Chapitre 7
DREW
En regagnant la voiture, nous étions silencieux, chacun dans nos pensées avec cette feuille qui lierait définitivement notre avenir de près ou de loin à DD ;
D'ailleurs, j'étais bien heureux qu'elle n'annonce pas qui était le père devant nous. Je pense que j'en aurais fait un malaise.
Et Zeyn aussi qui entra dans la voiture sans dire un mot. Pendant de longues minutes, le trajet se fit en silence jusqu'à ce que Jannie le brise.
— C'était une superbe journée. Ils ont une chouette famille, commenta-t-elle.
Je lui jetai un rapide coup d'œil et constata que Zac-Hen s'était endormi. J'adjugeai ses propos puis regardai cette enveloppe sur mes jambes.
— Alors, ... qui est le père ? nous questionna-t-elle de but en blanc.
Nous nous retournions en même temps vers elle, stupéfaits. Elle haussa tout simplement les épaules et intima à son oncle Zeyn de faire attention à la route.
— Sincèrement, c'est vexant que vous doutiez de ma capacité d'analyse, précisa-t-elle. J'ai compris votre stratagème dès lors que December-Dan ou devrais-je dire tante DD a posé le regard sur nous. Ça a fait tilt dans ma tête. La tension était à sa comble. C'était horrible. La prochaine fois, avertissez-moi. Du moins, j'espère qu'il n'y aura pas de prochaine fois dans ces conditions.
Que répondre face à une jeune adolescente qui avait définitivement le sens de l'enquête express ?
— Bon, vous allez continuer à rester silencieux longtemps ? Bon sang ! Vous avez débarqué chez elle et maintenant, vous n'avez pas assez de couilles pour savoir la vérité.
— Jannie ! la reprit Zeyn. Ne jure pas s'il te plait.
— D'accord. Mais vous me stressez à ne rien dire. Vous avez conscience que l'un de vous est papa et que l'autre est encore tonton et que nous, nous avons une cousine !?
— Une cousine ? Où ? demanda Zac-Hen qui se réveilla avant de se rendormir, exténué.
— C'est une situation complexe Jannie, rétorquai-je. Ce n'est pas évident de réaliser du jour au lendemain ce type de choses ...
— Ou c'est juste que vous êtes super fragiles ! répliqua-t-elle. C'est une superbe bonne nouvelle que d'apprendre une paternité ou un nouveau membre de famille.
— Je comprends pourquoi tu es souvent exclue de cours, soupira Zeyn, moqueur.
— Désolée si je suis au-dessus de la moyenne, intellectuellement parlant. Je vois juste que vous, les adultes, vous rendez des situations complexes alors qu'elles ne sont pas. C'est clair, ce n'est pas facile à avaler surtout l'enfant en question a sept ans, mais autant ne plus perdre du temps.
— Tu es du côté de DD ? l'interrogea-t-il, ulcéré.
— De Skyler visiblement, répondit-elle comme si c'était évident, et de ce morveux qui me sert de petit-frère. Je ne connais pas l'histoire, mais si DD a mis autant de temps pour ne pas vous le dire, c'est qu'elle avait ses raisons. Faut juste maintenant mettre sa rancœur de côté et avancer. Du moins, c'est mon avis.
J'échangeai un bref regard avec Zeyn qui sourit fier.
Oui, nous étions fiers de cette jeune femme. Ses paroles étaient mâtures et avaient du sens.
Maintenant, soyons réaliste, celui qui n'allait pas être le père de Skyler aura forcément une déception et une souffrance à devoir cacher.
Nous finîmes par arriver chez nos parents. Zeyn stationna la voiture dans le garage et le silence qui n'avait plus été brisé après les commentaires de Jannie fit écho dans nos esprits.
D'ailleurs celle-ci soupira et d'un geste vif, elle attrapa l'enveloppe que je n'avais pas osé toucher et l'ouvrit sous nos regards ulcérés.
— Je le fais pour vous, se justifia-t-elle avant de lire les résultats qui s'y trouvaient.
J'échangeai un regard avec mon frère qui déglutit, tout aussi nerveux que moi, à cet instant.
— Bon déjà, ça vient d'un centre médical donc ce n'est pas trafiqué si vous vous inquiétez. Alors, Skyler Brannen Lawson, né le 24 blablabla est la fille de ...
Elle s'arrêta et sortit son téléphone de sa poche pour répondre à un appel sans nous quitter du regard.
— Je te rappelle Julie, je suis en plein drame familial, répondit-elle avec un sourire avant de raccrocher.
— T'es vraiment un peste Jannie, dis-je avec un ricanement et surtout stressé comme jamais.
— Je vais ignorer tes propos et continuer ma mission qui est de dire que le papa de Skyler est ... oncle Zeyn, annonça-t-elle. Félicitation cher papa ! Et félicitation oncle Drew, encore une fois ! Tu as deux petites nièces maintenant.
Elle releva sa tête de la feuille et nous regarda tour à tour, très heureuse.
Je restai littéralement figé sur le siège de la voiture et je réalisai encore une fois.
Zeyn était le père. Ce n'était pas moi.
Et ...je ne savais pas comment réagir. J'étais juste ébranlé.
Skyler n'était pas ma fille mais celle de Zeyn. Zeyn ne réagit pas non plus, il fixait juste droit devant lui, comme ailleurs.
J'aurais bondi de joie si Jannie avait dit mon prénom, mais ce n'était pas le cas.
C'était carrément le monde à l'envers.
