Chapitre 45

DECEMBER-DAN

— Tu es sûre que tu veux l'interroger ?

Je regardai furtivement mon père et reportai mon attention au miroir sans tain. De l'autre côté, Miranda y était installée.

Elle avait cessé de pleurer cependant elle tenait sa tête entre ses mains.

Après notre mission, nous étions rentrés à la base. Ceux qui devaient être soignés d'urgence avaient été pris en charge. Les morts avaient été enveloppés dans des housses mortuaires, afin que nous puissions procéder à la remise des corps aux familles et payer leur enterrement.

Pour le coup, le FBI nous avait été d'une grande aide et il nous avait remis Miranda pour que nous procédions à son interrogation. Elle avait tué Serena. Elle travaillait pour Trevor 2.0. Et ça, ça ne me sortait pas de la tête. 

C'était donc à moi de le faire, même si mon état de choc était toujours présent.

— Je vais bien.

Je jetai un rapide coup d'oeil à John et Chang, ainsi que Grappy avant d'entrer dans la salle.

Elle releva sa tête et me toisa avec mépris.

Je ne savais pas quoi lui dire. J'étais encore bien trop secouée par tout ça. J'avais mal. Terriblement mal. Toutes ces morts sur ma conscience me donnait envie de tout foutre en l'air. La personne avait peut-être raison. Je répandais bien plus du malheur que du bonheur autour de moi...

— Toutes me condoléances pour ta mère, dis-je doucement.

Elle éclata de rire ce qui me fit sursauter, mais je ne cillai pas. Je me tenais debout, face à elle, en train d'attendre qu'elle se calme.

— Arrête ton hypocrisie Lawson, ça me répugne ! grinça-t-elle entre les dents.

Ses poings étaient serrés. Si elle n'était pas menottée, j'étais convaincue qu'elle m'aurait frappée.

— Tu la haïssais et tout le monde le sait.

— Je haïssais le comportement qu'elle avait envers moi ! m'énervai-je en tapant du poing. Ta mère était exécrable et elle faisait tout pour que je me casse d'ici.

Elle rit de nouveau et s'adossa à sa chaise.

— Tu n'as donc jamais compris ? Tu n'as donc jamais vu qu'en fait, elle t'adorait d'une certaine façon ?! Elle aurait voulu que je sois comme toi, December-Dan, alors que tu es détestable. Elle aurait voulu que tu sois sa fille ! Elle me parlait tout le temps de toi ! L'Agent Lee par-ci, l'Agent Lee par là. Pour elle, tu étais un modèle à suivre. Tu allais toujours plus loin, n'écoutant jamais tes sentiments. Tout le monde sait qu'ici, tu es à ce stade parce que tu as bossé pour l'atteindre, c'est vrai. Ton papa ne t'y a pas aidé, ton grand-père non plus, John non plus. Tu as toujours tout décidé toute seule pour te démarquer des autres. Mais regarde ce que ton comportement à causer. Parfois, il vaut mieux se fondre dans la masse. Faire comme tout le monde. Tu payes les conséquences de ton égoïsme et de ta réussite, December-Dan. La roue tourne.

Nous nous observâmes en profondeur.

Mon coeur battait à tout rompre. Je n'avais qu'une envie : la gifler.

— Ma mère est morte à cause de toi. Je lui avais dit de ne pas venir parce que je savais ce qu'il allait se passer, dit-elle avec la voix enrouée. Mais, elle voulait être là, à tes côtés, te voir à l'oeuvre. 

Elle reprit sa tête entre ses mains.

— C'est toi qui est responsable de la mort de ta mère et de tous ces autres hommes qui n'ont rien demandés. Tu as trahis le QG, Miranda. Pourtant, tu es un agent talentueux. Tu as tout gâché pour aider ce malade qui me veut du mal.

Elle releva sa tête en vitesse et se leva de sa chaise, ce qui fit que nous nous retrouvâmes face à face. Sa mâchoire était serrée tout comme la mienne.

— Ne me rejette pas la faute dessus ! s'écria-t-elle. Tu aurais dû mourir à la place de tout ce monde !

— Non ! m'écriai-je à mon tour. Tu es énervée et tu me détestes, parce que tu aurais voulu être Espoir. Tu n'avais qu'à travailler plus, Miranda ! Cette place, je l'ai gagné !

— Tu l'as gagné ?! Tu as tué, Blake Jenson. On trainait avec lui. C'était même ton ami !

— Il m'a tiré dessus et pour ta gouverne, c'était une taupe de Trevor Wilkin et il doit être juste caché, car il n'est pas mort ! lui rappelai-je. Est-ce lui ? Hein ? C'est lui qui fait tout ça ?

Elle plongea son regard dans le mien pour me faire éprouver toute sa haine envers moi. Elle voulut me cracher à la figure, mais elle n'eut pas le temps car je lui flanquai mon poing à la figure. J'avais perdu mon sang-froid. Elle tomba et en quelques secondes, je me retrouvai à califourchon sur elle.

— C'est lui, putain !? Dis-le moi ! la secouai-je.

Elle tenta de se défendre tant bien que mal, mais j'étais folle de rage.

Je me sentis soulevée et je gigotai dans tous les sens pour qu'on me relâche.

— Je vais le retrouver et je vais le tuer une bonne fois pour toute !

— Tu ne le trouveras jamais ! hurla-t-elle, tentant de se débattre des bras de John et Chang. Tu vas crever comme une chienne !

— Je vais te tuer aussi comme ça tu rejoindras ta mère ! Lâche-moi putain !

Papa referma la porte derrière lui avec son pied, alors que je me débattais encore. Je voulais juste lui refaire son portrait à cette garce.

— Calme-toi ma puce ! Calme-toi.

Je finis par me calmer, à bout de nerfs. J'étais fatiguée et je ne comprenais plus rien. Alors Blake Jenson était derrière tout ça. Il voulait me faire payer la vengeance ratée de Trevor et sa place d'Espoir.

— Je ne veux pas mourir, déclarai-je en sanglotant dans les bras de mon père.

— Chuuut ! Tu ne mourras pas ma fille ! Personne ne mourra.

Il mentait. Je savais qu'il mentait. J'avais tenté d'occulter l'ultimatum lancé, mais je n'y arrivais pas. Ma famille ou la propagation du cancer dans le monde...


***


JARED

Cette semaine fut harassante pour tout le monde. Tout le monde avait dû passer au détecteur de mensonge. Il y avait apparement une autre taupe au QG et malheureusement, on ne l'avait pas trouvé. Ce fut aussi très éprouvant pour DD. Elle avait dû voir chaque passage et elle avait eu plus de commentaires méchants que des éloges.

Tout le monde lui trouvait un problème et certains la détestaient vraiment. Certains avaient même avoués que si elle mourrait, ça ne les toucherait pas et qu'au moins, ils auront une chance d'obtenir une grande promotion au sein de QG.

DD avait pris un sacré coup au moral, mais elle n'avait pas laissé échapper une larme. Elle notait et bossait en continue à s'en rendre malade. Elle voulait à tout prix retrouver la seconde taupe et surtout commencer à chercher Blake Jenson, car il était clair qu'il détenait BIG SISTER. Elle dormait très peu voire pas du tout. Elle encaissait tout. Elle mettait sa santé en danger, mais nous n'avions pas intérêt à lui dire, sinon elle cassait tout.

