer échappa de la connasse de l'agent Parker.

— Bien sûr, elle va refuser. À présent l'agent Lee a d'autres priorités, sous-entendit-elle en lançant un regard à Isaac.

— Quoi ? laissa-t-il échapper.

Je le coupai net et fusillai du regard cette vipère.

— Ça vous pose un problème ?

— Un peu. En étant agent, vous signez pour servir les plus faibles quoiqu'il vous en coute.

— Faites la mission alors ! m'exclamai-je. Et crevez par la même occasion, ça nous fera des vacances !

— DD ! me réprimanda mon père.

— De superbes vacances, ajouta Sara.

— Je la ferai volontiers mais tout le monde ne jure que par votre nom.

— Ne soyez pas jalouse, déclarai-je. Je suis la meilleure et ? Je l'ai mérité.

— Alors, prouvez-le-nous encore, me défia-t-elle.

— Je n'ai rien à prouver à personne, grondai-je.

— C'est quand même 20 millions de dollars, rappela l'Agent Linch.

C'était un nouveau. Enfin, ça faisait 5 ans qu'il était là. Il était sympa mais sans plus. Nous avions échangé quelques conversations brèves. Il m'avait toujours félicité pour mon travail du haut de ses 30 ans. En voyant mon regard, il poursuivit.

— Étant donné que le QG n'est pas financé par le gouvernement, ça nous aiderait énormément, December-Dan. Nous n'avons pas à te forcer et je ne prends aucunement le parti de l'Agent Parker mais tu devrais considérer la situation. Cet inconnu n'aurait pas confiance en tes capacités, elle ne t'aurait pas choisi.

Je fixai ses yeux avant de détourner son regard et de regarder mes mains.

— J'ai une équipe que je dois gérer, dis-je doucement. Je ne peux pas les laisser comme ça. Ils viennent à peine d'arriver ...

— Je vous l'avais bien dit, ricana ma rivale.

Les gens commencèrent à parler et je fermai une nouvelle fois les yeux. Il y a 7 ans, je l'aurais fait sans me poser des questions.

J'étais devenue si réfléchie, si...

— Je vais le faire, dis-je.

Le silence envahit la pièce et je rouvris les yeux.

Je pivotai ma tête vers John qui n'avait pas l'air si surpris que ça.

— Tu es sûre ?

— Si je le fais et si je réussis, je veux que l'Agent Parker quitte le Conseil.

— Quoi ? s'insurgea-t-elle. Elle n'est pas le droit John !

— Bien sûr que j'ai tous les droits. On se déteste mutuellement et comme je vais être à la tête du QG, je commence à imposer mes conditions, dis-je en la fusillant du regard.

Elle hoqueta de stupéfaction et je me levai.

— Préparez vos affaires, vous allez vous barrer.

— C'est ce qu'on verra !

Je ramassai mes affaires, lui fis un doigt d'honneur et quittai en colère la salle.

Sara ne tarda pas à me suivre.

— Tu n'aurais pas dû accepter.

— Elle veut toujours m'humilier même après autant d'années, me défendis-je.

— Tu as une fille DD et un futur mari. Tu as pensé à ton mariage qui se passe dans moins de deux mois ?

— Tu me saoules avec ce mariage Sara ! bougonnai-je. Je vais me marier, n'ayez crainte.

Elle écarquilla les yeux de stupéfaction et recula d'un pas.

— Qu'est-ce qui te prends ? me questionna-t-elle.

— Elle a raison sur un point cette harpie : en étant agent de terrain, j'ai signé pour toutes les missions pour sauver les plus faibles. Je suis un super héros de l'ombre. Quoiqu'il m'en coûte, je dois le faire. C'est tout ce que j'ai toujours été, expliqua-je en me calmant sans pour autant le quitter du regard.

— Tu as trop de fierté, commenta-t-elle.

— Je ne te contredirais pas dessus Sara, tu as raison. Ma fierté me tuera peut-être un jour.

Je la regardai une dernière fois avant de regagner mon bureau.