J'étais juste épité. Je n'étais que l'oncle et rien d'autre.
Je me mordis la lèvre avant de quitter la voiture pour respirer. J'avais besoin d'air, j'avais besoin de faire tomber cette pression, mais rien n'y faisait. Pourquoi j'étais déçu ? Je devrais être heureux. Pour avoir vu cette petite fille, ça se voyait qu'elle était la fille de Zeyn et mille fois plus éveillée que lui. Puis, elle l'avait choisi parce qu'elle l'aimait à cette époque. C'était évident que c'était sa fille. Pourquoi je m'étais nourrie d'espoir en la découvrant en début d'après-midi ? Pourquoi j'avais ressenti cette fausse connexion que seul un parent pouvait ressentir ? J'avais juste tout imaginé ! J'avais juste eu de l'espoir d'être lié à DD pour la vie, pour cette vie qu'elle avait donnée.
— Oncle Drew ?
Je me tournai vers Jannie qui avança avec précaution vers moi, comme si elle craignait que j'explose de colère. Mais à cet instant, je n'étais pas en colère, j'étais juste déçu de ne pas avoir ce rôle de papa. J'avais toujours voulu avoir des enfants et fonder une famille et voilà que deux personnes qui n'en voulaient pas dans leur jeunesse, en avaient un.
Eh oui, la vie était parfois injuste.
Jannie, voyant qu'elle n'avait rien à craindre m'enlaça et s'excusa comme si elle se sentait coupable, ou comme si elle avait compris que j'étais déçu, avant de me dire que je devrais soutenir oncle Zeyn qui était comme muet.
— Il a besoin de toi à cet instant. Rejoignez-nous quand vous serez prêts.
Je la remerciai et elle réveilla son frère qui finit par se réveiller parce qu'il ne voulait aucun contact corporel avec sa sœur.
— Ça m'arrange plus que tu ne le crois, dit-elle tandis qu'ils s'en allaient. T'as cru que j'allai te porter en plus. Je te rappelle que je t'aidais à te nettoyer les fesses il y a encore quelques mois.
— Tu es vraiment une menteuse Jannie ...
Ils disparurent de mon champ de vision et j'attendis plusieurs secondes avant de rentrer une nouvelle fois dans la voiture.
Zeyn n'avait pas bougé d'un poil et fixait toujours un point inexistant.
Comment lui parler ? Que lui dire ? Et je repensais aux mots de Jannie. Je devais lui apporter mon soutien. Il restait mon frère et nous nous étions promis de ne plus nous éloigner peu importe la situation ou le problème.
— Zeyn, débutai-je, je suis content que ... tu sois le papa.
Il tourna sa tête vers moi, au ralenti, comme s'il ne croyait pas en ce que je venais de dire.
— Félicitation. C'est ... Ça va être super. Tu vas être un père génial. Jannie et Zac-Hen t'adorent. Les enfants t'adorent et Skyler ... elle t'a aimé dès votre rencontre dans ce magasin, lui dis-je. Alors, embrasse ce rôle, le rôle de ta vie. Et ta famille est là pour te soutenir. Tu vas devoir rattraper le temps perdu, même si c'est impossible, mais ça va bien se passer. D'accord ?
Il ne broncha pas et je commençai sérieusement à m'inquiéter de son état léthargique lorsqu'un sanglot lui échappa.
Cela me déboussola. Je n'avais pas pour habitude de le voir pleurer même lorsque nous étions petits ou même tout ce qui était arrivé avec Trevor. Il arrivait parfaitement à gérer ses émotions.
— Zeyn ...
— J'ai haï sa mère, Drew ! Comment je peux regarder cette petite en face ? Comment je peux être un bon père ? Je ne suis pas fait pour ça, Drew.
Il secoua la tête, frappa plusieurs fois le volant avant de se ressaisir et effacer toutes traces de larmes.
— Je suis désolé, me dit-il.
— Pourquoi ? Tu n'as pas à l'être, Zeyn. C'est moi qui m'excuse de ma réaction. J'avais juste espoir d'être le père, avouai-je. Mais, c'est ton portrait craché cette Skyler alors ne t'en fais pas. Tu vas assurer. On va s'aider. Allez, rentrons à la maison.
Nous quittâmes la voiture et je passai un bras autour de ses épaules comme pour lui apporter mon soutien.
— Merci Drew. Je ne veux pas te perdre à cause de ça, s'expliqua-t-il.
— Les promesses sont faites pour êtres tenues et vraiment, tu n'as pas de souci à te faire, le rassurai-je sincère sur mes propos. Nous sommes des adultes réfléchis et nous devons aller de l'avant.
Lorsque nous entrâmes dans notre maison et que nous rejoignîmes notre famille dans la salle à manger, ils s'arrêtèrent tous de parler. Particulièrement Zac-Hen qui était en train de raconter sa fabuleuse journée à ses parents et à ses grands-parents.
— Les enfants, lança notre père.
Zeyn me consulta du regard et j'hochai la tête pour lui signifier que j'étais là et que je ne le lâcherai pas.
Plus jamais. C'était mon frère et pour rien au monde, je voulais revivre et ressentir de la colère à son encontre.
— Maman, Papa, Riccie, Clay, j'ai quelque chose à vous annoncer. Je suis papa. D'une petite fille de sept ans.
Ça y'est. Skyler Lawson faisait parti de nos vies et cela, du jour au lendemain.
Tout comme sa mère, il y a sept ans de ça.
