Chapitre 26
SKYLER
Quand je me suis réveillée et que j'ai vu maman avec moi dans mon lit, j'ai grimacé en me demandant pourquoi elle était ici.
Mais après je me suis recouchée à côté d'elle et je me suis rendormie.
Puis après, je me suis réveillée encore une fois et cette fois, Isaac était assis au bord de mon lit, le sourire aux lèvres en train de nous regarder.
Je lui souris en retour et lui fis un câlin pendant de longues minutes.
J'aimais bien les câlins le matin, même si maman, ce n'était pas trop son fort.
Isaac me fit un bisou sur le front et me chuchota qu'il venait de rentrer de mission.
— C'est peut-être pour ça que maman a dormi avec moi, chuchotai-je.
Il repoussa mes cheveux sans en dire plus, avant de sourire rapidement comme s'il y avait autre chose.
— On la réveille ?
— Ouais !
Je retournai près d'elle et la secouai doucement parce que sinon, elle allait être de très mauvaise humeur et je ne le voulais pas.
Isaac lui caressa doucement le visage tandis que je lui demandai de se réveiller.
Elle finit par ouvrir les yeux, dévisagea rapidement Isaac, puis elle les referma en remontant ma couverture Nathalie sur elle.
— Laissez-moi dormir s'il vous plaît, grogna-t-elle.
— Mais maman, j'ai école et après on va dans notre nouvelle maison pour voir si les travaux ont bien avancé.
En plus, je voulais trop revoir ma chambre.
Qu'est-ce qu'elle était grande ! Je voulais montrer ma chambre à tout le monde.
Digne d'une chambre de princesse selon papy. Alors j'étais contente. J'étais pressée aussi de la montrer à Zeyn et à Grappy Walter et Granny Theresa. Ils allaient peut-être venir pour les vacances. Et c'était cool, parce qu'ils me ramenaient tout le temps, pleins de cadeaux de Portland.
C'est là-bas que je suis née en plus.
Et j'aimais bien Portland même s'il pleuvait beaucoup. Mais j'aimais bien la pluie.
Maman grogna encore une fois ce qui fit doucement sourire Isaac et moi, alors qu'elle se retournait.
Puis, il y avait eu un boum au sol.
Isaac et moi, nous nous regardâmes et cela fit réagir maman qui se redressa subitement sauf qu'Isaac eut le temps de ramasser l'objet du bruit et c'était un pistolet.
Je savais que maman en avait plein et qu'elle détestait me les montrer. De toute façon, je n'aimais pas trop ça. Mais là, je pensais probablement comme Isaac.
Pourquoi elle avait un pistolet avec elle ?
Nous la regardâmes, curieux d'avoir une réponse de sa part, mais elle haussa les épaules, prit l'arme et quitta mon lit.
— Tu peux nous expliquer DD ? lâcha Isaac.
Elle dévisagea encore une fois Isaac, comme si elle était en colère contre lui avant de répondre.
— Rien de grave. J'ai juste entendu du bruit et ça m'a fait peur, répondit-elle. Et tu ...n'étais pas là. Je n'allais pas réveiller mon père pour si peu, alors que tu aurais dû être là, dit-elle avec reproche.
Je fronçai les sourcils, un peu surprise.
S'étaient-ils disputés ? Je crois bien que oui, car les épaules d'Isaac s'affaissèrent et il ne lâcha pas du regard non plus.
En plus, maman n'avait pas peur de grand chose, alors je ne comprenais pas vraiment.
Peut-être que c'était le même Monsieur à la boule qui l'avait fait peur pendant la nuit.
Oui ! C'était peut-être lui.
Je me figeai pendant qu'elle me regardait. Je crois qu'elle a deviné ma peur. Elle vint donc vers moi et me porta.
— Tu peux aller préparer le petit déjeuner ? On arrive tout de suite. Je vais l'aider à se préparer.
Il se leva, acquiesça, comme perdu.
— Il faut qu'on parle.
— D'accord, rétorqua-t-elle sans le regarder.
Elle m'emmena dans ma salle de bain et entrebâilla la porte.
Elle fit couler et regarda si Isaac était descendu avant de se retourner vers moi et de se mettre à genoux devant moi.
— Bébé, tu n'as pas à t'inquiéter, d'accord ?
— Pourquoi tu avais le pistolet alors ? C'est le monsieur de mon anniversaire, qui est encore venu cette nuit, n'est-ce pas ? Quelqu'un t'a encore menacé ?
Une lueur de surprise baigna son regard, mais elle secoua la tête et m'embrassa le front.
Je n'aimais pas le monsieur avec la boule. Il m'avait fait peur et je sentais bien que ça sentait mauvais tout ça, parce que maman m'avait demandé de garder le secret, mais finalement c'était bien la même menace.
Parfois, maman pense que je suis encore bête et que je ne comprends pas tout, alors que c'est faux.
Moi, j'avais accepté de ne rien dire, parce que maman avait horreur des rapporteurs et surtout que ce n'était pas digne d'un agent. Puis je savais qu'elle allait se charger de cette affaire rapidement.
— Non. Et oublie toute cette histoire, d'accord ? Tout va bien. Je m'en occupe.
Elle se releva et m'aida à enlever mon pyjama comme si je ne savais pas le faire.
— Tu sais, maman, tu sais mentir à tout le monde, sauf à moi. Moi je sais quand tu me mens. Mais je sais que c'est pour me protéger.
Elle me sourit et m'ébouriffa les cheveux.
— Parce que t'es ma fille, c'est différent. Et on ne dit pas à sa mère, qu'elle ment !
Je levai les yeux tout en enlevant mon tee-shirt.
— Je te laisse finir. Je vais me préparer.
***
Quand je suis descendue en bas, prête pour aller à l'école, j'entendis la conversation d'Isaac et de maman et j'avais raison : ils s'étaient bien disputés hier soir.
Alors, je décidai d'écouter discrètement ce qu'il s'était passé, parce que je dormais moi.
— Excuse-moi DD. J'ai eu une dure journée hier. Je n'aurais pas dû fuir, tu as raison.
— Non, Isaac. Tu me fatigues. Nous sommes une famille. T'es mon futur mari. Tu ne peux pas fuir comme ça. Tu me demandes ce que je veux, mais c'est toi qui ne sait pas en fait. Tu as si peu confiance en moi, pour croire que je vais te laisser pour Zeyn ou pour Drew ? C'est juste l'autre famille de Skyler et toi-même tu l'as dit.
Il soupira et prit sa tête entre ses mains.
— Je sais, je sais. Je suis vraiment désolé, December-Dan. Je t'aime tellement, ajouta-t-il en l'attirant vers lui.
Il la serra fort et maman soupira aussi avant de l'entourer de ses bras.
— Je t'aime aussi Isaac. Aies confiance en moi, d'accord ? Je ne ferais jamais rien de mal, pour te blesser.
Elle s'écarta de lui, le regarda avec tendresse avant de l'embrasser.
Beurk !
Bon, tout avait l'air de s'être arrangé.
Maman lui caressa la tête, avant de s'en aller en direction du salon. J'en profitai pour faire mon apparition, comme si de rien était.
Isaac me sourit aussitôt et je fis pareil.
Je montai sur le tabouret et il poussa vers moi mon plateau, avec mon petit-déjeuner déjà prêt.
— Pour la plus belle des filles !
— Merci, Isaac.
Je commençai à manger mes pancakes quand ma mère revint. Et c'est là que je constatai sa tenue vestimentaire. Elle portait un jean très large et un pull qui appartenait à papy.
Elle reprenait ses bonnes vieilles habitudes vestimentaires et ça rajoutait en moi un sentiment de crainte. Elle s'était quand même améliorée grâce à tata Marysa et tata Sara.
Mais Isaac ne sembla pas le voir, puisqu'il la regarda avec amour et elle l'embrassa rapidement.
— Au fait, la maison ça avance ? Et la mission d'hier était si éprouvante que ça ? demanda-t-elle tout en prenant sa tasse de chocolat chaud.
— Ouais. Vous verrez tout ça tout à l'heure. Et ... ouais, répondit-il vaguement, comme s'il ne voulait pas en parler davantage.
— D'accord. Tu dois être fatigué. John t'a donné un jour de repos ?
— Oui. Je vais donc dormir et après je retourne chez nous pour continuer les quelques arrangements avant de récupérer Skyler si tout se passe bien. Tu nous rejoins là-bas ?
— OK, ça marche.
Elle me regarda et je décidai de profiter de ce moment pour lui parler de mon week-end chez ma tante. Je savais qu'elle pensait que j'avais oublié. Elle avait tendance à oublier que les enfants n'oubliaient jamais rien contrairement aux adultes.
On gardait tout en tête et on le ressortait au bon moment.
Et là, ça l'était selon moi.
Normalement, après un moment passé avec oncle Jared et une réconciliation avec mon futur beau-père, elle dit « oui » presque à tout et je voulais vraiment retrouver mes cousins ce week-end. Ils me manquaient déjà.
Ainsi que Zeyn, mais je ne voulais pas trop bousculer maman.
J'avais cru comprendre qu'ils avaient réglés leur problème le jour de la fête, mais connaissant maman, elle revenait parfois sur ses décisions me concernant.