J'enfilai mes talons et refoulai cette colère qui bouillonnait. Je pris mon sac et mes affaires avant de quitter mon bureau. Je devais aller voir notre futur informaticien.

En attendant l'ascenseur, Isaac fit son apparition.

Je lui jetai un bref coup d'œil et entrai dans l'ascenseur. Il en fit de même et sa froideur me m'ébranla, mais je n'en fis rien. Je n'avais rien à dire car je savais que j'aurais dû réfléchir avant d'accepter cette mission. Nous aurions dû prendre la décision à deux.

L'ascenseur continua sa descente jusqu'à qu'il le bloque et qu'il se poste face à moi.

Je ne voulais pas de dispute, après celle que je venais d'éviter avec Sara.

— Regarde-moi, December-Dan.

Je repoussai ma mèche de cheveux et plongeai mon regard dans ses incroyables yeux.

— Certaines décisions se prennent à deux, débuta-t-il. Tu ne peux plus penser qu'à toi.

— J'en ai conscience.

— Non. Sinon, tu aurais réfléchi avant d'accepter parce que Mary Parker t'envie. C'est une vieille femme aigrie, car elle n'a jamais eu la même carrière que toi et parce qu'elle a toujours rêvé d'avoir une fille aussi forte que toi. Tu es rentrée dans son jeu.

— Oui et ? Je vais les rapporter ces 20 000 000 de dollars, dis-je en débloquant l'ascenseur, et elle quittera le Conseil.

— Et si tu meurs ? Tu as pensé à ça ? Tu as pensé à nous ? s'énerva-t-il. Non ! Bien sûr que non ! C'est d'abord toi et tes victoires puis après c'est le reste. Tu as mis sept ans à dire à ta fille et à un père qu'il avait sa fille, parce que tu pensais à toi d'abord.

Ce qu'il venait de dire était tout simplement bas et je préférai mettre cela sur le compte de la colère. Nous avions passé un excellent dimanche et un bon lundi, mon mardi se passerait bien. Mais je fus obligée de dire :

— Alors si tu le sais, pourquoi tu m'as demandé en mariage Isaac ? J'ai beau avoir changé, je resterais toujours cette grande rêveuse qui veut toujours plus et qui veut aller toujours plus loin, putain. Ma carrière, c'était ma vie, ma base, il y a quelques années.

L'ascenseur arriva au rez-de-chaussée.

Je l'observai mais il détourna mon regard, mécontent.

— Je n'aime pas comment tu agis.

— Comment ça ?

— J'ai l'impression que tu veux fuir le fait que Zeyn peut débarquer d'un jour à l'autre pour que vous parliez de Skyler. Je suis d'ailleurs étonné qu'il ne soit toujours pas venu chez toi. Il a toute sa légitimité, maintenant.

Je soupirai et dis :

— Tu es comme un père pour elle. Elle-même le dit alors mets-toi ça dans le crâne.

— Mais au niveau de la justice, ce n'est pas le cas. Arrête de me dire ça. Réalise la situation, se défendit-il en colère. Le changement arrive.

— Tu tentes de créer une dispute là ?

Il souffla à son tour et balança :

— Ne m'attend pas ce soir.

Je le regardai tout simplement, ne réalisant pas ses propos ou plutôt en voulant les ignorer.

— D'accord. Si tu pouvais juste aller récupérer Skyler, ça serait sympa. Je me débrouillerai pour rentrer. Je suis venue avec mon père ce matin donc je n'ai pas ma voiture.

Je m'approchai de lui malgré tout et l'embrassai délicatement à la commissure des lèvres.

— Je t'aime Isaac mais je dois faire cette mission. Ça aiderait le QG et ne t'inquiète pas pour notre mariage. Je te jure qu'on se marie le 24 novembre comme prévu.

Je caressai sa joue et quittai l'ascenseur.

***

Le taxi me déposa à l'adresse que j'avais indiquée.

Une fois devant le bâtiment d'envergure, je lissai ma jupe et avançai vers celle-ci.

