Chapitre 24
WILL
Je venais tout juste de sortir de ma chambre pour rejoindre l'enfer de bureau de Sara.
Comme promis par DD, je n'avais presque plus d'agents au cul, mais je savais que j'étais tracé par les caméras du QG. DD n'était pas stupide pour me laisser sans surveillance, alors je devais être épié pour ne pas échapper à sa surveillance.
C'était certain. J'étais donc dans une semi-liberté.
Parfois, j'avais cette crainte qu'elle n'attende que le moment où je ferai un faux pas, pour me renvoyer à la CIA ou me cracher au visage que j'étais définitivement foutu et qu'elle ne pouvait rien faire pour moi dorénavant.
Ce que je redoutais parce que j'avais l'impression d'être quelqu'un de bien depuis que j'étais ici.
Du moins, un peu. Il me restait encore un long chemin à parcourir.
Alors, je savais que je pouvais commettre ce faux pas si je ne restai pas vigilant.
Surtout vis à vis de Serena avec qui j'avais déjeuné et ... je n'avais pas trop confiance envers un certain Wyatt qui avait l'air calme pour une recrue et un Alex que j'avais croisé dans le couloir, avec un téléphone jetable ...
Pour moi, ils étaient trop bizarres, alors je les surveillai aussi sans qu'ils le sachent.
De toute façon, demain ils étaient mission en l'extérieur, donc je pourrais confirmer tout ça.
Évidemment, mon but était de découvrir leur secret.
Si j'y parvenais, DD me libérait rapidement et je pourrais retrouver ma liberté totale et entière. C'était la seule solution que je voyais. Parce que 5 ans, ici, c'était quand même un peu trop.
Bon. Je n'étais pas malheureux au QG. J'étais bien nourri, j'avais ma grande chambre avec tout le nécessaire et j'étais même payé. Le salaire était reversé sur un compte qu'elle avait fait pour moi. Comme elle l'avait dit, j'étais sur le chemin du pardon. Même si je recevais encore quelques regards assassins de la part de certains agents, j'étais bien et ça ne m'atteignait pas une seule seconde.
Mes quelques connaissances ici, étaient sympathiques. Mais, je restai sur mes gardes.
Même le grand patron, John, paraissait ne pas tenir de rancœur envers moi et mon passé avec celui qui avait failli les détruire.
Peut-être voyait-il que je n'étais plus comme avant, que j'avais été manipulé et totalement spolié par Trevor que je croyais gentil.
Pour être franc, il était gentil lorsqu'il se comportait comme l'oncle et le père de Marysa. Je me souviens de ses visites à la maison d'arrêt. Il me disait qu'il allait faire en sorte de me libérer parce qu'il croyait en moi. Sauf que moi, je m'en moquai. Je travaillai pour le mal et exécutai juste un plan. Je n'avais pas un seul instant soupçonné qu'il était derrière tout ça. Même avec les gens. Il était un parfait acteur.
Avec les années, j'ai compris que le mal pour se cacher derrière le bien et vice-versa.
En toute honnêteté, je voulais m'améliorer pour ... regagner ma véritable famille. C'était mon seul et unique but. Et avoir une vie normale. J'avais maintenant un but à atteindre et c'était grâce à la clémence de DD.
Depuis que je savais qui était ma mère, que j'avais une petite-sœur et un petit-frère, je ne faisais que de penser à ça et j'avais envie de les connaître et de les voir s'épanouir.
Certes, nous avions une grande différence d'âge, mais j'avais quand même envie d'être présent dans leur vie. Jouer le rôle du grand frère, droit et honnête, après mon passé dans le mauvais chemin. Je voulais prouver à cette femme qui m'avait mise au monde que je n'étais pas un enfant de l'échec et surtout lui demander pourquoi elle m'avait abandonné.
Plus les jours passaient, plus je ne savais pas si je lui en voulais.
Tant que je n'avais pas de version de son histoire, je ne pouvais pas ... avoir de réelle réaction. Je ne pouvais qu'être impatient de la rencontrer et de savoir nos ressemblances et nos différences. Bien sûr, je voulais voir comment était mon père. Mais, DD ne m'avait pas parlé de lui. Peut-être n'était-il pas vivant. Mais j'avais espoir qu'il le soit.
Donc, après mon déjeuner des plus intéressants avec Serena et ces quelques connaissances du QG qui m'aimait bien, je devais retourner travailler. Sara était encore partie déjeuner avec son vieux Haden là, alors je continuai d'en savoir plus sur la famille Davis. Même si ce n'était que des informations simples. Bien sûr, je supprimai toutes traces de mes recherches pour ne pas que Sara se moque de moi.
Je m'installai sur ma chaise, appuyai une touche du clavier pour que tous les écrans s'allument et me préparai un café en regardant si tout se passait dans l'enceinte du QG.
Aucune anomalie.
Je pouvais donc réfléchir à la manière dont j'allai aborder Riccie Davis, parce que je voulais que notre premier contact se passe bien.
Mon café, fin prêt, Sara décida de faire son apparition.
Nos regards se croisèrent et elle laissa échapper un bref « salut ».
J'en fis de même et apportai la tasse à mes lèvres.
Il y avait des jours où nous ne nous disputions pas et d'autres où c'était le chaos.