Je crois que Karl et moi n'avions jamais été aussi présents pour elle. Karl regrettait amèrement de ne pas avoir éloigné DD de ce monde. Il se sentait tellement coupable que j'avais mal pour lui. Je lui rappelai que DD avait toujours agi comme elle le désirait, alors il n'avait pas à se sentir coupable.

Après avoir soutiré le maximum d'information à Miranda Parker, elle avait été incarcérée dans une prison haute sécurité qui était en collaboration avec le QG. Elle avait eu le droit d'être présente à l'enterrement de sa mère et des dix autres agents que nous avions perdus. 

DD n'y avait pas été, préférant profiter de ce temps pour s'occuper un peu de Skyler qui était sans cesse avec ma mère.

Alors que je buvais tranquillement un café dans le réfectoire calme et vide de monde du QG, je fus surpris de voir Will.

Il s'assit près de moi, avec sa tasse. Lui aussi était fatigué. Nous l'étions tous. Heureusement que ce soir, nous allions pouvoir décompresser chez Ston. Actuellement, j'enviais sa vie normale.

— Ça fait du bien un peu de calme, dit-il.

— Je te jure.

Pendant plusieurs minutes, aucun de nous ne parla. Cette semaine m'avait étonnement rapproché de William. J'avais appris à l'apprécier et le voir se donner corps et âme pour retrouver Blake Jenson, qu'il avait fréquenté quelques peu par le passé lui donnait davantage l'envie de trouver ce pauvre type. Il était réellement préoccupé par l'histoire de DD et surtout, la mort de Serena lui avait fait bien plus mal qu'il ne voulait le montrer. Il avait beaucoup de points communs avec DD, alors c'était peut-être pour ça que je commençais à bien l'aimer, puis il faisait un peu parti de la famille, vue son lien avec Marysa et DD.

— Où est la boule de mauvaise énergie ?

Je laissai échapper un petit rire.

— Dans son bureau. Enfermée.

— Évidemment. Elle travaille trop Jared. Ça fait plus de 48 h qu'elle n'a pas eu un vrai sommeil et elle hurle sur tout le monde.

— Je lui ai dit et elle m'a hurlé dessus. Je ne peux plus rien faire.

— Sara lui a prit un autre rendez-vous chez le médecin. Si on la laisse comme ça, elle ne tiendra plus debout.

Je passai ma main sur mon visage avec un soupir. 

Mon téléphone vibra et je le sortis. Je lus le message de Lauren. Elle était la seule à me sortir de ce quotidien sombre. Ça allait beaucoup mieux depuis qu'elle était à la maison. Nous n'avions toujours rien sur son putain de Raphael. Comme s'il avait disparut dans la nature. 

En revanche, elle s'entendait très bien avec maman et Theresa. Avec DD, ça aurait pu se passer beaucoup mieux, mais avec les derniers évènements, DD n'avait pas été des plus accueillantes.


De Lauren :

Salut Jared. J'espère que je ne te dérange pas.

Où es-tu ? On part toujours chez Ston ?


À Lauren :

J'aide ma soeur. On ne va pas tarder à rentrer.


— Je vais la voir ta Lauren ?

Je jetai un coup d'oeil à William qui me fit un clin d'oeil espiègle.

Comme je vous l'avait dit, William faisait partie de l'équipe. Alors Marysa avait invité son cousin.

— Ouais. Et ce n'est pas ma Lauren, grommelai-je. 

— Oui et moi, je suis un petit con.

— Effectivement.

Il ricana avant de reprendre une gorgée de son café.

— Ça va nous faire du bien de décompresser, dit-il. Je suis impatient de rencontrer un autre petit con.

— Ston est un mec à part. Il est comme ta cousine. Ils prennent tout du bon côté.

— Argf ! Ça, je n'aime pas. Les mecs bisounours me tapent sur le système.

— Naan ! Il est vraiment cool comme type. C'est mon meilleur ami.

— Normal que tu le défendes. Sur ce, je te laisse. Je vais me préparer. On se retrouve là-bas ?

— Ouais.

Je restai quelques minutes de plus tout seul avant de rentrer à mon appartement pour me changer et aller récupérer Lauren à la maison.


***


— Je suis contente de revoir Ston, me confia Lauren, alors que nous arrivions devant la porte de Ston. Ça faisait un moment, comme nous ne sortons plus trop. 

Lauren était flamboyante. Elle portait une jolie robe noire à pois et sa frange très courte était parfaitement coiffée. Ses cheveux noirs étaient parfaitement coiffés et soyeux. Son rouge à lèvres l'illuminait et je ne savais pas comment je faisais pour me retenir de l'embrasser.

— Il est pressé de te revoir aussi, dis-je en sonnant.

Il hurla comme un malade qu'il arrivait et il ouvrit la porte, le visage un peu rougi, mais tout sourire.

— Hé ma beauté ! lança-t-il en s'approchant de moi pour m'enlacer, mais finalement il alla en direction de Lauren qui rit.

— Je savais que tu avais un ego trop grand Jared ! Je le savais !

Je secouai la tête, alors qu'il était tellement narcissique que je ne voulais même pas répondre.

— Tu es ravissante, Lauren ! la complimenta-t-il. Ce style est fait pour toi. Non, tu es faite pour ce style.

— Merci, dit-elle rougissante.

— Allez rentrez !

Je lui donnai une petite accolade amicale et entrai dans son appartement. Nous entendirent plusieurs voix dont celle de Sara, Marysa, Emmy la grande soeur de Ston et son copain Troy et William.

— Hé ! D'autres invités sont là ! annonça-t-il.

La porte sonna de nouveau et je saluai tout le monde avec une accolade. La bonne humeur était présente dans la pièce et je présentai Lauren à ceux qui ne la connaissaient pas. 

Les filles la mirent rapidement à l'aise en parlant de mode. Lauren était fan de ça aussi.

— Mes autres invités !

Je fus agréablement surpris de voir Drew et Zeyn. Mais j'étais content de les voir, car je savais que Ston les appréciaient beaucoup.

— Oncle Drew ! Oncle Zeyn ! s'exclama Will. Je ne savais pas que c'était une réunion de famille, les taquina-t-il.

Ils levèrent tous les deux les yeux, alors que Ston était hilare.

— Je t'adore, mec ! Même si tu m'as un peu beaucoup tiré dessus à une certaine époque, t'es drôle !

— Ston ! tonna Marysa en quittant sa conversation. Pas de mauvaise onde !

— C'est bon ! Je ne suis pas rancunier et il le sait. Bon, il ne reste que DD et Isaac et nous pourrons passer à table. Vous voulez à boire ? proposa-t-il aux derniers arrivants.

— Je veux bien un verre de Bourbon, demanda Zeyn.

— Une bière, dit Drew.

— Pareil que lui, dis-je à Ston.

— Je reviens.

Nous nous retrouvâmes entre mecs et Troy engagea la conversation avec Zeyn, car il adorait ses oeuvres.

— C'est vraiment fantastique, mec ! Tes oeuvres tuent ! Vraiment.

— Merci, fit Zeyn, gêné.

— Ce sont des gribouillis ? intervint William.

Troy ne comprit pas vraiment.

— Tu devrais venir voir les tableaux de ton oncle, William. Je te prendrai même la main, tu sais, renchérit le concerné. 

Je pouffai en même temps que les mecs et William esquissa un sourire.

Ston revint avec les commandes et nous servit.

