Chapitre 19
DECEMBER-DAN
Les lumières se rallumèrent, les personnes s'affolèrent, j'entendis mon prénom dans plusieurs bouches, mais c'était comme un bourdonnement. Je ne faisais que de fixer cet écran où le diaporama familial était réapparu comme par magie.
J'étais littéralement paralysée de la tête aux pieds. Même le fait qu'on me touche et qu'on me demande comme j'allai, n'y faisait rien.
J'étais ailleurs. Je n'étais plus là, je n'étais plus avec eux.
J'avais peur.
Et cette peur, ça faisait des années que je ne l'avais plus ressenti. Je pensais en avoir terminé avec le passé de ma part, je pensais en avoir terminé avec toute cette histoire de formule, de vengeance et autres.
C'était derrière moi tout ça.
Lorsqu'enfin, je revins à moi, je sentis les bras de Jared m'entourer. Tout ce que je pus faire, c'était d'en faire de même avec lui.
— Est-ce que ça va DD ? me demanda-t-il après m'avoir relâché.
— Bien sûr que ça va, répondis-je.
Je ne pus subir son interrogatoire, car ce fut au tour de mon père de m'étreindre comme si j'allai mourir dans quelques secondes.
— Ma chérie. Ça va ? J'ai appelé le QG. Ils sont déjà là. Pourquoi tu nous as rien dit ? Pourquoi tu n'as pas dit que tu avais reçu une menace hein ?
— Papa, je ...
Les mots ne sortaient pas. Je n'y arrivai pas.
— Skyler va bien ? Et Isaac ?
— Ils étaient dans la voiture quand ça s'est passé, répondit mon père, comprenant que je n'avais pas envie de répondre à ses questions pour le moment.
— D'accord. Je vais prendre l'air.
Ils ne me retinrent pas et je leur en remerciai, car j'avais besoin de me retrouver seule pour réfléchir à ce qu'il venait de se passer et que cela allait me coûter.
***
WILL
Alors que j'étais tranquillement dans ma chambre, en train de réfléchir à mon plan d'action pour sortir du QG ce soir, on frappa à la porte de ma chambre.
Je n'avais pas envie de répondre, parce que je n'avais le temps, mais aussi parce que ... j'avais besoin de digérer tranquillement tout ça.
Puis, de savoir qu'ils étaient tous ensemble à un évènement où je devais être si je ... faisais parti de la famille, était en tout point irritant.
Donc, je décidai d'ignorer les coups, jusqu'à la personne persiste.
Je fermai les yeux quelques secondes et entendis la voix de Sara.
— Je sais que tu es là, William. Ouvre cette foutue porte !
Tiens, je lui manquai déjà.
Je décidai donc de me lever, car dans le fond, je savais bien qu'elle m'aimait bien, mais je savais aussi qu'elle était assez naïve pour laisser aller à cette fête.
— Quoi ? dis-je après avoir ouvert la porte.
Elle referma la bouche aussitôt et semblait hésiter sur sa venue dans ma chambre.
— Tu veux coucher avec moi, Carlton ?
Ses yeux s'écarquillèrent comme deux larges soucoupes, ce qui me fit éclater de rire et comprendre que ça faisait aussi longtemps qu'elle n'avait pas été emmené au septième ciel.
— T'es vraiment un malade ! maugréa-t-elle, irritée.
— J'essaye de trouver une solution à notre problème commun, répondis-je. Ça peut rester purement un moment de plaisir, mais comme tu fais ta prude, je décide à partir d'aujourd'hui de refuser toutes tes demandes.
Elle leva les yeux, comme dépassée par mon personnage et préféra m'ignorer.
— Bref, je ne suis pas là pour écouter tes conneries, mais pour te demander, comment tu vas. DD m'a envoyé un message pour vérifier ton état.
Je souris grandement, ce qui l'irrita davantage.
J'avais envie de lui dire qu'elle mentait, car il était clairement évident que DD ne l'avait envoyé aucun message, mais je me retins. Je voulais voir jusqu'à où elle pouvait aller.
— Oh. C'est gentil de sa part. DD est vraiment quelqu'un de bien, dis-je.
— Ouais, adjugea-t-elle. Elle est contente que tu saches d'où tu viennes.
— Et toi ?
— Moi aussi. Je le souhaite à toutes les personnes qui sont en recherche de leur identité.
— Mh. OK, merci de ton honnêteté.
Elle acquiesça, prête à s'en aller, mais je rajoutai.
— J'aimerais tout de même voir ma mère biologique.
Elle se figea, ne s'attendant absolument pas à ce que je venais de dire.
— Oh.
— J'en ai besoin.
— DD a dû te le répéter, mais elle n'est pas prête. Je comprends totalement ce que tu ressens, mais laisse le temps au temps. Tu ne peux pas précipiter les choses.