Dès que je fus mon entrée dans l'enceinte de l'agence, je me dirigeai vers l'accueil malgré la fourmilière qui m'entourait. Ça faisait longtemps que je n'avais pas mis les pieds ici, à la CIA.

Je saluai une standardiste avec son uniforme de bureau gris anthracite qui ressemblait énormément à la décoration environnante des lieux. Je lui passai ma fausse carte d'identité et une fois une confirmation à l'ordinateur, elle passa un coup de fil et je patientai.

— M. Whyte va venir vous chercher, m'annonça-t-elle.

Je récupérai ma carte et trois minutes plus tard, Whyte débarqua avec son ventre un peu bedonnant et sa calvitie prononcée.

Il me lança un sourire que je lui rendis tout en lui serrant la main.

— Je savais que tu ne pouvais pas résister de venir ici, commenta-t-il.

— C'est parce que je n'ai plus de choix et j'ai besoin de cet informaticien.

— Toujours aussi tranchante !

— Chassez le naturel, il revient au galop.

Il rit doucement et me demanda de lui suivre.

— Bien qu'on se connaisse, tu dois passer par la case fouille.

Un agent féminin procéda à ma fouille corporelle et de mon sac avant de signaler que tout était correct et nous pûmes prendre l'ascenseur.

— John est au courant de ta présence ici ?

— Non, répondis-je. Tu m'as proposé tes services alors, j'ai accepté.

— Tu prends toujours les décisions, toute seule.

— C'est ce que je fais de mieux, concédai-je sous son regard rieur. Ça te pose un problème ?

— Absolument pas. Au contraire. J'aurais vraiment voulu que tu travailles pour nous, répéta-t-il.

— Dans tes rêves, Marc. Autant vendre mon âme au diable. Je suis bien où je suis.

— Bien sûr, admit-il. En tout cas, j'espère qu'il pensera la même chose.

— Il s'est tenu à carreaux ?

— Oui. Il a eu quelques écarts de conduite mais rien de grave. Il nous a beaucoup aidé. Il est parfait pour vous. Allez, suis-moi.

Il m'emmena voir le futur collègue de Sara. Des agents qui surveillaient les couloirs, armés jusqu'aux dents, saluèrent Marc avec un signe de tête pendant notre passage. Il finit par s'arrêter devant une porte métallique. Il y passa une carte puis m'invita à y entrer. C'était une simple salle d'interrogatoire toute faite de métal.

— Des agents vont te l'amener. J'ai une réunion.

— D'accord. Merci d'avoir accepté.

— Tu vois que tout le monde n'est pas méchant, me taquina-t-il.

— Ouais. Je vous enverrai les documents.

— Fais donc ça et sois gentille, veux-tu ?

Je levai les yeux et il s'en alla.

Je m'assis, la boule au ventre et laissai le silence m'envahir totalement.

La dernière fois que j'avais vu William Wilkin remontait à 6 ans.

Pendant un an, après que je lui avais donné la lettre de Marysa, il n'avait donné aucune réponse. Cependant, il avait cherché à me contacter, une seule et unique fois.

J'y avais été, même si je n'étais pas bien à cette période et que la naissance de Skyler, ma dépression et tout ce qui s'en suit me détruisait à petit feu.

Il m'avait craché à la figure qu'il n'avait aucune cousine et que je n'avais pas intérêt à revenir avec une autre de « ses lettres de merde qui compte sur moi alors que je m'en balle les couilles d'elle ! ».

Je n'avais pas riposté et je me suis en allée aussi vite que j'étais venue. Je n'avais rien dit à Marysa pour ne pas qu'elle soit plus triste et elle aussi avait fini par lâcher l'affaire.

Mais aujourd'hui, j'avais besoin de lui. Peut-être que je me ferais incendier au QG mais c'était la meilleure des solutions. La seule même pour que le QG soit à son top niveau. William connaissait notre monde et ...il valait mieux qu'il serve le QG que la CIA.

La porte sonna et elle s'ouvrit. J'osai le regarder et je sentis ses yeux me mitrailler. Un petit rire lui échappa alors qu'il s'installait, menotté.

