Chapitre 15

Hey les Licornes♥,

Alors, ça va toujours ? 

Si tu es déjà au chapitre 15, c'est que tu aimes cette aventure haha ! 

Je m'excuse s'il y a encore quelques fautes et des coquilles et des mots qui sautent. Mais je connais cette histoire presque par coeur, alors certaines choses m'échappent. 

Merci pour tout en tout cas. ❤️

PEACE AND LOVE-

-JFL

****

DECEMBER-DAN

Mon souffle se fit erratique tandis que j'attendais qu'on nous attaque. Je reculai doucement vers la sortie sans les lâcher du regard.

Serena n'avait pas besoin de parler pour que je sente la peur suinter de tous ses pores. Peut-être que j'avais peur aussi, mais je le masquai.

— Je crois en vous, lâcha-t-elle d'une voix tremblotante.

Comme si ça allait m'aider à cet instant qu'elle croit en moi.

Elle renifla doucement. Oh non !

Si elle se mettait à pleurer, je ne voyais pas comment elle allait nous aider.

Les trois autres étaient silencieux et devaient probablement craindre le pire.

Je me concentrai au maximum et lorsqu'ils décidèrent de tous m'attaquer au même moment, je ne pris pas deux secondes pour réfléchir aux carnages que j'allai causer.

Un homme tenta de me donner un coup à gauche et je ripostai vivement avec le Ninjato en lui coupant la main. Serena laissa échapper un cri d'effroi, puis je n'eus pas le temps de vraiment voir si le type allait bien puisqu'une femme m'attaqua. Je ripostai en lui donnant un coup de pied tandis qu'un autre tentait une attaque.

J'anticipai chaque coup d'une vitesse inconnue. Mon arme blanche semblait me guider alors que je plantai celle-ci dans l'estomac d'un homme. Il déglutit avant de cracher du sang.

— Attention ! hurla Serena.

Une femme fonça droit sur moi avec une fourchette qu'elle me planta dans le bras. J'hurlai de douleurs et retirai le Ninjato de l'estomac de l'homme avant de pivoter, m'abaisser pour éviter son autre coup de fourchette et me redressai et lui trancher la gorge.

Elle tomba et je n'eus même pas le temps de respirer car on m'attaqua de nouveau. Un type me désarma et me donna un coup de poing violent en pleine mâchoire. Je tombai lamentablement sur le ventre et je sentis tout son poids sur moi. Il plaça ses mains autour de mon cou et pressa de toutes ses forces. J'entendis les cris de Serena mais je ne pouvais pas regarder en sa direction. Je tournai un peu la tête pour voir un morceau de vase et je le pris avant de la planter dans l'œil du type qui hurla et je le renversai avant d'attraper ma pochette que Serena avait fait tomber alors qu'on essayait de l'emmener. Je sortis mon arme et tirai sur les deux types qui tombèrent comme des mouches, et je ramassai le Ninjato pour en finir avec les derniers.

La dénommée Chantal Delatour m'envoya un sourire sadique avant de m'envoyer une chaise que j'évitai soigneusement et je m'avançai vivement vers elle. Je la frappai avec le manche du Ninjato et elle chancela. Une autre femme arriva dans sa direction et je lui tirai dessus avant de lancer l'arme vers Serena qui l'attrapa avec effroi.

— Tirez ! lui ordonnai-je.

Chantal Delatour en profita pour me frapper à l'abdomen, mais j'agis rapidement en lui attrapant le bras que je tournai de sorte à le casser. J'entendis un craquement sinistre alors que je lui infligeai le coup final en lui plantant le Ninjato en plein cœur.

La fureur que contenait son regard disparut et je retirai encore une fois mon arme de ses entrailles avant qu'elle ne tombe.

Les deux derniers debout accoururent vers Serena qui resta figée sur place et je décidai d'en finir après avoir fait tournoyé le Ninjato en l'air avec une dextérité qui m'était un peu étrangère et trancha la tête de l'un d'eux avant de prendre l'arme des mains de Serena et de tirer sur le dernier. Il tomba à ses pieds et elle laissa échapper un hoquet de surprise.