— Laisse-moi sortir alors, lui dis-je.
— Quoi ?
— En fait, je m'en fiche de retourner en prison. Je veux la voir, je veux lui parler.
Elle secoua la tête comme choquée par mes propos, mais j'étais plus ou moins sincère dans ceci.
— DD t'a libéré pour que tu aies une nouvelle vie et juste le fait d'apprendre pour ta mère, tu veux déconner. T'es bête ou quoi ?
— Je sais et je lui en serai éternellement reconnaissant. Mais, si tu me laisses sortir du QG, tu ne me reverras plus. C'est ce que tu voulais non ? Tu aurais ton bureau à toi toute seule. Tu n'auras plus à me supporter.
Elle sembla réfléchir à ma proposition.
— S'il te plaît, Sara.
— Écoute Will, je ne peux pas. DD reste ta patronne et sous ta responsabilité. Elle a l'air d'avoir confiance en toi, ce qui n'est pas mon cas, et le QG a besoin de toi. Et m'écorches de le dire, mais tu bosses bien, donc je ne vois pas pourquoi je voudrais que tu partes. Professionnellement, tu conviens parfaitement au poste, alors ça sera non. Bien tenté le coup du « tu ne veux pas de moi, aide-moi à partir », conclut-elle en me faisant un clin d'œil.
Elle me tourna le dos et commença à s'en aller, lorsqu'elle reçut un coup de fil. Elle s'arrêta donc dans sa marche et me jeta un bref coup d'œil par-dessus son épaule avant de décrocher.
— Allô ? Ouais. Ce n'est pas vrai ! s'exclama-t-elle. OK, j'arrive.
Elle raccrocha rapidement et reprit sa marche rapidement, mais je la hélai et elle s'arrêta.
— Quoi ?
— Qu'est-ce qu'il se passe ?
— DD ... le mariage, je ... viens avec moi.
Bien que je n'ai rien compris, ni une, ni deux, je pris mon blouson et fermai ma chambre avant de la rejoindre. Nous prîmes l'ascenseur pour nous rendre dans son bureau. Une fois dedans, elle récupéra sa veste et une mallette contenant certainement du matériel informatique.
— Allons-y.
Je ne dis rien, jusqu'à ce que nous arrivions dans sa voiture. Elle démarra en trombe et je pus facilement constater qu'elle avait l'air paniqué.
Je ne savais pas si c'était une bonne idée de lui demander ce qui n'allait pas et si elle ne craignait pas que DD ou même John ne la sanctionne, car j'étais finalement à l'extérieur du QG.
— DD a des problèmes, dit-elle d'elle-même.
— Quoi ? Comment ça ? Qu'est-ce qu'il s'est passé ?
— Apparemment, elle aurait reçu une menace, répondit-t-elle.
Mon sang ne fit qu'un quart de tour. J'étais le seul au courant jusqu'à présent.
Et encore hier, elle avait reçu cette menace lors de sa mission, mais Sara n'avait pas fait attention.
— Et, John m'a dit que ... Trevor Wilkin serait ... le suspect, donc certainement de retour. Il a menacé la famille et particulièrement DD, ajouta-t-elle.
J'étais persuadé que ce n'était pas Trevor Wilkin. Il était mort. Il ne pouvait pas revenir à la vie comme ça. C'était tout juste impossible.
À moins qu'il ait utilisé la veuve noire a des fins personnelles, mais c'était improbable. Bien qu'il soit fou, il n'aurait jamais fait ça.
Je préférai donc ne rien dire. Qu'est-ce que je pouvais dire face à ça ? Personne ne me croirait.
Puis ...
— Ils vont m'accuser, lâchai-je en réalisant la situation. Ils vont nous accuser, Serena et moi.
Sara me regarda brièvement avant de reporter son attention à la route.
— Pourquoi tu penses ça ?
Je l'analysai du regard et établis une autre réflexion.
— Tu m'as emmené avec toi parce que tu veux qu'ils m'accusent. Tu veux que DD le pense, déclarai-je d'une voix blanche.
Elle se tourna sa tête vers moi, ulcérée par mes propos.
— Mais t'es complétement parano William. Je t'ai dit de venir, parce que ... je sais que DD aura peut-être besoin de toi, ajouta-t-elle durement. Et personne ne t'accusera au QG. Et même si c'est le cas, sache que DD ne laissera personne t'insulter. Si elle voit en toi, ce que les autres ne voient pas, alors j'ai confiance en ... toi. Maintenant, tu la fermes et reste discret.
Ses mots me semblaient sincères, alors je n'ajoutai rien de plus.
Nous arrivâmes donc sur les lieux de l'évènement. Évidemment, ils avaient fait intervenir le QG. Les invités s'en allaient petit à petit, sous le choc. Mais, il n'y avait aucun blessé et c'était le plus important.