On commençait doucement à supporter, mais vraiment doucement. Ça pouvait partir au quart de tour avec elle.
Elle s'installa au bureau et me demanda si tout était bon.
Elle avait l'air détendu. Haden avait certainement bien fait son job, car ce matin, elle avait été chiante.
— Yep. Aucune anomalie. Tu veux un café ?
Elle se tourna vers moi, surprise de ma bonté avant de ricaner nerveusement.
— Si c'est pour m'empoisonner, non merci William.
— Mince alors, tu as découvert mon plan.
Elle esquissa un sourire avant de secouer la tête.
J'en profitai pour la détailler du regard. Sara était très jolie. Ce n'était pas une bombe des magazines, mais elle avait énormément de charme. Je l'avais remarqué depuis qu'elle était venue me rendre visite en maison d'arrêt pour jeunes délinquants.
Elle avait un truc que je trouvais cool chez elle.
Enfin voilà ! J'adorai la rendre folle et surtout avec des messages qui l'énervait comme jamais.
Ça me rappela hier soir, lorsque je l'avais harcelé de messages pour ne pas qu'elle oublie de m'envoyer des photos de DD lors de son essayage qui se déroulerait tout à l'heure.
Bien sûr, je savais qu'elle ne le ferait jamais, mais elle m'avait insulté de pervers sans nom et le reste, je vous en épargne.
Ça m'avait amusé car elle perdait rapidement son sang-froid avec moi. Même par message.
Néanmoins, elle était toujours très bien habillée et coiffée.
Elle portait une petite robe noire avec des bottes, rien d'extravagant, je vous l'accorde, mais j'aimais bien son style rock chic ou une connerie du genre. Puis, elle avait des petites tatouages éparses et discrets sur sa peau métissée. Un peu comme moi, je n'avais pas de gros tatouages imposants sur la peau.
Je regagnai ma place à ses côtés et commençai à bosser.
Le téléphone de Sara sonna et elle décrocha, les yeux rivés sur les écrans. Cette femme était une alcoolique du travail. Tout comme sa meilleure amie.
— Ouais ? OK, je te l'envoie.
Elle raccrocha et dit :
— DD veut te voir.
Parfait !
Je souris bêtement et me levai en réarrangeant la capuche de mon sweat.
— Qu'est-ce que tu mijotes ? me fixa-t-elle, méfiante.
— Rien, Sara. C'est juste que DD et moi, nous sommes dans une sorte de relation ... privée, chuchotai-je les derniers mots. Elle m'a envoyé des photos d'elle en sous-vêtements. Une tuerie !
Elle leva les yeux et secoua la tête.
— T'es épuisant Will.
— Et tu ne m'as pas encore essayé, lui fis-je un clin d'œil.
Je ris tandis que je quittai son bureau sous un « va te faire foutre ! ».
L'agent Chris m'attendait de l'autre côté du couloir et j'en étais étonné, puisque ça faisait un moment que je ne l'avais pas croisé.
Je jurai dans ma barbe lorsqu'il me suivit.
— Je suis comme vous, je n'aime pas être avec vous.
— Encore heureux bouffon !
Il secoua la tête et appuya le bouton pour appeler l'ascenseur.
Une fois arrivés à l'étage de DD, nous quittâmes l'ascenseur et il m'accompagne jusqu'à devant son bureau. Celui-ci toqua, non sans me lancer un mauvais regard qui me faisait bien marrer.
— Entrez !
J'ouvris la porte et je trouvai DD à son bureau.
Contrairement à Sara, elle portait un pull d'homme et des cheveux pendouillaient de son minuscule chignon autour de son visage, tourmenté.
L'agent Chris m'annonça et elle le remercia sans vraiment le regarder.
Elle était visiblement à fond sur un dossier.
— Vérifiez qu'on ne soit pas interrompu Agent Chris, lui dit-elle.
— Bien.
Il me lança un dernier mauvais regard avant de refermer la porte derrière lui.
Je décidai de la titiller pour détendre l'atmosphère.
— Mh ... Tu vas enfin céder à la tentation DD ? la taquinai-je.
Elle releva la tête, ne sourit pas et ne râla même pas.
Elle était juste en train de m'analyser du regard ce qui me refroidit aussitôt.
Avais-je fait quelque chose de mal ? Avais-je commis le FAUX pas ?
Je m'avançai vers son bureau et m'assis sur la chaise en face d'elle avec nonchalance.
Je fronçai les sourcils et la fixai en attendant qu'elle délie sa langue pour parler.
— Il faut que je te parle. Je n'ai aucunement confiance en toi, mais j'ai beau retourner le problème dans tous les sens, je ne trouve que toi comme solution.
— Ça fait plaisir de l'entendre.
Elle me fusilla du regard et je levai les yeux.
— Va droit au but December-Dan.
— Je ... Ce n'est pas de ma faute, dit-elle, dépassée.
— De quoi tu parles ?
Elle sortit son téléphone de son sac, me le tendis et je le pris.
Ce que j'y vais, me laissai échapper un hoquet de surprise lorsque je vis l'image.
Nous nous observâmes et je continuai à lire le message.
Que penserez le futur époux de sa future épouse ?
December-Daniella, mon jeu sera beaucoup plus exaltant.
Je prendrais mon temps pour savourer chaque moment de ta déchéance.