— Tu es ... leur neveu ? demanda Troy.

— Ouais, répondit Will. Mais trop longue histoire.

— Je vois.

— Vous parliez de quoi ? nous interrogea Ston.

— Des oeuvres de Zeyn, répondit Troy. Je lui disais à quel point j'aimais ces tableaux et William et Zeyn se sont taquinés.

— Ah oui, c'est vrai. Voici les oncles et le neveu. C'est amusant ! sourit-il.

La discussion se tourna sur le sport sans grande surprise, lorsque la porte sonna. Ston nous abandonna pour aller ouvrir et il hurla de joie. Nous devinâmes que DD et Isaac étaient enfin là.

Ils firent leur apparition et DD arbora un sourire que je n'avais pas vu depuis longtemps, alors que Ston lui enlevait sa veste. Elle avait fait un effort sur sa tenue en arborant une robe courte à velours noir et aux épaules dégagées. Elle avait ses cheveux courts frisés et elle avait mis du rouge à lèvres bordeaux ce qui lui allait très bien. Marysa taquine, l'applaudit avant d'aller saluer sa cousine.

— Tu as même mis les talons.

En effet, elle portait des bottines à talon noir.

— Arrête ! dit-elle en roulant des yeux. Bon, j'ai la flemme de faire la bise à tout le monde, alors un salut général suffit !

William ricana et Ston lui embrassa la joue. Elle alla quand même en direction de Lauren, auprès de laquelle elle s'excusa.

— Ce n'est rien, December-Dan. Je comprends.

— Ça marche ! Oh salut Emmy !

— Hé ma belle ! Je savais bien que tu me ferais la bise à moi.

Elles se prirent dans les bras tandis qu'Isaac saluait tout le monde.

Elle vint vers nous et salua Troy qui était heureux de la revoir.

— Je te présente mon futur mari, Isaac.

— Salut mec ! fit-il.

— Bonsoir.

William dévisagea Isaac et lança :

— Tu es à tomber, DD chérie ! Tes jambes me font rêver.

Elle le frappa à la tête et salua Drew et Zeyn avec le sourire. Puis, elle m'embrassa sur le front avant d'aller rejoindre les filles, après avoir dit :

— Vous êtes gentils avec Isaac, OK ?

Isaac leva les yeux, lui déposa un baiser sur la joue et s'assit à côté de moi.

— On peut passer à table ! hurla Ston.

Le diner se passa très bien. 

Tout le monde riait aux conneries de Ston - le maitre de cérémonie comme il s'était prénommé - et de Will. Ces deux là s'entendaient à merveille. Bien sûr, avec tous les mecs nous y participions vivement. Les filles en avaient assez, mais DD était hilare car elle avait bu un peu de vin blanc.

Nous étions en train de nous marrer, car Sara racontait une anecdote d'elle, Ston et DD. Ils étaient allés au centre commercial sans moi ce jour là ...

— Et Ston a ... a raté une marche ! éclata-t-elle de rire tout comme DD qui plongea sa tête sur la table. Il s'est étalé comme ... comme un idiot. Il a pris tout son temps pour se relever.

Ston était lui aussi mort de rire en se rappelant de sa chute.

— Après, j'ai sorti ... « I believe I can fly » pour faire genre que c'était fait exprès. Tout en étant resté au sol. Les gens étaient morts de rire.

— Merde, j'ai raté ça ! m'exclamai-je me calmant peu à peu.

— Il avait les fesses en l'air et tout ! ajouta DD.

— Elles en ont profité pour me mater au lieu de m'aider à me relever. Et je protégeais mes bijoux de famille, se justifia-t-il.

Tout le monde essuyait ses yeux en ayant mal au ventre.

— Mec ! On doit se faire des sorties ! tonna Will. J'aurais presque dit la même chose !

— Je suis partant. Je t'aime bien William, tu sais.

— En même temps, Ston aime tout le monde, commenta Marysa avec le sourire.

On finit par se calmer et je me décidai de lui demander qui était la copine mystère, car il n'en avait pas parlé. Il voulait me languir, mais j'avais assez attendu pour la soirée.

— Alors qui est ta copine mystère, Ston Silver ? J'imagine qu'elle est parmi nous puisque tu n'as rien dit.

— Tu es drôlement intelligent, Jared. En effet, elle est parmi ses magnifiques femmes. Ma soeur ne compte pas.

— On va régler ça plus tard Ston, le menaça Emmy.

Troy embrassa la joue de sa copine en lui assurant qu'elle était magnifique. Emmy était magnifique, mais ils aimaient bien s'embêter entre eux. Comme DD et moi.

— Ouais, ouais, dit-il en ne lui prêtant pas attention. On va faire un jeu. Lève-toi, Super Jared.

Je le fis et lui aussi.

— On va annoncer en même temps le prénom de la fille en question. OK ? On va voir si nous pensons à la même personne.

— OK.

— C'est ... Sara/Marysa ! lançâmes-nous.

Et là, silence.

Il grimaça à l'annonce du prénom Sara et moi, j'étais estomaqué.

— Sara ? fit-il.

— Marysa ? fis-je choqué.

— Moi ? grimaça Sara.

— Toi ! s'exclama Marysa.

DD éclata de rire en à tomber de sa chaise et William se joignit à elle, alors que je tentai de comprendre.

— Tu sors avec Marysa ?! le questionnai-je, ahuri. 

— Pourquoi tu as pensé à Sara ? bondit Marysa. Ston, tu me caches quelque chose. 

— Absolument pas bébé ! Je ne comprends pas pourquoi ce con à penser ça ! s'agaça-t-il.

— Tu es la maîtresse de Ston ? rajouta William tout sourire. Sara est vraiment une croqueuse d'hommes.

— Non ! s'exclama Sara. Jamais de la vie ! Ston est mon super ami. Jamais je n'ai songé à sortir avec lui. N'est-ce pas Ston ?

— Nan mais je te jure ! Elle est comme ma soeur ! Sara, DD et Emmy sont mes soeurs.

— Ravie de l'apprendre ! dit DD en levant son verre.

Isaac lui prit le verre des mains. Elle n'était pas sobre du tout.

— Je pensais que tu sortais avec Sara parce que Marysa et toi, vous vous disputez tout le temps ! me justifiai-je. Puis tu t'entends très bien avec Sara alors ...

— Tu vois Ston ! Il faut que tu arrêtes d'être si ... proche de la gente féminine ! commenta Marysa

— Hé ! Je le connais avant toi, alors calme, Marysa, intervint Sara. Ne commence pas à faire la copine jalouse parce que ça ne va pas le faire.

— Quoi ? s'étrangla-t-elle.

Ston secoua la tête et DD était littéralement morte de rire, elle réussit quand même à dire.

— Bon, jeunes gens. Jared s'est trompé. Vraiment trompé mais ça arrive. Alors calmez-vous. Puis, Marysa, ne t'en fais pas, Sara est sur Haden, alors Ston tu ne l'as rien que pour toi. Allez, rasseyez-vous tous les trois. Il y a déjà bien assez de problème comme ça.

Elle prit son verre de vin blanc qu'Isaac lui avait pris et nous nous assîmes, mais Ston se releva.

— Je ... Marysa.

Il se tourna vers elle avec l'air le plus sérieux que je lui connaissais. De là, il sortit de la poche de sa veste rose couleur saumon, une boite en velours rouge. Tout le monde retint son souffle et Marysa apporta ses mains à sa bouche sous le choc.