Je repérai John qui parlait avec Karl Lawson si je ne me trompais pas.
Je ne voyais pas DD dans les parages, mais je vis son futur mari, tenir fermement la petite Skyler dans ses bras.
— Reste ici, ne bouge pas, m'ordonna-t-elle.
Elle quitta la voiture et me laissa seul. J'avais tellement envie de les rejoindre, mais je n'en fis rien. Pourtant, l'envie d'aller voir de plus près ce qu'il se passait me tenailler. De plus, me savoir aussi proche de ma « famille » me rendait nerveux.
Et cela s'accentua, lorsque je vis la famille Davis, au complet, les visages inquiets, en train d'écouter John et Karl leur parler. Ils avaient clairement besoin d'être rassurés face à la mauvaise surprise qui leur avait été faite.
Bien sûr, mon regard se porta sur ma dénommée mère. Elle tenait fermement son fils contre elle et sa fille avait posé sa tête sur son épaule. Elle était déjà bien grande pour une fille de presque 13 ans. Elle lui ressemblait tellement. Et leur père tentait de tous les éteindre comme si ses bras étaient assez extensibles pour le faire.
Malgré moi, je trouvai cette tentative touchante.
Dans ma fixation, je réalisai que je n'étais pas discret et que de l'extérieur, on pouvait carrément me voir.
Surtout lorsque je vis Marysa passer près de la voiture. Je m'abaissai rapidement pour ne pas me faire repérer. Une fois certain qu'elle n'était plus là, je me redressai et la regardai marcher vers sa voiture où sa mère l'attendait.
Elle n'avait pas changé. Elle était toujours aussi belle et radieuse.
Étonnement, la voir sans m'y attendre me faisait du bien. Elle avait l'air d'être bien. J'avais presque cette envie de la rattraper et d'enlacer cette folle que je considérais comme ma petite-sœur à une certaine époque.
Dans ma contemplation, je sursautai lorsqu'on entra dans la voiture.
Je tournai ma tête vers une December-Dan qui avait l'air d'être épuisée. Son regard fixait un point au loin et un long soupir lui échappa.
Je fus obligé d'examiner sa tenue. Elle était magnifique dans cette robe. J'aimais bien lorsqu'elle était féminine. Elle mettait son potentiel en avant.
J'avais envie de l'embêter, mais je me retins. Ce n'était pas le moment.
— Je savais qu'elle allait te faire venir, dit-elle après de longues minutes.
— Je voulais venir pour voir ma génitrice, lui avouai-je à mon tour, après de longues secondes.
— Je sais ça aussi, esquissa-t-elle un bref sourire. La tentation est trop grande, n'est-ce pas ?
— Tu n'es pas en colère ? la questionnai-je.
— Non. Actuellement, je n'éprouve rien que ... de la peur, ajouta-t-elle difficilement. Et, ça faisait longtemps, ricana-t-elle. Personne ne doit le savoir.
Je la comprenais. Vivre dans l'action et craindre pour sa vie était bien différent d'une vengeance qui pouvait anéantir votre vie.
— Hier, pendant ta mission, un homme a exactement répété la menace qui se trouvait sur la boule, lui dis-je. Sara ne l'a pas remarqué.
— Je sais. Ce soir, cette phrase est ressortie. Comme on dit, jamais deux sans trois. Je pense que ... Trevor n'est pas mort.
— DD. Trevor Wilkin est mort. Je suis certain que ce n'est pas lui.
Elle m'observa longuement avant de s'adosser au siège où Sara était, il y a quelques minutes.
— Je ne sais pas. En tout cas, la personne est vraiment un ... salopard. Devant tout le monde William ! Tu imagines ? Tu étais le seul au courant, maintenant John va m'interroger dessus. Tout le monde va m'interroger dessus.
— Je ne lui dirais rien. Tu penses qu'il va m'accuser ? Comme par hasard, la personne réapparait au moment de ma sortie et de l'arrivée de Serena aussi, dis-je.
Elle soupira et tapa sa tête contre le dossier, dépassée par les évènements.
— John aura forcément des doutes, comme tout le QG, mais crois-moi que s'ils s'en prennent à toi, ils auront à faire à moi.
Qu'elle est l'idée et surtout l'énergie de vouloir me défendre est assez désarmant, mais en même temps, ça me fait quelque chose.
Il y a longtemps qu'on ne tenait plus à moi ...
— Sincèrement DD, tu ne veux pas te marier avec moi ? Je trouve qu'on fait la paire.
J'ajoutai un clin d'œil qui la fit rire et la détendit un peu.
— Va te faire foutre Will. Je préfère finir seule ma vie que de me marier avec toi.