— Waouh, Lawson ! Le changement est ra-di-cal et époustouflant. J'ai une femme devant moi, siffla-t-il. Il y a 6 ans, j'avais l'impression que tu allais crever. Tu étais horrible. Mais là, t'es canon.

Je ne pus me retenir de rouler des yeux.

— Et toi, tu n'as pas changé. Toujours aussi piètre dragueur.

Il ricana. Si, il avait changé. Il avait aminci mais sa musculature était plus marquée.

Ses yeux bleus étaient plutôt ternes mais ses cheveux blonds châtains étaient toujours aussi soyeux et un peu long. Il avait quand même son charme fou et il était naturellement sexy. Sa barbe le rendait méchant mais il ne me faisait pas peur.

— Comment veux-tu que je change lorsque qu'une femme sexy est face à moi ?! Ça fait 7 ans que je n'ai rien eu sous la dent, commenta-t-il en s'adossant à sa chaise en me détaillant du regard.

Il se permit de me faire un clin d'œil. Ce connard était d'un culot. Il se comportait comme si nous étions des bons vieux ennemis.

— Je ne suis pas là pour entendre tes conneries, Will Wilkin.

À l'entente de Wilkin, il se braqua et sa bonne humeur disparut pour laisser place à son air froid.

— Je ne suis pas un Wiklin. Je ne suis rien, cracha-t-il venimeux. Je n'ai aucune identité, alors ne redis plus jamais ça.

Je l'observai avec minutie. Je voyais bien que ça le touchait de savoir qu'il n'avait aucun lien familial avec personne. Légèrement attendrie, ça devait être le côté mère qui était en moi, j'eus presque envie de lui prendre la main mais je me retins et préférai dire :

— Tu es quelqu'un. Nous sommes tous une personne.

— Épargne-moi ta pitié. J'ai envie de gerber, ricana-t-il.

Je secouai la tête et le fixai.

— Qu'est-ce que tu fais ici ? Qu'est-ce que j'ai dit la dernière fois ?

— Que tu ne voulais voir personne.

— Alors ? Tu viens me déclarer ta flamme.

— Tu rêves trop. Je suis venue te proposer quelque chose.

— Une partie de jambe en l'air ?

—Très drôle Will, je sais que ...

— Waouh, me coupa-t-il. Mais attends ! Tu es fiancée ? remarqua-t-il ma bague. Tu vas te marier ? Félicitation, chantonna-t-il. Je parie que tu vas te marier avec Zeyn. Il est plus à ton image. Quoique Drew était parfait pour toi.

Je soupirai, excédée par son attitude et ça le fit rire.

— Cesse de faire le gamin et écoute-moi.

— J'espère qu'il ne sera pas lâche de te laisser devant l'autel, me railla-t-il.

— Concernant la lâcheté, je pense que tu définis très bien cela, étant donné que lorsque Delahey a débarqué, tu es parti en courant. Tu t'en souviens ?

Il me regarda menaçant tandis que j'affichai un sourire vainqueur.

— Tu marques un putain de point.

— Je gagne souvent voire tout le temps.

— Mh. Alors c'est qui ? Je veux être là. Même menotté mais là.

Ce fut à mon tour de rire. Je me calmai et ancrai mon regard dans le sien.

— Peut-être que ... tu n'auras même pas les menottes si tu es sage.

Il haussa les sourcils, curieux et d'un geste de main m'invita à parler.

— Au QG, on a besoin d'un informaticien compétent, qui connaisse un peu notre monde et qui cherche de la rédemption.

— Genre moi ? C'est vrai que je suis le meilleur.

— Ton putain d'oncle a fait tuer mon meilleur ami, le meilleur de tous. Tu ne seras jamais le meilleur.

— Bien sûr que je le suis. Et ce n'était pas mon oncle. Ce n'est pas mon problème. Wallas est mort, parce que c'était dans son plan. Tu sais, tout le monde meurt un jour.

Je le toisai avec mépris et réprimai mon envie de le cogner. Il fit un petit signe de tête pour que je continue.