J'étais haletante et mes vêtements me collaient à la peau. Et j'avais le visage éclaboussé de sang. Je ne me sentais pas bien.

Serena releva sa tête vers moi, et je lus dans son regard, de l'admiration mélangée à la peur et le choc. Quant à moi, je laissai tomber le Ninjato et balayai mon regard autour de tous ces cadavres jonchant le sol.

J'avais fait ça. Je les avais tous tué. Avec beaucoup moins de difficulté qu'à l'habituelle.

J'avais fait un carnage macabre. J'avais ...

— Ça ... Ça marche, lâcha-t-elle faiblement.

Je relevai ma tête rapidement et m'avançai vivement vers elle.

— Allons-nous en !

Je ramassai le Ninjato au passage et à son contact, je ressentis cette étrange connexion, une nouvelle fois. Bien plus forte que la première fois.

— Le Ninjato ne fait qu'un avec vous, dit-elle comme dans un état second.

— Pardon ?

Elle enjamba le type et se plaça vers moi.

— Il ... Il a raison. Celui qui vous a recommandé a raison ! Vous êtes faite pour ça ! Vous vous battez comme si ... c'était une seconde peau. Il y avait exactement quinze personnes et aucun n'a survécu. Et ... Et ce Ninjato que j'ai légèrement modifié, fait de vous, un parfait disciple de l'art martial. J'ai eu l'impression de vivre une scène de Kill Bill ! dit-elle comme exaltée.

Je plissai les yeux ne sachant que dire ou quoi faire. Elle me choquait. Des gens étaient morts et c'était tout ce qu'elle pouvait me dire.

— Tirez-vous d'ici DD !

J'avais oublié que Sara, Will et Isaac avaient vu toute la scène alors au son de sa voix, je sursautai.

— Pourquoi vous dites ça ? m'adressai-je à Serena.

— Je ... Je ne peux pas vous le dire mais ...

Je lui attrapai violemment le bras et elle geignit de douleurs.

— Qui vous a parlé de moi Serena ? Dites-moi toute la vérité maintenant ! m'écriai-je.

— Je ...

— Arrête DD, tu lui fais mal, rétorqua Sara.

Je retirai l'oreillette que j'écrasai au sol sous le regard éberlué de Serena. J'en avais plus qu'assez d'entendre leur voix et leurs indications.

J'étais dépassée par la situation. Je savais que tout ça ne présageait rien de bon.

— Écoutez-moi bien Serena, si vous ne me dites pas qui vous a parlé de moi, je vous tue.

— Vous n'aurez jamais le reste de l'argent ! Et lâchez-moi, vous me faites mal ! se débattit-elle.

— Je m'en moque de l'argent ! Ce qui me préoccupe, c'est cette menace, c'est cette histoire ! vociférai-je hors de moi.

— Certes, mais vous ne vous moquez pas des répercussions que peuvent engendrer ce logiciel ! Si ce monde chute, ça sera de votre faute ! Le mal triomphera et ce n'est pas ce que vous voulez et ce que je veux ! Mais le mal, si !

Elle plongea son regard dans le mien et tenta de le rendre le plus dur possible.

Je la relâchai d'un geste brusque qu'elle faillit tomber.

Il fallait que je rassemble mes pensées. Tout ça ne me ressemblait pas. Il fallait que je me calme. La situation était pour le moment sous contrôle.

— Qu'est-ce que vous avez fait avec le Ninjato ?

— Je l'ai modifié. Il est doté d'un système intelligent. Lorsqu'il est entré en contact avec vous, il a su s'adapter à votre manière de combattre et améliorer votre performance.

— C'est de la triche alors.

Je la dévisageai et récupérai ma pochette avant de regarder mon téléphone. Isaac ne cessait de m'appeler. Je décidai de ne pas répondre pour le moment, le cœur n'y était pas.