Rien ne sert de presser le temps, n'est-ce pas ?
Diras ou ne diras pas la vérité avant que je ne la révèle ...
Je te rappelle que les secrets ne te scient pas vraiment.
As-tu retenu la leçon ?
Tic Tac ...
Je lui rendis son téléphone, sans la regarder. Ce texte, cette menace, ces menaces me mettaient mal à l'aise et ça ne présageait rien de bon. Après la boule noire, elle recevait ce type de message sur son téléphone.
Cette personne voulait clairement son mal. Comme Trevor ...
— Ce sont des menaces ...
— Sans blague, se leva-t-elle, excédée. Je ne l'avais pas deviné Will.
— Tu as embrassé Drew ! Mais qu'est-ce qu'il t'a pris ? Je croyais que tu allais te marier. Et, ça s'est passé quand ? Il te manquait déjà, depuis samedi ?
Elle fit volte-face, le regard meurtrier.
— Je ne l'ai pas embrassé ! se défendit-elle. C'est lui ! Il ne l'a même pas fait exprès ! C'était ce matin, alors que j'étais à l'hôpital pour voir ma gynéco, expliqua-t-elle. Puis ne me juge pas. Je t'en parle à toi parce que tu es le seul qui peut être impartial dans cette putain d'histoire, ajouta-t-elle avec véhémence. Mais si tu me juges, ça ne sert à rien. Je me débrouillerai. Comme d'habitude.
Je me tus avant de reprendre.
— Juste pour mettre les choses au clair, on embrasse à deux DD et je ne te juge pas. Tu fais ce que tu veux. Tu es une grande femme et je n'ai pas à te dire quoi faire.
Elle jura en se prenant la tête entre les mains tout en faisant les 100 pas derrière son bureau.
— Allez, ce n'est rien. Ce n'est pas comme si tu avais couché avec lui, ajoutai-je. Ça doit être l'émotion. Voilà, c'est ça ! L'émotion ! Sinon, juste pour savoir, Drew ou Isaac ?
Elle grogna en serrant les poings. Elle n'avait pas du tout d'humour aujourd'hui.
Honnêtement, ses histoires sentimentales ne m'intéressaient pas vraiment.
Bon. Peut-être un petit peu. C'était assez drôle en fait. Même si je ne comprenais pas pourquoi certaines personnes s'amusaient à carrément étudier ce genre de choses.
Et de toute manière, je ne portais pas vraiment Isaac dans mon cœur donc bon.
Cela dit, elle avait visiblement besoin de conseils et je me devais d'être impartial.
— Sincèrement, dis la vérité à Isaac et puis c'est tout. La personne qui t'envoie ces menaces veut juste te faire peur et te contraindre à ne rien dire. Cette personne te connait visiblement assez bien. Et Trevor te connaissait très bien ...
Elle soupira avant de se rasseoir, dépitée.
— William, cette histoire n'est pas normale.
— Je sais. Tu as retracé l'expéditeur du message ?
— Bien sûr, c'est la première chose que j'ai faite, en arrivant ici.
— Et maintenant que ta famille est au courant de la première menace, tu dois le dire à chaque fois que tu en reçois une nouvelle, lui dis-je.
— Je ...Je ne peux pas. Pas pour celui-là.
Cette personne voulait vraiment la détruire. Trevor voulait la détruire...
Sauf que je ne comprenais pas sa motivation.
Nous nous fixâmes du regard et elle lâcha :
— Trevor est mort ce jour-là. Ça ne peut pas être lui. Aurait-il utilisé la veuve noire ? J'ai demandé une exhumation de son corps pour une analyse ADN ...
— Et si depuis le début, ce n'était pas lui ? supposai-je, doucement, après ce qu'elle venait de dire.
— Quoi ?
Son regard était baigné d'incompréhension. Pour elle, ce n'était pas rationnel.
— Eh bien, peut-être que quelqu'un tente de te faire croire et faire croire à tout le monde qu'il est de retour. Mais, on fait peut-être fausse route. À l'heure actuelle, on sait que la « veuve noire » ne marche pas parfaitement, parce qu'il manque le reste de la formule que ta mère lui a dérobé.
Elle réfléchit tout comme moi à cette supposition. C'était la plus plausible, mais c'était clairement dingue aussi. Le salaud prenait vraiment son temps.
— Il n'aurait pas attendu tout ce temps pour riposter ...
— Tout à fait. Sauf que les Davis sont en ville. Il cherche la perfection de ses plans. C'est comme un jeu pour lui. Sordide et morbide, mais il réussit à te faire douter de tout et n'importe qui. Il veut te tourmenter. Mais ce n'est pas Trevor. Ça doit être une personne ... proche de lui dont on ne connaît pas existence.
Elle déglutit et se leva de nouveau.
— Personne ne doit mourir cette fois. Il y a eu trop de pertes la première fois.
— Je sais, dis-je doucement.
J'en étais responsable de quelques unes. Ishtar Toulinov par exemple. Encore et toujours sous l'ordre de Trevor.
— Il faut que tu en parles dans ce cas là ...
— Je ne peux pas. On ne peut pas pour le moment.
Je la regardai et je vis le désarroi se lire sur sa figure.
— Je vais t'aider. Après tout, je suis convaincu que ce n'est pas Trevor. Même s'il n'y a que lui qui peut être derrière tout ça. Attendons les résultats du laboratoire.