— Ça fait quelques années qu'on en recrute mais finalement, ils terminent au service informatique. Donc il n'y a personne pour être le binôme de tonnerre avec la patronne.

— C'est une femme ?

— Oui.

— Une femme as de l'info ... C'est une geek. Elle doit être moche et obèse.

— C'est macho ce que tu dis. Et pas du tout.

— Je stipule juste qu'il n'y en a pas beaucoup, se défendit-il. Mais, c'est bien. Je suis pour les femmes moi.

— Elle a besoin de quelqu'un. Nous avons besoin de quelqu'un et de compétent.

Je savais qu'elle allait me tuer de faire ça mais je ne voyais pas qui d'autre pouvait accomplir toutes les tâches demandées. Il n'aurait même pas besoin d'une longue formation. Il pouvait être pratique, ce type. Et, j'avais besoin de lui ...

— Et tu as pensé au grand méchant Will, rit-il nerveusement. Je passe, Lawson. Je n'ai pas envie de me repentir. Tout va bien avec ma conscience. J'irai tout simplement en enfer.

Je fus surprise. Je n'avais pas imaginé une seule seconde qu'il refuserait mon offre.

Cependant, j'avais des arguments bétons.

— Tu pourrais y gagner Will. La liberté, ajoutai-je.

Il s'esclaffa hilare face à mes propos comme si j'étais folle.

— Tu veux dire être ton larbin, dit-il tout en se penchant vers moi.

— Aussi, admis-je avec le sourire. Je n'attends que ça.

Il m'observa au début incrédule puis il me sourit.

— Tu me feras payer toutes mes actions du passé.

— Et avec satisfaction et plaisir Will ! Mais, tu pourras faire des tentatives d'évasion tandis qu'ici c'est impossible et tu le sais. Tu veux croupir ici, dis-le-moi clairement et je me tire. Je te propose un boulot, très bien payé, une possibilité de vie, d'évasion...

— Je veux un casier judiciaire vide, m'interrompit-il en voyant enfin une opportunité de travailler pour le QG.

— Non, refusai-je catégoriquement.

Il abusait quand même.

— Je refuse alors.

— Si pendant 5 ans tu es impeccable, OK, négociai-je.

— 5 ans ! s'insurgea-t-il. J'aurais la trentaine. Ça fait déjà 7 ans que je suis ici.

— Ce n'est pas de ma faute, répliquai-je en haussant les épaules.

Il exhala et m'observa.

— Et où vivrai-je ?

— Au QG, sous surveillance, nourris, blanchis, logé. Que demande le peuple ? Et tu auras le droit de sortir, accompagné. Tu pourras faire tes tentatives durant ces moments, le raillai-je. Sauf si ...

— Si je pars, pas de casier judiciaire vide, réalisa-t-il de lui-même.

— Qu'est-ce que tu croyais ? Tu fuis, je te promets de t'attraper et de te botter le cul.

— J'aimerais bien, dit-il en me faisant les yeux doux avec un sourire charmeur.

Je roulai des yeux. Il retrouva son sérieux et décida de me donner une réponse définitive.

— Bien. 5 ans, ça passe vite.

— Effectivement et tu ne trouveras pas de meilleur offre.

Il me tendit sa main et je la serrai mais il ne la lâcha pas. Il la tira pour que nos têtes ne soient qu'à quelques mètres. Je sentis son souffle contre ma peau et je plongeai mes yeux dans les siens.

— J'ai quand même une condition. Un combat. Trois rounds. Devant toute ton équipe. Je gagne, casier judiciaire vide en 1 an et je ne serai certainement pas ton larbin. Je ferai ce que je veux.

— Tu es un merdique macho Will, dis-je doucement.

Ses yeux parcourent mes lèvres mais il regarda une nouvelle fois mes yeux.

— Et j'assume, chérie. Tu gagnes, je suis à ta merci Lawson. Tu feras ce que tu veux de moi.

— Tu fantasmes trop sur moi, lui susurrai-je près de son oreille.