— Maman ? Est-ce que je vais toujours chez tante Riccie ce week-end ? Je veux vraiment y aller.
Ne s'attendant pas à ma question, elle fronça les sourcils avant de reposer sa tasse, déconcertée.
Elle échangea un bref regard avec Isaac qui haussa les épaules et apporta sa tasse de café à sa bouche.
— Je ne sais pas si ça sera possible ma chérie. Elle est occupée et ...
Je l'avais prévu ce coup et Jannie et Zac-Hen aussi, alors Jannie m'avait donné son numéro de portable et m'avait dit de l'appeler si maman me sortait une excuse bidon.
Je lui avais dit que je n'avais pas de téléphone portable et ça l'avait fait rire, tout comme Zac-Hen qui s'était tapé le front.
— Utilise ton fixe, m'avait-elle dit. Si ta mère te dit que ce n'est pas possible, appelle-moi directement et je la rappellerai.
Zac-Hen avait fait un signe du pouce et j'avais caché la feuille dans une petite poche de ma robe, avant de le cacher à la maison.
Alors je la regardai, avec une moue triste.
— Pourquoi tu ne veux pas ?
— Je veux bien, dit-elle en levant les yeux, mais ça ne se fera peut-être pas cette semaine. Je te promets que tu passeras du temps avec tes cousins.
J'hochai la tête avant de lui demander si je pouvais un peu regarder la télé avant d'aller à l'école en ce mercredi matin.
Elle sourit en coin, un peu triste aussi et accepta.
Je m'en allai donc en direction du salon et saisis le fixe. J'allumai la télé en fond sonore et sortis la petite feuille de mon sac. Puis je composai le numéro et approchai le téléphone de mon oreille en regardant si maman n'arrivait pas.
Ça sonna plusieurs fois avant que ça ne décroche.
— Allô ?
— Bonjour Jannie. C'est Skyler, chuchotai-je.
— Sky ! Ça va ?
— Oui. Mais maman ne veut plus trop que je vienne chez toi parce qu'apparemment ta mère est occupée. C'est vrai ?
Elle se tut et je guettai l'entrée du salon.
— Je trouve ma mère est bizarre en ce moment, avoua-t-elle. Ce petit idiot de Zac-Hen ne veut pas me croire, bougonna-t-elle. En même temps, vous êtes encore des enfants. Vous ne voyez pas ces choses là. Bref. Je vais appeler ta mère. Donne-moi son numéro.
Je lui donnai et raccrochai, un peu irritée parce qu'elle venait de dire.
Même si j'étais un enfant, je voyais tout aussi bien que les adultes et les adolescents et peut-être même mieux qu'eux.
Quelques minutes plus tard, j'entendis la voix de maman et j'effaçai rapidement l'historique d'appels, avant de m'asseoir devant la télé innocemment.
La voix de maman se fit plus clair et je devinai qu'elle se tenait derrière moi. Je fis semblant de regarder la télé. Pour le coup, Nathalie n'était pas intéressante aujourd'hui.
— Oui. Nous allons bien Jannie. Tu n'as pas cours ? Ah d'accord. C'est cool alors.
Je me tournai vers elle et maman me sourit.
Mais c'était le sourire « t'es maligne mais pas plus que moi ! ».
Mince alors ! Elle avait deviné mon plan. J'en étais certaine.
Je tournai ma tête rapidement. Peut-être qu'elle allait être fâchée et me dire encore que j'étais insolente. Sauf que papy m'a dit que j'étais un ange comparé à maman plus petite, alors je ne la croyais pas. J'étais juste un peu bornée.
— Eh bien, nous n'en avons pas reparlé avec ta mère, puis elle m'a semblé occupé alors ... Oh euh OK. Merci.
Elle vint s'asseoir à côté de moi et repoussa mes boucles derrière mon oreille tout en tenant son téléphone contre son oreille.
Bon. Elle ne l'avait pas mal pris vue son geste.
— Allô ? Salut Riccie. Oui, très bien et toi, depuis hier ? Ouais. Les enfants sont trèèès, me regarda-t-elle, forts. Oui, rit-elle. OK. Oui, je suis sérieuse. Tu es sûre ? Bon bah je la dépose vendredi soir et comme prévu, samedi je la récupère après le déjeuner.
— Goûter ! dis-je. S'il te plaît !
Elle rit et leva les yeux.
— OK. Goûter, céda-t-elle. Et au fait, tu as réfléchi par rapport à... d'accord. Bon. Je te laisse. Ciao.
Puis elle raccrocha et me regarda. Je souris de toutes mes dents et bondis dans ses bras.
— Merci maman.
— Tu penses que je suis stupide ou quoi ? Je te dis ça ne va pas être possible et quelques minutes plus tard, Jannie m'appelle ! Skyler !
Je la regardai et ris.
— Apporte moi le fixe.
Je me levai, le récupérai et lui donnai. Elle vérifia l'historique des appels et j'haussai les épaules.
— Tu serais une bonne agent ma puce, dit-elle avec une moue attendrie.
— Je sais !
Elle me sourit et me fit un câlin.
Je n'allai pas lui dire que ce n'était pas ce que je voulais faire plus grande, mais elle était de bonne humeur alors je ne dis rien.
Moi, je voulais être vétérinaire.
***
DREW
En ce mercredi, j'étais totalement plongé dans mon boulot qui me permettait d'oublier les bêtises que je commettais.
Évidemment, la bêtise où j'étais certain de gagner l'oscar du meilleur crétin était celle du baiser avec December-Dan.
Jusqu'à présent, je ne savais pas ce qu'il m'avait pris et je ne pouvais le dire à personne.
Ça ne me tourmentait pas, bien sûr, ce qui m'agaçait, c'était le fait, qu'elle ne méritait pas ça. Ça ne se faisait pas. Elle allait bientôt se marier et mon geste était tout sauf responsable et raisonnable.
J'ai été vraiment con.
Et le pire restait à venir, car la veille au soir, j'avais retrouvé Jillian dans son appartement et je lui avais donné ce qu'elle voulait. Un autre corps à corps avec moi, entre autre.
Ouais, j'étais définitivement un gros con.
— Bouh !
Je sursautai et fusillai du regard Curtis qui était hilare d'avoir réussi son coup.
— T'es vraiment un bébé Drew ! T'as sauté carrément, rigola-t-il.
— En même temps, je travaille moi. T'es partie retrouver ta petite amie ?
— C'est ça ! répondit-il en s'asseyant à mes cotés. C'est la femme de ma vie, Drew !
— Tant mieux pour toi.
— Waouh ! T'es aigri toi. Qu'est-ce qu'il se passe ? Tu n'es pas heureux avec Jillian ?
Je roulai des yeux, déjà excédé par cet homme.
— Ce n'est pas ça. Je l'ai retrouvé hier soir et ce matin en partant, bah je crois qu'elle pense que nous sommes un couple maintenant. Je lui ai bien que je voulais essayer, mais en prenant mon temps.
Curtis m'observa avant de rire, ce qui m'irrita.
— En même temps, je la comprends Drew. Tu ne peux juste profiter de son corps et la laisser comme ça, alors que tu sais qu'elle t'apprécie beaucoup.
J'exhalai, dépité.
Il me tapota à l'épaule pour compatir avec moi.
— Répète-lui que tu n'es pas intéressé par une relation sérieuse, pour le moment ...
— Quel moment ?
En parlant d'elle, la voilà.
Elle s'abaissa vers moi et m'embrassa comme si de rien était, ce qui gêna énormément.
Je remarquai rapidement que Curtis se retenait de rire.
— Eh bien, je vais vous laisser les amoureux, clama-t-il pour m'abandonner.
— Non, attends-moi. On ... On doit voir ce cas, ensemble. Tu sais ... de la patiente avec son problème à l'os iliaque, dis-je en bafouillant.
— Ah ! Oui, c'est vrai.
— Depuis quand tu t'intéresses à l'orthopédie ? m'interrogea Jillian, curieuse.
— Depuis que c'est un cas atypique, répondit-il à ma place. Je voulais avoir son avis. En plus, la patiente est enceinte ...
— Oh bah je viens avec vous, proposa-t-elle.
Mais encore une fois, Curtis vint me sauver.
— Ne t'embête pas Jillian. En plus, elle n'aime pas trop quand il y a trop de monde. Tu retrouveras Drew, plus tard.
— Tout à fait, répliquai-je avec un faux sourire.
— Ça marche alors !
Elle décida encore une fois de m'embrasser, mais je tournai la tête avant qu'elle n'atteigne mes lèvres. Elle croisa donc mon regard déconcerté et j'expliquai brièvement que ça me mettait mal à l'aise et qu'il fallait la vie personnelle de côté.
— Oh. Je comprends. À plus tard.
Curtis et moi déguerpîmes et une fois hors de sa vue, il éclata de rire.
— Tu es dans une sacrée merde toi ! Euh ... elle est déjà dingue de toi. Ça fait peur, Drew.
— Je te jure. Je n'aurais jamais dû t'écouter, l'accusai-je faussement.
— Hé ! Moi, je ne t'ai pas dit de lui montrer ton corps hein. Voilà, elle est accro maintenant.