— On se tire. Vous allez devoir quitter Los Angeles. Vous allez à San Francisco avec moi.

— Quoi ? Non !

— Je vous assure que si vous voulez crever, dites-le-moi de suite, je le ferai à leur place.

Elle leva les yeux et se décidai à me suivre.

— Vous êtes insupportable !

— Et vous, je n'ai même pas de mots pour vous qualifier.

Avant de quitter la salle pleine de cadavres, je sortis mon tube de rouge à lèvres qui avait la capacité de relever les empreintes et l'ADN des gens. Je pris donc un échantillon de sang qui n'était plus rouge étrangement, mais sombre avec des reflets comme bleutés.

Nous nous dirigeâmes vers la sortie arrière du restaurant. Je tenais mon Glock en main en cas de surprise. Une fois dehors, je lui demandai de presser le pas pour gagner la rue à la recherche d'une voiture pour retourner à l'hôtel.

J'en trouvai une rapidement et sortis ma clé magique pour la déverrouiller.

Je me tournai vers elle et son teint était livide. Elle se tenait le bras et elle déglutit.

— Je ne me sens pas bien.

— Comment ça ?

Pour toute réponse, elle vomit à mes pieds. Je grimaçai de dégoût et détournai mon regard. Elle toussa et j'osai enfin la regarder. Ses lèvres étaient noires, comme si elle avait vomi de l'encre noire à la bouteille. Elle s'apprêta à parler mais elle tomba sur le bitume de la rue, sans que je m'y attende. Je m'agenouillai près d'elle en évitant son vomi et regardai à l'endroit où elle avait posé sa main comme pour comprimer une douleur. Je lui remontai donc la manche de sa veste en guettant les alentours et une fois cette action faite, ce que je vis me glaça le sang. Sa peau était bleutée à cet endroit. J'allai poser mon doigt dessus mais je me retins. C'était peut-être contagieux. Je sortis donc un gant dans mon sac et palpai l'endroit. Il y avait comme un truc dans son bras.

Merde ! C'était probablement la chose que ces personnes lui avaient injecté.

Je ne réfléchis pas plus et l'amenai jusqu'à la voiture pour que nous retournions à l'hôtel.

Une fois dans ma chambre, après avoir nettoyé au maximum les traces de sang les plus visibles et maquillai légèrement Serena, de sorte qu'on pense qu'elle était ivre, je relâchai toute la pression.

Elle était sur le lit et moi, face au miroir de la salle de bain. Mon reflet ne me plaisait pas et ce qui me plaisait encore moins, c'était ce sentiment de danger qui prenait de la place en moi. Je me mouillai le visage après avoir retiré mes lentilles. Je me changeai rapidement et finis par retourner dans la chambre. J'appelai Sara, après avoir allumé mon ordinateur, car j'étais à la recherche de matériel pour retirer cette chose qu'elle avait dans le bras.

— T'es sérieuse de casser ton oreillette ?! C'était très déstabilisant de voir que des images sans rien entendre. Ne refais plus jamais ça, me dit-elle.

— Je n'ai pas le temps de me disputer avec vous. Je crois qu'elle a une puce dans le bras.

Je ne pris même pas le temps de regarder vers mon écran.

— Tu feras attention en la retirant pour ne rien endommager, me conseilla William.

Isaac ricana ce qui attira mon attention. Will le dévisagea, irrité.

— Qu'est-ce qui te fait rire ? lui demanda-t-il.

— J'avais oublié que tu étais un pro de la puce toi, avec ton passé.

Will ricana à son tour en mimant des applaudissements et je trouvai enfin tout ce dont j'avais besoin.

— Tu sais Isaac, je suis utile, moi. Quant à toi, je me demande pourquoi tu existes.

Je préférai les ignorer et me mis à la tâche. Je me concentrai, désinfectai la pince ainsi que son bras. Je pris un petit scalpel tout aussi désinfecté et ouvris l'endroit enflé avec. Du sang plus ou moins rouge s'y écoula. Tout ceci était drôlement bizarre.