— Et le rapport avec Serena ? Il ne faut pas oublier que Big Sister est toujours dehors.
— On le découvrira.
Je me levai et me postai face à elle.
— Tu as peur ?
— Pour les autres, répondit-elle me regardant brièvement. Et, il y a Skyler. C'est la chose qui compte le plus pour moi.
Je posai une main amicale sur son épaule et esquissai un sourire.
— Il n'a pas gagné la première fois, il ne gagnera pas cette fois non plus, qui que ce soit.
Elle repoussa ma main et soupira.
— Il n'a pas gagné in extremis, souligna-t-elle. Et nous sommes obligés de reconnaitre que ses plans sont justes démentiels.
— Peut-être, mais c'est toi qui m'a dit que le mal ne gagnait jamais contre le bien.
Elle plongea son regard dans le mien, dubitative.
Comme si elle ne croyait plus en rien.
Commençait-elle à baisser les bras ?
— December-Dan, je t'assure que ça va aller. Je suis là !
Elle leva les yeux et rit comme moi.
— Tu te prends pour qui sérieux ?
— William ... mh, je ne connais pas encore mon véritable nom de famille, mais je sens le bien couler dans mes vaines.
Elle m'envoya le regard « arrête » avant de retourner derrière son bureau.
J'en profitai pour changer de sujet.
Pour le moment, il n'y avait pas grand-chose à faire. Elle devait dire la vérité à Isaac avant que l'autre n'envoie la photo incriminante à son futur époux et à d'autres membres de sa famille qui la tuerait pour cet acte ... du genre Sara ou Marysa.
— DD, je dois vraiment parler avec Riccie. J'en ai besoin.
— Ce n'est pas si facile que ça, m'assura-t-elle.
— Si elle ne veut pas de moi, tu peux me le dire. Ce n'est pas à toi que je vais en vouloir.
— Encore heureux ! Will, elle a besoin de temps, me dit-elle, et je te l'ai déjà dit. Ne force pas les choses. Tu t'es bien retenu samedi, alors que tu aurais pu créer un cataclysme familial.
— Je sais mais ... j'ai besoin de savoir la vérité. Je ne fais que de penser à ça ! Et j'ai vu que Sara et toi aviez changés vis-à-vis de moi depuis la nouvelle.
Elle passa sa langue sur ses lèvres et leva les mains.
— OK. Je ... vais essayer d'en parler avec elle. Mais ce n'est pas simple, puisqu'hier, j'ai menacé les Davis.
Curieux et choqué, elle me raconta brièvement l'histoire. Évidemment, je pris le parti de DD, même si sa réaction était carrément exagérée.
— Pourquoi tu ris ? me demanda-t-elle.
— Parce que si tu avais eu un fils, qui serait dans la situation de Zeyn, tu aurais fait comme Jessies Davis et même pire. La preuve ! Tu as inventé un faux document. T'as vraiment du temps à perdre, la raillai-je.
— T'es vraiment saoulant, mais tu as raison. J'ai sur-réagis et je suis d'accord avec vous tous sur ce point.
— DAMN ! December-Dan, est-ce toi ?
Ma plaisanterie l'a fit doucement rire.
— Bref, je verrais ça avec Zeyn, cette semaine. Bref, je fais quoi avec Isaac ?
— C'est simple : tu lui dis la vérité. Et il aura 3 réactions.
— Qui sont ?
— Première réaction qui n'arrivera jamais : il ne t'en tient pas rigueur. Il est déçu, mais il s'en fiche, parce que tu es très persuasive et comme il est visiblement dingue de toi, ça peut passer.
— Mais c'est un homme ...
— Et nous avons notre fierté.
— Comme tout être humain, me coupa-t-elle encore une fois.
— Ouais. Deuxième réaction : il est en colère et ça, prépare-toi ! Et il annule votre mariage.
— Quoi ? Mais t'es fou ! C'est trop radical et ce n'est pas de ma faute !
— Je le redis, on embrasse à deux, puis ton passé avec les Davis est trop lourd. Personnellement, c'est ce que j'aurais fait, mais troisième réaction qui me semble la plus plausible, vue que je me méfie de lui, c'est qu'il va être en colère, il t'en voudra énormément, vous vous disputerez, mais il n'annulera pas le mariage pour je ne sais quelle raison. Ah si ! Il t'a demandé quatre fois en mariage et si près du but, il ne peut pas retourner en arrière.
— Isaac est honnête avec moi. Tu n'as pas à te méfier de lui.
— Ma belle, il a beau être beau gosse, ce que j'admets, gentil et protecteur, mais tu ne retiens pas la leçon. Quatre putain de demandes en mariage !
— Parce qu'il m'aime ! s'emporta-t-elle.
— Oui, d'accord, mais un homme qui n'a pas de plan aurait abandonné au bout de la deuxième fois. C'est vraiment un coup de massue sur la fierté !
— Tous les hommes ne sont pas comme toi, répliqua-t-elle.
— La plupart ! Exemple que tu ne pourras pas contredire : Drew. Tu l'as accusé d'avoir repris contact avec cette Callie et tu les as vu s'embrasser, bref ! Ça l'a mis en rogne, une seule fois et il est parti. Zeyn, tu as embrassé son frère et il t'a abandonné. Alors ?
