Je vais crever.

   Voici la pensée qui me hante depuis hier soir, et c'est pas mieux ce matin. Je rentre au lycée, mes amies et mon copain sont dans un autre lycée, je connais personne bouuuhouuu...

Mon dieu, elle va pas bien !

  Ah, elle ? C'est la petite voix qui me parle dans ma tête. Oui, vous pouvez le dire, je vais pas bien, personne ne va m'aimerrrrrrr... Ouais bon je suis vraiment pas dans mon assiette ce matin.

   Je suis dans le bus, en direction de mon enfer personnel, autrement dit le lycée que je connais pas, et où personne ne me connaît ouinnnnn... Emma, voyons, ressaisis-toi ma belle, t'as passé ton brevet mention "très bien", tu vas assurer ici, comme tout le temps ! Oui mais je connais persoooonne...

   Je regarde les élèves qui m'entourent, que des têtes nouvelles, à part un gars de l'an dernier, qui ne m'aimait pas de toute façon. Personne ne m'aiiiiiiiime bouuuhouuu ! Je regarde mon portable, un petit bijou tout nouveau, et remarque une notification sur Wattsapp. C'est Nelly, ma meilleure amie de l'an dernier. Elle m'envoie un magnifique selfie d'elle et Violette, et m'écrit :

Nelly :

Trop de la chance, on est ensemble à l'internat !!!!!!!!!!!!!!! Ca va pour toi, Em' ?

   Je lui réponds, la mort dans l'âme (pourquoi elles sont ensemble et pas avec moiiiii bouuuhouuu...)

Emma :

Hey Nelly, moi je suis dead dans mon bus :(

Nelly :

Hein ? Mais pk ma vieille ?

Emma :

Je suis seuuuuuule ouinnnnn

Nelly :

T'inquiète ma vieille, tu déchires tt !!!

   Je retrouve un petit sourire triste en lisant sa tirade. Elle a toujours le mot pour me remonter le moral. Je lui envoie un pouce en l'air. Mon moral, qui jusque là était tout au fond de mes chaussettes (bon, oui je n'en porte pas, là, mais c'est pour l'expression !), se retrouve au niveau de mes chevilles.

Cool, ta comparaison.

   Ouais bon ça va, petite voix dans ma tête, je m'en tape de ce que tu penses ! Oh nooooooon, on arrive au lycée ! Je veux me cacher dans mon sac !!!!!!!

   - Euhhhh, tu fais quoi la tête dans ton sac ?

   Oh zut, je l'ai vraiment fait !!! Je relève la tête avec brusquerie, et dévisage le garçon qui m'a interrogée, pensant répliquer un truc bien acerbe, mais reste bouche bée devant le profil du type devant moi. Putain, ce mec est canon !

   - Euh, je... Cherchais mon portable.

   Il sourit, pas dupe. Ce mec est à tomber, sérieux ! Cheveux blonds mi-longs, yeux bleus, bien bâti, sourire charmeur,... La panoplie complète du mec hyper populaire auprès des filles. Pourquoi il me parle à moi ? Moi j'ai un look de première de classe bien coincée, et jamais les bombes comme ce mec ne m'approchent. Je dois lui dire quoi ?

   - Je m'appelle Emma.

   - Enchanté, Emma, moi c'est Hugo. Tu as l'air paniquée, qu'est-ce qu'il y a ?

   Oh, mon dieu, ça se voit tant que ça ?! Je dis la vérité ou j'invente un bobard ?

   - Je suis toute seule...

   Oh mince, j'ai vraiment sorti ça ?! Quelle grosse merde je fais !

   - Toute seule ? me demande-t-il en inclinant sa tête sur la droite.

   - Oui, enfin non, enfin, mes amis ne sont pas au même endroit que moi, et puis je connais personne, et puis voilà quoi.

Quelle gourde !

   Merci, petite voix, j'avais EVIDEMMENT pas remarqué ! Je me cache derrière mes mains, rouge de honte de ma tirade franchement beurk, m'attendant à ce qu'il éclate de rire et se barre fissa. Cependant, je sens une main se poser sur mon épaule, et je sursaute si fort que je me cogne l'arrière du crâne sur la vitre.

   - Aïe ! je m'exclame en me frottant là où ça a tapé.

   - Hé, ça va ?

  - Oh, ouais. Je suis juste pas douée, grimacé-je.

   C'est à ce moment qu'il éclate de rire, et je me renfrogne. En voyant ma moue boudeuse, il se calme aussitôt et repose sa main sur mon épaule.

   -Excuse, je voulais pas te vexer. C'est juste que t'es marrante ! Si t'as besoin d'un pote, je suis là.

   - T'apprécies la compagnie des gens tarés ? