Chapitre 48

ISAAC

Je la regardai sur le lit d'hôpital où ils l'avaient installé, après sa perte de conscience.

Elle s'était réveillée et avait fait une crise de panique avant de sombrer et d'être mise sous sédatif.

Du coup, on lui avait fait passé des prises de sang et une échographie. L'embryon allait très bien. Elle, c'était autre chose. C'était le coup de trop.

J'avais appelé son père juste après et à cet instant, il parlait au docteur Sullivan pendant que je veillai sur elle.

Je ne comprenais pas comment tout ça pouvait nous arriver. Qu'avais-je fait pour mériter ça ?

Zeyn était le père de cet enfant. Certainement pas moi vu mes conditions.

Et je savais que Blake était derrière tout ça. Il m'avait bien dit qu'il allait me faire payer et lui faire payer.

Je soupirai, exténué. C'était trop tôt. Il avait dépassé les bornes. Il était malade.

Je réfléchissais tellement que j'avais mal à la tête. Je l'aimais. J'en étais certain. Mais, est-ce que j'avais encore ma place dans sa vie ? Est-ce que je devais rester alors que je la trahissais et qu'elle était enceinte de Zeyn ?

Mon téléphone me sortit de mes pensées. Encore un appel masqué. Je savais que c'était lui. Je décrochai avec l'envie de le tuer.

— Quoi ?

— Isaac.

La voix n'était pas la même. C'était une voix féminine. Je grimaçai, surpris.

— Qui est-ce ?

— Je te propose qu'on se rencontre.

Je me levai de ma chaise, abasourdi par ma supposition. Ce n'était pas possible...

— Tu ... Tu es une femme ? Blake Jenson ?

— Je ne suis pas très loin de l'hôpital. Une voiture t'attend. On pourra discuter.

Je me figeai.

— C'est toi qui est derrière tout ça ? DD est enceinte de Zeyn parce que tu as fait en sorte que DD soit inséminée par le don de sperme de Zeyn. Tu as tout prévu pour foutre la merde ! Tu veux la tuer avec tes putains de connerie !

— Qui d'autre ? ricana-t-elle. J'ai dit que je me vengerai. Je fais comme DD. Les dommages collatéraux, ça ne me gêne pas. Au contraire, ça rend l'histoire palpitante. Maintenant, j'ai une proposition à te faire. Comme Miranda n'est plus accessible, il ne me reste plus que toi, Isaac.

— Je te l'ai dit : je ne ferais plus rien pour toi, crachai-je en vérifiant que DD dormait toujours. Oublie-moi ! Tu en as assez fait ! Arrête ça avant que ça n'empire ! En tout cas, arrête de me contacter.

— Et moi je te dis que tu n'as pas le choix. Ton cher ami direct t'a bien dit que j'avais été menaçante, non ? Tu veux que je le tue Isaac et que je le salisse de fausses histoires ? Oh ou j'ai mieux ! Si je tuais la petite Skyler. Cette, si intelligente, petite fille. Tu penses que DD sera encore amoureuse ? Nan, j'ai encore mieux ! Tu te rappelles du jour où tu es venu à l'hôpital pour moi ? Eh bien, figure-toi que grâce à toi, Zeyn est malade. Il a le cancer grâce à toi, parce que tu as emmené cette seringue. Isaac, tu es bloqué alors rejoins-moi. Je suis proche de gagner, alors tu peux être rebelle, mais je te détruirais. Sois là dans cinq minutes.

Elle raccrocha et je déglutis. J'étais en enfer.

Je quittai la chambre et croisai le regard de Karl. Il venait de finir sa discussion avec le Dr Sullivan. Je m'approchai de lui et jouai le rôle du parfait gendre, choqué.

— Je ... Je vais prendre l'air Karl. J'ai besoin de prendre de l'air.

— Vas-y, me dit-il. Je veille sur elle. Merci.

Il me tapota l'épaule et je frémis. Comment je pouvais mentir au père de la femme que j'aimais ? J'étais tombé bien bas...

Je jetai un rapide coup d'oeil à Zeyn qui n'avait pas bougé depuis tout à l'heure. Il était malade. Il avait le cancer et par ma faute. La révélation de cette femme me sidérait et sa folie encore plus.

Je quittai rapidement l'hôpital pour rejoindre cette personne.

***

Je n'eus pas besoin de chercher la voiture, qu'on m'escorta. J'avais le coeur qui battait à mille à l'heure. Je pénétrai dans la voiture et découvris une jeune femme avec les cheveux châtains avec des yeux verts. Je fus choqué de la voir pour la première fois. Sa voix robotique n'était que subterfuge pour nous faire croire qu'elle était un homme.

— Ravie de te voir en chair et en os, Isaac, sourit-elle telle un démon. Il y a longtemps que j'attendais ce moment.

Je ne dis rien, trop secoué par la tournure de cette histoire.

— Tu peux m'appeler Gaby ou Blake. Peu importe. C'est pareil pour moi. On m'appelle bien Trevor 2.0. Je suis tellement flattée qu'on me compare à mon père, le grand Trevor Wilkin.

J'étais juste mué. Elle leva sa main et me caressa la joue. Je réprimai la bille qui se formait dans ma gorge.

— Un homme si beau. C'est dommage que ma chère cousine December-Dan ne voit pas tes qualités. Une fois qu'elle sera morte, on pourrait ...

Je repoussai sa main, dégoûté avant de vouloir lui sauter à la gorge pour la tuer, mais elle pointa une arme vers moi. Je m'arrêtai, le souffle court et l'observai. Un sourire du diable naquit sur ses lèvres rouge sang.

— Si j'étais toi, je ne tenterai rien. Je suis là pour t'expliquer la situation actuelle. J'ai carrément du mal à accéder aux données du QG n'ayant plus Miranda avec moi. Mais j'ai réussi à découvrir que Sara, Will et DD ont découvert mon lien avec Blake. Enfin, ils savent que ce n'est qu'une seule et même personne maintenant. Et que je suis la fille de Trevor, bien sûr. S'ils continuent comme ça, ils pourront bientôt me retrouver, mais je ne laisserais jamais que ça arrive, tant que DD et Zeyn ne sont pas morts.

— Alors tue-moi parce que je ne ferais plus rien pour toi ! Tu es aussi malade que ton père ! Tu dois te faire soigner Blake !

Elle éclata d'un rire sinistre.

— Merci du conseil Isaac, je m'en rappellerais plus tard. Cela dit, il faut que DD et ses sbires oublient la piste que je suis une femme. Il faut qu'ils pensent que je suis un homme.

Je ricanai nerveusement.

— Tu vas perdre Blake ou Gaby ! Peu importe qui tu es, tu vas perdre ! Elle va te retrouver et elle va tuer !

— Avant ça, elle te tuera ! rétorqua-t-elle. Ça sera de bonne guerre ! Mais avant ça ...

Elle sortit une seringue qu'elle me planta dans le bras. Je geignis de douleurs et la dévisageai avec hargne. Je voulais la tuer. Elle enfonça davantage la grosse aiguille avec ce petit rire malsain.

— Tu seras sous mon contrôle. Refuse et tu tueras DD dans son sommeil de tes propres mains. Maintenant écoute-moi. 

Elle attrapa ma tête avec violence et me força à me regarder.

— Tu sais quoi Isaac ? J'ai changé d'avis. Fais-en sorte qu'elle sache que c'est moi, Gaby Weber qui ait fait tout ça ! Fais-lui comprendre qu'elle va payer pour les 5 balles qu'elle a tiré sur moi. Fais-lui comprendre que le QG doit m'appartenir parce que je DEVAIS être l'« Espoir », mais Trevor m'a forcé à faire semblant de perdre, parce que mon connard de père croyait qu'elle était aussi sa fille ! s'écria-t-elle les yeux injectés de sang. Il a toujours vu en DD son modèle, alors que JE SUIS SON MODÈLE. Je lui ai toujours dis que December-Dan n'était pas sa fille. Fais-lui comprendre qu'elle et son bébé vont crever comme Zeyn ! Fais-lui comprendre que pour le coup, elle ne doit pas choisir sa famille mais le monde ! Le cancer, je vais bientôt le répandre. Et si elle ne me donne pas le reste de la formule, je les tue tous ! Maintenant, joue le jeu ! Montre-lui que tu l'aimes et que cet enfant, tu le veux. Que tu es prêt à touuuus partager avec elle. Elle doit y croire à ton amour ! Elle doit se sentir aimer ! Parce que ce mariage se fera, Isaac ! Maintenant, dégage !

Elle retira la seringue de mon bras avec force et un homme ouvrit la voiture avant qu'il ne me tire sans ménagement.

Il me laissa pantelant sur le bitume tandis que la voiture démarrait en vitesse. Je restai quelques minutes au sol. J'étais dans une ruelle donc il n'y avait personne. Je regardai mon bras et je compris qu'elle m'avait injecté une puce. Je déglutis et me relevai. Je touchai l'endroit et grimaçai de douleurs.

Il fallait que je quitte DD et sa famille. Je ne pouvais plus vivre avec ça. C'était la meilleure solution pour tout le monde. Qu'elle aille au diable.

Je quittai la ruelle et voulus m'en aller, mais un choc électrique me parcourut. Et sans que je ne le désire, mes pieds m'emmenèrent vers l'hôpital. J'essayai de faire marche arrière, mais impossible.

J'avais du mal à respirer, mais je dus masquer les apparences lorsque je vis Zeyn.

Il me vit et se leva dans ma direction. Je ne pouvais pas lui parler. Pas maintenant après ce que je venais d'apprendre.

— Isaac. Je ... On doit parler.

— Ce n'est pas nécessaire. Où est Karl ?

— Avec DD. Elle s'est réveillée. Et si, c'est nécessaire. Je me suis mis à ta place Isaac et ... je peux imaginer ce que tu ressens.

J'ancrai mon regard au sien et le laissai poursuivre.

— J'ai ... Je ne suis pas bête. Je sens que c'est un plan de l'autre type là. Blake Jenson, je crois. Cet enfant, ce truc de mère porteuse, je n'étais pas au courant, Isaac. Je te le jure. Moi, on m'a dit que c'était par précaution. Alors je l'ai fait. Je n'ai jamais engagé une mère porteuse. C'est juste ... une chose non envisageable pour moi.

Je ne dis rien car j'avais envie de lui dire la vérité, là tout de suite.

— La vie de DD t'en fait voir de toutes les couleurs, mais elle t'aime, déclara-t-il. Faut que tu le crois, Isaac. Si ce n'était pas le cas, elle serait partie bien avant qu'on arrive.

Je ne savais pas si c'était sincère de sa part mais ça avait l'air d'être vrai. Je voulais le croire.

— Il faut que tu la soutiennes. Tu ne peux la laisser. Blake gagnerait. C'est ce qu'il veut que tu fasses. Il a fait ça pour que tu cèdes, pour que tu l'abandonnes, car il sait que DD déteste l'abandon. La perte, ça lui fait peur ! Tu dois le savoir ! Votre couple doit être fort.

Bien sûr que je le savais. Il reprit son souffle avant de reprendre :

— Mais ... malgré tout, je ... je suis content, admit-il. Même si je sais que Blake doit se douter que je voulais que DD soit la mère de mes enfants et que je ne sais absolument pas ce qu'il prépare, cet enfant, c'est un espoir pour moi parce que ...

— Isaac !

Je quittai du regard Zeyn et regardai Karl qui me disait de venir.

— December-Dan veut te voir.

J'acquiesçai et j'allai contourner Zeyn lorsqu'il m'attrapa par le bras.

— Je ne sais pas pourquoi je te le dis mais ... je suis malade. J'ai un cancer Isaac et je ne vais peut-être pas vivre longtemps parce que si j'étais Blake et que j'étais le fils de Trevor, je me vengerai sur son tueur et je suis celui qui a tué Trevor alors je tuerai son assassin. Alors si je venais à mourir, protège cet enfant Isaac parce que DD sera ton épouse. Tu peux me le promettre ?

J'avais la gorgée nouée. Je me sentis terriblement mal. Il était malade à cause de moi et en plus, il me demandait de m'occuper de son gamin s'il venait à mourir. Mais peut-être que j'allai crever aussi et que DD aussi alors ...

— S'il te plait.

— Je le ferai, Zeyn.

— Merci.

Il soupira soulagé et me lâcha le bras.

Je pus rejoindre DD qui m'attendait, les larmes aux yeux. Je m'approchai aussitôt d'elle et la pris dans mes bras. La sentir contre moi me réconforta.

— Je suis désolée, dit-elle en pleurant. Elle ... Elle est derrière tout ça.

Je regardai son père pour jouer le jeu. Blake/Gaby avait raison. DD l'avait découvert.

— De qui tu parles ?

— G..Gaby Weber. La cousine de Gretchen. Elle est en fait Blake Jenson, révéla-t-elle. On a fait des tests et son ADN correspond à celui de son père. Elle se venge de la mort de son père, Isaac. Elle me le fait payer à Zeyn et à moi.

Je croisai le regard de Karl qui était atterré.

— Tu es sûre de ce que tu nous racontes ? demanda-t-il.

— Gaby nous manipule depuis le début. Elle a disparu de la nature à partir du moment où Will a été incarcéré pour tentative de viol. Elle travaille avec Trevor depuis le début. Elle s'est faite passée pour un mec pour intégrer le QG plus facilement. C'est pour ça qu'elle me connait autant. Par rapport à Gretchen, je pense qu'elle a profité de sa naïveté. Elle l'a peut-être mise sur surveillance jusqu'à sa mort.

— Mais ... elle aurait tué sa cousine ? la questionna Karl. C'est ignoble !

— Elle se faisait passer pour sa cousine, papa. Gretchen n'y a vu que du feu. Comme nous avec Blake. Je n'aurais jamais cru que Blake était une fille, en fait. Trevor préparait ce plan depuis des années, papa. Tout a été méticuleusement préparé du début à la fin. Trevor avait un plan de secours et cette Gaby est ce plan de secours. Elle est plus forte que Trevor. Je ne peux la battre ! se remit-elle à pleurer.