Je souris victorieusement tandis qu'elle grognait de colère.
— Je n'aurais jamais dû t'en parler.
— Tout le monde le sait, alors je le savais avant que tu me le dises. Puis Marysa te donnait des lettres que je lisais et elle me l'avait dit alors ...
Elle leva les yeux, prête à s'arracher les cheveux.
— Tu me demandes un conseil, je te le donne. Sujet clos. Passons au suivant. Il faut que tu laisses sortir Alex et Wyatt.
— Pourquoi ?
— Parce que, je les soupçonne de trafiquer quelque chose, ensemble ou pas, je ne sais pas encore. Ils ne sont pas nets. Ils ne sont pas rentrés par hasard au QG comme tes autres recrues.
Elle me regarda déconcertée.
— Pour Wyatt, je suis d'accord avec toi. Ce gamin cache quelque chose, mais Alex ! Impossible. C'est juste un clown de service.
— Je te dis que non. Tout ça n'est qu'une mascarade. Regarde, laissons-les faire leur première mission dans la soirée. Une fois réussie, ils reviennent au QG et je sors avec eux. Ne me dis quand même pas que tu allais leur laisser une journée entière à gambader dans San Francisco ?! C'est beaucoup trop. Ils auraient tout le loisir de mettre leur plan en place. Et si je suis là, ils ne pourront pas. Tout en sachant que le laps de temps entre leur retour de mission et notre sortie le soir, sera assez court, lui expliquai-je.
Elle m'observa quelques secondes avant de dire :
— Qu'est-ce que tu mijotes aussi pour avoir réfléchi à ce plan ?
— Rien du tout. Je te le jure. Je suis à ton service donc je veille sur toi.
— Mh. OK, dit-elle peu convaincue. De toute façon, c'est ce que je comptais faire. Je voulais te tester et voir si tu n'allais pas tenter de fuir.
— Ha. Ha. Hilarant December-Dan.
Elle sembla réfléchir et je renchéris.
— Si je sors avec eux ce soir, je peux savoir ce qu'ils trafiquent. Peut-être qu'ils bossent avec Trevor. Il avait déjà utilisé des agents infiltrés ...
— Je ne pense pas, m'interrompit-elle. Il y a autre chose.
J'étais tout à fait d'accord avec elle. Alex et Wyatt n'avaient aucun rapport avec DD.
— OK mais laisse-moi la totale gestion de cette affaire ...
— Non, tu exagères un peu trop.
— Tu n'as pas confiance en moi ?
— Jamais. La confiance se gagne Will.
— Je sais que tu me fais un peu confiance, sinon tu ne m'aurais pas dit que tu étais menacée. Et tu le sais.
Je souris de toutes mes dents ce qui l'irrita.
— Tu es celui qui a été le plus proche de Trevor.
— Peut-être. Mais tu sais très bien que je ne le répéterai pas pour te surprotéger. Le moment venu, tu diras la vérité à tout le monde.
Elle se massa le front avant d'exhaler.
— Bref ! Sache que tu seras sur traceur. Et Sara vous surveillera. Demain soir, j'ai un truc de prévu. Tu me raconteras tout, d'accord ? Je ne peux pas être là ce soir.
— Ça marche.
Je contins ma joie et souris simplement.
— Un faux pas Will, tu retournes à la CIA et tu ne reverras plus jamais le soleil de ta vie, me menaça-t-elle avec sérieux.
Elle ne plaisantait pas et je savais qu'elle en était capable.
— T'inquiète ! Je suis team DD.
— Ce n'est pas drôle Will.
— Je sais, râlai-je. Et je suis archi sérieux et fidèle.
— OK.
— OK.
— Et tout ça, ça reste entre nous, me rappela-t-elle. Le temps de voir comment les choses évoluent.
— Je ne suis pas con.
— Bien sûr que tu l'es.
Ses lèvres s'incurvèrent pour faire un semblant de sourire, puis elle souffla avant de me chasser de son bureau, alors que je lui souhaitai un excellent essayage de robe.
Bien sûr, je fus obligé de lui demander de m'envoyer, mais pour toute réponse, je reçus une claque derrière la tête et un majeur en guise d'insulte.
***
MARYSA
J'étais heureuse.
Oui. Trop heureuse. Pourquoi ?
Parce que j'étais heureuse dans ma relation amoureuse. Et dans ma vie.
Je n'avais jamais été aussi heureuse et aussi épanouie, bien qu'une menace planait sur notre famille ou précisément sur DD.
Évidemment, elle allait réussir, donc je n'étais même pas inquiète, tout comme Ston d'ailleurs.
Alors oui, nous étions heureux et amoureux mais ... nous n'avions toujours rien dit à personne.
D'ailleurs, nous pouvions nous séparer au moins 15 fois par jour, pour se remettre ensemble 15 fois par jour. Alors sous le coup de la colère, je pourrais vous dire que je le hais et qu'il me dégoûte et que je ne comprends pas pourquoi je suis avec un type comme lui, mais lorsqu'il revient vers moi d'une façon tellement romantique, je suis obligée de fondre et de jouer la petite conne amoureuse et de vous dire à quel point, je l'estimai beaucoup et que c'est lui qu'il me fallait.
Peut-être que je l'ai toujours su.