Il rit encore une fois de mon malheur et finalement, grâce à lui et ses vieilles blagues, j'avais oublié à quel point j'étais con.
Et que je devais voir Zeyn, car il me manquait.
***
DECEMBER-DAN
Ma vie n'était que perpétuelle montagnes russes.
Quand tout allait bien ou que tout semblait s'arranger, eh bien, le chaos revenait.
Comment vous dire, qu'à peine avoir mis un pied au QG, j'étais déjà en rogne.
Oui, parce que cette connasse de Parker avait insisté pour qu'il y ait une réunion avec le Conseil, afin que Serena se présente, alors qu'il y avait un rapport qui avait rédigé et qu'elle l'avait reçu dans sa boîte mail, comme tout le monde.
Bien sûr, pour ne pas que les rumeurs de favoritismes enflent, John Liebster avait cédé.
Alors, j'étais obligée de lui en toucher deux mots, parce que je n'en voyais pas l'utilité ...
J'avais voulu lui en toucher deux mots mais ...
— Pourquoi avez-vous organisé cette réunion ? le questionnai-je dans le couloir, alors que les autres nous attendaient.
Papa et Jared étaient présents. Même Will y avait été convié. Je ne comprenais vraiment pas pourquoi, alors que c'était tout simplement ridicule.
— Parce que tu aimes te charger de mission risquée, alors qu'une équipe peut t'aider, me répondit-il.
— Mais je n'ai pas besoin des autres ! m'exclamai-je. C'est ma mission.
— Et c'est bien ça ta faiblesse DD, de toujours à agir seule, ajouta-t-il.
Il ouvrit la porte et m'invita à entrer avec un regard dur et froid.
Je sentis tous les regards braqués sur moi tandis que je m'assis aux côtés de mon père.
Serena était à côté de moi et paraissait stressée.
John s'assit et déclara le Conseil ouvert.
— J'ai organisé ce Conseil à la dernière minute, car l'Agent Parker voulait que vous la connaissiez. L'Agent Lee travaille pour elle, donc pour sa sécurité et notre sécurité, elle sera dans nos locaux, jusqu'à que l'affaire soit résolue.
L'Agent Parker laissa échapper un petit ricanement. Papa serra ma main en-dessous de la table pour ne pas que je pète un câble.
— Voici Serena Stockholm, la présenta John.
Ils la regardèrent tous, car la plupart des membres du Conseil ne l'avaient pas encore vus et quelques chuchotements se firent entendre.
Vraisemblablement, ils avaient du mal à croire que c'était celle qui avait créé le logiciel dangereux.
— Est-ce que l'Agent Lee a conscience de sa bêtise ? rétorqua ma meilleure ennemie. Cette Serena peut être dangereuse pour le QG et elle l'emmène. Ici. Chez nous ! Cette décision a été irréfléchie, John et vous en êtes aussi responsable, qu'elle.
Je retirai ma main de celle de mon père avec force, car il la retenait et la dévisageai en tapant du poing sur la table.
— Nous nous sommes faites attaqués à Miami. J'ai tué 15 personnes ! Alors la ramener ici était la meilleure solution Agent Parker ! Qu'est-ce que vous auriez fait ? Hein ?
— Tout d'abord, vous auriez pu nous avertir. Nous aurions pris des mesures spéciales.
Je levai les yeux en serrant les dents. Papa me chuchota de me calmer.
— Serena a été contrôlé, intervint Sara. Elle est sans danger pour nous tous. Ça fait plusieurs jours qu'elle est là et tout va bien.
— Mais bien sûr ! ricana-t-elle. Cette jeune femme va nous apporter des malheurs. Comme il y a 7 ans. Je le sens.
Tout le monde se tut. Et John me regarda.
— Agent Lee, Mlle Stockholm, pourriez-vous nous dire précisément ce qu'il s'est passé ce soir là, pour rassurer nos chers collègues ?
Je regardai Serena qui avait l'air d'attendre mon approbation. Elle se tourna vers le public et lança :
— J'avais été très méticuleuse concernant notre rencontre. Mais, visiblement, « ils » savaient que nous serions là.
— Et c'est tout ? l'interrogea Parker. Je suis prête à mettre ma main à couper que l'Agent Lee est mêlée de près ou de loin à cette affaire. Sinon, vous n'auriez jamais demandé à ce qu'elle réalise cette mission.
— Certainement, mais je n'en savais rien à ce moment là, se défendit-elle.
— Serena, je vous repose la question : qui vous a recommandé l'Agent Lee ?
— Comme je vous l'ai dit, on m'a contacté dès lors qu'on m'a volé mon travail, répondit-elle. Tout ce que je sais, c'est que c'est un homme. Et, nous avions parlés avec John et l'Agent Lee. Au début, nous croyons que la personne faisait partie du QG, mais nous pensons que ce n'est qu'un leurre. La personne tente de certainement nous piéger ou de mener sur des fausses pistes, l'Agent Lee.
On se regarda tous et je sentis Papa se crisper. Voilà qu'un voile de peur s'installait dans la pièce.
John passa sa main sur sa barbe naissante et croisa mon regard.
— Comment vous a-t-il contacté ?
— Par téléphone. On venait de me prendre mon logiciel « Big Sister ». J'étais dépitée. Et ... j'ai reçu un coup de fil. Je pensais que c'était le gouvernement qui allait me dire que c'était une erreur, mais c'était ce type. Il m'a dit qu'une seule et unique personne pouvait récupérer mon logiciel et que c'était l'Agent Lee du QG. Au début, j'avais du mal à y croire, alors j'ai raccroché mais il m'a rappelé et m'a donné le seul numéro qui permettait de contacter le QG. Il m'avait dit de vous contacter avant une heure, car le numéro changeait toutes les heures et que ce n'était pas facile à l'obtenir à cause de vos systèmes de protection. Je n'ai pas hésité plus longtemps et je vous ai contacté. Quelques jours après, il m'envoyait des informations sur l'Agent Lee. J'étais subjuguée par tous ses talents et réussite. Je me suis dit qu'il était clair que cette personne la connaissait vraiment bien l'Agent pour me dire tout ça.
Je croisai le regard de John qui parut décontenancé par la situation, parce que Serena en révélait beaucoup trop devant le Conseil. Alors, qu'elle ne nous avait pas dit tout ça.
Je l'étais aussi, décontenancée.
Bien que je la détestai, Parker avait peut-être raison. Et si ce qu'il s'était passé il y a 7 ans se reproduisait ?
— Je vous l'avais dit, lâcha la sorcière. L'Agent Lee nous met tous en danger.
— Je n'ai rien fait ! ripostai-je. Du moins, pour le moment, la fusillai-je du regard. Ce n'est pas de ma faute si on cherche à tout prix à me détruire.
Je commençai une bataille du regard avec Parker, mais John l'interrompit.
— Agent Lee. Je veux que vous soyez sincère avec moi. Avez-vous reçu quelconques menaces ces derniers temps ? Soyez honnête. À part celle de samedi, qui a été pris en charge par notre équipe, mais qui n'a pas donné suite.
Je le fixai du regard, le cœur battant. Je tentai de masquer mes émotions du mieux que je pouvais. Mais cela était difficile, car tous ces regards me donnaient la chair de poule. J'avais l'impression que le coupable était parmi eux.
Je croisai brièvement le regard de Will qui se tenait debout dans le coin et je décidai de répondre.
— Pas pour le moment.
Il m'observa longuement comme s'il tentait de me sonder et je détournai son regard pour regarder Jared qui avait l'air tendu.
Je n'allai pas leur dire que ce malade avait des photos de Drew et moi, qui m'embrassait dans un ascenseur ! Puis, qu'on était rentré chez moi, cette nuit.
Ils en feraient tous des malaises et Isaac serait humilié.
— Bien. Si, c'est le cas, dites-le-moi immédiatement, appuya-t-il. Vous serez sur surveillance permanente.
Je déglutis et acquiesçai. Papa se permit de m'embrasser la joue et de me rassurer en me disant que tout irait bien ...
La réunion avait duré une trentaine de minutes et tout le monde s'était mis d'accord sur le fait que Serena serait dorénavant surveillée en permanence. Celle-ci n'y voyait aucun inconvénient car elle le répétait encore une fois qu'elle voulait que le bien triomphe.
À la suite de ça, je me réfugiai dans mon bureau ne voulant parler à personne. Même pas à Jared ou Papa. Ils allaient tous me saouler.
Mais Will en avait décidé autrement...
La porte s'était ouverte brusquement. Je soupirai d'avance me maudissant moi-même pour mon mauvais karma.
— Je suis désolé Agent Lee, mais ...
Will était entré en trombe dans mon bureau. Je voyais bien qu'il menait la vie dure à l'Agent Chris.
— C'est bon ! Elle ne va pas te tuer, grommela Will.
L'Agent Chris me regarda pour voir s'il devait le sortir ou non, mais je le rassurai d'un sourire et lui demandai de fermer la porte, ce qu'il fit.
Une fois la porte fermée, Will s'avança vers moi et m'attrapa par les bras.
Il plongea son regard dans le mien, alors que je me remettais à peine de la réunion.
— Lâche-moi.