À vrai dire, nous l'étions tous.

— Ça doit faire plusieurs semaines que je me traine ça partout. Emmy en est témoin.

Emmy sourit et acquiesça vivement.

— Je n'en ai parlé à personne, parce que je pensais que c'était trop prématuré, mais je m'en fiche, rit-il nerveusement. Je ne doute plus de mes sentiments envers toi et ... je me dis qu'on est fait pour être ensemble.

Il leva sa tête vers elle et plongea son regard dans le sien.

— Pause ! fit-elle les larmes aux yeux. Pourriez-vous filmez s'il vous plait ?

Tout le monde rit et DD sortit son téléphone et joua la caméraman.

— Bon, je reprends et tu ne me coupes pas ! dit-il avec le sourire.

— Tu ne te mets pas à genoux ? demanda-t-elle.

— Ils ne me verront pas.

— Alors, je me lève.

Elle se leva et en les regardant, je constatai l'alchimie et l'amour qu'il y avait entre eux. Pourquoi je ne l'avais jamais remarqué ? Peut-être que j'étais focalisé sur le fait que Ston draguait en continue.

Il lui prit les mains et retrouva aussitôt son sérieux. Je ne savais même pas que mon meilleur ami était capable de sérieux.

— Ça va faire bientôt un an qu'on se fréquente en secret.

— Hé ! Ça fait exactement, sept mois !

Il leva les yeux.

— Oui sept mois et c'est grâce à ce site de rencontres !

— Tu l'as rencontré sur un site de rencontre ? s'exclama Sara. C'est lui, l'homme le magnifique ?

— Oui, sourit Marysa.

Nous rimes doucement.

— Bref, je suis content d'avoir été sur ce site, même si nous aurions pu nous trouver plus tôt, comme on se voyait déjà souvent.

— Oui mais comme Jared l'a dit, on se disputait tout le temps.

— Exactement. Mais je pense que je t'aimais bien avant tout ça. Je pense que je suis tombé amoureux de toi, lorsque tu es venue pour ta cousine. J'ai compris que malgré ton passé de peste, tu avais un coeur et que tu voulais changer. J'ai vu en toi, ce que tu ne voulais pas montrer. Tu as toujours voulu une famille aimante et présente et tu l'as trouvé avec la famille de DD.

— Qui est ma famille, précisa-t-elle.

— Oui mais c'est d'abord la mienne ! trancha DD.

Ston nous lança un regard furieux.

— Arrêtez de tout couper là ! Ce n'est même pas romantique !

— Tu sais quoi Ston Silver ? fit Marysa. J'accepte d'être Madame Marysa Silver pour toute la vie. Je t'aime aussi. Et merci d'être patient avec moi chaque jour.

— Amen ! lança Sara.

Sara et DD rirent.

Il ouvrit la boite et une magnifique bague se présenta à elle.

— Je te demande quand même, et devant tous nos proches, voudrais-tu m'épouser ?

— Un million de fois.

Il lui mit la bague au doigt et tout le monde applaudit. Il la serra fortement dans ses bras. Tout le monde était heureux et je croisai le regard de Lauren qui était très émue. Je lui fis un petit sourire avant de me sentir rougir.

— C'est bientôt à toi, me chuchota Will à l'oreille.

Je ne relevai même pas son commentaire, alors que Marysa montrait sa bague aux filles et nous félicitions Ston.

— Putain Ston ! Je ne savais pas que tu pouvais être aussi sérieux. Félicitation, mon pote !

Je lui donnai une franche accolade. Il avait l'air ému.

— Tu seras mon témoin du con ! J'ai failli me faire frapper à cause de toi.

Je ris avant que Will ne prenne mon relai.

— Tu as intérêt de prendre soin d'elle, Silver. Il faudrait qu'on traine un peu plus ensemble.

— Oui, c'est normal. Mais apparement tu es un prisonnier alors ...

William rit et lui donna une tape à l'épaule.

Drew, Zeyn, Isaac et Troy suivirent, alors que je vis DD s'en aller discrètement vers le balcon.

Je la suivis et la rejoignis, inquiet de la voir comme ça.

Je constatai qu'elle pleurait.

— DD, qu'est-ce qui ne va pas ?

Elle me regarda avant de s'approcher de moi et de m'entourer de ses bras.

— Et s'ils ne se mariaient pas à cause de moi ? Imagine que Blake Jenson les tuent ? J'ai un choix à faire, Jared. Je me sens tellement coupable ! Je ne me suis jamais sentie aussi ... faible ! Sans ressources ! J'ai l'impression que je ... ne sers à rien. Que je devrais me rendre et mourir. Comme ça, tout serait plus facile !

Elle n'avait plus l'air alcoolisé et elle semblait avoir recouvert toute sa rationalité.

Je l'attirai une nouvelle fois contre moi et quelqu'un se racla la gorge. Nous nous retournâmes et nous vîmes Marysa, se tenir gênée.

DD efface rageusement ses larmes.

— Hé ! lança-t-elle. Est-ce que ça va DD ? Si c'est par rapport au mariage ...

— Non ! Bien sûr que non ! s'exclama-t-elle. Je suis vraiment heureuse pour toi et Ston. Vous êtes géniales ensemble. Tu mérites d'être heureuse.

Marysa fut émue et vint prendre DD dans ses bras avant de la relâcher.

— Will m'a un peu expliqué la situation pour que je sois sur mes gardes. Mais tu sais quoi December-Dan ? Ce type là ! Blake Jenson ! Tu n'as pas à avoir peur de lui. En fait, c'est lui qui a peur d'échouer, car il sait que contre toi, il a perdu d'avance, alors ne te laisse pas trainer dans son piège. Sois forte ! Je te jure que personne ne mourra, parce que tout le monde sera là, à mon super mariage d'accord ? Il fait grave pitié à jouer à un jeu comme ça, surtout qu'il reprend les mêmes techniques que Trevor, alors il est nul.

Ma chère soeur me regarda avec un sourire en coin. Je savais ce qu'elle pensait. Elle voulait lui dire que c'était peut-être son demi-frère. En fait, nous en étions presque convaincu, mais il fallait qu'on fasse les tests ADN avant.

— Allez ! On va finir la soirée tranquillement, dit-elle. Pourquoi ce n'est pas Isaac qui est venu te voir ? J'ai vu que vous vous étiez un peu éloignés.

DD leva les yeux avant de croiser les bras.

— C'est ... un peu compliqué entre nous ces derniers temps, avoua-t-elle, mais je me bats pour nous, parce que je l'aime.

Ça aussi nous l'avions constaté qu'Isaac avait un peu changé mais bon, c'était compréhensif de sa part.

— Tu me dis s'il y a un problème et j'irai lui couper ses boules !

Le commentaire de Marysa lui arracha un petit rire et je déposai un baiser sur sa tempe en lui murmurant à l'oreille que tout irait pour le mieux et que je serai éternellement là pour elle, avant que nous retournions dans le salon avec tout le monde.


***


WILL

La semaine se passa, sans que les journées ne se ressemblent. Nous étions tous à la recherche de Blake Jenson. Mais ce type était comme une aiguille dans une boite de foin. DD était aux aguets pour l'indice qu'il lancerait, mais toujours rien. Elle avait étrangement perdu du poids et surtout, elle jouait clairement un rôle ces derniers temps, alors qu'elle allait mal. Elle tentait de sourire, mais c'était faux et archi faux. 