Dès l'instant où il avait mis un pied au lycée, je l'avais trouvé craquant.
Il n'était pas spécialement une bombe atomique des magazines, je me suffisais déjà assez, mais il avait un truc. Je l'avais toujours dit qu'il y avait un truc.
Même si le fait qu'on soit ensemble relève du jeu du hasard, eh bien, je suis heureuse de savoir que c'est celui que j'attendais.
— Marysa, ici la Terre !
Je sursautai en reprenant mes esprits alors qu'il venait de me lancer un oreiller en pleine figure et je le frappai pour la pseudo crise cardiaque qu'il avait failli me causer.
Ça le fit rire très franchement et là, ça pouvait être un motif de rupture. Mais j'étais de trop bonne humeur pour me séparer de lui.
— Ne cries pas comme ça, imbécile ! Et, j'y vais.
Je l'embrassai rapidement, mais il m'arrêta par le bras.
— On doit leur en parler, radota-t-il.
Je plongeai mon regard dans le sien en prenant une moue boudeuse.
II était mignon, mais il n'arrivait pas à leur dire non plus. Même à son soi-disant meilleur ami.
Vous savez quoi ? Vous allez rire, mais la réaction de December-Dan me faisait flipper.
Elle était du genre « possessive » et je connaissais sa relation avec Ston. Parfois, j'étais tellement jalouse, même si je savais que leur relation n'était qu'amicale voire fraternelle, sauf qu'à certains moments, ils étaient trop proches selon moi.
— Ouiiiii ! râlai-je. Bon, j'y vais. On se voit ce soir. On va aux essayages des robes.
— D'accord. Envoies-moi des photos de ma première femme !
Vous voyez !
Parfois, j'avais l'impression qu'il était secrètement amoureux d'elle.
Je le frappai, ce qui le fit rire encore une fois et un dernier échange de baiser avant que je ne quitte son appartement.
Il fallait que je tâte le terrain avec December-Dan avant qu'on lui annonce la nouvelle.
Elle allait probablement être choquée, mais nous en avions assez de nous cacher.
***
— Mais où est-elle ? questionnai-je Sara.
Elle soupira et regarda sa montre d'agent mystique. Elle paraissait normale et chic, mais en fait, elle était trafiquée.
Je ne comprendrais jamais le monde dans lequel, elles travaillaient, mais elles nous protégeaient des méchants alors tant mieux !
Du moment que j'avais la vie longue grâce aux personnes comme elles, je ne voulais pas en savoir plus.
Le tintement de la porte de la boutique de robe de mariée que j'avais réservé pour la journée nous fit nous retourner.
Je soupirai d'agacement en voyant que ce n'était qu'Hope. Sara me fusilla du regard en allant saluer la belle-mère de sa meilleure amie.
— DD n'est pas encore là ? demanda-t-elle.
Je lui fis quand même la bise même si je songeai à une façon de torturer DD.
— Non comme tu peux le voir, répondis-je d'un ton acide.
— Marysa, me réprimanda Sara. Je l'ai laissé au QG avec ses élèves. Elle ne va pas tarder, dit-elle à Hope. Je ne passe pas ma vie avec elle, non plus.
Je décidai d'appeler ma très chère cousine pour lui dire ma façon de penser, lorsqu'elle décida de nous honorer de sa présence avec une dégaine tout sauf potable.
Elle était moche. Très moche. Le jogging était une horreur vestimentaire selon moi. Je grimaçai en la voyant comme ça.
— Hé ! nous sourit-elle en s'approchant de nous.
Elle enlaça Hope puis Sara et me gratifia d'un sourire. Nous avions encore un peu du mal avec les gestes affectifs.
— Tu. Es. En. Retard, délitai-je en agitant mon index parfait.
Elle roula des yeux et ouvrit la fermeture de son sweat.
— Désolée. J'ai pris une rapide douche. J'avais entrainement avec mes recrues. Je passe ma vie à travailler en ce moment. Ce n'est pas simple, se justifia-t-elle.
— Ah ! La future mariée est enfin là ! débarqua Kimberly.
DD écarquilla les yeux par tant d'enthousiasme tandis que Kimberly l'étreignait.
— Marysa n'arrêtait pas d'hurler. Je l'entends de l'arrière pièce.
— Je n'en doute pas, sourit DD. Mais, je suis là.
— En effet. Alors Marysa, commençons-nous par les robes que tu as choisies pour vous ou par celles de DD ?
— Les nôtres.
— Bien. Un verre de champagne pour la future mariée ? proposa-t-elle à DD.
— Euh non. Merci.
— J'en prendrai un, sourit Sara. Y'en a une qui me donne mal à la tête, me lorgna-t-elle.
Qu'elle aille se faire foutre ! Sara adorait me provoquer. Tout comme moi. C'était de bonne guerre.
— Très bien. Et vous Marysa ?
— Moi aussi. Je sens qu'on me pousse à mes limites.
DD roula des yeux tandis qu'Hope refusait aussi un verre de champagne et préférait un verre d'eau.
— Bien, suivez-moi les filles. December-Daniella, vous pouvez vous installez.
— Cool !
Elle repoussa ses cheveux humides et elle alla confortablement s'installer sur l'une des chaises victoriennes qui trônaient dans le magasin.