Je décidai d'aller remettre l'une de mes lentilles afin de montrer à Will si selon lui la puce avait une ressemblance avec ce que Trevor avait créée.

— Non, ce n'est pas le cas. J'ai l'impression que ça n'a pas touché les muscles. De toute façon, il aurait fallu plus de temps pour que la puce contamine tous les autres tissus. Quand à la ressemblance, ça n'a pas trop l'air d'être du Nickson, plutôt, du Trevor, rectifia-t-il lui-même.

Je plaçai donc ma pince de sorte à pouvoir l'attraper. Cela me prit plusieurs minutes avant que je ne puisse la retirer sous ses indications et la plaçai dans une boite. Elle était vraiment toute petite et une lumière verte clignotait avant d'accélérer et de s'éteindre, comme morte.

— Normalement, ça devrait aller pour elle, ajouta-t-il. La puce n'a pas eu le temps de faire effet sur son corps.

Je l'espérai. Je soignai mes blessures à la fourchette, tandis que nous évaluons ce qu'il s'était passé ce soir. William était silencieux et devait penser comme moi. A contrario, Isaac et Sara ne pensaient pas une seule seconde que c'était une œuvre de Trevor. Pour eux, ils étaient morts et c'était certainement une histoire.

J'en étais convaincue que ce n'était pas une histoire. C'est une fin qui approchait.

Je décidai qu'il était temps que j'aille me reposer. Sara me rappela qu'elle m'avait envoyé des informations importantes sans dire que ça concernait Will et Isaac me promit qu'il allait dire à Jared que tout allait bien.

Après avoir raccroché, un profond soupir m'échappa. Une sorte de fatigue ou plutôt d'inquiétude m'envahit.

Cette nuit-là, je ne trouvais pas le sommeil et veillai sur Serena, mon arme à la main.

Vers 9 heures du matin, je quittai la chambre. J'avais laissé un mot à Serena avant de l'enfermer dans la chambre grâce à l'aide de Sara. Elle avait trafiqué le système électronique de la porte. J'étais donc la seule à pouvoir ouvrir et fermer cette porte. Et, la chambre était sous surveillance, ça devrait donc aller pour Serena.

Je devais me rendre chez la seule et unique piste exploitable concernant la réelle famille de William. En effet, cette personne pouvait clore cette histoire en un clin d'œil. Et ce n'était autre que la sage-femme qui était présente le jour de la naissance de Will. Et, j'avais le pressentiment qu'elle savait des choses, après notre brève conversation pour convenir d'une rencontre, en fin d'après-midi avant mon décollage pour Los Angeles.

Devant sa porte, j'attendis quelques secondes avant qu'elle ne vienne m'ouvrir.

— Bonjour, je suis Ivy Lee. Nous nous sommes parlés hier au téléphone.

La vieille femme me sourit chaleureusement et m'invita à entrer. Je la remerciai et la suivis à travers sa maison pendant qu'elle m'expliquait que son petit-fils avait foutu la pagaille car il faisait quelques rénovations. Dans le salon, elle m'invita à m'asseoir et me proposa à boire mais je refusai. Elle s'assit donc sur le canapé en face du mien et engagea la conversation.

— Alors, comme ça, vous êtes détective privée ...

— C'est exactement ça. Et je ne vais pas vous faire perdre du temps.

— Je vois. Une jeune femme directe, qui aime le risque et qui n'a pas peur de détruire la vie de certaines personnes est en face de moi, commenta-t-elle.

Je plissai mes yeux ne sachant pas comment prendre son commentaire.

— Je pense que c'est le problème de ceux qui demandent notre aide. Ils veulent savoir la vérité, quelle soit bonne ou mauvaise. Vous savez madame Taylor, tout fini par se savoir et aujourd'hui, on découvre la vérité en un clin d'œil, argumentai-je.