Je la repris dans mes bras. Finalement, je n'avais même pas besoin de lui faire croire quoique ce soit. Elle était déjà bien avancée.

— Tu dis n'importe quoi. Tu vas t'en sortir ! Hé, cesse de pleurer. On va la trouver cette femme et on va l'enfermer ! Elle est folle ! Maintenant, tu dois te ressaisir. Tu ne peux pas te laisser envahir par les émotions DD ! Pense à ce bébé. D'accord ?

Elle me fixa, surprise de mon discours.

Même si j'étais sous contrôle, je pouvais faire en sorte de contrecarrer certains plans de Gaby.


***


WILL

J'étais en voiture en direction de chez Riccie.

Vous voulez que je vous introduise, le fait qu'on sache que DD avait fait un petit séjour à l'hôpital ?  

Eh bien je vais vous le faire. Oui, nous savions que DD avait été à l'hôpital. La raison, on y avait pas encore le droit, mais ça ne serait tarder car il y avait une réunion de crise chez elle, plus tard dans la journée. Ça faisait deux jours qu'elle nous faisait languir et que surtout, elle n'était pas venue au boulot.

Elle m'avait confié la charge de ses recrues pour qu'ils continuent de s'entrainer et d'être prêts pour l'examen. J'avais directement saisi l'occasion, car entre Sara et moi, un malaise s'était installé sans grande surprise.

J'avais merdé et j'avais laissé mes pulsions prendre le contrôle. Putain ! Elle n'était même pas mon genre de filles, bien qu'elle soit jolie mais ... je ne savais pas ce qu'il m'avait pris de l'embrasser. J'étais juste en colère que ce putain d'Haden se pointe chez Wallas comme si ça faisait des années qu'ils se fréquentaient. Il m'énervait. J'avais juste envie de le cogner, ce sale type avec son vieux corps là !

Maintenant, j'étais froid avec elle, alors que notre relation s'était améliorée.

Malheureusement, je ne pouvais pas faire comme si de rien était, alors que je n'avais qu'une envie de l'embrasser encore et encore juste pour ressentir ce truc de malade que je ne connaissais pas. C'était ... il n'y avait même pas de mots pour qualifier cela. Ça vous prenait aux tripes et ça vous donnait envie de tout faire. Vous vous sentiez différent et exceptionnel. Ou mieux ! Vous aviez l'impression d'être touché par une grâce quelconque de ressentir ça.

Cette émotion, il fallait que tout le monde y goute au moins une fois dans sa vie et là, j'avais envie de retenter. D'y goûter jusqu'à en perdre le souffle et la notion du temps si possible. Juste pour la ressentir encore une fois. C'était mieux que l'alcool, c'était mieux que de se défoncer, c'était mieux qu'une course de voiture, c'était mieux qu'une partie de baise à la va vite, c'était mieux que la bouffe, c'était juste ... explosif. Une bombe nucléaire.

Et ça me saoulait qu'elle soit celle qui me provoque ça, parce que j'avais retenté avec Caroline mais rien. Ce truc n'était pas là. C'était fade. Sans goût. Pire qu'une vieille mamie qui se croit sexy.

Bref, j'étais dans une sacrée merde. Parce que je voulais être tellement proche d'elle, tout comme ne pas la voir parce que je n'aimais pas cette ... chose qu'elle exerçait sur moi. Je n'allais pas commencer à être dépendant de quelque chose et encore moins de quelqu'un. J'étais William bordel de merde et une fille n'allait pas changer ça.

Je me garai dans la cour de Riccie en l'effaçant dans mes pensées, car elle y prenait quand même beaucoup trop de place.

Jannie m'attendait de pied ferme, toute heureuse. Elle sautillait presque et j'étais pressée de serrer cette petite soeur contre moi.

Ah ! Dieu merci, je pouvais oublier Sara maintenant en voyant le sourire angélique de ma jeune soeur. Un petit garçon était à côté d'elle et se tenait bien sagement.

Je finis par sortir de la voiture, après avoir récupéré un sac où j'avais quelques cadeaux pour eux. Je n'allai pas venir les mains vides, alors que c'était ma première rencontre officielle en « famille ».

Respire William, respire !

— William ! s'exclama Jannie avant d'accourir vers moi.

— Hé !

Je l'enlaçai et elle finit par s'écarter de moi.

— Je suis trooooop contente de te voir. Tu m'as presque manqué ! Zac-Hen vient !

Celui-ci abdiqua en trottinant des pieds.

— Voici, William. Notre grand-frère. Celui que tu voulais voir depuis longtemps.

Zac-Hen me disséqua du regard avant de me tendre la main.

— Salut, William. Je suis Zachary-Henry. Ton petit-frère. Pourquoi ce n'est que maintenant que tu te présentes à moi, alors que ça fait un moment que je te demande ? Je n'aime pas attendre.