— Tu as reçu une autre menace, DD. Ça se voit ! déclara-t-il.
Je me débattis et reculai.
— Absolument pas ! T'es malade ?!
— Arrête de me mentir. Fais-le avec les autres, mais pas avec moi ! J'ai bossé avec Nickson ou Rixton ou Trevor, peu importe le nom, mais c'est une seule et même personne. Je sais comment il est. Je sais ses ressources. Et je suis sûr que toi aussi, tu te demandes ce qu'il se passe.
Je lui tournai le dos et m'appuyai sur mon bureau.
Évidemment que je voulais comprendre ce qu'il se passait.
— Nous aurons les résultats de l'exhumation dans la journée, répondis-je. Ça nous permettra d'être clair sur ce sujet. Mais, je suis certaine qu'il est mort. Ça ne peut pas être lui. On a tous vu Zeyn le tuer. Tout ça, ce n'est qu'un stratagème d'une personne à l'extérieur. Mais, cette personne me connaît tellement.
— Dans ce cas-là, c'est John ou la salope de Parker, dit-il sans mâcher les mots. Elle ne t'aime vraiment pas et elle pourrait avoir modifié sa voix et se faire passer pour un homme. Le QG est encore plus avancé que la CIA.
Je me retournai vers lui, les yeux plissés. Il n'avait pas tort du tout.
Parker me vouait une haine suprême mais John ...
— John ne va pas jouer à ça, dis-je doucement. Il s'est bien défendu auprès de Serena qui l'a accusé. Il est clean.
— Qu'est-ce que tu en sais ? On ne connait jamais réellement une personne. Je te rappelle que tu veux lui prendre sa place et tu ne le caches pas. Peut-être qu'il n'est pas si prêt que ça.
— Arrête de me faire douter de lui, exhalai-je en croisant les bras.
— Il y a 7 ans, Trevor a réussi à te faire douter de tout le monde. Je suis sûr que la personne va te refaire le même manège DD, mais en 100 fois pire. La personne qui en a après toi, ne va pas te lâcher. C'est ta tête sur un plateau qu'il veut ! Ouvre les yeux. Tu as cru voir ta mère, alors que c'est impossible. C'est une revanche. Alors, tu as eu une autre menace ? réitéra-t-il.
Je le regardai et humidifiai mes lèvres avant de répondre.
— C'est la même qu'hier, avec une photo imprimée. Quelqu'un est rentré chez moi pour la déposer sur ma table basse ...
— Quoi ? me coupa-t-il. Où était Isaac ?
— On s'était disputé, donc il n'était pas là.
— Pff. Quel vieux mec, celui-là. Et tu ne lui as même pas encore dit la vérité.
— Arrête de parler de lui comme ça ...
— Et pourquoi pas ? Tout le temps à fuir ou à me détester pour rien. Il n'est pas net ton futur mari, dit-il. Je ne l'aime pas.
— Qu'est-ce que j'en ai à foutre ? Tu crois qu'on t'aime toi ?! ricanai-je nerveusement.
À son regard, je compris que je venais de le blesser. J'étais vraiment à bout pour dire des choses méchantes.
— Je ne voulais pas dire ça comme ça, William.
— Ça va. J'ai compris Lawson. Je ne suis pas un enfant de cœur.
— Non, tu ne l'es pas, mais tu mérites d'être aimé. Tout le monde a le droit d'être aimé, parce que même si les gens qui sont envahis de noirceur ne voient pas la lumière, elle est là. Il n'y a pas de nuit sans jour, alors je m'excuse pour mes propos. Je suis juste dépassée par ma vie, là.
— Je te pardonne si je ne suis plus de corvée au réfectoire. Un dieu grec vivant ne bosse pas.
— Tu rêves !
— Bien. Je te pardonne à moitié, Lawson.
Je souris et sans trop savoir pourquoi, je me sentis obligée de le prendre dans mes bras. Il fut surpris une nouvelle fois, mais pour le coup, il resserra son étreinte.
— Je peux t'aider et je vais t'aider pour ce connard mystère DD. C'est la moindre des choses après tout. Tu m'as laissé une deuxième chance et grâce à toi, je suis si proche de connaître ma vraie famille, que rien ne peut briser mon petit bonheur. Alors, merci.
Je m'écartai de lui et lui donnai une petite tape sur la joue.
— De rien.
Il me regarda avant d'acquiescer et de s'en aller à reculons.
— J'assure tes arrières, Lawson.
— Pourquoi ?
— Parce que j't'aime bien en fait. Tu es la seule à ma hauteur.
Il osa faire un clin d'œil et m'envoyer un baiser.
Je roulai des yeux en pouffant et il s'en alla ...
Alors, dans le milieu de l'après-midi, en train de peaufiner la mission des garçons, avant de m'en aller pour retrouver Skyler et Isaac, je reçus un coup de fil de Zeyn.
Je n'avais pas décroché et j'avais juste regardé mon téléphone vibrait sur mon bureau.
J'avais l'impression que ma vie était cataclysmique. La menace, mes élèves, mon mariage, ma fille, ma vie ... J'avais l'impression de perdre le contrôle de la situation.
J'avais besoin de revenir à la réalité, de redevenir normale. D'être rattachée à une chose réelle.
C'est pourquoi je me décidai de le rappeler.
Il avait répondu au bout de la deuxième sonnerie.
— December-Dan ?
— Elle-même. Euh ... Est-ce qu'on pourrait se voir dans ... deux heures ?! Je pense qu'on doit parler. Il est temps.
Je n'étais pas passé par quatre chemins et ce n'était pas nécessaire selon moi.
— Euh ... Ouais. Bien sûr. On se retrouve au musée ?
— Génial.
Pourquoi le musée ? Peut-être qu'il voulait me montrer son travail. En même temps, ce n'était pas une si mauvaise idée.
Je souris face à sa perte de moyen avant de raccrocher. Je trouvai ça presque mignon.
Je pensais à ma fille. Skyler était celle qui tenait à la réalité.
Je rangeai mes affaires, lorsque Isaac entra dans mon bureau.
Il arbora un petit sourire et j'en fis de même.
Je n'arrivai pas à lui en vouloir éternellement. Ce matin, il m'avait trop touché et je lui devais la vérité. Je lui dirais la vérité, ce soir. Je l'aimais trop.
C'était le pouvoir de l'amour.
— Salut.
— Salut, dis-je.
— Tu t'en vas ?
Il accompagna sa courte question d'un geste de main en détaillant ma tenue, car je n'avais plus ma tenue de sport. J'avais opté pour un jean, mes Doc Martens et un petit-pull sympa.
— Ouais.
« Ne lui mens pas, DD »me conseilla Raison.
« Ou un peu. Tu ne veux pas une autre dispute hein ? Si tu lui dis que tu sors avec Zeyn, ça va chauffer hein ... » déclara Conscience.
Raison la fusilla du regard.
Il s'approcha de mon bureau et vint se poster en face de moi.
— Je t'aime infiniment December-Dan. Ne l'oublie jamais. Quoiqu'il arrive.
Il posa sa main sur ma joue et je m'y appuyai, heureuse de le retrouver.
— Je sais que tu m'aimes.
Il rit doucement et m'embrassa sur le front avant de m'attirer contre lui. J'encerclai mes bras autour de lui mettant ma peur de le perdre, de côté.
— Tu as raison et peut-être bien plus que je ne le devrais, déclara-t-il doucement.
Je fermai les yeux pour savourer ce moment.
S'il faisait plus d'efforts et que moi je travaillais plus sur le fait que Will et moi nous ne devions pas déconner comme des amis de longues dates, eh bien tout irait mieux.
Vraiment mieux. Je devais aussi faire de mon côté, alors il fallait absolument que je lui dise pour Drew ...
« Minute papillon. Pourquoi il a dit ça DD ?! » lâcha Conscience.« On menace de te tuer, ce qui reviendrait à notre disparition, et lui il dit ça ?! Will se méfie de lui et si on se méfiait de lui ?! Hein ? » fit-elle sur ses gardes.
J'ouvris les yeux et m'écartai de lui.
Je réalisai ses propos, alors que Conscience commençait à paniquer et hurler au coupable sous le regard amorphe de Raison qui ne tirait jamais de conclusions hâtives sans preuve.
— Pourquoi plus que tu ne le devrais ?
Il haussa les sourcils tout en prenant mon visage entre ses mains.
— Parce que tu me rends fou.
« Change de disquette, frère ! Wahhh DD, c'est un peu trop bizarre selon moi ... ».
Raison lui intima de se taire.
Il en profita pour m'embrasser, mais je n'étais pas vraiment à fond dedans. Il le remarqua et me regarda.
— Tu m'en veux encore ?
— Non, répondis-je repoussant ses mains. Je n'ai plus le temps pour ça. La vie est trop courte. Bref. Je fais la première mission des gosses et je vais aller voir Zeyn. Je dois discuter avec lui. À propos de Skyler.
Conscience se frappa le front tandis qu'Isaac laissa tomber ses mains.
— Et tu y vas ? Comme ça ?
— T'es bizarre, toi. Je ne suis pas en robe.
— Et ?