***
DECEMBER-DAN
Ce qui m'énervait depuis que j'étais mère, était le fait que même le dimanche, je me réveillais tôt. Les grasses matinées en ce jour sacré avaient été révolues. Même lorsque je réessayais de me rendormir à 8 heures, parce que je me réveillais à 8 heures le dimanche alors que je rêvais de me réveiller à 13 heures ou 14 heures, je n'y arrivai pas. Isaac y arrivait quand je ne faisais pas en sorte de le réveiller.
Je soupirai et quittai le lit en retirant son gros bras de ma taille. Il grogna quelques secondes et se retourna. Je mis mon peignoir, me chaussai de mes supers chaussons Bob l'Éponge et je descendis.
Évidemment, Skyler était matinal. À cet âge, tous les gamins se réveillaient tôt. Je la trouvai devant la télé avec un bol de céréales en train de regarder sa maudite « Nathalie ». Je lui embrassai le sommet du crâne et elle me répondit par un hochement de tête bien trop concentrée.
J'allai me préparer un chocolat chaud et des pancakes. J'enclenchai le café d'Isaac même si l'odeur m'incommodait toujours autant.
Après avoir fini les pancakes, j'en laissai quelques-unes pour Isaac et allai dans le salon. Je pris mes aises sur le canapé et demandai à Skyler la télécommande.
— Maman, c'est bientôt fini !
— Il y a la rediffusion de « Black-ish » !
Elle soupira, se leva avec la télécommande et se posta devant la télé.
— Ça finit dans 5 minutes, maman ! persista-t-elle.
— Skyler Brannen ! m'exclamai-je, outrée, par son insolence.
Elle ricana et me regarda.
— Comme tu as la flemme de te lever, tu vas me laisser finir, chantonna-t-elle.
Elle avait raison. Une fois assise dans mon super canapé, j'avais une paresse colossale de me lever.
— Tu ne payes rien pour attendre.
— Je t'aime aussi. Maintenant, chut !
Je roulai des yeux et me goinfrai de mon succulent pancake avec un max de pépites de chocolats.
Son ridicule dessin-animé s'acheva, elle revint s'asseoir en me donnant un bisou et ma télécommande puis je changeai. Elle se blottit contre moi et se servit d'un pancake tandis que j'étais concentrée dans ma série.
Voilà comment se passait les premières heures de mes dimanches matins.
Deux heures plus tard, Isaac finit par descendre et nous rejoignit avec son petit déjeuner.
J'étais devenue leur oreiller vivant ce qui ne me déplaisait absolument pas.
Nous étions tous les trois heureux, ensemble et dans une nouvelle étape de notre vie où le papa de Skyler devait avoir sa place.
***
Après un peu de rangement, avoir pris ma douche et m'être préparée, je décidai de travailler un peu, car je devais absolument étudier les dossiers de mes nouvelles recrues. Isaac avait décidé d'aller faire un tour de vélo avec Skyler car il faisait beau. Ensuite, elle ferait ses devoirs avec son oncle Jared, car elle adorait ça. Isaac m'embrassa amoureusement et Skyler refusa mon bisou prétendant qu'elle avait sept ans et que sa vie était claire et sans éclaircie depuis qu'elle connaissait l'identité de son père de sang. Son père de cœur rit et je lui fis un bisou malgré tout et ils s'en allèrent.
Je restai quelques secondes à les regarder remonter l'allée avant de rentrer à la maison.
***
Voilà déjà deux heures que mes amours étaient partis et que j'avais bien avancé sur l'étude de mes dossiers. Ça m'avait aidé à totalement me déconnecter de la journée de la veille, riche en émotions, avec cette maudite boule noire qui ne présageait rien de bon selon mon intuition et sur cette vérité que j'avais eu du mal à pondre.
Bref, j'avais une assez bonne équipe. J'espérai que ça allait bien se passer, même si je savais qu'à un moment ou un autre, il y a aura un clash avec certains d'entre eux.
Concentrée, sur le dossier du jeune Vince Dubois, qui semblait avoir le profil parfait pour un agent de terrain, je sursautai lorsque mon téléphone vibra sur la table basse.
Je regardai le numéro affiché sur celui-ci et hésitai à répondre. J'avais déjà évité tous ses appels de la veille et avais seulement écouté ses messages préventifs.
Finalement, je finis par décrocher. La personne me demanda si nous pouvions nous retrouver dans un café non loin de chez moi. J'acceptai après qu'elle m'ait convaincu qu'elle devait me parler. En raccrochant, je réalisai que je n'avais pas eu de réactions explosives. Peut-être que Jared avait raison et que j'étais devenue trop gentille avec les années. Ou c'était peut-être parce que j'étais devenue maman.
Parfois, je voulais juste, une seule journée, redevenir la méprisante et méchante DD, pour me foutre de tout, me faire insulter d'égoïste et de je ne sais quoi d'autre, parce qu'à cette époque, rien ne m'atteignait.
J'étais imperméable au jugement. Mais maintenant, ce n'était pas forcément le cas.
Je pris ma veste en cuir, me chaussai de mes Doc Martens et quittai la maison.
***
Une dizaine de minutes plus tard, j'étais dans le café de notre lieu de rendez-vous. Je garai ma moto qui ne m'avait pas quitté malgré les années. Je vis la personne assise à une table et entrai dans le café. A sa table, je m'y assis après l'avoir brièvement salué.
Cinq ans que je ne l'avais pas vu en chair et en os.
— Merci d'être venue.
— Je pensais que tu ferais en sorte que je ne les vois pas, dis-je, d'emblée. Ça devait arriver au moment où je l'avais décidé.