— Tss. T'es juste une rageuse. Nous sommes faits l'un pour l'autre.
Elle préféra m'ignorer et le silence apparut à nouveau dans l'habitacle, avant qu'il ne soit interrompu par l'arrivée de Jared et de Sara.
Ils s'installèrent à l'arrière et ne dirent rien pendant quelques instants. DD décida d'ouvrir la bouche pour leur demander si les Davis étaient bien partis.
— Nope. Tu devrais y aller. Ils t'attendent, répondit-elle. Ils étaient inquiets pour toi. Un plan de surveillance va être mis en place pour éviter tout risque d'accidents.
— OK. Merci. Et tu as découvert quelque chose ?
— J'ai essayé de capter les fréquences pour savoir qui avait contrôlé la diffusion de la vidéo. Ça va me prendre quelques heures. Mais d'ici demain, nous aurons plus d'informations.
Elle acquiesça avant de se tourner vers Jared qui la fixait.
— Pourquoi tu me n'as rien dit DD ?! Quand est-ce que tu as reçu une menace ?
Elle croisa mon regard avant de lui répondre en décidant de noyer le poisson.
— On en reparle plus tard, d'accord ? On se rejoint à la maison. À demain les gars, s'adressa-t-elle à Sara et à moi. Et surveille-le qu'il n'aille pas voir sa famille.
Elle me balança un clin d'œil désinvolte, avant de quitter la voiture où nous pouvions clairement entendre les interrogations de Jared, face à ce qu'elle venait de lâcher.
— Qu'est-ce qu'elle vient de dire ?
— Les Davis sont la famille de William, ici présent, répondit Sara.
— Quoi ? s'exclama-t-il, choqué.
Elle sortit de la voiture, pour gagner la place avant.
— T'as une famille, toi ?
— Qu'est-ce que ça veut dire ? lui retournai-je, irrité. Je suis peut-être un monstre à tes yeux, mais tout le monde fait des erreurs et j'ai un cœur, Jared.
Il m'observa avant d'acquiescer et de s'excuser.
— Ça va me prendre du temps pour oublier tout ce que tu as fait, se justifia-t-il comme si c'était nécessaire.
— Je ne vous demande pas d'oublier, dis-je à son adresse, mais aussi à Sara. Je vous demande juste de me laisser une chance de recommencer tout à zéro et d'être un nouveau William. C'est ce que December-Dan fait.
Je vis Sara regarder dans son rétroviseur pour certainement croiser le regard de Jared.
Mais leur silence en disait suffisamment.
Je ne leur en voulais pas de ne pas me porter dans leur cœur, mais je pouvais être blessé par certains de leurs propos, donc ils devaient apprendre à se canaliser.
— Sur ce, je te souhaite de bonnes retrouvailles avec ta famille dans ce cas et on se tient au courant Sara.
— Salut Jared, lâcha-t-elle.
— William, ajouta-t-il.
— Jared.
Il ouvrit la voiture avant de la quitter, puis de revenir sur ses pas et me dire :
— Du coup, ça fait que tu es le cousin de Skyler et le neveu de Drew et Zeyn ?!
Sa question me fit doucement rire, tout comme Sara qui le railla gentiment.
— C'est exactement ça Jared, répondis-je à son interrogation.
— Waouh. OK. D'accord. Bien, bonne fin de soirée.
Il décida enfin de s'en aller et Sara ne tarda pas à en faire de même.
— Tu réalises que ... qu'ils vont tous réagir de la même façon que Jared, rétorqua-t-elle.
— Ouais. Ça m'amuse.
Elle opina de la tête avant de me confier la mission d'analyse des fréquences et des caméras de surveillance, avant son arrivée au QG, demain matin.
— Ça sera fait.
— Merci, j'ai un truc à faire avant d'arriver.
— Comme ? demandai-je curieux.
— Comme ça ne te regarde pas.
Elle me balança un sourire sincère et je lui souris en retour, quand même un peu heureux de ma première sortie en extérieur.
Je n'avais pas fait d'erreur et je ne m'étais pas fait repéré.
Ouais, décidemment, je changeai tranquillement.
***
ISAAC
Tout avait bien commencé à ce mariage.
Vraiment.
DD s'amusait avec tout le monde, elle était moins en colère contre Drew et Zeyn, Skyler jouait avec ses cousins, mes futurs beaux-parents appréciaient cette soirée, mon futur beau-frère se marrait avec Ston, Marysa embêtait et s'amusait aussi ...
En plus, ma future femme ne faisait que de danser dans sa magnifique robe qui me donnait envie de lui montrer à quel point je l'aimais, en toute intimité.
Bref, c'était une bonne soirée.
Jusqu'à que je reçoive un appel auquel je décidai de répondre à l'extérieur.