— Zac ! rétorqua Jannie.

Je ricanai et lui serrai la main.

— Eh bien, j'aime bien me faire désirer, Zachary-Henry. C'est super important de se faire désirer.

Il sourit malicieusement.

— Moi aussi, je fais ça. C'est bien de se faire désirer. T'es cool. Je t'aime bien. On va bien jouer ensemble. Et l'âge n'est pas un problème William. On dit que j'ai la maturité d'un homme de 30 ans, dit-il avec sérieux.

Je souris et Jannie leva les yeux avant de lui frapper l'arrière de la tête. Il laissa échapper un petit « aie » avant de la fusiller du regard et de sortir ses dents et ses griffes imaginaires. Ils étaient adorables comme ça et ça me faisait penser à Marysa et moi, plus petits.

Un petit raclement de gorge nous fit nous retourner. Riccie et Clay nous attendaient sous le perron.

— Je vois que les présentations sont faites. Vous pouvez le laisser respirer maintenant ? commenta Riccie avec le sourire.

Nous avançâmes dans leur direction. Je n'étais pas particulièrement stressé. Au contraire, j'étais à l'aise et en fait, je prenais rapidement mes aises, vous savez.

— Bonjour. William.

Je tendis ma main à Clay même s'il savait très bien qui j'étais. Mais comme j'adorai faire le con ...

Il la prit avec le sourire.

— Enchanté. On ne s'est pas déjà vu quelque part ?

— Si. Je suis le fils de votre femme. Son fils abandonné mais retrouvé.

— Oh ! joua-t-il le jeu. Je comprends mieux. Je suis Clay, son mari marié depuis quelques années et le papa de ces deux petits garnements ! dit-il en portant Zac-Hen. Bienvenue dans la famille. William. Ça nous fait plaisir.

Je croisai le regard de Riccie et je souris. Je n'allai certainement pas la prendre dans mes bras et tout. C'était ... trop demandé pour moi.

— Merci. Ton époux est cool, lui dis-je.

— Tu as vu ça ! Allez entre et tu enlèves tes chaussures. J'ai fait le ménage.

Ah ! Parfois, c'était bien de ne pas avoir des parents en fait. Je roulai déjà des yeux, exaspéré.

***

Jannie et Zac-Hen m'avaient bouffé une partie de l'après-midi, après le déjeuner. J'avais joué à la console avec eux, visité la chambre de chacun d'eux ainsi que leur super grande maison.

Ils m'avaient proposé de venir vivre ici, mais non merci, j'aimais beaucoup mon indépendance quand même et retourner chez sa génitrice fraichement découverte, c'était trop féerique pour moi, ce qui me donnait envie de vomir. Même si c'était touchant de leur part de m'accueillir avec autant de gentillesse et d'ardeur. Ils n'avaient pas d'apriori sur moi et m'acceptaient comme tel.

Je leur avais remis à chacun leur petit cadeau ce qui m'avait valu un « Tu es un super grand frère William ! » de Jannie et un bisou bien profond sur la joue et un « Pourquoi il n'est pas venu plutôt !? Et au fait, tu pourrais m'acheter la dernière paire de basket, tu serais un grand frère de rêve ! Les grands frères qui apparaissent comme ça doivent se faire pardonner ! » de Zac-Hen accompagné d'un petit clin d'oeil, ce qui m'avait fait éclaté de rire. Ce petit irait loin et j'étais déjà fier de lui.

Alors lorsque Riccie leur avait demandé de nous laisser un instant, seuls, ils avaient ronchonné mais ils avaient obtempéré.

Je me retrouvai donc face à Riccie et son mari Clay qui était vraiment un type cool et sans prise de tête. J'avais oublié que c'était le cas. Il avait vachement de la conversation. Un peu comme ma défunte amie, Serena. Oui, comme elle était morte et qu'elle n'allait plus jamais m'entendre parler, je pouvais le penser. Elle était mon amie...

— J'allai oublier de te rendre ta boite, dis-je pour briser le silence.

J'allai fouiller dans le sac mais elle m'arrêta :

— Tu peux la garder si tu veux. Je n'en ai plus besoin.

Je l'observai, incrédule. Cette boite devait signifier beaucoup pour elle. Je ne pouvais pas accepter. Enfin, si. J'avais dû regarder les photos une centaine de fois. J'avais même eu des fous rires en solo ...

— Ouais mais ...

— Chut ! me coupa-t-elle. Tu acceptes et puis c'est tout.

Cette femme était définitivement ma mère juste pour sa façon d'être entêtée. Et peut-être sa façon de parler aussi.