Elle ne dit rien. Nous nous observâmes et je reportai mon attention à ma tasse de chocolat chaud qu'elle avait commandé pour moi.
— Je suis désolée December-Dan
Je ne répondis rien et regardai à l'extérieur.
— Tu as raison, ça ne devait pas se passer comme ça.
— Non, effectivement, rétorquai-je en la scrutant.
Elle avait l'air de réellement s'en vouloir pour la situation, mais ... elle n'y était pas pour grand-chose.
Elle fouilla dans son sac et me donna une petite boîte.
— Comme chaque année, j'ai un petit cadeau pour elle. Ce sont des boucles d'oreilles. Tu m'as dit qu'elle aimait ça.
— Merci. Elle sera ravie.
Elle opina de la tête et repoussa une mèche de ses cheveux qui étaient toujours aussi beaux. Elle n'avait pas changé. Toujours fidèle à elle-même...
— Il a vraiment grandi Zac-Hen et Jannie aussi, commentai-je, c'est dingue.
Elle m'observa avec un sourire généreux et adjugea mes propos.
— Ils ont adoré leur journée d'hier et ils n'ont qu'une hâte, c'est de la revoir ! Et Skyler aussi doit avoir bien changé. Oh, et tu m'enverras une photo de son anniversaire. Tu sais à quel point, ça me fait plaisir.
— Oui.
Elle sourit puis lâcha :
— Tu as raison. J'aurais dû faire en sorte que ça se passe bien comme les autres fois, mais je t'avoue que pour le coup, j'ai été moins vigilante. Je me suis dit qu'ils ne te verront probablement pas comme les autres fois, mais je me suis trompée.
— Et, tu ne m'as pas envoyé de mail. Tu aurais dû me dire que tes parents se remariaient Riccie, lui reprochai-je. J'aurais fait mon maximum pour ne pas les croiser durant ses trois semaines à San Francisco. Comme les autres fois ! Ça avait toujours marché.
— Je sais, concéda-t-elle en acquiesçant. Ça m'est sorti de la tête. En plus, ils se sont ramenés chez toi, hier. J'ai vraiment eu envie de les tuer DD ! Je te le jure.
Elle me raconta leur retour et la surprise d'apprendre qu'ils avaient passé la journée chez moi pour l'anniversaire de Skyler et surtout, la paternité toute fraiche de Zeyn. Je me retins de lui demander comment il avait réagi, parce que ... j'étais curieuse de savoir ce qu'il pensait de tout ça ... comme j'étais morte à ses yeux.
« Ohhh toi aussi ! Oublie ce qu'il a dit. Le passé, c'est le passé ! »me réprimanda Conscience.
— C'était horrible Riccie, déclarai-je. J'ai voulu les tuer aussi, mais j'ai fait preuve d'un self control qui me choque encore. Et finalement, ils savent la vérité. C'était un mal pour un bien, admis-je après plusieurs secondes. Ça avait assez duré ce secret. Et c'était tellement évident qu'Isaac n'est pas le père. Il ne faut pas plus de dix minutes pour deviner cela.
— Je sais, soupira-t-elle encore une fois. Je sais.
Vous devez être sidéré, mais ces sept années, j'étais restée en contact avec Riccie Davis.
C'était la seule personne de sa famille à savoir que Skyler était ma fille et celle de Zeyn. Elle avait décidé de garder le secret comprenant que ça valait mieux pour nous trois, pendant un certain moment. Le temps que je me sente prête et qu'eux, avancent dans leur vie. Même si c'était un lourd secret pour elle.
De mon côté, personne n'était au courant aussi que j'étais en contact avec Riccie. Et ça valait peut-être mieux. Elle n'avait vu qu'une seule fois Skyler, lorsqu'elle était âgée de deux ans et Riccie était une tante complétement gaga d'elle. Ainsi chaque année, elle lui donnait des cadeaux que je donnais à Skyler sans qu'elle ne se pose des questions. Malheureusement, elle ne pouvait pas jouer son rôle de tante correctement. Elle ne m'avait jamais forcé à dire la vérité à ses frères et je l'en remerciai. Peut-être qu'elle se sentait aussi coupable d'une part. Même si nous n'en avions jamais parlé, j'avais découvert qu'elle était celle qui avait fait en sorte que « Callie » soit à la patinoire et l'a un peu aiguillé sur son rôle à jouer ce jour-là, craignant que je change d'avis et choisisse Drew. Au début, après l'avoir appris, je lui en avais terriblement voulu, parce qu'elle avait été la source de cette séparation très difficile, alors que ça aurait pu très bien se passer. Par la suite, en ayant réfléchie, je me suis dit qu'elle avait fait cela pour ses frères et pour moi. Alors, j'ai laissé couler et je ne lui en avais pas parlé me disant qu'à chaque mail échangé ou appel ou rencontre qu'elle allait me dire la vérité.
Mais, elle n'avait rien fait.
— Tu as le droit de m'en vouloir December-Dan, reprit-elle. Mes parents sont choqués et ne savent pas quoi faire, Zeyn a l'air de ... comprendre que sa vie va changer et sinon, pour les autres, tout va bien. Drew semble l'avoir bien pris. Et moi, j'ai essayé de ne pas montrer que j'étais dans ton camp depuis le début, sinon, ils m'en voudraient tous.
Je n'avais pas de force de lui en vouloir. Je n'étais plus comme ça. La jeune fille égoïste, prête à tout pour obtenir ce qu'elle voulait, sa vengeance macabre et ainsi de suite.