— Bonne réponse, admit-elle. Malheureusement, pour votre affaire, je suis tenue au secret médical, bien que je sois retraitée.

— Je le sais, mais mon client veut retrouver sa mère et vous êtes la seule et unique solution.

De mon sac, j'en sortis mon téléphone et lui montrai une photo de Will.

— Il s'appelle William. Il recherche sa mère et avant que vous ne viviez à Los Angeles, j'ai découvert que vous étiez la sage-femme de service le jour de sa naissance. J'ai, par la suite, contacté les autres et elles ne souviennent pas trop de ce moment. Vos anciennes collègues me parlaient de vous.

— En effet, j'étais la responsable du service, dit-elle sans quitter la photo du regard.

Elle releva sa tête vers moi et esquissa un sourire.

— Je suis vieille maintenant, mais je me rappelle de mes presque 5000 accouchements en 50 ans de carrière. Et chaque accouchement est différent. On retient surtout les plus difficiles avec une fin plus ou moins heureuse.

Elle regarda une dernière fois sa photo avant de me rendre mon téléphone.

— Et, vous avez vu beaucoup de mineurs ?

Elle haussa les sourcils et je repris.

— Sa mère devait avoir pas moins de 16 ans. Et dans les années 80, les jeunes femmes accouchant sous X n'étaient pas nombreuses. Le soir du 22 avril 1989, il n'y a eu que 5 accouchements, dis-je. Et, il n'y en avait qu'un seul sous X et c'était Will.

Je sortis le dossier que je lui donnai. C'était celui de Will. Il ne l'avait jamais vu et je me demandais s'il connaissait même son existence. En tout cas, j'avais pu l'obtenir grâce à Sara.

— La maman a eu des complications car durant sa grossesse, elle prenait des drogues et autres. Il est né avec une défaillance pulmonaire qui a été soignée par une petite opération chirurgicale. Il était très petit et ne pesait pas plus de deux kilos.

Elle feuilleta les pages où elle reconnaissait clairement son écriture et je voyais bien qu'elle retournait dans le passé. Surtout lorsqu'elle compléta quelques éléments comme le fait qu'il avait aussi de l'alcool dans le sang et effectivement de la drogue. Elle expliqua que la mère ne l'avait pas ménagé et ses premiers mois étaient difficiles. Ça avait été un bébé très combattant.

— Vous connaissez la mère madame Tristan, déclarai-je. Je le sens et je le sais.

Elle me rendit le dossier sans céder face à mes propos.

— Vous avez très bien enquêtée mademoiselle Lee.

— Racontez-moi ce qu'il s'est passé.

— J'ai tenu une promesse.

— Moi aussi. Il a besoin de savoir qui est sa mère, d'où il vient, son histoire. Et, il n'a pas eu une vie facile. Il a perdu ses parents adoptifs à l'âge de 3 ans et il y a 7 ans, il a appris qu'ils n'étaient pas ses parents. Pouvez-vous imaginer le choc ?

Elle se tortilla sur son fauteuil mal à l'aise et me regarda. S'il fallait la prendre par les sentiments, je le ferai.

— Il a grandi dans une bonne famille, je le sais, dit-elle.

— Certes, mais aujourd'hui, il est en prison. Bientôt, il sera libéré. C'est pourquoi, il a fait appel à moi. Et, ... il va peut-être mourir d'une maladie s'il ne trouve pas de donneur, mentis-je.

Elle écarquilla les yeux, totalement décontenancée par mes dires.

En tout cas, ma technique marchait.

— Vous devez l'aider. Vous savez, j'ai appris aussi que vous veilliez sur lui jusqu'à ce qu'il aille en famille d'adoption. Apparemment, vous avez éprouvé beaucoup de compassion pour la maman et le bébé.

Elle soupira et finit par céder.

— C'était déchirant. Elle était jeune et déboussolée avec ses propres démons qu'elle devait combattre. Et ... le fait d'apprendre à l'instant même qu'elle allait accoucher, l'a complétement dévasté. Elle avait un déni de grossesse.