J'avais l'impression de découvrir une nouvelle facette d'elle.

Elle n'avait même pas conscience de ce que les gens disaient. Elle disait presque « oui » à tout. J'avais même fait un test. Je lui avais demandé si je pouvais m'acheter un yacht avec les fonds du QG et elle avait répondu « oui ». Avant, elle m'aurait ri au nez et m'aurait frappé, mais jamais ça. Je lui avais fait remarqué, mais elle m'avait envoyé balader. J'en avais parlé à Jared et à Sara, mais eux aussi avaient l'air d'être dépassés par la situation. De plus, elle était concentrée sur les prochains examens de ses recrues. D'ailleurs, j'étais en train de me rendre dans son bureau, car elle m'avait convoqué par rapport à ça.

Au détour du couloir, je vis Isaac en plein communication. Au ton de sa voix, il avait l'air d'être vraiment énervé, mais il essayait de chuchoter.

— Non ! Je ne ferais plus rien pour toi !

Je tendis l'oreille et me cachai pour en savoir plus. Je sentais que j'étais là au bon moment. Isaac était devenu bien trop étrange pour que je ne le soupçonne pas de quelque chose.

— Quoi ? Mais tu es malade ! Arrête de m'appeler !

Puis, il raccrocha avec colère. Je décidai de sortir de ma cachette et il faillit sursauter de terreur en me remarquant. Il me lança toujours le même regard méprisant, mais c'était l'occasion parfaite pour que je lui parle de DD.

— Dégage de mon chemin, Will.

— Tu parlais à ton amante c'est ça ?

Il me toisa avec un mépris sanglant et je souris.

— Mêle-toi de ce qui te regarde.

— Parfait. Je venais à ce point Isaac. December-Dan n'est pas bien. Tu devrais l'emmener voir un médecin, parce qu'elle ne fait que d'annuler les rendez-vous. Elle ne parle que très peu.

— Écoute, ce n'est pas ta femme, alors laisse-moi tranquille.

— Ce n'est pas encore la tienne non plus et tu ne sais même pas prendre soin d'elle et voir qu'elle souffre en silence. Je ne sais pas ce qu'elle trouve en toi.

Il avança d'un pas et nous nous fusillâmes du regard.

— Tu veux me donner des leçons en amour ? ricana-t-il. Occupe-toi déjà de Sara et tu viendras me parler par la suite.

— Sara ? Qu'est-ce qu'elle a à voir dedans ?

— J'ai vu ton dossier sur son Haden, dit-il. Ce type est un ancien drogué avec tes antécédents de violence. Tu ne veux pas qu'elle le fréquente, alors que tu es pareil. C'est marrant hein ! Tu la veux pour toi. Tu l'aimes !

— Quoi ? m'étranglai-je. Bien sûr que non ! Nous sommes ...

— Quoi ? Des amis ? Tu ne seras jamais ami avec elle, car à cause de toi, elle a perdu l'homme de sa vie. Mets-toi ça dans le crâne. Tu n'arriveras jamais à la cheville de Wallas ou même d'Haden.

Il me bouscula tout en me contournant.

Ce type savait tourner la situation à son avantage. Il savait que je venais d'apprendre quelque chose sur lui et que je le surveillai, alors il me sortait ce type d'arguments pour que je sois ébranlé, mais ça me faisait ni chaud ni froid. À croire que ses mots allaient me toucher. Bien que je m'étais approché de Sara, je ne l'aimais pas comme il le pensait et oui, cet Haden ne me convainquait pas assez pour que je lui donne une chance d'être avec Sara. Et s'il la frappait un jour ?

Bon, ça sonnait étrange que je joue ce rôle. Elle était une grande femme après tout mais ... Non ! Haden et elle, ça ne serait qu'amical.

Je finis par arriver devant le bureau de DD.

Je ne frappai pas et entrai dans son bureau. Elle était visiblement en communication et je reconnus la voix. Elle leva sa tête vers moi et esquissa un faible sourire.

— Je vais bien Riccie, merci. Et toi ?

— Ça va, soupira-t-elle. J'ai voulu te contacter plus tôt, mais j'avais besoin de temps. Et j'ai eu ton message. Ne t'en fais pas, je ne t'en veux pas. Ça se saurait su de toute façon.

Je refermai la porte derrière moi tout en écoutant la voix douce de ma génitrice.

— Oui. Tout finit par se savoir.

Je m'avançai jusqu'à son bureau et m'assis en face d'elle.

— Oui. Euh ... j'aimerais entrer en contact avec lui.

DD croisa mon regard et sourit.

— Tu n'as pas son numéro ?

— Jannie refuse encore de me parler et encore moins de me donner son numéro.

Je souris. J'étais encore en contact avec Jannie. Elle voulait me voir pour qu'on sorte, mais j'avais refusé. Je ne voulais pas qu'elle s'embrouille davantage avec sa mère.

Zeyn et Drew n'avaient pas tentés de me demander. De toute faon, j'aurais refusé. Ce n'était la fête du slip non plus et je n'allai pas faire comme si tout était parfait.

— Oh. Je comprends. Eh bien, je peux te le passer.

Je fis un signe de « non ». Je n'avais pas envie de lui parler. Ses mots étaient encore dans mon esprit. Qu'elle reste à sa place. Je n'avais pas besoin d'une mère après tout.

— Oui, ça serait bien. J'aimerais l'emmener ... diner. Ou peu importe.

Je faillis m'étrangler et DD rit avec sincérité en voyant ma tête.

— C'est une mauvaise idée hein ?! ronchonna Riccie. De toute façon, je devrais abandonner. Je ne vois même pas pourquoi il accepterait, après ce que j'ai dit.

— Mais non Riccie, tu devrais faire ça. Franchement, c'est une excellente idée et même s'il va faire genre qu'il s'en fout, dans le fond, il jubile d'impatience d'avoir une discussion avec toi. Il ne fera jamais le premier pas.

— Il a pris ça de Christian, soupira-t-elle. Il me le rappelle tellement maintenant que je l'ai vu.

DD me sourit et je ne lui retournai pas son sourire.

— Bon, je vais faire ça. En plus Zac-Hen m'hurle dans mes oreilles que c'est injuste pour lui de ne pas avoir vu son grand-frère. Les enfants sont tellement innocents DD ! Ils s'en fichent de la situation. Ils ne se prennent pas la tête.

— Ouais tu as entièrement raison.

— Je vais le faire pour ma famille et ...

— Pour toi, Riccie. Ça reste malgré tout ton enfant. Bon, un grand enfant, mais vous pouvez essayer de rattraper les choses. Jannie a eu un beau discours.

— Oh ! Will t'a raconté ?

— À vrai dire, c'est Zeyn et Drew.

— Oh ! C'est vrai que cette fuite inattendue vous a réconcilié. J'en suis vraiment heureuse.

DD n'ajouta rien et finit par lui donner mon numéro. DD coupa la communication et sourit une nouvelle fois.

— Je suis le seul à te faire sourire ces derniers jours. C'est flatteur, DD chérie.

Elle leva les yeux et rétorqua :

— Parce que tu me donnes envie de rire. Tu fais genre le mec « Rien ne me touche ! Je suis fort ! » mais dans le fond, t'es une petite nature ... Richardson !