— Je ne vais pas me disputer avec toi, à ce sujet. Je vous rejoins dans notre future maison.
— Bien.
Je pris mon sac sur mon bureau et le regardai.
— Et DD ? Sache que j'ai confiance en toi et en nous. Le problème, c'est que je n'ai pas confiance aux autres.
Je plissai mes lèvres avant de me mordre la lèvre inférieure et de l'embrasser malgré tout.
— Ce mariage aura lieu. Tu verras.
— J'y compte bien.
Je lui souris et m'en allai.
Oui, ce mariage aurait lieu et je n'allai pas commencer à douter de lui. Il ne me ferait jamais de mal.
***
WYATT
— Nous allons vous suivre pendant votre mission. Du début à la fin, expliqua l'Agent Lee en nous regardant tour à tour.
Elle n'avait plus sa tenue sportive. Elle était habillée civilement et ça lui allait bien.
Mais, je constatai aussi qu'elle était pressée.
En même temps, elle devait être tellement occupée, que sa gestion de temps devait être compliquée.
Elle nous attacha des montres au poignet. La montre était dotée d'un GPS pour nous localiser ainsi que d'un micro.
Elle voulait nous surveiller même à distance.
Elle nous avait donné une arme. Dedans, il y avait des balles à blanc et une seule vraie balle. D'après elle, nous n'aurions pas besoin de nous en servir, mais j'avais prévu autre chose.
J'attendais cette mission depuis que j'avais mis les pieds ici. Parce que j'avais pu étudier sa façon de préparer les nouvelles recrues, alors j'avais su que tôt ou tard, ce genre de mission serait arrivée. J'avais tout fait pour être ici. Au QG.
Je me devais de rencontrer cette December-Dan. Je savais qu'elle me serait d'une grande aide pour atteindre mon but. Et ça allait commencer dès cette après-midi.
En espérant qu'Alex ne me trahisse pas...
— Et pour notre sortie de ce soir Agent Lee, moi, je voulais aller en boite ! dit Alex lui rappelant le marché.
Les autres rigolèrent et December-Dan sourit. Alex était décidemment le rigolo de service. C'était un type assez ouvert. Il s'entendait bien avec tout le monde et il draguait le maximum de filles.
Sans mentir, il avait un potentiel et il savait s'en servir. Il lui suffisait de prendre un léger accent espagnol que des filles riaient stupidement. Moi, ça me fait rire discrètement. Parce que je devais rester discret. Ne pas attirer l'attention quitte à me faire passer pour une victime, ce qui marchait.
Oui, j'avais l'impression et j'étais certain qu'on me prenait pour une victime et un petit gars timide.
Bon, c'était un peu le cas, mais je pouvais ne pas l'être aussi...
— La sortie se déroulera tout à l'heure, une fois votre retour au QG, lui dit-elle. Et si vous voulez aller en boite, je m'en tape, Alex.
— Vous êtes géniale, Madame ! Je vous aime trop.
Elle roula des yeux, un sourire en coin et son amie paramétra des betas données pour vérifier les connections. Elle confirma d'un signe du pouce.
Nous dûmes mettre des gilets par balle en dessous de nos vestes au cas où.
Mais je savais qu'elle avait prévue de nous tester, voilà pourquoi, elle nous donnait ça.
— Bien. Je pense que tout a été dit. Vous allez à l'adresse indiquée, vous récupérez les dossiers et vous revenez ici. C'est très simple, c'est une mission bateau et en plein journée, c'est encore plus facile. Vous êtes les premières recrues de cette promotion à découvrir la sortie, nous regarda-t-elle tour à tour. Bien entendu, si les autres le savent avant l'heure, je vous vire de la formation. C'est clair ?
— Oui Madame, dirent-nous.
— Cool.
Elle tapa dans ses mains et décida de nous accompagner jusqu'à la sortie.
Les autres étaient en train de s'installer dans la salle de visionnage.
— Je crois en vous les gars, rétorqua-t-elle durant le trajet jusqu'à la sortie secrète du QG.
Ce n'était d'ailleurs pas celle que j'avais utilisé pour me rendre chez elle ce jour-là, pour lui prouver que j'étais digne de suivre un enseignement spécial avec elle.
Non, ce n'était pas du tout celui-là et en y repensant cela me fit sourire.
Aurait-elle pensé comme moi ? Aurait-elle agi comme moi ?
Je faisais beaucoup de choses en pensant à la façon dont elle agirait, car il ne fallait pas se mentir, December-Dan ou plutôt l'Agent Lee était reconnue et enviée par bien des agents et je les comprenais. Elle savait ce qu'elle faisait et même si tout le monde avait des peurs, elle, elle savait cacher les siennes et laisser paraitre qu'elle avait tout sous contrôle et ça, ce n'était pas facile.
Parce que moi, j'étais encore un fœtus. Je voulais être aussi fort qu'elle. Mieux qu'elle.
Ma vie n'avait jamais été facile. J'avais eu une enfance pourrie avec d'atroces souvenirs. Et c'était d'ailleurs pour cette raison que j'étais là. Pour pouvoir me venger. Pour pouvoir montrer à quel point j'avais changé et que je pouvais devenir quelqu'un de bon et qui était prêt à sauver des vies.
Oui. Vous pouvez penser que j'utilise les talents de December-Dan. Je ne vous contredirai pas, car c'était effectivement le cas.
— Nous aussi, on croit en nous Madame, déclara Alex.
Elle me regarda puis une fois que nous quittâmes l'ascenseur, elle bifurqua à droite, puis à gauche avant que nous prenions un petit escalier.
Elle s'arrêta en haut de la marche et nous surplomba de son regard.
— Je vous dois la vérité. Il y a une autre sortie. Bien plus cérémonieuse.
Elle me fixa et je crus déceler de la méfiance envers moi. Et ça, ce n'était pas bon pour moi. Lundi, je mettais emporter. Je n'aurais pas dû l'attraper aussi violement, surtout qu'elle était ma supérieure, mais le fait qu'elle ne soit pas réellement impliquée dans notre contrat ne me plaisait.
J'avais eu des entraînements avec le Maitre Chang. Il était dur et je me demandais comment elle avait réussi à supporter ses entraînements, mais il était clair qu'il n'attendait que l'excellence que seul DD avait atteinte apparemment. Elle avait même dépassé sa mère selon lui. Il m'avait expliqué que le caractère de DD y était pour quelque chose et surtout parce qu'elle avait peur de perdre. Ainsi, elle dépassait toujours plus ses limites. Je voulais être comme ça. Ne pas avoir peur de chuter.
— Oh mais pourquoi ? fit Alex.
— Parce que, je décide Alex. Bref, tenez.
Elle sortit de la poche de son gilet des lunettes de vues qu'elle nous tendit.
— Vous avez intérêt à les garder. Je veux voir tout ce que vous voyez.
Merde. Cela allait compliquer mon plan. Je les mis malgré tout et avec sa montre, elle contacta son amie qui lui confirma que nous la voyons parfaitement.
— Top ! Vous êtes parés ! Des questions ?
Alex et moi, nous nous regardâmes avant de répondre que non. Elle avait été claire.
Récupérer les dossiers d'un concurrent et le rapporter au QG. Rien de difficile en apparence, sauf qu'il y aurait certainement des obstacles.
— Bien.
Elle sortit les clés de la voiture, mais elle n'eut même pas le temps de décider qui conduirait qu'Alex les attrapa tout heureux.
— On est prêts, Agent Lee. Vous verrez, vous ne serez pas déçus.
— Je l'espère Alex, je l'espère. Allez ! Vous avez une heure.
Elle déverrouilla la grosse porte métallique qui donnait sur d'autres petites marches et elle nous indiqua qu'on devait soulever la trappe pour se trouver à l'extérieur. Je le fis et je fus le premier à mettre un pied dehors.
Nous étions dans une ruelle peu fréquentée, même à ce moment de l'après-midi. La trappe était en fait une bouche dégoût, alors qu'en fait, en bas, il y avait un réseau d'agents bien plus doués que la CIA qui travaillaient pour sauver le monde tels des super-héros.
Et je trouvais ça juste démentiel.
Alex eut la même réaction que moi tandis que December-Dan lâcha :
— Refermez la trappe et la voiture est à 100 mètres, une fois que vous avez quittés la ruelle. Bonne chance !
Je le fis et Alex ne m'attendit pas pour se diriger vers la voiture, impatient de la voir.
C'était une Range Rover de l'année précédente. Toute noire et neuve.
— Putain ! C'est génial mec ! s'enthousiasma Alex.
Il déverrouilla la voiture et y entra. J'en fis de même.
Il prit le temps de tâter la marchandise comme un gamin qui venait de découvrir son cadeau de noël, tandis que je regardai le plan sur la montre.
Je savais que December-Dan nous regardait et nous laissait le champ libre pour opérer. Elle voulait, certainement, voir comment nous allions procéder. Alors, je décidai de prendre les choses en main, car Alex avait l'air déconnecté.
— Alex, on va se rendre à l'adresse indiquée. On va d'abord tâter le terrain, d'accord ?
Il démarra et me regarda avec le sourire.
— On a une heure mec ! Ne sois pas pressé. Viens on fait un tour ?