Quant à nous, nous suivîmes Kimberly pour les essayages.
Elle demanda à l'une de ses salariés de nous servir à boire pour préparer les cabines.
J'espérai juste que Sara n'allait pas chouiner pour un détail de la tenue, car celle de DD comptait la plus et connaissant le goût vestimentaire douteux de ma chère cousine, elle serait capable d'aller à son propre mariage en jean-basket.
Elle avait même proposé l'idée, cette demeurée.
— Si vous êtes prêtes les filles, vous pouvez sortir ! lança Kimberly.
Je décidai de sortir sachant parfaitement que la robe m'allait à la perfection.
Elle était de couleur pastel qui s'approchait d'un bleu-violet. La qualité du tissu était remarquable et la fente sur le côté mettait ma longue jambe en valeur. J'allai en faire tourner des têtes. Elle ressemblait à une robe empire de grec antique et j'adorai particulièrement cela. Sexy, indémodable, mystérieux ... tout moi quoi !
J'étais à tomber. Clairement et sans aucun doute.
Je regardai Sara à qui la robe lui allait parfaitement. Peut-être aussi bien que moi, mais je ne lui dirais pas.
Je regardai Hope qui avait une robe différente de la nôtre, étant donné qu'elle n'était pas demoiselle d'honneur et bien plus âgée que nous. C'était une robe élégante qui lui allait au-dessous de genoux.
Elle était d'une couleur pastel aussi pour qu'elle aille avec la décoration de la salle.
Tout devait être parfait.
Une fois que nous regardâmes toutes les trois sans commenter, nous regardâmes en direction de DD. Elle sourit, les yeux pétillants.
— Vous êtes au top. J'aime beaucoup. J'aime vraiment vraiment beaucoup. Vous êtes magnifiques !
— Elle a raison. Très bon choix Marysa, adjugea Kimberly.
— Merci. Je ne suis pas styliste designer pour rien.
Elles roulèrent toutes les trois des yeux mais DD rit.
— C'est vraiment ma cousine, déclara-t-elle. La modestie ne fait pas partie d'elle.
Je réprimai un sourire à l'entente de cela. Ça me faisait drôlement plaisir lorsqu'elle disait cela. Je parle ici du mot "cousine". Concernant la modestie, je ne voyais pas pourquoi être modeste, lorsque c'était la vérité.
— Bon, si elle trouve ça top, on s'occupe d'elle. Des retouches à refaire ?
Je regardai Hope qui hocha négativement de la tête.
— Elle est vraiment parfaite, Marysa. Tu as fait du bon boulot.
— Merci Hope.
Je me tournai vers Sara qui leva la main pour me faire signe qu'elle n'allait pas me complimenter.
— Elle est bien.
Elle retourna dans sa cabine avec dédain et j'en fis de même après un échange du regard avec DD. Kimberly lui proposa de commencer à mettre la première robe le temps qu'on finisse.
Elle accepta tandis que je me rhabillai.
***
— Bon, tu sors ou pas ? m'impatientai-je.
Nous en étions à l'avant dernière robe.
La première robe ne la mettait pas suffisamment en valeur. La seule seconde était horrible, avec un trop grand bustier et étant donné sa petite poitrine, c'était inutile. Et là, elle ne voulait pas sortir.
— J'ai l'impression d'être une meringue ! C'est moche ! Tu as des goûts de merde, Marysa ! hurla-t-elle de la cabine.
J'allai l'étrangler !
— Sors quand même, dit Hope d'une voix douce.
Kimberly confirma d'une voix douce et on entendit son grognement. Elle ouvrit violemment le rideau et quitta la cabine, la moue renfrognée. C'est vrai que la robe n'était pas faite pour elle. C'était bien trop gros et volumineux et certainement pas son style de robe.
Elle croisa les bras, mécontente.
— Isaac me recalera direct avec cette robe. Je ne me sens même pas à l'aise.
— Et il faut absolument que tu sentes que c'est la bonne, dit Hope en se levant.
Elle s'avança vers elle et lui prit les mains d'un geste tendre. C'était peut-être le geste dont elle avait besoin. Apparemment, c'était stressant d'essayer les robes de mariée.
— Allez ! Va essayer la dernière. Je suis certaine que c'est la bonne, parce que c'est quand même du Marysa. D'accord ?
Elle caressa la joue de December-Dan qui esquissa un sourire et retourna dans la cabine avec Kimberly qui l'aida à la retirer.
Sara remercia Hope d'un signe de tête.
Puis, elle sortit rapidement son téléphone, l'air agacé.
Elle n'arrêtait pas de recevoir des messages depuis une trentaine de minutes. Et moi, j'étais curieuse de voir qui ça pouvait être, même si c'était certainement Haden avec qui ça collait très bien. Je lorgnai sur son téléphone en plissant les yeux.
J'eus juste le temps de voir le nom de son interlocuteur. Will ? Ce n'était pas Haden, ça.
— Will ? C'est qui ?
Elle écarquilla les yeux et sembla se raidir sous ma question.
Je lui souris, espiègle, d'en savoir plus.
Ah ! Un potentiel plan cul, peut-être.
— Alors, tu as deux mecs maintenant, la taquinai-je. Tu as raison. Même si Haden est sexy, c'est bien de tenter avec d'autres.
— Euh ...