— Hé ! Je ne suis pas un Richardson, ni un Davis ! Je ne prendrais jamais l'un de ces noms de famille. Je ne peux pas être le fils adoptif de Clay et Davis, ça ne sonne pas assez bien avec William.

Elle éclata de rire, alors que mon téléphone se mit à sonner. Elle me chuchota de mettre le haut parleur et je le fis, car je savais que c'était Riccie.

— Ouais ?

— William ! exhala-t-elle.

Sa voix sonnait un peu trop dans les aiguës. J'eus envie de rire mais je me retins.

— Je ... Je ne te dérange pas ?

— Un peu. C'est pourquoi ? Attends ! Pour me dire à quel point on est différent !?

DD me jeta un stylo que j'évitai.

— N..Non.

Elle soupira.

— Est-ce qu'on peut se voir ? Ce soir ?

— Je suis sous liberté conditionnelle et j'ai un bracelet. Tu sais la différence ...

DD me fusilla du regard. Bon, je devais me calmer.

— Oh. DD ne me l'a pas dit.

— Ce soir à quelle heure et où ?

— Où tu veux. Pour 20 h ?

— Quel ... était le restaurant préféré de mon père ?

Elle haleta ne s'attendant pas à ma question.

— Euh ... eh bien, il n'en avait pas. Il était du genre à tout manger.

— Bon, je te laisse le privilège de choisir. Envoies-moi un message.

Je n'attendis pas sa réponse et raccrochai.

— T'es vraiment mauvais.

— Elle le mérite.

— Elle n'allait pas pleurer et dire « Mon fils ! » ! gesticula-t-elle. Puis, c'est de ta faute, si elle a réagit comme ça. Elle n'était pas préparée à ça.

— Mouais.

— Tu t'habilleras convenablement William, et promets-moi d'être gentille avec elle. D'accord ?

— Oui, madame.

Elle esquissa un sourire et changea du sujet.

— Je t'ai convoqué pour te demander si tu voulais être mon assistant pour les premiers épreuves des recrues. Jared devait s'en charger, mais il fait passer les exams à ses élèves, au lycée, ajouta-t-elle. 

— Moi ?

— Il y a-t-il un autre Will que je connaisse ?

— Non. Je suis trop unique et tu le sais. Ouais OK. Je suis partant.

— Top.

— Et Sara ?

— Ne t'en fais pas, elle sera avec nous, mais pas tout le temps. Elle va te manquer ?

— Je ne répondrai pas à cette question, dis-je en me levant, parce que vous, les femmes, vous avez tendance à tout exagérer. Sara et moi nous sommes amis maintenant.

— Ouais. Elle t'a invité chez elle et tout.

— Ouais pour ressasser le passé et tout.

Je me dirigeai vers la sortie avant que la conversation ne soit trop sérieuse. Qu'est-ce qu'ils avaient tous avec Sara ? 

Je me retournai et elle s'était déjà replongée dans ses recherches.

— December-Dan ?

Elle leva sa tête dans ma direction.

— Merci. Et ... je préfère quand t'es chiante, parce que tu es plus marrante. Ouais, sourire te va bien. Et aussi, tu sais que tu peux te confier à moi.

— Merci William, c'est gentil.

— Tu pourrais me faire retirer mon bracelet et me permettre d'avoir un chez moi ?

Elle éclata de rire et me fit un doigt d'honneur.

— Allez ! Casse-toi.

— Je savais que ta gentillesse était de courte durée.

Je quittai son bureau en me disant que je devais une fière chandelle à cette December-Dan. Et cela, toute ma vie.


***


J'étais prêt. DD m'avait donné encore quelques recommandations, puisque pour la première fois, je sortais tout seul. Bien sûr qu'elle allait me tester et sincèrement, ça serait tentant de disparaitre dans la nature, mais le QG, je l'aimais beaucoup et j'avais tenu une promesse à Serena. Retrouver sa foutue machine et aider DD. Alors, j'allai la tenir. 

Je me regardai au miroir, les épaules affaissées. Ne plus voir Serena dans les parages me faisaient tout drôle. Sa peau pâle de grande malade et ses longues phrases au vocabulaire soigné.

Elle me manquait d'une certaine façon. J'avais peut-être trouvé en elle une certaine amitié. Puis, la vie s'échappant d'elle m'hantait certaines nuits. Je n'avais pas pu la sauver et Sara non plus. Miranda lui avait injecté un putain de poison. J'espérais qu'elle allait croupir en taule pendant des années pour ce qu'elle avait fait. En même temps, elle avait bien payé sa trahison, car sa mère était morte.

Je sortis de mes pensées lorsqu'on frappa à la porte.

J'allai ouvrir et tombai sur Sara. Elle me dévisagea de la tête aux pieds.

— Tu sors ?

— Yep.

— Comment ça ? Avec qui ?

— Je vais voir ma génitrice.

Je l'invitai à rentrer, mais elle refusa.

— Avec des agents pour te surveiller ?

— Nope. DD me donne l'autorisation de sortir seul. Je ne risque pas de faire de connerie Sara, la rassurai-je. J'ai un boulot, un mini appart et des ... connaissances. Pourquoi je me tirerais ?

Elle sourit en coin.

— OK. Bon, bah du coup, je vais aller au cinéma avec Haden, m'annonça-telle. J'allai te proposer pour que tu prennes un peu plus souvent l'air, mais comme tu sors ...

— Quoi ? Haden ?

Elle roula des yeux et répondit au message devant moi.

— Oui, Haden.

— Mais le cinéma ça prête aux pensées obscènes ! N'y vas pas, Sara. Je vais dire à Riccie qu'on fera ça une prochaine fois.

Sara rigola et réarrangea le col de ma chemise ce qui me fit retenir mon souffle encore une fois.

— Ah là là Will ! T'es drôlement mignon lorsque tu fais le mec protecteur ! Allez, je te dépose en chemin si tu veux.

— Non, refusai-je. J'ai la voiture, bredouillai-je. Et ne m'insulte pas en me disant que je suis mignon. Je ne suis pas un chien.

— D'accord. Alors passe une bonne soirée et sois zen !

— Je ne te dis pas « toi aussi » !

Elle secoua sa tête et s'en alla à reculons. J'eus envie de la rappeler pour lui dire qu'elle avait oublié de me faire un bisou, mais je secouai la tête me disant que j'étais complètement fou.


***


RICCIE

— Tu vas où ?

Je me retournai vers la voix de ma fille. J'étais en train de fermer mon sac et de vérifier que j'avais tout pris avec moi.

Elle croisa les bras et me fixa longuement.

Depuis mon départ et depuis mon retour, ça devait être la troisième fois qu'elle m'adressait la parole. J'avais essayé de discuter avec elle et de m'excuser pour mon attitude, car je ne l'avais jamais giflé avant cela. Mais, elle jouait l'adolescente rebelle et ne m'écoutait pas. Je n'avais pas forcé et Clay m'avait dit d'attendre un peu.

— Je vais ... voir William.

Elle écarquilla les yeux et décroisa ses bras, visiblement heureuse de l'apprendre.

— C'est vrai ? Tu ... Tu lui laisses une chance ?

— C'est à lui de me laisser une chance, Jannie. Je n'ai pas été très accueillante avec lui.

Elle s'avança vers moi, alors que je passai la bandoulière de mon sac sur mon épaule.