Je plissai les yeux, en me disant que ça n'allait pas être facile de raisonner Alex. Visiblement, la concentration n'était pas son fort et il avait oublié que notre « Espoir » nous regardait.
— Au fait, tu fais encore plus intello avec les lunettes Wyatt. Moi, ça me rend sexy, se regarda-t-il dans le rétroviseur.
Mon Dieu ! Les autres recrues devaient se foutre de notre gueule.
— Alex. Ils nous voient tu sais, alors contrôle tes paroles et sois sérieux, lui intimai-je.
— Ça va, Wyatt ! Sois moins sérieux ! Tu l'es trop. On va réussir ! Allez, on fait un tour rapide et on va à l'adresse indiquée.
Il ne me laissa pas le temps de répliquer et démarra au quart de tour en laissant échapper un petit « Wouhou » avant de déraper comme un malade.
— Doucement Alex ! Si on se fait repérer par la police, on est mort !
— OK ! Je ralentis un peu. Putain, ces lunettes me gênent.
Je levai les yeux et le laissai faire son tour, puis après cinq minutes, je commençai à lui indiquer l'endroit où nous devions nous rendre. C'était à quinze minutes du QG, ce qui réduisait notre timing puisque Alex avait fait son tour.
Une fois arrivée à l'adresse indiquée, il se gara et éteignit la voiture.
— Bon, je propose qu'on aille au feeling ! clama-t-il, très sérieux. Il doit y avoir une jeune femme à l'accueil. Je lui fais du charme, tu sors une excuse ... les toilettes, tiens pendant que je discute avec elle et tu récupères le dossier. T'en penses quoi ?
Je voulais clairement me frapper le front à cet instant.
Je regardai par la fenêtre pour ne pas m'énerver.
Le bâtiment n'avait pas l'air très sécurisé. Y entrer se ferait facilement. Mais ce qu'il y avait dedans, nous ne le savions pas.
— Wyatt ?
— Je pense que c'est nul. De la merde, ajoutai-je en me tournant vers lui. Il est exactement 15h30. Ça se voit qu'il n'y a pas beaucoup de personnes, mais ton plan est nul.
— C'était une plaisanterie bonhomme. Allez, viens !
Il sortit de la voiture malgré mes protestations. Mon plan allait tomber à l'eau à cause de lui. Ce mec était incontrôlable et impulsif. Il n'évaluait jamais la situation.
Je décidai de me faire discret en mettant ma capuche et je me postai à côté de lui.
— Qu'est-ce que tu fais ?
— On va faire le tour du bâtiment.
Je levai les yeux et le suivis malgré tout. Je ne pouvais pas intervenir. Pas encore.
Ça serait bête de ma part de sortir toutes mes cartes.
Je me répétai mentalement de rester calme et discret et de m'en tenir au petit rôle que je jouais. Si je faisais trop le connaisseur en mission, cela allait attirer les soupçons de l'Agent Lee, ce que je ne voulais pas.
Une fois le tour fait, nous vîmes une entrée arrière qui n'était pas fermée. Alex eut le visage illuminé de joie.
— Tu vois que je suis fort, me dit-il à voix basse avant d'ouvrir la porte en plus grand.
Je vérifiai qu'il n'y avait personne qui nous suivait et nous pénétrâmes dans le bâtiment.
Alex allait continuer à avancer sans penser au plus important. Les caméras de surveillance. En général, les débutants oubliaient ce détail crucial, mais moi, je le connaissais maintenant. Alors je fis mine de le suivre quelques pas avant de le stopper.
— Alex. On ne doit pas oublier les caméras. On va devoir garder la tête baissée.
— Ah oui !
Il réajusta sa capuche et baissa la tête en me demandant où se trouvait la salle où nous devions récupérer le dossier.
Je regardai le plan. La salle des archives se trouvait au troisième étage du bâtiment. Prendre les escaliers était plus judicieux.
— Ça se trouve au troisième étage. Prenons l'escalier.
— OK. Mais on doit faire le tour.
Il avait raison.
Nous longeâmes les murs en se faisant discrets. Tout était silencieux et nous avions l'impression qu'il n'y avait personne.
Nous arrivâmes devant la porte de l'escalier de secours et nous les primes en veillant toujours à ne pas avoir le visage découvert devant les caméras de surveillance.
Une fois au troisième, nous ouvrîmes doucement la porte. Alex m'avertit que le champ était libre, alors je le suivis.
Les lumières du couloir étaient vraiment basses. C'était limite si nous n'étions pas dans le noir, ce qui pouvait nous donner un sentiment de confiance.
Et c'était le cas d'Alex qui se lança à grand pas vers la porte de la salle, mais je l'arrêtai vivement en entendant des voix qui approchaient. Nous nous cachâmes derrière un canapé et je lui fis signe de se taire tandis que les voix se faisaient plus distinctes.
— Ah ouais ? Elle est bonne alors ?
— Ah grave ! Ça faisait longtemps que je n'avais pas pris mon pied comme ça ! ricana le type.
Son autre collègue le suivit. Visiblement, ils étaient deux.
— Ils ont de la bouffe ! me chuchota Alex.
Je levai un peu ma tête en direction de l'accueil de l'étage. Effectivement, ils étaient revenus avec des sachets de la nourriture mexicaine.
— Ça sent les tacos, me dit Alex.
— Chut !
Il m'imita et nous remarquâmes que les mecs étaient armés. C'était des agents de sécurité. Et c'était ce que j'avais prévu.
— Alex. J'ai un plan.
— Moi aussi. On va à quatre pattes jusqu'à la porte. Ils ne nous verront pas.
Je le dévisageai et il leva les yeux.
— Je plaisantais à 50 %.
— Arrête. Tu étais sérieux.
— OK, admit-il, mais on doit trouver une idée parce qu'on peut se faire prendre.
Il m'indiqua les caméras et leur position. Merde. Nous n'avions même pas de masque. Rien.
Nous nous regardâmes et il proposa qu'on se serve de nos tee-shirts. Ce n'était pas bête.
Alors nous les retirons aussi discrètement que possible et nous les attachâmes sur notre figure de sorte qu'on ne voit que nos yeux et nos lunettes.
Nous avions remis le gilet par balle et avec notre gilet à capuche, nous l'avions refermé jusqu'au cou.
— Je propose de faire diversion en chantant en espagnol, dit-il.
— Très drôle, Alex. Très drôle.
— On ne va pas se battre quand même ?! Je ne me suis pas échauffé.
— Regarde.
Je quittai ma cachette et cinq secondes plus tard, les deux hommes se levèrent, leur arme tendue vers moi toujours en train de mâcher leurs tacos.
Ils me demandèrent d'arrêter de bouger, mais leur façon d'être n'avait aucune crédibilité. Je levai les mains comme ils m'avaient demandé de faire.
— Qui êtes-vous ? me questionna le plus enrobé des deux.
— Personne, répondis-je. Je dois juste entrer dans cette pièce, indiquai-je, danser un petit ... twerk en me filmer et m'en aller. C'est un stupide pari avec des potes qui m'attendent en bas messieurs. Vous avez dû faire des trucs cons plus jeunes.
Je parlai tout en avançant doucement. Étant concentrés sur mes paroles, ils ne voyaient pas au premier abord que j'avançai. Du moins, si, ils le voyaient, mais ne disaient rien dessus, car ce que je disais, passait avant mes mouvements.
Les joies du cerveau...
— Et ce truc sur mon visage, c'est pour faire genre. Vous voulez une preuve que je ne mens pas ? Mon ami Alejandro est là ! Alejandro ! hurlai-je par-dessus mon épaule sans les quitter du regard.
Je n'étais plus très loin d'eux.
Alex sortit de sa cachette en bondissant comme un kangourou.
— Héééééé les gars ! Alejandro est dans la place !
L'un des agents le pointa immédiatement tandis que l'autre le regardait aussi.
Alex avança vivement en annonçant qu'il allait faire une petite chanson et qu'aujourd'hui était une soirée mémorable.
Une seconde d'inattention, je bondis sur l'agent qui était en face de moi et le désarmai avant de l'assommer. L'autre eut une réaction beaucoup trop lente, car il était surpris alors j'en fis de même avec lui.
Alex me dévisagea, choqué.
— Mais ... je n'ai pas eu le temps de chanter ! Puis ... tu te bats drôlement bien.
Je ne l'écoutai pas. Peut-être que December-Dan et les autres recrues allaient penser la même chose. Et peut-être qu'ils n'avaient pas tort.
Peut-être que je savais me battre bien avant d'arriver au QG...
Je pris la clé sur l'un des gardes et courus vers la salle en question. Je déverrouillai rapidement la porte et nous entrâmes dans la salle des archives. Nous ne perdîmes pas de temps à chercher le dossier.
Nous étions paniqués à l'idée de nous faire prendre et les agents n'allaient pas tarder à se réveiller.
— Il est où ce putain de dossier ? Imagine qu'il n'est même pas là et qu'elle nous a tendu un piège. Elle en est capable !
— Tais-toi et cherche Alex !
— On ne sait même pas le nom du dossier !
Et c'était vrai. Nous avions oublié ce détail. Nous nous observâmes, incrédules.