La soirée du restaurant m'était gravé en mémoire. Elle n'avait pas eu peur de moi et n'avait pas pris ses jambes à son cou. Elle m'avait tenu tête et j'avais apprécié cela. Puis, après, le courant était passé. J'avais été de suite transporté dans ce qu'elle me racontait. Elle était vraiment drôle et cool. Sans réel gêne ou tabous.

— Eh bien ... merci Riccie.

— Il n'y a pas de quoi.

— Alors William, quel est ton ressenti par rapport à tout ça ? Tu le vis bien ? Ce n'est pas trop précipité ? Je sais que Riccie est impatiente ...

— Hé ! intervint-elle.

Je ris doucement et il roula des yeux.

— Ne l'écoute pas. Ce qu'il veut dire c'est qu'on ne veut pas te bousculer. Pour nous, ça va. Avec les enfants, on apprend vite à réagir et à s'adapter face à de nouvelles situations, expliqua-t-elle.

— En tant qu'agent aussi, dis-je.

— Oui, confirma Clay. C'est vrai.

Riccie pinça les lèvres et elle n'avait pas besoin de parler pour que je comprenne ce qu'elle pensait. Elle n'aimait pas ce métier bien trop dangereux à son goût.

— Bah écoutez, ça va. Merci de m'accueillir comme ça. Je ne pensais pas que ... que ça serait aussi facile mais bon, parfois il faut savoir voir le positif au lieu du négatif.

— Exactement, acquiesça-t-il. Moi, je n'ai pas de souci particulier avec la nouvelle. Je l'ai digéré maintenant et il faut aller de l'avant. Hein, ma chérie ?

— Oui, répondit-elle. Ne plus rester bloqué dans le passé. Il faut savoir pardonner.

Je fis un petit hochement de tête avec l'impression, qu'elle avait été à l'église parce que ça sonnait comme une phrase religieuse.

Mon téléphone me signala un message. Je m'excusai rapidement et sortis mon téléphone.


De Sara. C :

Tu te ramènes chez DD ? Ça ne va pas tarder à commencer. Dis à Riccie et à Clay de venir aussi. C'est DD qui le demande.


Je fronçai les sourcils. Pourquoi la réunion les concernait ?

— Un problème ?

Je relevai ma tête vers eux.

— Vous êtes conviés à venir chez DD, répondis-je.

— Il y a quelque chose de grave qui est arrivé ? s'inquiéta-t-elle.

— Je ne sais pas.

— Bon bah allons-y. Jan'! Zac-Hen ! Descendez ! hurla-t-elle.

Quelques minutes plus tard, ils déboulèrent.

— On va vous laisser tous les deux. Jannie, tu surveilles ton frère.

— Vous allez où ?

— Chez December-Dan.

— Oh ! Je peux venir ? Il y aura Skyler ! dit Zac-Hen.

— La prochaine fois. Allez ! Dites au revoir à William.

— Tu reviens quand ? demanda-t-il.

— Aussi vite que je le peux, bonhomme, répondis-je.

— OK. Traduction, quand j'aurais du temps, répliqua-t-il.

Je ris et lui ébouriffai les cheveux.

— Mais non ! On se fera une sortie rien que tous les trois. Promis.

J'embrassai la tempe de Jannie et nous les laissâmes.

***

Chez Karl, je fus surprise de voir tout le monde. Il y avait même mes ... grands-parents Davis. Ils furent émus de me voir et je les saluai brièvement sans aller vers eux. Vous savez, juste le petit signe de main ridicule.

Jared était avec Drew et Zeyn et ils parlaient. Je n'avais pas envie d'aller vers eux, non plus.

J'abandonnai Riccie pour rejoindre Sara et Marysa qui parlaient ensemble. Ça, ça avait l'air intéressant.

— Mon petit coeur ! lança Marysa dès qu'elle me vit.

— Hé ! Tu appelles comme ça Ston, mais certainement pas moi. Elle est malade, celle-là. 

Elle roula des yeux et je m'assis à côté de Sara qui au passage sentait affreusement bon. J'évitai de la regarder ou de regarder ses lèvres. Je ne l'avais même pas salué pour vous dire. Jouer l'indifférence était mon arme et elle aussi visiblement.

Il y avait le maitre Chang qui me fit un petit signe de tête et John aussi.

Karl et Hope étaient avec Theresa et Walter. Tout le monde attendait l'arrivée de DD.

DD finit par faire son apparition au bras d'Isaac, son petit con de futur mari. Elle avait l'air d'aller mieux et j'étais content de la voir. J'aimais beaucoup sa présence. C'était ... une amie aussi. Voilà. Serena et DD seraient mes seules amies et personne n'avait besoin de le savoir sauf moi.

Tout le monde se tut et j'étais curieux de savoir pourquoi nous étions tous réunis. À mon avis, ça allait nous botter le cul.