Quelques invités profitent du temps clément pour siroter leur champagne et je décrochai sans m'attendre à ce que ça soit cette personne, encore une fois.
— Isaac ...
— Pourquoi tu m'appelles maintenant ?! la questionnai-je, agacé.
— Je t'ai dit que j'ai besoin de toi et que tu ne peux plus te défiler. C'est fini !
— Je l'ai ...
— Tu l'aimes. Oui, nous avons compris que tu étais tombé dans les filets venimeux de December-Dan. Je trouve ça bien triste que tu sois tombé aussi bas, alors qu'au début, si tu faisais tout ça, c'était par simple esprit de vengeance, me rappela encore une fois, mon interlocuteur avec un certain plaisir.
Je me tus et j'avais tout simplement envie de me retrouver à cette personne pour en finir avec elle. Il allait tout gâcher ...
— Blake ...
— Chut. Écoute-moi. Je sais, par mes hommes que la fête se passe bien. J'aimerais un peu la pimenter.
— Non, refusai-je catégorique. Va te faire voir !
Je m'apprêtai à raccrocher mais il lâcha :
— Tu es sûr ? Alors, la vidéo initiale que je voulais projeter ne sera plus. Je vais projeter celle qui te concerne. Qu'en dis-tu ?
Je serrai le poing avec une rage fulgurante m'habiter. C'était à moi de dire la vérité à DD et certainement pas lui.
— Qu'est-ce que je dois faire ?
— Ah, j'aime mieux ça. C'est simple, fait en sorte que la WI-FI soit bien connectée. Dès que tu auras mon signal, tu connecteras ton téléphone à la télévision. Mes hommes se chargeront du reste. Et spoiler alert ! DD t'a caché qu'elle avait déjà reçu un message de ma part. On se retrouve dans la semaine, Isaac.
Il raccrocha sans me laisser le temps de réaliser et de comprendre ce qu'il venait de dire.
Ce salopard de Blake Jenson était inqualifiable. Chaque jour de ma vie, je regrettai d'avoir fait affaire avec lui. Je n'aurais jamais dû. Ma vengeance envers DD et le QG pour la mort prématurée de mon oncle n'avait plus lieu d'être.
C'était ridicule.
Bien que j'avais encore en tête la dernière discussion que j'avais eu avec mon oncle qui demandait vengeance.
C'était toujours difficile pour moi de penser à lui, mais pour comprendre l'histoire, il fallait que j'en parle.
Je m'en rappelai comme si c'était hier. Nous étions en Suisse. Il en avait marre de la vie et le fait d'être tétraplégique le rendait méchant avec les autres. Même avec moi, il l'était souvent. Sauf que je ne voulais pas le lâcher. Il était ma seule famille. De l'avoir emmené en Suisse pour qu'il en finisse avec sa vie, me révoltait tellement, mais il en avait décidé ainsi. J'avais essayé de nombreuses fois de le convaincre, malheureusement, il était décidé...
— Oncle Barnel, tu es sûr de toi ?
Sur son lit où il ne pouvait pas bouger, étant donné sa situation, il regarda le paysage extérieur en face de lui.
— Oui.
— Je vais être seul, dis-je faiblement.
— Nous finissons un jour ou l'autre par être seul dans notre tombe, répondit-t-il. Donc, sois un homme et arrête d'être triste pour moi.
Je le regardai en me retenant de pleurer comme un enfant. Le moment était très difficile.
Il se décida enfin de me regarder et lâcha :
— J'aimerais que tu réalises une dernière chose pour moi.
— Tout ce que tu voudras.
Il sourit et dit :
— Je sais que tu es un bon garçon. Tes parents t'aimaient énormément Isaac. Et ton cœur est bon. Mais, j'aimerais que tu me venges.
J'écarquillai les yeux, surpris par sa demande.
— Quoi ? Qui t'as fait du mal ?
— Ce n'est peut-être pas volontaire, mais la rage qui me consume depuis un an maintenant, ne trouve pas de paix. Tu vas bientôt entrer au QG pour travailler avec des gens forts et bons dans leur travail. Moi, j'étais à la CIA et j'en ai vu de vertes et des pas mûres là-bas, dit-il en ricanant. Il n'y a pas de doute, le QG est très très bien pour une personne comme toi. John est quelqu'un de bien et de confiance.
— Je ne vois pas où tu veux en venir.
— J'y viens, Isaac. Je sais qu'il a d'excellents agents et l'un d'entre eux, l'agent Ivy Lee est plus ou moins la cause de mon état, annonça-t-il.
— Quoi ?
La colère qui l'habitait, m'habitait aussi.
— Cet agent t'a tiré dessus ?