— J'en suis sûre qu'il le fera. Il n'a pas l'air méchant, maman.

Je ne dis rien.

— Papa le sait ?

— Oui, répondis-je. C'est pour ça qu'il est avec ton frère au cinéma. Toi, tu finis tes devoirs et là, tu n'as aucune distraction.

Elle me lança un semblant de sourire.

— D'accord.

— Je ne rentre pas tard.

Elle opina de la tête et je m'approchai d'elle pour la prendre dans mes bras. Cette petite chipie m'avait manqué. Je l'aimais tellement.

— Je t'aime, Jannie. Ne doute pas la dessus.

— Je sais, maman. Je m'excuse.

Elle resserra l'étreinte avant de s'écarter de moi.

— Je t'attends comme ça, tu m'expliqueras.

— Oui. Tu n'ouvres à personne, Jannie.

— J'ai 13 ans maintenant.

Elle me tira la langue avant que je ne quitte la maison.

Oui, elle avait 13 ans à présent. Et elle avait refusé de le fêter à mon grand regret.


***


J'arrivai devant le Sunset Palace, après une bonne vingtaine de minutes sur la route.

Le restaurant était bondé, mais calme comme à son habitude. Il était un brin luxueux. Je l'avais choisi, car ce moment était important pour moi et pour lui.

Ce voyage m'avait fait le plus grand bien. J'avais pu évacuer tout le stress et toute la colère du passé. J'avais pu me ressourcer. Toute seule. Et j'avais surtout pu réfléchir au retour de l'enfant que j'avais abandonné à 15 ans. Et j'avais constaté que la vérité éclatée, soulage considérablement l'esprit et les épaules. Nous n'avions plus de secret de famille. Ils le savaient tous. Mis à part Zac-Hen qui était trop jeune pour tout comprendre. Il savait juste qu'il avait un demi-frère et qu'il s'appelait William. Le soir de la venue de Will, il dormait et n'avait rien entendu au cri et j'en étais soulagée. Le pauvre, il aurait été déboussolé.

Pour en revenir au fait, voir William m'avait bouleversé. Je ne pensais pas que ça pouvait être aussi fort de revoir son enfant, déjà homme. Il s'était façonné tout seul. Je n'avais pas été là dans les étapes de sa vie. En fait, il était déjà tout prêt. Je n'aurais jamais aucune autorité sur lui. C'était clair.

Un serveur m'accompagna à la table que j'avais réservé.

Je m'y assis et commandai un petit verre de Tequila, pour faire face à notre premier tête à tête mère-fils.

Je tremblai carrément. J'avais peur de craquer et de pleurer. Et dire qu'il trainait avec mes frères, c'était le comble !

Dans le fond, j'avais toujours senti cette connexion avec lui. À l'époque je la trouvais malsaine, parce que je m'étais imaginée des choses mais en fait, c'était parce que c'était l'enfant que j'avais mise au monde sans le savoir.

Alors que je me demandais comment j'allai l'accueillir, je le vis au loin, parler au serveur qui lui désigna ma table. Je retins ma respiration et me levai, fébrile. C'était fou à quel point, il avait pris les traits de son père. Je ne pus m'empêcher de laisser un sourire naitre sur mes lèvres. Je savais qu'il était nerveux car il fourra aussitôt ses mains dans les poches de son jean noir. Son père avait l'habitude de faire ça. Il avait aussi pris de ses yeux bleus clairs qui tiraient un peu vers le gris.

Il arriva à ma table et me lança un sourire crispé d'une seconde. Il me tendit la main que je serrai.

Il me relâcha aussitôt et nous nous assîmes.

— Ça ... Ça allait sur la route ?

Il leva son regard vers moi et il n'eut pas le temps de répondre que le serveur lui demandait ce qu'il voulait boire.

— Du ... vin ?!

— Blanc, rosé, rouge ...

— Peu importe.

Il était froid et distant. Le serveur s'en alla et il s'adossa sur sa chaise d'une façon tellement nonchalante qu'il avait l'air d'être ennuyé. J'eus envie de lui dire que son attitude me faisait clairement chier. Cependant je me retins. Je n'étais pas venue faire la guerre. Et elle était déjà révolue.

Nous nous épiâmes en silence et il finit par prendre la carte pour voir les menus. J'en fis de même.

— Je compte payer ma part, ça ne te gêne pas ?

— Non. Même si je peux le faire tu sais, dis-je.

— J'aime bien marquer les choses. J'ai pris ça d'une certaine personne.

Je quittai du regard ma carte et le fixai. Tranchant comme Christian encore une fois. 

Avait-il pris quelque chose de moi ?

— Si tu essayes de me meurtrir avec tes répliques tranchantes, William, ça ne marchera pas. Je ne suis pas là pour faire la guerre. Je pensais qu'on avait déjà passé le cap. Alors vide ton sac qu'on en finisse, parce que moi aussi ça peut clairement me casser les couilles de passer du temps avec toi, déblatérai-je d'une traite.

Il avait les sourcils haussés, ne s'attendant pas à ce que je parle comme ça. Il se redressa de sa chaise et ricana nerveusement. Moi, j'avais repris confiance en moi. Je n'allais pas me laisser faire par ce morveux qui était mon fils après tout.

— Alors pourquoi avoir organisé ce rendez-vous ?

— Pour parler et non s'hurler dessus. Tu veux des réponses ? Je t'en donnerai. Je suis prête. J'ai assez fait trainé tout ça.

Le serveur revint et lui donna son verre de vin rouge.

— Puis-je prendre vos commandes ?

— No..

— Oui, le coupai-je. Nous allons prendre le plat du jour.

William voyagea son regard du serveur à moi. Je devais lui montrer qui j'étais, malgré les années perdues.

— Bien madame.

Il s'en alla et Will hoqueta avant de se comporter comme un enfant en s'adossant à sa chaise encore une fois.

— Mais peut-être que je ne voulais pas le plat du jour ! Peut-être que je voulais du poulet ou du boeuf ou du poisson ! s'insurgea-t-il. Tu n'as pas à choisir à ma place, Riccie ! Tu n'as pas le droit.

— Oui, c'est sûr mais je veux te montrer une chose, William. On va essayer de se connaitre. Vraiment. J'ai envie de te connaitre. Oui, nous sommes différents, mais c'est ça qui nous rapprochera. Je ne te demande pas de m'appeler maman ou quoique ce soit. Je te demande juste du respect. Après tout, c'est toi qui a tenté de savoir qui était ta véritable mère, alors tu vas le découvrir. J'ai du caractère et je peux être plus têtue que toi. Je ... Je suis super compliquée. Vraiment compliquée. Et j'ai un langage qui peut laisser à désirer, mais je m'en tape. Je suis une épouse complètement cinglée, mais j'aime mon mari. Je suis une mère poule qui ne veut pas laisser ses enfants grandirent vite, mais je les aimes à en mourir. Je peux manger pour quatre et ensuite me dire que je vais faire une régime. J'adore plaisanter et je te jure que mon humour est merdique, ris-je doucement. J'adore mon boulot dans l'entreprise de ... tes grands-parents et j'adore mes frères. Et pour finir, je peux dire que je ne suis pas rancunière. Je pardonne vite.

Il m'observa méticuleusement comme s'il faisait face à un spécimen en voie de disparition. Je décidai que c'était le moment de sortir la petite boite. Et je le fis. Je soulevai le couvercle et sortis une photo de Christian. Il m'entourait de ses bras et sur cette photo nous étions heureux et tout sourire.