— Je crois qu'elle est prête ! lâcha Kimberly toute excitée. C'est la bonne !
Nous regardâmes en direction de la cabine et December-Dan en sortit doucement.
À sa vue, nous étions comme figées. C'était définitivement celle-là. La robe était faite pour elle ou plutôt, elle était faite pour la robe.
Elle nous regarda timidement. C'était étrange de la voir comme ça mais elle était radieuse.
— Je l'aime bien celle-ci, dit-elle doucement.
Je la détaillai du regard.
La dentelle qui couvrait le long de ses bras la rendait presque angélique et la mousseline fluide qui retombait le long de sa taille donnait ce côté poétique. Elle ressemblait presque à une nymphe. Le dos nu était juste magnifique et illuminait encore plus sa peau métissée.
Quant au voile, il était différent des voiles habituelles. C'était le genre de voile rétro. Il lui couvrait toute la tête, mais pas le visage, ce qui était parfait car avec ses cheveux courts, nous ne pouvions pas faire grand-chose.
De toute manière, ça lui allait comme un gant. Il était long et les bordures étaient perlés et brodés.
J'étais presque jalouse d'elle à cet instant.
— Waouh ! fit Sara. Tu es ... Tu es ...
Puis, elle se mit à pleurer. DD écarquilla les yeux ne comprenant pas sa réaction, tout comme moi, et commença à paniquer en agitant ses mains pour lui faire de l'air. Elle ressemblait à une poule à cet instant.
— Euh ... Sara, ricana-t-elle en s'approchant d'elle. Ce n'est qu'une putain de robe de mariée.
Elle enlaça sa meilleure amie avec force et je fus émue par cette image.
Ne me demandez pas pourquoi, mais leur amitié était magique.
— Tu as grandis ma petite DD, expliqua Sara. Tu es belle ! Magnifique serait le mot. So...Sophia serait heureuse, se risque-t-elle de dire.
Ma chère cousine se mordit la lèvre inférieure fortement avant de s'écarter de son amie.
Je réalisai à cet instant que toutes les colères concernant ce moment étaient peut-être dû au fait que sa mère n'était pas là.
Elle esquissa un demi-sourire pour masquer les apparences.
— Je l'espère, Sara.
Puis elle regarda Hope qui avait les larmes aux yeux avant de s'approcher d'elle.
— Mais je suis contente qu'Hope soit là.
— Tu seras une très belle mariée December-Dan. Vraiment.
Et, elle se mit à pleurer aussi. DD se retenait au maximum et moi aussi à présent.
Ça devait être un truc de famille de ne pas vouloir pleurer en public.
— Bon, bah, je crois que c'est bon DD. Plus qu'à attendre les deux mois, lâchai-je pour disperser cette tension larmoyante.
Elle relâcha Hope et acquiesça en murmurant un merci sur le bout des lèvres.
— Oui, ça va passer vite. Du moins, j'espère.
— C'est tellement adorable tout ça, commenta Kimberly. Allez, venez. Je vais juste y apporter quelques retouches, mais elle vous va parfaitement. Venez.
Elle nous sourit une dernière fois avant de nous tourner le dos pour suivre Kimberly, mais maladroite à ses heures perdues, elle bloqua un morceau de voile dans un mannequin et elle revint sur ses pas ce qui nous fit rire toutes les trois et détendit l'atmosphère.
Elle retira délicatement le morceau et nous envoya un doigt d'honneur avant de complètement se liquéfier sur place en regardant à l'extérieur.
— DD ?
Nous suivîmes son regard pour voir ce qui pouvait la mettre dans cet état, mais le cri de Kimberly nous alerta.
Elle venait de faire un malaise sans qu'on ne sache pourquoi.
***
DECEMBER-DAN
Vous croyez aux fantômes ?
Moi, j'y ai toujours cru.
Ou du moins, aux esprits errants qui ne trouvent pas la paix.
Mais ... ma mère avait trouvé la paix.
Bien sûr qu'elle l'avait trouvé. Non ?!
Ce que j'avais vu derrière cette vitrine n'était qu'un mirage.
Le mirage d'un rêve. Le rêve de voir sa mère à ses côtés le jour des essayages de sa robe. J'avais appréhendé ce moment, dès le moment où j'avais accepté la demande en mariage d'Isaac sachant que maman ne serait pas là.
Mon cerveau avait dû me jouer des tours.
Pourquoi serait-elle parmi nous ?
Je n'avais pas vu Sophia Testrepo se tenir derrière la vitrine, en train de me regarder, émue de me voir comme ça.
Je ne l'avais pas vu.
Je n'avais pas vu ça. C'était impossible. Mon esprit me jouait juste un vilain tour pour me montrer à quel point le trou ne serait jamais comblé.
Je fixai toujours l'extérieur.
Elle n'était plus là.
Pourtant, elle avait l'air tellement vrai.
J'entendais les voix de Sara, Hope et Marysa me demandant de réagir.
Mais elles me semblaient loin. J'étais pantelante et tremblante. Comme dans un état second. Comme dans une autre dimension.
Je devais me rendre à l'évidence...
Sophia Testrepo n'était pas en vie ...
N'est-ce pas ?
Un mort ne revient jamais à la vie ...
Sauf quand ce mort a les moyens de défier les lois de la nature en préparant sa mort.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top