— Je ne t'en veux pas. C'est juste que j'aurais aimé me préparer à leur retour. Préparer nos « retrouvailles », je dirais. Je ne m'attendais pas à ce qu'en un week-end, mon passé me hante.
Elle me regarda avec douceur s'attendant probablement à ce que je m'énerve.
Pourquoi tout le monde pensait que j'allai péter un plomb ? La preuve, je n'en avais rien fait !
— Et toi, quand est-ce que tu vas dire la vérité sur « Callie » ? Autant dire toutes les vérités, non ?
Bon. Peut-être que je n'avais pas tant changé que ça, mais je voulais comprendre pourquoi elle avait fait ça. Son expression se changea en un clin d'œil. La stupéfaction s'y lisait très clairement, puis la déception et le regret. Elle détourna mon regard et passa une main dans ses cheveux.
— Tu le sais depuis combien de temps ?
— Je l'ai su deux-trois mois après mon accouchement, répondis-je. J'ai contacté cette fille. J'étais curieuse de savoir pourquoi ... elle l'avait embrassé. Et, elle m'a tout dit. Bref, le soir de ma découverte, j'ai voulu t'appeler. J'étais vraiment en colère et déçue, Riccie. Je ne pensais pas que tu étais capable de faire ça.
— Mais tu ne m'as pas appelé...
— Parce que tu ne voulais pas agir à mal. Tu voulais être sûre que je fasse les choses bien.
Le silence s'installa quelques minutes. Il n'avait rien de pesant ou de froid. Juste un silence dans lequel les mots n'avaient pas de place. Mon téléphone vibra dans ma poche et je décrochai en voyant la photo d'Isaac et de Sky. Je m'excusai auprès de Riccie.
— Hé Maman ! On est rentré ! T'es où ?
— Je suis sortie prendre l'air, mais j'arrive mon cœur. Ça va ?
— On a une surprise pour toi ! hurla Isaac.
Je ris doucement et leur promis d'arriver au plus vite, avant de raccrocher sous le regard attendri de Riccie.
— Tu es vraiment épanouie.
— Oui, confirmai-je, c'est le cas. Et soulagée.
Oui, ce poids n'était plus là.
— Je sais que m'excuser ne servirait à rien et tu le sais, mais tu as raison. Je n'ai pas voulu penser à mal. Je voulais donner un petit coup de pouce à Zeyn. Je voulais qu'il découvre l'amour comme Drew l'a déjà connu. En tout cas, je ne pensais pas que Zeyn serait là. Bref, il m'a dit la vérité, tu sais. C'est lui qui est parti. Avec lui, je pense qu'il avait peur de te perdre un jour, alors il a préféré le faire. En revanche, je suis certaine d'une chose DD, c'est qu'ils étaient amoureux de toi.
Je pris sa main que je pressai pour la rassurer car des larmes bordaient ses yeux.
— Putain ! Je suis à deux doigts de pleurer comme une conne.
Je ris, elle était toujours aussi folle.
— Ne pleure pas. Ça va, je ne t'en veux pas. Et regarde, dans un sens, c'est bien ! J'ai rencontré Isaac et j'ai changé. J'ai grandi.
— Ouais, dit-elle en essuyant la larme qui lui échappa. Tu peux me frapper tu sais.
— Non ! grimaçai-je. Je ne peux pas frapper la tante de ma fille.
— Vrai ! Non, mais dans un sens, c'est cool qu'ils le sachent. Elle peut découvrir l'autre partie de sa famille et ses cousins l'aiment déjà.
— Crois-moi que c'est réciproque. J'espère que ça va bien se passer. Ça me fait peur ce ... partage que je vais devoir faire.
Comme une grande sœur, elle posa sa main sur ma joue et par ce geste, je compris qu'elle voulait me rassurer sur la suite.
— Si tu fais les choses correctement, ça devrait bien se passer. Zeyn ne te volera pas ta fille. Je te le promets.
J'acquiesçai et je me levai, prête à m'en aller. Je lui fis une rapide étreinte.
— Je suis heureuse de t'avoir revu Riccie.
— Moi aussi ma belle. Une vraie petite femme ! sourit-elle. Allez, va retrouver ton amoureux et ma petite nièce que j'ai hâte de voir.
Je m'en allai et rentrai rapidement à la maison.
***
— Je suis rentrée !
— On est en haut, hurla Skyler.
Je retirai rapidement mes chaussures et je montai à l'étage.
Avant de rentrer dans la chambre, Skyler m'intima de fermer les yeux et je le fis. Puis, je sentis Isaac se placer derrière moi pour me les couvrir.
— Mais, qu'est-ce que vous avez fait ?
— Comme tu ne veux pas d'un chien et que tu ne m'achèteras jamais un poney, on a trouvé l'animal idéal, m'expliqua Skyler.
— Et tu vas adorer parce que c'est top ! appuya-t-il.
— Et c'est quoi ?
— On compte jusqu'à 3, me chuchota Isaac.
Nous fîmes le décompte ensemble et les mains d'Isaac disparurent et j'ouvris les yeux.
— SURPRISE ! hurlèrent-ils.
Et j'éclatai de rire.
C'était une énorme peluche de tigre. Elle devait être plus petite que Skyler et elle semblait si réaliste. J'étais littéralement fan.
— Il ne mord pas, rétorqua Skyler en se postant à ses côtés.
— Puis, pas besoin de s'en occuper, ajouta Isaac en caressant la tête de l'énorme peluche.