— Ton père et ta mère. Nous avions ... 16 ans. Je t'avais déjà mise au monde. Il ne le savait pas.

C'était probablement la chose que je regrettais la plus au monde.

Il regarda la photo. Il paraissait ému face à l'image, mais il tenta de masquer ses émotions comme je le faisais souvent.

— Tu lui ressembles beaucoup. Il avait juste les cheveux plus foncés que toi, mais tu as pris tout de lui.

Il sourit en coin et je lui tendis une autre photo.

— Je suis une grosse menteuse. J'ai toujours pensé au petit nourrisson mourrant que j'avais laissé à l'hôpital. C'est la seule photo que j'ai eu de toi. Tu étais un petit combatif. J'aurais pu te tuer, mais ... tu as survécu.

Sur la photo, il était tout petit et il était branché de partout. Cette photo me retournait toujours l'estomac, car je me disais à quel point que j'aurais pu être une meurtrière, mais Dieu merci, il s'était battu.

Tout en mangeant, je poursuivis comme ça. Je lui montrais des photos de Clay, de Drew et Zeyn lorsqu'ils étaient venus chez nous après leur adoption, les noëls, mon mariage, la naissance de Jannie, la naissance de Zac-Hen que je lui racontai.

— Zeyn m'a faite accoucher et Drew a sauvé Zac-Hen. Lui aussi, s'est battu. Je pense que vous vous entendrez très bien. C'est un gamin hyperactif mais intelligent.

— Je ne savais pas pour ton accouchement, dit-il en prenant un morceau de pain. Ils ont fait preuve de courage. Je ne sais pas si j'aurais pu.

— Peut-être qu'un jour tu auras une femme que tu feras accoucher.

Il haussa les épaules.

— Moi et les filles, c'est compliqué. Je préfère les saut.. Je veux dire que ...

Je ris ce qui le fit sourire.

— Je comprends ce que tu veux dire. Mais ... je pensais que tu sortais avec Sara, dis-je en grimaçant.

Oui, j'avais de suite pensé à ça en les voyant ensemble. Étonnement, je trouvai qu'ils dégageait quelque chose. Puis, il avait l'air de tenir à elle, mais je pense qu'il ne le voyait pas.

Il rit franchement.

— Certainement pas. C'est ma collègue de travail comme December-Dan. D'ailleurs, c'est elle qui m'a embauché au QG. Je suis informaticien et je bosse avec DD.

— Oh. Waouh.

— Ouais. C'était vraiment gentil de sa part de me donner une seconde chance, après ce que j'ai fait.

Je déglutis me rappelant cette triste histoire.

— Tes frères auraient pu mourir. Il y aurait pu avoir plus de dégâts. Je suis ... désolé pour cela.

— Ça va. C'est du passé. Tu étais jeune et naïf. Trevor Wilkin en a profité.

Même si l'histoire était plus compliquée que ça, je ne voulais pas trop m'étaler dessus.

— Donc, pas de petite amie ?

— On va vraiment parler de ça ? Tu vas me sortir « Il faut que tu te protèges » et bla bla bla ?

— Non, ricanai-je. Je connais encore tes antécédents. C'est à cause de toi que Drew et Zeyn ont commencés à s'amuser avec les filles, lui rappelai-je.

William était l'organisateur de leur première fois. Je m'en souvenais comme si c'était hier. Je crois que c'était pour ça que j'avais du mal avec lui. Drew et Zeyn étaient comme mes petits bébés et paf, ils rencontrent William. Ils changent bien sûr et Will me faisait déjà pensé à Christian, alors c'était pour ça que je ne voulais pas qu'ils le fréquentent.

— Écoute, je suis séduisant et ils étaient tous frais en arrivant au lycée. Alors, je leur ai montré que s'amuser de temps à autres, c'est sympa.

— Argff, stop ! grimaçai-je.

Il ricana à son tour.

— Je suis aussi désolé pour les avoir diabolisé au lycée. Ils ont fait toutes ces conneries par ma faute. C'était des petits anges sinon.

— Ça va, lui assurai-je. Mis à part ça, tu vis où ?

— Au QG, répondit-il.

Je n'aimais pas trop cet environnement, mais je ne pouvais rien faire à ça.

— D'accord. À cause de bracelet, j'imagine.

— Ouais.

— Tu l'enlèves quand ?

— Dans cinq ans, sourit-il. Mais je sais que DD cédera avant si je suis sage et si je suis son parfait larbin. Elle me fait payer mes crimes.

Il sourit. Il avait l'air de bien s'entendre avec elle. Ça se voyait et ça se sentait au ton de sa voix.

— Et ton ... casier judiciaire alors ?

— Pareil, répondit-il. Il y a certains actes qui ont été effacés, parce que c'était des coups montés de Trevor. Sara les a fait faire effacer.

— C'est cool. C'était des actes mineurs ?

J'appréciais qu'il se soit ouvert à présent. Même s'il ne me regardait pas dans les yeux comme s'il craignait que j'ai honte de lui, mais ce n'était pas le cas. En fait, au fur et à mesure des minutes, j'avais ce sentiment de fierté.

— Plus ou moins. Genre les accusations de viols, dit-il doucement et la tête baissée. C'était les charges les plus lourdes et le moyen le plus facile pour m'envoyer en taule. Toutes les plaintes étaient fausses et préparées. Mais je n'ai jamais fait ça. C'est juste ignoble. 

Je déglutis et pensais à maman.

— Du coup, cette fille, je ne me souviens plus de son prénom là ...

— Gaby Weber ? La cousine de Gretchen Weber ?

— Oui ! m'exclamai-je. Elle a menti ?

Il allait répondre lorsqu'il se figea. Il sortit précipitamment son téléphone et composa un numéro avant de l'apporter à son oreille.

— Allô ? DD ! Tu es avec Sara ? Parfait ! Elle n'est pas sortie finalement ?

Il ricana.

— Bref, faites une recherche sur Gaby Weber. Oui, la cousine de Gretchen. Pourquoi ? Parce que fais ce que je te dis. Je vais vous expliquer ça plus tard. À tout de suite.

Il raccrocha, alors que le serveur venait pour débarrasser notre table.

— Je vais devoir te laisser. Je viens de penser à un truc de malade grâce à toi pour le boulot.

— Oh euh ... cool. J'espère que ce n'est pas grave.

— Moins tu en sais, mieux sait ! rétorqua-t-il en se levant. 

Il regroupa les photos et les plaça dans la boite.

— Je peux la prendre avec moi ? Je te les rendrais.

— Bien sûr. Vas y.

— Merci.

Il sortit un billet de 50 dollars et le posa sur la table.

— Je t'appelle, me dit-il.

— D'accord. Passe à ... à la maison, si tu veux. Ça fera plaisir aux enfants. Et à Clay. Il aimera te connaitre.

Ses yeux pétillèrent d'une jolie lueur qui me toucha profondément et il sourit en coin.

— Je le ferai, Riccie. À très vite.

Il s'en alla rapidement et je restai debout, une main sur le coeur.

— Fais attention à toi, murmurai-je.

Bien sûr, il n'avait pas entendu. Mais j'avais soudainement peur de le perdre, alors qu'il venait juste d'apparaitre dans ma vie.

William, mon fils. 

***

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