Il rit doucement et sourit.

— Bien sûr. Un fantasme particulièrement intéressant. On s'entendrait à merveille tous les deux et ça, tu le sais.

Je réfléchis. Bien que Will soit le pire des salauds, j'aimais sa manière d'être. Nous avions quelques ... connivences.

— Oh et j'aimerais que tu fasses des recherches pour moi. Sur mon identité pour que je sache d'où je viens, dit-il de manière nonchalante mais ça se voyait bien que ça le touchait.

— Je pensais que tu t'en fichais.

Il haussa les épaules et pour la première fois depuis que je suis avec lui, il baissa la tête, avant de la relever rapidement.

— Tu m'aideras, appuya-t-il. Deal ?

Nous nous regardâmes quelques secondes et j'esquissai un sourire.

— Deal, acceptai-je. Et ça me ferait plaisir de faire ses recherches pour toi.

Il sourit de toutes ses dents, puis il apporta ma main à ses lèvres et l'embrassa.

Ça serait vous mentir si je vous disais que je n'étais pas gênée ou un peu remuée par son geste mais je ne laissai rien paraitre.

Il relâcha ma main enfin.

— Et ... j'ai reçu ça, dis-je en sortant la boule noire de mon sac qui me provoqua un frisson. Le message me laisse perplexe. Je ne suis pas certaine d'être la bonne destinataire.

Je le lui la donnai et il l'examina attentivement, les sourcils froncés.

— Je comprends pourquoi tu désires mon retour. Mon premier est mort. Mon deuxième est sang. Mon dernier est vengeance. Jouons December-Dan, jouons, lut-il. Il y a ton prénom, DD donc aucun doute sur le destinataire. Et, je sais à quoi tu penses. Ton futur mari ne peut pas te protéger alors tu demandes mes services. C'est touchant.

Je levai les yeux et il décida de redevenir sérieux en me rendant la boule.

— Ça ressemble à Trevor Wilkin le Fou mais il est mort donc c'est impossible, dit-il. Ne te prends pas trop la tête, me conseilla-t-il. Ça doit être une mauvaise blague.

J'acquiesçai car il avait certainement raison et rangeai la boule.

— Tu n'en as parlé à personne, n'est-ce pas ? devina-t-il.

— Et j'aimerais que cela le reste.

— Motus et bouche cousue. Mais, dis-moi si tu reçois d'autres trucs du genre. Ça voudrait dire qu'il y a un problème. Et là, ça sera préoccupant.

Nos yeux s'épièrent plusieurs secondes avant que je ne juge qu'il était temps de m'en aller.

— Je t'aime bien tu sais, révéla-t-il.

— Tu fantasmes sur moi Will, c'est normal que tu m'aimes bien.

Il me reluqua et je tapai sur la porte pour demander de sortir.

— Ton futur mari a vraiment de la chance d'avoir une si belle femme. Je devine que c'est aucun des deux cons, sinon tu l'aurais dit. Bref, tu vaux des milliards et encore.

Je ris légèrement et lui fis un magnifique doigt d'honneur.

— Va te faire voir. Mais merci de flatter mon égo.

— De rien. Et quand est-ce que je quitte cette secte ?

— Très vite. Je t'accueillerai à bras ouvert au QG, Will. Ne t'en fais pas.

— J'y compte bien, me sourit-il.

Un garde vint m'ouvrir et je quittai la cellule avec un léger sourire.

Ce problème avait été résolu mais je savais que j'allai me faire incendier par Sara. Je savais aussi qu'il était excellent dans ce domaine et qu'il pourrait faire pénitence de ses péchés au QG.

Après tout, nous avions tous le droit à l'erreur.

***

Welcome Back ! 

J'espère que ce chapitre vous a plu ! 

Vous devez bien savoir comment j'aime Will et DD. Le relation c'est trop BAE 😍. 

Le duo "DDill" vous plaît toujours autant ? Et les changements que j'ai apporté vous plaise ? J'attends vos avis en tout cas. 

Des bisous ! 

PEACE AND LOVE- 

JFL-

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