Merde ! Elle nous avait clairement eus. Et nous n'avions pas pensés à cela.
— C'est pour ça qu'elle a demandé si nous n'avions pas de questions ..., se remémora-t-il.
— Certainement. Écoute Alex. Nous sommes dans une entreprise en apparence, mais apparemment, c'est une agence d'agents.
— Et nous sommes à la recherche d'un dossier qui pourrait nous en dire plus sur leur recrutement, continuai-je.
— Tout à fait. Alors je chercherai au niveau ...,
Nous regardâmes tous les dossiers avec les appellations et à l'unisson nous dîmes :
— Recrutements !
Nous nous ruâmes dessus. Il prit la boite en carton et je l'ouvris. Je pris la seule et unique pochette qu'il y avait et nous mimes un autre dossier à la place avant de tout remettre en place et de quitter la salle. Mais je revins sur mes pas, ce qui stressa Alex.
— Tu fais quoi ?
— Filme-moi !
— Quoi ?
— Pour qu'ils ne tentent pas de nous chercher !
— Ah !
Je sortis le téléphone que le QG nous avait donné. Il ne laissait aucune trace donc lorsqu'ils le trouveront, il n'y aurait que le numéro et de faux contacts.
— Va sur Youtube et mets une musique.
— Attends !
Il jeta un rapide coup d'œil dans le couloir et la musique de Pitbull « I know you want me » retentit.
Je dévisageai Alex qui haussa les épaules.
— Fais ton twerk et vite !
Je roulai des yeux et me ridiculisai comme pas possible, ce qui fit rire Alex.
— Hahaha ! T'es génial ! Alejandro est dans la place ! s'intégra-t-il dans la vidéo. On l'a fait les gars, on l'a fait !
— Allez, c'est bon, m'arrêtai-je.
— Regarde là d'abord, non ?
Je pris le téléphone, le laissai sur la table et nous quittâmes le bâtiment en courant.
Une fois dehors, nous rîmes tout en courant vers la voiture.
— Putain, on l'a fait, Wyatt. On n'a pas eu besoin de sortir nos armes et tout ! Tape m'en 5 !
Je lui tapai dans la main après avoir retiré mon tee-shirt tout comme lui. Il avait raison.
Nous pénétrâmes dans la voiture et je regardai ma montre.
— Et dans les temps, dis-je.
Tout était parfait.
— Effectivement. Vous devez être fière de nous, Madame ! lâcha-t-il en hurlant. On est la dream team haha ! On est trop fort !
Si j'étais bon et ayant assez bien étudié l'Agent Lee, elle oserait intervenir là, maintenant, après les paroles d'Alex.
Alex continua à exploser de joie et l'autoradio grésilla un peu.
J'avais raison.
— Ça va Alex, ça va. Vous avez réussi. En même temps, vous êtes tombés sur deux idiots. Et, c'était super simple en pleine journée. La prochaine fois sera plus difficile. Allez, revenez au QG. Et ... félicitation, dit-elle légèrement à contrecœur.
Alex rit ne voulant pas redescendre de son état d'euphorie.
Pour moi, c'était maintenant que tout devait se jouer.
À cet instant même, au QG, elle devait faire le topo avec les élèves et son amie Sara devait avoir les yeux ailleurs et elle avait probablement déconnecté nos micros, ayant fini notre mission, alors je pris le risque de parler à Alex, rapidement.
— Alex. Je ne sais pas si je peux avoir confiance en toi, mais j'ai besoin de toi. Je vais déconnecter notre montre pour que le GPS ainsi que nos lunettes ne marchent plus.
Il m'observa les yeux éberlués, tandis que je sortais une aiguille de ma poche.
Je la glissai rapidement dans la petite fente de ma montre et après une manipulation rapide, les aiguilles s'arrêtèrent. Je fis de même rapidement avec celle d'Alex et la même chose se reproduit.
Je lui fis signe de sortir de la voiture dès que nous retirâmes nos lunettes.
Il obtempéra sans ciller ce qui me surprit.
Alex n'était pas si docile.
Une fois la porte claquée, il me dévisagea, soudainement méfiant et sortit son arme qu'il brandit vers moi.
Ça, je ne m'y attendais pas ...
— Comment tu sais faire tout ça ? Tu es une taupe, c'est ça ?
— Je n'ai pas à te répondre ...
— RÉPOND ! hurla-t-il. Ou je tire.
— Alex ...
— Ta gueule et dis-moi. Depuis le début, je te trouve bizarre. Toujours très calme et discret. J'ai bien vu que tu savais certaines choses au cours, mais tu faisais comme si tu ne le savais pas. J'ai vu tout ça. J'ai vu que tu pouvais être un excellent menteur, ricana-t-il. Lorsque les gars t'ont frappé ce soir-là, tu t'es laissé faire. Comme si tu attendais ça...
Finalement, peut-être qu'Alex n'était pas si bête que ça.
Je restai figé ne disant pas un mot. Il s'avança vers moi et posa le flingue contre mon gilet par balle.
— C'est pour ça que je fais exprès de me retrouver avec toi ce jour-là. Pour l'entraînement de tir. Je savais que tu savais tirer. Ça se voyait.
Nous nous observâmes durement. Lui aussi n'était pas si clair finalement...
— Pourquoi tu es au QG ?
— Tu as déjà tué ?
Je ne le quittai pas du regard et lui, non plus.
— Répond-moi, Wyatt.
— Peut-être...
Peut-être ...
Il abaissa l'arme et recula d'un pas.
— On va se faire attraper par la patronne, dit-il après plusieurs secondes de silence.
— C'est pour ça que tu veux sortir ce soir, en boîte ?
Il me jaugea du regard et me toisa avant de cracher au sol.
— Je vais t'aider pour ce coup Wyatt et tu m'aideras ce soir. D'accord ? Je ne cherche pas à savoir ce que tu veux faire et toi non plus. Deal ?
Il me tendit sa main que je regardai avec curiosité. Ainsi, je n'étais peut-être pas le seul acteur dans cette équipe de nouvelles recrues.
Nous avions tous un secret.
Je pris sa main et la serrai.
— Deal.
Je la relâchai rapidement et lui expliquai la situation.
— Je dois me rendre à Bloom's Barn. Je crois que c'est un bar. Tu saurais où ça se trouve ? Je ne viens pas de San Francisco ...
— Ouais je sais où c'est, mais ce n'est pas très réputé.
Je ne dis rien. Ça je le savais, mais je devais m'y rendre pour obtenir l'information que je voulais...
— Allons-y. J'espère que ton plan est impeccable parce que si on fait attraper par la patronne, je te jure que je te flingue à la sortie. Le QG, c'est une chance de redémarrer correctement dans la vie. C'est clair ?
— Ouais. Allons-y. Mais ne prenons pas la voiture. Il y a un GPS intégré. Viens.
Il me dévisagea encore une fois, après avoir rangé son arme et nous remontâmes rapidement l'allée. Avec une épingle, je réussis à ouvrir une voiture. Nous y entrâmes et je démarrai rapidement sous les indications d'Alex. Effectivement, il connaissait bien la ville.
En moins de vingt minutes, nous arrivâmes devant le Bloom's Bar.
— Reste là, je fais vite.
— Certainement pas.
Je ne ripostai pas et nous nous dirigeâmes vers l'entrée du bar en question.
Dès que nous y mîmes les pieds, une épaisse chaleur et nauséabonde nous accueillit.
L'odeur y était insupportable pourtant tout le monde avait l'air de s'en foutre de ce mélange d'alcool, de drogues, d'herbes, de transpirations et de fluides corporels en tout genre.
Je repérai rapidement la personne qui m'intéressait et m'avançai vers celle-ci avec Alex à mes côtés. À côté de ce paysage sombre, nous dénotions carrément, mais personne ne s'intéressait à notre présence et cela valait mieux.
Devant la table du type entouré de ces chiens de garde, je restai quelques instants me demandant comment je pouvais lui parler, alors qu'il était occupé. Il était clairement sur une partie de poker qu'il avait l'air de gagner et une jeune femme était sur ses jambes.
— Tu l'interromps, il nous défonce, me confia Alex.
— Je n'ai pas le choix.
Je m'avançai vers l'un de ses gorilles légèrement inquiets, mais je le masquai.
Je me postai face à lui, ce qui lui fit lever le sourcil avec curiosité, mais il me regarda un air clairement supérieur.
— Il faut que je parle à JackJack.
— Dégage morveux ! Ta place n'est pas ici et le patron est occupé.
— Dites-lui que je suis Mozart. Il saura. S'il vous plait.
Il me toisa avant de le faire.
Il avança vers le type et lui chuchota à l'oreille. Le dénommé JackJack leva sa tête dans ma direction. Nos regards se croisèrent, puis il acquiesça.
Son gorille revint vers moi.
— Attendez-le à l'arrière. Il arrive.
Nous obtempérâmes rapidement. L'air était beaucoup plus respirable et Alex ne se priva pas de le dire.
— Mais comment ils peuvent respirer dedans, dios !
— Je ne sais pas mais ...
La porte claqua et je me retournai vers le JackJack. Il était visiblement seul.
— Tiens ! Te voilà ! Je ne t'attendais plus, Mozart. Tu as réussi à te trouver à San Fran, alors !