— Non, mais cet agent en est la cause, répéta-t-il. Cet agent a fait tomber mon affaire de l'époque. J'ai donc énormément de rancœur envers cette personne opportuniste. Cette mission était la mienne. Malheureusement, ça prenait du temps, je n'arrivais pas à obtenir toutes les informations que je voulais. Alors, l'un de mes anciens patrons le lui confie. Et, elle débarque de je ne sais où et règle l'affaire en quelques jours, avec des éléments dont je n'avais même pas. Cette fille brise le travail de plusieurs agents en ne se mêlant pas de ses affaires. Elle a un problème. Elle doit apprendre à rester à sa place ! À cause d'elle, lorsque nous avons faits notre intervention, elle n'a écouté personne et je me suis fait tirer dessus, alors que si elle ne jouait pas en solo, je serai toujours en train de marcher et de vivre ma vie, expliqua-t-il en colère.
J'étais abasourdi. Je le comprenais.
— Pourtant Isaac, elle est si talentueuse ! Elle a mérité sa place et son statut, mais trop de talent, le rendu vulnérable. Son travail est reconnu, mais elle n'est pas aimée. Être fort attise la jalousie et la convoitise. Regarde ce monde, les plus forts partent les premiers. C'est à son tour de partir.
— Mais, tu es contradictoire oncle Barnel.
Comme je devais débuter dans quelques semaines au QG, je m'étais renseigné sur mes futurs collègues et j'avais deviné de quel agent il parlait. C'était l'agent Ivy Lee. Je ne connaissais pas sa véritable identité, ce qui était un point fort et non négligeable du QG, mais dans les dossiers que John m'avait filés lors de notre entrevue, cet agent m'avait fasciné. Puis, il parlait tellement d'elle que j'avais compris qu'elle était l'une des meilleurs de sa génération.
J'étais donc choqué par ce qu'il venait de dire, car elle avait un sacré historique malgré son jeune âge.
— Elle a travaillé dur pour obtenir tout ce qu'elle a, dis-je. Personne ne l'a aidé. Même pas, son grand-père qui est le co-fondateur du QG.
— Et je le sais tout ça mais Jenson a des droits sur le QG.
— Qui sait ce Jenson ?
— Un ancien collègue à elle. Ils ont un différent à régler. Il veut obtenir réparation. Et moi aussi. Alors, tu ferais ça pour moi ?
Il m'examina du regard avec tellement de profondeur que je comprenais qu'il y tenait à cette dernière requête. Une larme lui échappa et coula le long de sa joue. Je la fis disparaître et pris sa main pour la presser. Je savais bien qu'il ne sentait rien, mais ce dernier geste, avant que le médecin n'intervienne pour lui retirer la vie était important pour lui, comme pour moi.
— Prends soin de toi et fais ce qui te semble juste, dit-il après l'injection.
J'avais envie de lui demander ce qu'il voulait dire par là, mais tout ce que j'avais fait, c'était de pleurer silencieusement jusqu'à son dernier souffle.
Jusqu'à présent, je ne savais pas s'il voulait réellement que j'accomplisse cette vengeance ou si c'était le contraire. Cette dernière phrase était tellement ambiguë et l'homme que je connaissais, n'avait pas de mauvais fond.
La vengeance était un fléau. Elle vous rongeait de l'intérieur sans scrupule et sans limite. La vengeance était pour les faibles, car ils savaient qu'ils étaient faibles. Ils étaient tous faibles de s'en prendre à elle. Moi, le premier.
Je retournai donc dans la salle et fis ce qu'il ne me demanda en ne me faisant pas repérer.
Une fois la tâche faite, je m'apprêtai à retourner à notre table, lorsque je la vis danser avec Zeyn avec les enfants.
Cette image presque irréelle me laissa pantois.
Ma plus grande peur fit surface et tous les mots de Blake Jenson résonnait en écho dans ma tête « DD et les Davis, c'est un lien d'amour inexplicable ! Elle ne t'aimera jamais comme elle les aimera toujours ».
Je ne voulais pas y croire et je ne devais pas y croire, alors je préférai aller m'asseoir avec un verre de champagne.
Il fallait que je pense à autre et que je ne la regarde pas sourire et s'amuser avec lui et Skyler.
December-Dan m'aimait et elle allait m'épouser dans quelques semaines.
Mon assurance diminua au fur et à mesure des minutes, puisqu'elle se retrouva en train de danser avec Drew.
Là, s'en était trop.
Soit je me dirigeai vers eux et je lui faisais une scène et au passage, je lui cassai la gueule à Drew, soit je restai dehors et profitai de l'air frais pour m'aérer l'esprit.
Je choisis la seconde option pour réfléchir à ce que je devais faire :
Lui dire la vérité parce que je l'aimais de tout mon cœur ou attendre encore un peu.
***
DECEMBER-DAN
Avant de me retrouver face aux Davis, John et mon père, je tentai de reprendre toute l'assurance que j'avais en réserve pour ne laisser rien paraître.