— Il mange de la nourriture imaginaire, répliqua-t-elle en hochant la tête.
— Et il sera parfait comme animal de compagnie dans notre nouvelle maison, conclut-il.
Il tapa dans la main de Skyler et je ris une nouvelle fois.
— C'est juste le truc le plus génial et original ! Bon, bah, bienvenue ... Simba !
— Simba ? Mais Simba c'est un lion, maman, s'insurgea-t-elle.
— Ouais mais ce n'est rien, il me fait penser au tigre que j'avais plus petite.
— Ah oui, je l'ai vu la photo avec papy ! Bon. OK, accepta-t-elle. Bienvenue Simba !
Elle lui embrassa le museau.
— Bon, il dort dans ma chambre ce soir, décida-t-elle.
Elle le traina en dehors de notre chambre et je souris amoureusement à Isaac.
— C'est juste génial !
— Vraiment ?
— Oui.
Je l'embrassai après avoir enroulé mes bras autour de sa nuque.
— Mais comment vous avez fait pour le ramener jusqu'à ici ?
— Il était sur mon vélo et j'ai marché. Tout le monde nous regardait bizarrement et Skyler expliquait aux passants que c'était notre animal de compagnie, sourit-il en repoussant quelques mèches de mes cheveux.
— Eh bien, on va faire des jaloux grâce à votre super idée.
— Je sais. Tu sais ce que Skyler a dit ? Elle m'a suggéré de lui faire mettre des roues sous les pattes pour pouvoir le sortir plus facilement « parce qu'il a quand même besoin d'air ! ».
J'éclatai de rire tout comme lui.
— Mais, c'est une super idée ! Je veux trop voir la tête des voisins, Isaac !
— Vous êtes folles mais je suis partant !
Je le tapai dans la main avant de l'embrasser de nouveau.
— Je vais chez papy pour les devoirs, revint Skyler. Je vais lui dire pour Simba.
— OK, acceptai-je en me séparant d'Isaac avec ce stupide sourire qui ne voulait pas me lâcher.
— Je t'accompagne ma puce. Je dois parler à ton grand-père.
Il la porta et ils s'en allèrent.
Oui, j'étais définitivement heureuse et épanouie avec ces deux-là.
Rien d'autre ne pouvait entraver mon bonheur.
***
Le lundi arriva bien vite. Et ça allait être une longue journée et trèèès longue semaine.
Après avoir déposé Skyler à l'école, je me retrouvai bien rapidement au QG.
Pour une fois, je n'étais pas en retard.
Dans mon bureau, je rangeai rapidement et des petits coups se firent entendre.
J'invitai la personne à entrer et lorsque je découvris que c'était Wyatt Matthews, dans son uniforme du QG, son dossier me revint en pleine mémoire.
Ce jeune garçon était un mystère à part entière. Orphelin, il avait été abandonné dans un couvent de bonnes sœurs dès sa naissance avec une simple lettre. Il avait été ensuite élevé par les sœurs qui lui avaient donné une éducation jusqu'à l'âge de 8 ans. Ensuite, il dût aller en famille d'accueil, mais ça se passait à chaque fois très mal. Des violences et des incidents avaient relevés par les services sociaux. Puis, il trainait avec des jeunes délinquants.
Un jour, il avait subi un passage à tabac qui avait failli lui coûter la vie.
Ensuite, il avait fini à l'armée, car malgré qu'il soit intelligent, il était en échec scolaire. Apparemment, il n'avait pas vraiment de compétences pour être un agent. En fait, il était la première recrue avec laquelle je me sentais un peu perdue.
Il l'avait mis parmi les dix recrues car le sergent Casey pensait qu'il avait besoin d'un cadre différent pour se dévoiler au grand jour et peut-être que ce sergent avait raison. Je ne jugeai pas, je voulais voir de quoi il était capable. Toujours laisser le bénéfice du doute.
Il referma la porte derrière lui tandis que j'enfilai mes baskets pour le premier entrainement que j'allai donner. Il avança de deux pas et baissa la tête en laissant échapper un faible « bonjour ».
— Je n'entends pas vraiment ce que tu dis, déclarai-je en nouant mes lacets.
Je me levai et il rencontra mon regard avant de le détourner aussitôt.
— Avance, s'il te plaît.
Il s'exécuta et se posta face à mon bureau.
Je contournai mon bureau, le fis lever la tête et lui ordonnai de garder sa tête bien droite. Je me replaçai derrière mon bureau et il me fixa, légèrement choqué.
— Tu recommences, depuis le début. Tu sors et tu rentres. Posture droite, tête droite. Un agent, je veux voir. Ta voix doit être audible, Wyatt.
— Quoi ? bafouilla-t-il.
Il hésita et le fit.
Je profitai pour enlever mon haut - oui, je devais me changer - et il frappa la porte. Je le fis entrer. Mais s'il s'arrêta en me voyant en brassière de sport. Je n'étais pas à poil quand même.
— Quoi ?
— Je ... Je recommence.
J'enfilai mon gilet et attachai mes cheveux. Il entra, fit comme je l'avais demandé et me salua d'une voix audible et sans tremblement.
— J'aime mieux ça. Tu vois, tu peux le faire, souris-je. Ce n'est pas sorcier.
Il haussa les sourcils et je l'invitai à s'asseoir.
— Alors, ton premier week-end au QG, s'est bien passé ?
— Oui.
— Qu'est-ce que vous avez fait ?