Il ricana en touchant son ventre bedonnant.
Je déglutis et décidai de répondre.
— Je lui avais dit que je le ferai, dis-je. Je suis venu pour l'information JackJack.
Il regarda à droite puis à gauche comme s'il attendait quelqu'un. Ensuite, il s'avança vers moi, d'un air menaçant.
— Hé ! Doucement bonhomme ! intervint Alex.
Il avait une nouvelle fois sorti son arme et le pointait dans sa direction.
JackJack le dévisagea à la fois surpris, mais avec un regard rieur.
— Baisse ton arme, petit. Je ne vais pas faire du mal à ton ami. Mes hommes vous auraient déjà éliminés depuis un moment ...
— Qu'est-ce que tu en sais ? le questionna Alex.
JackJack ricana de son rire grave et le pointa du doigt.
— C'est vrai. Ton ami a l'air plutôt solide Mozart. Toi, tu ne l'étais pas ... sous-entendit-il.
— J'ai changé, dis-je la mâchoire crispé. C'est pour ça que je suis là. Je veux l'information. Je veux savoir où ce fils de pute habite et ...
— Et tu vas te venger ?! Mais après qu'est-ce que tu vas faire hein ? Quand ils sauront que c'est toi, je ne donne pas cher de ta peau. Laisse tomber et vis avec. Il y en a pleins qui sont passés par là ...
— Je m'en tape des autres ! m'exclamai-je, furieux. Je veux le détruire aussi.
Mon regard était froid et sérieux.
— Bien. Je ne sais pas si tu réussiras à le trouver, mais c'est sa planque apparemment et ils sont nombreux.
Il sortit et une feuille de papier puis nota l'adresse.
— N'y va pas seul. Va avec ton seul et unique acolyte, regarda-t-il Alex.
Je pris la feuille et la rangeai dans ma poche.
— Où est-ce que tu dors, gamin ?
— Ça ne vous regarde pas.
— Tu n'avais pas été placé au service militaire ?
— Je me suis barré. Allez, on y va, m'adressai-je à Alex.
Il acquiesça, l'arme en direction de JackJack.
— Si, il me trouve avant JackJack, je vous ferai la peau et je descendrai tous vos hommes et je finirai par vous. Des vermines en moins, sur cette planète, ça fait du bien.
Il rigola comme un fou tandis que nous reculions.
— Des menaces ? C'est vrai que tu as changé ! Tu en as dans le pantalon maintenant. Je t'attendrai donc. À très vite, peut-être. Et fais attention à toi.
Nous finîmes par nous retourner avant de courir jusqu'à la voiture.
Une fois dans la voiture, je regardai le papier.
Il y avait l'adresse et le lieu précis. Le moment approchait.
— Te venger ?
La voix d'Alex me sortit de mes pensées et je le regardai.
— J'en ai besoin, dis-je simplement.
— Moi aussi, avoua-t-il. Même si on nous dit que c'est inutile, bah ... on en a besoin.
J'acquiesçai face à ses propos et nous ne dimes rien de plus.
***
Nous avions regagné la voiture du QG. J'avais reprogrammé nos montres et les lunettes. J'avais fait en sorte que le GPS de la voiture prouve que nous avions faits une promenade pour corroborer avec le mensonge que nous avions préparé à l'Agent Lee.
Nous savions que nous risquions gros surtout qu'elle semblait déceler le mensonge à des kilomètres.
Mais je savais qu'elle allait fermer les yeux dessus. Parce qu'elle était comme ça. Elle attendait le moment propice pour frapper. Jamais avant, jamais après.
Je savais qu'Alex était stressé, mais je ne pus rien lui dire. Nous étions dans les couloirs en direction de son bureau.
Une fois devant celui-ci, nous échangeâmes un dernier regard et l'agent qui nous avait escortés frappa.
Après un « entrez » d'un agacement clair comme de l'eau de roche, elle se tenait devant son bureau, les bras croisés et son amie Sara était là ainsi qu'un type qui nous souriait niaisement. Son prénom était William.
Se doutait-il de quelque chose ?
Apparemment, ce type avait complice d'un dénommé Trevor Wilkin qui avait mis s'en dessus-dessous le QG. Je n'avais pas eu le temps de lire tout le rapport, mais l'histoire avait l'air d'être palpitante.
— Où étiez-vous ? lâcha-t-elle d'un calme mesuré.
— En promenade Madame, répondit Alex.
Il jouait parfaitement son rôle.
— Promenade ? Il faut que je te dise une chose Alex, être en mission, ce n'est pas une plaisanterie. C'est du sérieux !
— Je sais Madame mais ...
— Il n'y a pas de mais ! Vous avez réussi, mais tu as fait n'importe quoi. Ce n'est pas une attitude d'agent. Vos camarades rigolaient, alors que vous deviez montrer l'exemple. D'ailleurs, où est le dossier ?
Je le lui montrai et m'avançai vers elle. Je le lui donnai et retournai auprès d'Alex.
Le type ne nous lâcha pas du regard un seul instant.
— Et pourquoi vos montres ainsi que vos lunettes ne marchaient plus ?
Alex et moi, nous nous regardâmes en jouant la surprise.
— Ah bon ? Je ne vois pas pourquoi ça ne marcherait pas, puisqu'on ne vous a pas caché le fait qu'on allait faire une petite virée, répondit-il. Je vous le dis clairement, ça va faire deux ou trois semaines qu'on est ici et nous avions besoin de nous sentir ... jeune ! Regardez, je ne connais même plus la notion du temps.
— Il n'a pas tort, intervint le blond.
— Tais-toi Will, le coupa Sara.
Il leva ses mains et soupira.
— Vos appareils, ordonna-t-elle en faisant le signe de main.
Je retirai ma montre et les lunettes tout comme Alex. Nous avançâmes vers son bureau et nous les posâmes dessus. Sara prit une de nos montres et la regarda en détail. Will en fit de même. Puis il me regarda et ricana doucement, tandis que December-Dan continuait ses reproches.
— Indétectable, lâcha-t-il.
— Qu'est-ce que tu as dit Will ? lui demanda Sara qui reposa la montre, n'ayant rien trouvé.
Will se doutait de quelque chose. J'en étais sûr maintenant.
— Je disais que DD crie trop. C'est bon, ils ont échappé à ta surveillance une trentaine de minutes, ils sont encore en vie, tu devrais t'en foutre, rentrer chez toi, t'occuper de ta petite famille et te taper ton futur mari, lâcha-t-il.
December-Dan ouvrit la bouche choquée et Alex se retint de rire.
— Va te faire foutre Will ! s'indigna-t-elle.
— J'aimerais bien, lâcha-t-il en lorgnant Sara qui lui fit un doigt d'honneur.
Je ne savais pas s'il l'avait fait exprès pour qu'elle passe à un autre sujet, mais ça avait l'air de marcher.
— Je veux aller manger. Je peux ?
Il sourit hypocritement et elle le dévisagea, dépassée.
— Je retire mes félicitations et je ne sais pas si la sortie de ce soir sera tenue. Je suis clairement déçue.
— Je pensais que vous n'aviez qu'une parole.
Je m'étais senti obligé d'intervenir. Alex avait besoin de cette sortie. Il m'avait énormément aidé.
December-Dan m'observa avant de laisser échapper un petit rire.
— Toi, tu ne parles que lorsque tu n'as qu'un intérêt.
— Peut-être, répliquai-je en haussant les épaules, mais Alex veut sortir faire la fête, alors je l'accompagnerai.
— Je peux sortir avec eux, si tu veux ? proposa William. Franchement, j'ai besoin d'air aussi et de voir de la chair fraiche. Ici, il y en a, mais pas d'exploitable, si tu vois ce que je veux dire.
Will qui sourit à pleine dent en avançant vers la porte.
Elle leva les yeux tandis que Sara secouait la tête.
— À plus tard, mes chéries ! lança-t-il.
Il passa près de moi en me lançant un regard suspect. Il se doutait que nous avions trafiqués un truc. Plus aucun doute, dessus.
— Bon. Je remonterai ma décision à Sara. Je m'en vais. Regagnez votre groupe.
— Désolé Madame. Nous ne voulions pas vous décevoir, acheva Alex.
Elle nous regarda tour à tour, puis un agent vint nous chercher.
Celui-ci nous raccompagna auprès de nos camarades.
Une fois dans notre salle de détente, Alex lâcha :
— Le blond sait qu'on ment, chuchota-t-il. Et t'as intérêt de faire en sorte qu'on sorte.
— Ouais. Compte sur moi.
Les autres discutaient de tout et de rien et en nous voyant, ils se décidèrent d'interroger Alex et moi, de m'ignorer, sauf Amber qui était curieuse d'en savoir plus sur notre mission.
Je l'aimais bien cette fille. Elle était différente des autres.
Une fois que j'avais répondu à ses questions, je décidai de regagner nos dortoirs, pour me reposer un peu. Sur mon lit, je sortis la feuille de papier.
Et la regardai comme un précieux sésame.
J'allai mettre ma vengeance à exécution. Peu importe la personne, sa puissance et sa notoriété, j'allai me venger.
***
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