Elle se tut et fixa un point au loin quelques secondes.

Mon intuition était bonne et Sara me devait donc 20 dollars.

— Vous savez, ce n'est pas fréquent ce type de grossesse magique et mystique à la fois. Ça choquait beaucoup. Nombreux sont ceux qui pensaient à une négligence totale de la mère alors que ce n'est pas le cas, parce que le corps de cette femme ne change pas. C'est le cerveau qui est en parti responsable de tout ça. J'ai dû avoir une vingtaine de cas dans toute ma carrière.

— Je le sais. C'est incroyable, n'est-ce pas ?

Elle me regarda perplexe tandis que moi, je repensais à ma propre situation. Certes, je l'avais appris un peu avant mon accouchement, mais ça restait toujours un choc. Je lui expliquai donc brièvement mon cas et elle resta stoïque. Elle devait se dire que j'étais bien jeune et que peut-être je mentais alors je lui montrai une photo de ma plus grande fierté en ce bas monde.

— C'est ma fille. Elle a 7 ans.

— Elle est adorable. Ça grandit siiii vite. Elle vous ressemble un peu, dit-elle souriante.

— Un peu ?

— Elle doit ressembler au papa.

Je pris une mine boudeuse. C'est moi qui l'avait mis au monde et elle ressemblait à son père. Personne ne m'avait dit qu'elle ressemblait à Zeyn. En fait, on ne me l'avait jamais dit et bien qu'ils aient quelques manières communes, je retrouvai certaines choses de Drew chez elle aussi.

Yep ! Ce que je viens de dire est totalement bizarre, je vous l'accorde.

— Ne vous en faites pas. Vos autres enfants vous ressembleront.

— Je ne compte pas en avoir d'autres. C'est difficile les gosses.

— Ne parlez pas si vite.

— Si vous le dîtes. Alors, la maman vit toujours à San Francisco, je suppose.

— Je n'en sais rien. Elle y vivait en tout cas.

— D'accord. D'après mes recherches et au vue de la situation, la mère devait forcément être issue d'une famille assez aisée, déjà pour se procurer de la drogue, car ça a un certain coût ...

— Dans les années 80, ce n'était pas difficile de s'en procurer, je tiens à vous le dire, me coupa-t-elle.

— Certes. En tout cas, en 89, il y avait environ 15 familles aisées dans le périmètre proche de l'hôpital. Dans ces 15 familles, il n'y avait que 7 filles âgées de 15 à 16 ans. Alors, à l'heure actuelle, elles sont âgées de 41 à 42 ans avec une qui a 4 enfants et 3 autres ont en deux. Une en a qu'un et les deux autres sont sans enfant.

Elle rit gentiment en regardant les feuilles que je lui avais passé. L'une de ces femmes était la mère.

— Vous allez jusqu'au plus petit détail, c'est fou. Bien, je suis vaincue. Je suis même persuadée que vous avez déjà la réponse.

Oui, mais je voulais la confirmation de sa propre bouche.

— Cette nuit-là, deux jeunes filles dans des tenues qui valaient des fortunes à l'époque ont débarqué aux urgences. Elles sentaient l'alcool et l'odeur de l'herbe à plein nez. En petite robe, il n'y avait aucun doute qu'elles sortaient tout droit d'une soirée. L'amie de la jeune fille semblait avoir retrouvé sa lucidité tandis que l'autre agonisait de douleurs en se tenant le ventre. Mes collègues se sont donc dits que c'était certainement une intoxication alimentaire, alors pour leur prêter main forte, je l'ai pris en charge. Son amie paniquée ne l'avait pas quittée un seul instant. Nous voulions l'emmener en radiographie pour en savoir plus, mais elle hurlait de plus en plus.

Elle marqua une pause pour se replonger totalement dans ce souvenir avant de reprendre.