Skyler et Isaac étaient aussi avec eux.
Alors, j'étalai un sourire des plus rassurants possibles et arrivai à leur hauteur, Skyler décida de se réfugier dans mes bras et me dire à l'oreille à quel point, elle m'aimait et que j'étais la plus forte de toutes les mamans au monde.
Je le remerciai d'un baiser, plein d'amour.
— Tu as dit au revoir à tout le monde ? On va s'en aller, la questionnai-je.
— Oui, répondit-elle.
— De toute façon, nous vous tiendrons au courant, déclara John. Je suis navré que nous nous revoyons dans de telles circonstances, ajouta-t-il.
— Ce n'est rien, répliqua Peter. Si nous pouvons faire quoique ce soit, nous sommes là.
— Nous apprécions votre proposition, répliqua papa.
Marysa finit par nous rejoindre, accompagnée de Jared et de Ston.
Tout le monde se salua en se promettant de se tenir au courant, au vue des derniers évènements et je me retrouvai avec Drew, Zeyn, Marysa, Jared, Ston et Isaac.
— On peut se parler deux minutes ? me demanda Zeyn.
J'acquiesçai après quelques secondes d'hésitation.
Marysa se posta à côté de moi et dévisagea Zeyn, qu'elle salua brièvement. Il en fit de même avec elle. Bien qu'elle avait l'air d'avoir réglé son différent avec Drew, ce n'était pas le cas pour l'autre frère.
— Je suis peiné Marysa. Nous n'avons pas eu le temps de discuter, lui fit-il remarquer.
— J'étais occupée à signer des autographes, répondit-elle avec désinvolture. Je suis bien occupée à côtoyer certaines personnes, à présent. Tu sais faire le tri parmi ses amis et tout.
— Oh. Bien sûr, dit-il en entrant dans son jeu. En tout cas, tu as changé.
— Oui. Certains ne vieillissent pas, sourit-elle faussement.
Nous la regardâmes tous, car elle racontait clairement n'importe quoi.
Will et elle étaient définitivement dans la même branche de l'ironie. Ils savaient détendre l'atmosphère à leur façon et parfois, sans aucun rapport.
Je me retins de rire, très franchement, tout comme les autres. Parce qu'en effet, Zeyn ne paraissait pas vieux, mais Marysa avait besoin de cracher son venin pour le piquer.
Zeyn ne se retint pas et rétorqua :
— Je n'en doute pas. La chirurgie a tellement progressé que ça fait des merveilles. Et ça se voit clairement sur toi. C'est tip top ! dit-il en accompagnant le geste à la parole. Tu ne fais absolument pas ton âge, Marysa.
« HAHAHAHAHAHAHAHA ! Je t'aime Zeyn ! Tu es le roi des connards ! Putaiiiin ! Pourquoi il clashe comme ça ?! » s'esclaffa Conscience.
Raison se retint de ne pas rire tout comme moi et les autres.
Ça y'est ! L'atmosphère était plus détendue, ils n'allaient pas parler de cette vidéo, du moins, pas pour le moment ...
Marysa fulmina à mes côtés avec une envie de l'étrangler. Mais, elle avait quand même commencé.
— Tu l'as cherché, commenta Ston.
— Pourquoi tu dis ça ? demanda Skyler, innocemment. Tu as l'âge de maman, n'est-ce pas, tata Marysa ?
Zeyn lâcha un sourire vainqueur.
— Bien sûr ma puce ! confirma-t-elle. Il me taquine ton con... père. Oui, il me taquine, se rattrapa-t-elle. Bon, on se tire ? Je risque de me faner ici.
— Je n'aimerais pas en être la cause, renchérit-il.
Jared roula des yeux, car bien sûr, il ne s'était pas excusé auprès de Zeyn pour leur bagarre et lui non plus. Alors qu'ils avaient eu toute la soirée pour le faire.
— Allez, on s'en va, balança mon frère. On t'attend DD. Salut Drew. Zeyn.
— Jared, lui retourna-t-il.
— Au revoir, Zeyn. J'espère qu'on va se voir très vite ! dit Skyler en lui faisant un dernier câlin.
— Ne t'en fais pas Skyler, je ne te quitte plus.
Ma chère et tendre fille sourit grandement et salua tout aussi chaleureusement son oncle qui en fit de même avec moi et Marysa.
— Merci d'être venus. C'était une bonne soirée, malgré la fin, ajouta-t-il.
Je préférai ne pas regarder Isaac et je me retrouvai donc avec Zeyn qui regardait en direction de Marysa. Celle-ci laissa quelques pas de distance entre elle et les garçons, avant de cracher un « sale connard ! » et de lui faire un magnifique doigt qui m'arracha un sourire.