— Nous avons écoutés Judith après votre...votre départ. Elle vous aime beaucoup j'ai l'impression. Comme ... la totalité de vos anciennes recrues en fait, même si ...
— Même si quoi Wyatt ?
— Même si elle n'a pas caché le ... fait que vous étiez parfois très dure. Les autres aussi l'ont confirmé, en disant que vous vouliez du sérieux et ... et que vous aviez une fois, virée, l'une des ... des recrues et que ce n'était jamais arrivé.
Il me regarda quelques secondes, puis déplaça son regard vers ses mains qu'il tripotait.
— Ouais, confirmai-je. Je suis dure parce que je veux des équipes efficientes et efficaces. Je ne veux pas de la merde, Wyatt ! Et j'ai viré ce jeune garçon, Braham Donovan car il m'avait manqué de respect.
Ce cher Braham Donovan était la définition de l'arrogance même. Bien qu'il soit doté d'une grande capacité et d'une force remarquable, il était impertinent et hautain.
Et, il était macho.
Il avait clairement hurlé au réfectoire du QG « une femme, une mère ne devrait pas être un « espoir » parce qu'une mère ça devait s'occuper de sa petite famille et que si j'avais eu ce titre, s'était juste parce que j'étais la chouchoute de patron et que mon grand-père l'avait aidé à fonder le QG ! ».
Je me souviens encore du silence que le réfectoire avait subi et le coup que je lui avais donné. Il en avait été choqué et moi aussi. Je me rappelais clairement de ce que je lui avais dit alors qu'il gisait par terre, pisant le sang...
— Écoute bien ce que la femme et jeune mère va te dire, espèce de petit morveux arrogant ! Ici, tout le monde sait que je mérite mon titre, que je me suis battue pour, que j'ai perdu des êtres qui m'étaient chers à cause de ça. Mon grand-père ne m'a pas aidé, John ne m'a absolument pas aidé, j'ai même abandonné mon titre le jour de l'assaut de l'ancien QG et tu sais j'ai fait tout ça dans quel état ? J'étais enceinte ! Enceinte abruti ! Et pourtant, j'ai réussi ! Je n'ai pas marché au piston comme toi, Braham alors tu vas prendre tes affaires et quitter le QG de suite. Va te rejoindre ton père à la CIA. On ne veut pas de type comme toi ici.
Il m'avait regardé, horrifié. Je l'avais accompagné dans le dortoir pour qu'il récupère ses affaires. Il avait tenté de s'excuser, mais je n'en avais rien à foutre. Son père m'avait contacté pour que je le réintègre dans l'équipe mais je l'avais remballé.
— OK, Agent Lee. Vous ...aviez raison de le faire.
— Elle a raconté l'histoire alors ?
Il acquiesça.
— C'était mémorable, Wyatt. Enfin bref ! Comment ça se passe avec les autres ? Tout le monde s'intègre bien ?
— Je ... Je pense que oui.
— Tu penses que oui ? Lorsqu'on est agent Wyatt, on ne doit pas supposer mais être certain.
Je devinai qu'il n'était pas vraiment avec eux.
— Tu as dû mal à t'intégrer, Wyatt.
— Non, se braqua-t-il.
— Si. Ils se moquent de toi, je l'ai remarqué samedi.
— Je m'en fiche qu'ils se moquent de moi, ça ne m'atteint pas. Chacun ses objectifs.
Oh. Il ne bafouillait pas lorsqu'on l'agaçait, il pouvait même oser la voix.
— OK. Tu as autre chose à me dire ?
Il secoua la tête négativement.
— Bien. Allons à votre premier entrainement.
Il se leva et m'attendit. Nous quittâmes mon bureau. Je saluai quelques collègues en passant dans les couloirs et nous finîmes par arriver dans la salle d'entrainement. Je l'invitai à entrer et refermai la porte derrière moi. Ils étaient tous là à m'attendre. Wyatt retrouva immédiatement sa timidité et alla se placer.
— Bonjour, jeunes gens. J'espère que vous avez passés un bon week-end. Du moins, votre premier au QG. J'espère que vous vous êtes échauffés car on va commencer.
— Ce n'est pas le cas, dit Loïs.
C'était la jeune fille brune, immense. Elle devait faire facilement les 1 mètres 80.
— Pardon ?
— Nous pensions qu'on devait vous attendre, ajouta Vince.
Je les regardai tous et posai mes mains sur mes hanches.
M'attendre ? Ils devaient anticipés, c'est tout !
— Je n'ai pas vraiment de temps à perdre vous savez. J'ai beaucoup de boulot. Si vous ne faites pas la moitié, je ne peux pas vous aider. Vous devriez anticiper l'échauffement. Il y a certaines choses que je n'ai pas à vous dire.
Ils me regardèrent tous, déconcertés.
— Allez, échauffement ! Et c'est la dernière fois que je vous le dis.
Ils se regardèrent avant de se mettre à s'échauffer. Je les regardai faire et les conseiller si possible durant cette période.
Trente minutes plus tard, je trouvai cela suffisant.
Je sifflai et leur demandai de se mettre par binôme de deux. Une fille, un garçon.
— Je veux voir vos capacités de défense. Allez ! les pressai-je.
Ils étaient lents. Wyatt finit par se retrouver avec la jeune Brook Burton. D'après ses dossiers, elle était forte et assez douée dans les techniques de combat.
— En position !
Ils s'exécutèrent.
— Le premier de chaque binôme qui se retrouve au sol est éliminé, avertis-je.
Je sifflai pour leur montrer le signal de départ et ils commencèrent. Au bout de deux minutes, certains se retrouvèrent au sol. Ce n'était pas bon du tout.