— Je lui ai donc demandé où est-ce qu'elle avait mal. Elle m'avait répondu au ventre, mais surtout entre les jambes avec une certaine honte, parce qu'elle sentait quelque chose. Je n'ai pas hésité longtemps avant de relever sa robe pensant à l'instant qu'elle avait subi un viol, mais j'ai vu des cheveux et une tête. J'ai compris immédiatement qu'elle était en train d'accoucher.

Je ne pouvais même pas m'imaginer à quel point la mère devait être choquée.

— Nous n'avons pas eu le temps de nous préparer, alors je lui ai expliqué qu'elle allait mettre un enfant au monde. Sous le choc, je dus la faire réagir pour lui demander de pousser. Ça a été rapide. Le bébé est né sans respirer. Nous nous sommes occupés du bébé pendant que d'autres tentaient de rassurer la mère. Nos espoirs ont porté leur fruit car il s'est mis à pleurer après de longues secondes. Ce bébé était un battant.

— Elle n'a pas voulu le garder ?

— J'ai bien vu de l'hésitation dans son regard, mais elle ne pouvait pas et elle ne voulait pas. Elle avait une réputation familiale et amicale à tenir, si on peut dire. Mais, elle n'était pas prête surtout à devenir mère, ajouta-t-elle.

J'acquiesçai rapidement. J'avais ma réponse. Et dire que je l'avais côtoyé depuis autant de temps ...

— Je vais vous chercher ce que vous devez remettre à son fils du coup.

Elle s'en alla et revint quelques minutes plus tard avec une lettre.

— Je pense qu'elle me la donnait en pensant qu'elle ne retrouverait jamais son fils, m'expliqua-t-elle en me donnant la fameuse enveloppe. Je sais que vous avez la réponse aussi. Remettez la lettre à Will et si ... l'envie prend à la maman et au fils de me voir, surtout n'hésitez pas à leur donner mon adresse. Ça me ferait plaisir de les voir.

— Comptez sur moi.

J'esquissai un sourire et la remerciai chaleureusement pour son accueil avant de prendre congé. Une fois dans ma voiture, j'ouvris la lettre que je lis avec émotion. Mon cœur de mère était ému. Je séchai rapidement une larme et rangeai la lettre très touchée par l'histoire de Will et de sa mère, même si des zones d'ombres étaient présentes. J'appelai donc Sara et certaine qu'elle soit seule lui raconta cette rencontre. Elle fut tout aussi choquée mais les tests ADN dont les résultats étaient tombés hier avait vu juste.

— Il y a quand même un sacré problème d'âge, me dit-elle.

— Refais le test. Ça doit forcément cacher quelque chose, rétorquai-je.

— Tu vas lui annoncer ?

— On va d'abord voir avec sa mère et après, j'aviserai. Il faut le faire en douceur. Il va apprendre qu'il a une famille et ... ça chamboule. Will a un cœur, je le sais.

Elle ne dit rien quelques instants avant de lâcher :

— Il a raison. Tu vois le bien, même chez les méchants.

Elle raccrocha et je souris bêtement avant de retourner à l'hôtel.

Je me demandais tout de même si Trevor Wilkin avait un bon fond. Peut-être qu'il épargnerait les gens que j'aime s'il était hypothétiquement vivant. Ça voudrait dire que Zeyn ne l'avait pas tué et qu'il serait de retour pour mieux se venger.

Nous étions donc peut-être en réel danger.

***

Je passai la carte magnétique devant la porte. Le voyant rouge passa au vert et je pus entrer.

À peine la porte refermée que la voix aiguë de Serena m'accueillit. J'étais déjà exténuée par son personnage.

— Vous voilà enfin ! Je n'y croyais plus. Je n'avais aucun moyen de sortir.

Je lui jetai un bref regard sans lui répondre avant de la contourner pour aller poser mon sac sur la table. Je commençai à ranger nos affaires car nous n'allions pas tarder à partir.

— Qu'est-ce que m'avez fait ?