— Bonjour à ceux que je n'ai pas salué, lança-t-elle d'une petite voix. Je vous ai réunis, parce qu'Isaac, Zeyn et moi, avons quelque chose à vous annoncer.

Tout le monde se tourna vers Zeyn qui se leva pour les rejoindre. Zeyn ? Il avait fait quoi celui-là ? Tout le monde se posait la même question que moi visiblement.

Zeyn pinça ses lèvres et n'osa pas regarder les gens, mais préféra regarder DD avec ses grands yeux d'énamourés là. Bon, il était quand même ... touchant ce type, qui était pyromane à une certaine époque.

DD lui jeta un bref coup d'oeil avant de se tourner vers les Davis.

— Je suis désolée de vous ... plonger encore dans ça Peter et Jessie, mais ... Trevor est de retour ou du moins, l'un de ses enfants, annonça-t-elle sans préambule quelconque.

Elle ne faisait jamais dans la douceur celle-là. Bien sec comme il faut.

Et là tout le monde regarda Marysa qui était choquée et moi aussi, parce que je venais de me rendre compte que Marysa découvrait qu'elle n'était pas fille unique finalement.

— Pardon ? croassa-t-elle, une main sur la poitrine.

DD soupira et enchaina :

— Trevor n'avait pas qu'un seul enfant, continua-t-elle, mais deux. Deux filles. Ils pensaient que j'étais la troisième mais Dieu merci, ce n'est pas le cas. Tu as une soeur, Marysa.

Sara, gentille comme elle est -sauf avec moi- posa une main sur le bras de Marysa. J'aurais dû le faire mais ... arff, ça me rappelait trop Trevor toutes ces révélations.

— Et ... c'est Gaby Weber, Marysa, termina-t-elle. 

— Gaby Weber ! s'exclama-t-elle, ulcérée par la nouvelle. La ... La cousine de Gretchen ? Celle qui tournait autour de Will comme une mouche !?

— En fait, nous supposons que Trevor lui avait demandé de le faire, dit-elle. Elle était dans le plan depuis le début. Elle se faisait passer pour un jeune homme au QG. Il s'appelait Blake Jenson et j'ai plusieurs fois travaillé avec lui.

Sara resserra sa prise autour d'elle. Je pensais qu'elles se détestaient ....

— Mais Gretchen alors ... , dit-elle d'une voix à peine audible.

— Nous supposons encore une fois que Trevor a manipulé la famille de Gretchen et lui a fait croire que la famille de Gretchen et celle de Gaby avait un lien de parenté. Mais sinon Gaby est la fille de Trevor et un ancien agent du QG, Marysa. Gaby et Gretchen n'ont aucun lien de parenté. Leur plan a marché. On n'y a vu que du feu, jusqu'à présent. Je n'aurais jamais imaginé qu'ils aillent aussi loin. Enfin bref, on doit tous rester vigilant. Elle me traque. Elle nous traque Zeyn et moi, parce que ... je lui ai volé le titre d'Espoir, je pense. Elle pense que le QG doit lui appartenir je crois.

— Et parce que j'ai tué son père, ajouta Zeyn.

— Elle a préparé tout un stratagème et ... elle n'a aucune limite, s'adressa-t-elle à nous tous, alors que Marysa avalait la nouvelle.

À présent, je voulais la prendre dans mes bras. Je la comprenais. Savoir du jour au lendemain qu'on a menti et que vous connaissiez qu'une partie de votre vie était choquant. C'était pire qu'un uppercut.

DD regarda Isaac qui l'incita à poursuivre. Ils avaient l'air de s'être rapproché ces deux là...

— C'est pourquoi vous êtes ici, reprit-elle. Gaby Weber ou plutôt Gaby Wilkin a énormément de ressources. Elle compte poursuivre ce que Trevor a commencé. Elle ne plaisante pas. Avant, je vous l'aurais caché et j'aurais fait en sorte de m'en charger, mais je tiens à vous tous et je veux que vous soyez vigilants. Elle sait comment m'atteindre. C'est en s'attaquant à vous. Elle a ... probablement jouer sur les morts de Shad, Wallas, Gretchen et Sophia pour que j'y crois, mais ce n'est plus le cas. C'est juste que c'est une malade et qu'elle n'a vraiment aucune limite, répéta-t-elle. Et je vais vous le prouver en vous révélant deux autres choses.

Elle déglutit alors qu'Isaac lui embrassait la tempe.

— Elle a fait en sorte que je tombe enceinte de Zeyn. Elle a manigancé tout en stratège pour que je sois inséminée sans que j'en ai conscience. Et, ricana-t-elle nerveusement, ça a marché. Je suis enceinte.

— Quoi ?

Je ne saurais vous dire qui l'avait crié, mais j'imagine que nous l'avions tous fait. C'était juste ... inimaginable.