— Elle va probablement prendre ma poupée vaudou qu'elle cache dans sa chambre et y planter des milliers d'aiguilles, plaisanta-t-il.
— Certainement. Mais, c'est juste une question de jour avant qu'elle ne t'appelle et qu'elle organise une sortie avec Drew et toi. Je pense qu'elle est furax, parce que vous lui avez manqué, dis-je. Peut-être un peu comme moi dans le fond.
Il pencha la tête sur le côté avec un sourire espiègle.
J'étais sincère.
Ils m'avaient un peu manqué durant ces dernières années.
« Ça me rappelle vos débuts ! Ne te laisse pas piéger par ses beaux yeux DD ! » me signala Raison.
— Bon, qu'est-ce que tu veux me dire ? Si c'est par rapport à la menace, ne vous inquiétez pas. Vous allez être sous surveillance et ...
— DD ? Ça ira. Ne t'en fais pas. Ne te sens pas coupable.
— J'arrive toujours à tout gâcher, ajoutai-je. C'est incroyable.
Je commençai à m'agiter lorsqu'il posa ses mains de part et d'autres sur mes épaules pour me stabiliser.
— Alors, nous sommes deux. Ça va aller, d'accord ?
J'acquiesçai mollement de la tête, ce qui le fit sourire.
— Tu n'es pas très convaincante là.
— Je suis fatiguée, Zeyn. Qu'est-ce que tu voulais me dire ?
Il plongea son regard dans le mien, avant de réduire notre distance, comme si c'était nécessaire, mais je n'en fis rien.
— Je voulais te dire que je suis très content de notre réconciliation, répondit-il avec toute l'authenticité du monde. Je crois que c'est l'une des meilleures soirées de ma vie, aujourd'hui, renchérit-il avec un sourire si doux qu'il fit fondre mon cœur de mère.
— Je suis ... contente de ... vous rendre heureux. Skyler et toi. Même si ce n'est pas facile de me dire que je vais la partager, confessai-je.
— Voyons, tu ne la partages pas, c'est notre fille ! s'exclame-t-il, plein de joie. C'est pourquoi, j'ai une proposition à te faire. Avec ce qu'il s'est passé ce soir, je peux garder Skyler, si ça peut te soulager et te rassurer. Bien sûr, si tu trouves ça, précipité, il n'y a aucun problème. C'est juste que ...
— Tu veux apprendre à la connaître, continuai-je. J'ai saisi.
Il exhala, soulagé par ce qu'il venait de me dire, comme si c'était difficile.
Je l'observai plusieurs secondes, comme pour analyser ce nouvel homme face à moi.
Il était indéniable que le Zeyn que j'avais connu était quelque part en lui, comme il devait se dire pour moi.
Mais, il était évident pour moi qu'il était plus épanoui, plus heureux. Il avait raison, il avait travaillé sur lui et avait chassé ses démons.
— Pourquoi pas.
Ses yeux noisettes s'illuminèrent de satisfaction, il n'y croyait pas à ma réponse.
— C'est vrai ? Eh bien, merci December-Dan.
— C'est normal ! J'y vais. On se tient au courant. Et passe à la maison pour qu'on voit ça avec la concernée. Je pense qu'il est plus judicieux si elle a son mot à dire.
— Tout à fait, acquiesça-t-il.
Il s'approcha donc de moi et m'étreignit avec force et bienveillance.
J'étais perturbée par son geste, même si plus rien ne devait m'étonner de sa part.
D'ailleurs, il déposa un baiser sur mon front avant de s'écarter de moi.
— Je suis certain que cette coparentalité va parfaitement marcher, déclara-t-il.
— Je le souhaite aussi. Bonne fin de soirée.
Je le regardai une dernière fois, avant de le laisser et me diriger vers la voiture d'Isaac qui avait certainement suivi la scène avec tous les autres.
Une fois dans la voiture, je l'embrassai rapidement et jetai un bref coup d'œil à Skyler qui était aux anges.
— Je suis trop contente que mes parents s'entendent bien, comme ça, je n'ai pas à choisir, justifia-t-elle.
J'esquissai un sourire avant de regarder droit devant moi.
Droit devant ce futur qui me faisait peur.
Parce que, je ne pouvais occulter la menace qui planait au-dessus de ma tête et ce pressentiment fort et puissant qui se nichait au creux de mon estomac.
Peut-être que vous vous demandez pourquoi je me comportai aussi calmement.
Eh bien, je vais vous répondre, que lorsque la mort devient votre compagne de fortune, il faut absolument assurer ses arrières.
Dans ma situation, je voulais, sans aucun doute, que Skyler soit entourée de sa famille et surtout de son père, au cas où, je la laisserai et que je rejoindrai définitivement la mort.
***
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