Elle indiqua le bandage sur son bras, les traits tirés.

— Je vous ai retiré une puce.

Elle me regarda effarée mais je ne lui laissai pas le temps de réaliser que je lui annonçai notre départ.

— On peut aller rapidement chez vous pour que vous preniez le nécessaire.

— Comment puis-je avoir confiance en vous ? Peut-être que vous allez me tuer.

Je me retournai vivement et un ricanement nerveux m'échappa.

— Ça serait plutôt à moi de vous poser la question. Je vous ai sauvé la vie deux fois en une soirée. Quant à vous, à part une arme blanche trafiquée et 10 millions de dollars, rien !

Elle ouvrit la bouche choquée et laissa échapper un hoquet de surprise.

— Je ne suis pas contre vous mais avec vous ! se défendit-elle.

— Parce que vous voulez récupérer votre foutu invention de merde, repris-je en continuant mon rangement.

Je la sentis le fusiller du regard.

— Vous êtes insupportable et bornée !

Je ne dis rien et continuai ce que j'avais à faire. Elle finit par accepter ma proposition après moult jérémiades. Nous allâmes donc à son appartement au cœur d'un quartier riche et sécurisé.

Je ne commenterai même pas son appartement qui était digne d'une photo de magazine.

À mon grand étonnement, elle prit moins d'un quart d'heure pour sa valise. Elle avait beau être riche, elle restait normale. Sara ou Marysa m'auraient fait une crise pour ce quart d'heure.

Elle regarda une dernière fois son appartement comme si c'était la dernière fois. J'avais presque pitié d'elle mais au QG, elle serait en lieu sûr et nous en serions plus sur elle.

— Vous reviendrez.

Elle me regarda avant d'esquisser un faible sourire.

Une fois à l'aéroport, je présentai les billets d'avion que Sara nous avait envoyé et nous fûmes dans l'avion. J'étais épuisée et je décidai de dormir, car j'avais un mariage en fin d'après-midi et j'avais hâte de revoir ma fille, Isaac et ma famille.

Je finis par me réveiller après une bonne demi-heure de sommeil qui m'avait requinqué. Serena lisait un magazine. Je regardai mon téléphone et souris à l'image de Skyler avec notre tigre sur roulette.

— Votre fille a l'air adorable.

Je la regardai avant de ranger mon téléphone.

— Elle l'est. C'est un amour.

— Et vous allez vous marier ?

Je regardai à présent ma bague avant d'acquiescer.

— Vous n'avez pas l'air certaine.

Je ricanai et secouai la tête.

— Bien sûr que je le suis. Un mariage, c'est un grand pas dans une nouvelle vie.

Même si je sentais son regard sur moi, je décidai de garder les miens, rivés sur ma bague.

— J'ai ... l'impression que ça va être intensif avant mon mariage, avec votre histoire et tout, répondis-je après plusieurs secondes.

— Vous avez l'impression que vous aurez du mal à tout gérer. Je vois.

Je lui jetai un bref coup d'œil et croisai mes bras, curieuse d'en savoir plus.

— Peut-être que vous mettez la barre trop haute, me dit-elle.

— Je sais juste ce que je veux, répliquai-je.

— Et qu'est-ce que vous voulez ? Votre fille ou le boulot qui vous identifie ?

Je la regardai, interdite. J'avais l'impression d'avoir maitre Chang à côté de moi.

— Je veux les deux et je les ai, répondis-je.

— Oui mais pour combien de temps ? Tout tient d'un équilibre précaire dans ce monde. Alors vous choisiriez quoi ? Votre adorable fille ou qui vous êtes ?

— Ma fille ! répondis-je sans hésitation.

— Je ne vous crois pas. Vous vivez pour votre "travail" et il doit d'ailleurs prendre une place bien plus importante que votre fille à cet instant. Réfléchissez Ivy. La vie est courte. Très courte.

Après ça, elle continua sa lecture comme si de rien était.

***

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