CHOC CHOC CHOC CHOC CHOC CHOC était peigné sur toutes les figures. Moi, le premier ! Il fallait avoir un cerveau bien cabossé et pourri pour faire ça. 

— Tu attends un bébé ? s'étrangla Sara. De Zeyn ?

— Je crois que je vais faire un malaise, déclara Marysa en respirant difficilement. Et comment tu n'as pas pu savoir que j'avais une soeur ? m'agressa-t-elle, aussitôt. Tu bossais avec Trevor !

— Je bossais avec Dickson Delahey, qui a été manipulé par Trevor à cause d'une foutue puce, lui rappelai-je.

— Et parce que Gaby était le plan B de Trevor, sa poursuite ! répondit Isaac. Will n'a rien à voir dedans.

Je croisai son regard. S'il croyait que j'allai le remercier, qu'il se mette le doigt où je pense.

Tout le monde commença à parler en même temps. C'était la folie. Zeyn et DD se regardèrent et elle lui incita à dire autre chose. Quoi ? Il y avait autre chose !? Elle était enceinte de son ex, pas ex, alors qu'elle allait se marier ?! Sa vie était une grosse merde ! De quoi je me plaignais ?! JE LA PLAIGNAIS ! J'avais presque envie d'aller la prendre dans mes bras et de lui dire combien j'étais navré pour elle. 

— Vous pouvez vous calmer, s'il vous plait ? s'écria-t-elle. Merci. Je ne voulais pas le dire, mais ... la situation est critique. On ne sait pas quand elle va attaquer, mais elle prévoit les choses en grand. Alors, vous devez savoir cette deuxième chose. Vous savez que Trevor contrôlait les malades du cancer, n'est-ce pas ? Eh bien, Gaby a réussi à créer la maladie et l'injecter dans des individus sains.

DD regarda une nouvelle fois Zeyn, qui soupira avant de lâcher :

— Et, je suis le premier malade du cancer en étant sain au début.

Là, c'était clairement un film d'Alfred Hitchcock ! Cette fille était cinglée. Cette fille était un démon.

— Mon Dieu ! Zeyn ! s'exclama Jessie en se levant, déjà prête à pleurer.

Là, c'était trop. Cette Gaby était la réincarnation du diable. Même moi, elle me faisait flipper.

Le chahut reprit, alors que Jesssie enlaçait son fils en pleurs et que les autres étaient en état de choc.

— Arrêtez, s'il vous plait ! s'écria-t-elle encore une fois. Il faut qu'on reste calme. C'est ça qu'elle veut. Créer la panique ! Vous ne voyez pas ? Elle enchaine les actions pour qu'on soit à bout et qu'on se batte entre nous. Elle veut semer la discorde et ça peut marcher, si on ne reste pas calme.

DD avait entièrement raison. C'est ce que Gaby cherchait.

— Donc lors du plan cartel, lorsqu'elle disait le cancer en pleine expansion, elle parlait du fait qu'elle allait contaminer la population ? demandai-je. Elle veut rendre malade des individus sains ?

— C'est ça, acquiesça DD. Elle veut que je choisisse entre vous et le reste du monde. Je ne sais pas pourquoi. Maintenant, elle n'a pas besoin de malade pour les contrôler. Je pense qu'une fois que la maladie est installée, elle a juste à injecter une puce et le malade est sous contrôle.

— Tu es contrôlé là ? demanda Drew à Zeyn.

Drew avait l'air particulièrement bouleversé.

— Non. Juste malade, mais je reçois des doses. C'est pour ça que je vais bien pour le moment. Je la contrôle. Je préfère crever que de me faire contrôler.

Jessie se remit à pleurer et il serra sa mère dans ses bras.

— Ça va, maman. Ça va s'arranger. La mort ne me fait pas peur et pensons à la bonne nouvelle, je vais être papa dans plusieurs mois. Et, je le serai.

— Ouais, dit Isaac. On a arrangé la situation à trois et je m'occuperai du petit ou de la petite en tant que beau-père et Zeyn sera le père.

Zeyn sourit à Isaac et moi, j'avais juste envie de gerber. Isaac était drôlement bizarre. Quel homme aurait supporté ça ?! Même par amour ! Personne ! Nous étions bien trop sauvages pour supporter ça !

Encore, le père n'est pas là, on s'en tape, mais c'était comme si DD avait couché avec Zeyn ! Personnellement, même si j'aimais à en crever ma future femme, je serai parti. Mon mariage était voué à l'échec d'avance. Mais lui, il restait. Il voulait même se marier.

Ce type était trop bizarre pour que je ne mène pas l'enquête et que je fasse plaisir aux beaux yeux de DD.

J'allai le traquer et découvrir son secret pour l'exposer au grand jour.

DD n'allait pas épouser un sale type comme lui. 

***


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