Bonne équipe ? Je retirai mes propos.
Il ne restait que le binôme de Brook et de Wyatt qui n'avait pas encore de perdant.
Elle lui flanqua un coup dans les côtes et dans une prise, il se retrouva au sol.
Elle sourit toute fière d'elle et Wyatt se releva.
— Bien. Les 5 restants, vous allez faire la même chose. Celui qui éliminera Brook se battra avec l'autre sinon, elle poursuivra.
— Pourquoi moi ?
Je la fusillai du regard.
— Parce que je le veux. Et tu souris, tu es trop fière de toi.
Elle me toisa et je sifflai.
La seule fille restante, c'est-à-dire Amber Jones s'avança vers Brook. Elles se sourirent, se mirent en position.
Depuis quand, avant un combat, on se souriait ?
Je sifflai et elles se mirent à se tourner autour. Puis trois minutes plus tard, elles enchainèrent les prises techniques. La jeune afro-américaine mit à terre Brook. Celle-ci perdit le sourire et elle se releva en refusant l'aide d'Amber.
Je me disais bien que cette Brook avait été peut-être appuyée par son père, qui était un ancien de la NAVY.
Un jeune blond, Nicolas Villers entra en scène et fit un clin d'œil à Amber qui leva les yeux. Je n'avais même pas de mots pour le peu de professionnalisme qu'ils avaient.
Je secouai la tête et sifflai.
Le combat dura un peu plus longtemps et ils étaient évidents qu'ils avaient un petit potentiel. Amber réussit à maitriser Nicolas et il se retrouva au sol.
Amber Jones me surprenait car son dossier mentionnait une délinquante juvénile, impulsive et qui avait dû faire un séjour dans l'armée à cause de nombreux délits. Puis, elle avait fait partis d'un gang de jeunes filles qui menaient des combats de rue. C'était probablement là-bas qu'elle avait appris cela. Son dossier ne mentionnait pas qu'elle ait pris des cours de combat. C'était soit l'armée, soit la case prison.
Et il s'était révélé pour elle, qu'elle avait énormément de potentiel.
Nicolas ne refusa pas son aide et il se releva.
Alex Ruez, un jeune latino s'approcha à son tour. Il avait l'air sérieux. Je répétai la même action et lui avait été bon. Il ne se laissa pas faire par Amber et elle non plus, mais par manque de vigilance, elle gagna une nouvelle fois.
— Je suis fatigué, c'est pour ça, se justifia-t-il.
Ses camarades rirent et je levai les yeux.
— Mais bien sûr Alex. Allez ! Tu t'es bien battu, dis-je en lui donnant quelques tapes. Bon, bah à toi Vince !
Vince acquiesça et se positionna.
— Jusqu'à présent, Amber, tu m'as épatée, avouai-je. Vince, j'attends de toi la même chose.
— Ne vous inquiétez pas m'dame.
Il osa me faire un clin d'œil et se concentra. Je sifflai et là, je vous avoue que c'était ce que je voulais. De la technique, de la rapidité et de la précision. J'avais même l'impression qu'ils se connaissaient.
Bien entendu, il était évident que Vince était doué, car depuis l'âge de 10 ans, son grand-père, le seul membre de famille qui lui restait, l'avait inscrit au sport de combat. Il avait remporté plusieurs titres et à 16 ans, il avait décidé de rentrer dans l'armée. Ça faisait déjà deux ans qu'il y était. Ainsi, c'était légitime qu'il ait de si bons acquis.
D'ailleurs, il saisit l'occasion de lui mettre un coup dans les côtes, car elle avait baissé sa vigilance. Elle se recroquevilla et il poursuivit avec une autre prise et elle se retrouva au sol. Elle ne se laissa pas faire et saisit l'occasion de lui donner un coup dans les bijoux de famille. Il tomba à genoux en gémissant tout en sacrant et elle entoura son bras autour de son cou.
Je sifflai la fin du « match ».
Elle le relâcha et il récupéra sa respiration.
— T'es malade ! C'était une putain de simulation Amber ! Tu as visé mes couilles !
— Tu m'as fait mal ! se défendit-elle.
— Ça va, les gars ! dis-je pour calmer le jeu. Vous avez été très doués tous les deux. Bien mieux que les autres. Ça se voit que vous avez de l'expérience.
Ils se relevèrent et se postèrent face à moi.
— Bref ! Je suis quand même déçue. Je vous le dis clairement. Vous êtes mon dernier groupe avant que mon titre soit mis en jeu. Et je n'ai jamais eu un aussi mauvais groupe. Moi qui pensait pour ma dernière année, ça serait le top, en fait non ! En plus, j'ai l'impression que vous prenez tout à la rigolade. Et ça, ça va me saouler rapidement. Je veux du sérieux. Je veux de vrais agents à la fin. Vous savez quoi ? On va lire des livres, touuuuute la journée ! annonçai-je. Vous ne méritez pas que je vous apprenne des choses aujourd'hui.
Ils s'insurgèrent en parlant en même temps.
— STOP ! Déjà, vous parlez calmement et c'est un ordre. Tous à la salle d'apprentissage ! J'espère que vous savez au moins, où elle se trouve.
Ils soupirèrent et commencèrent à s'avancer vers la porte toujours en expliquant leur mécontentement.
— Encore un mot et j'en gifle un !
Ce groupe allait me donner du fil à retordre. Mon dernier groupe avant de remettre mon titre en jeu.
***
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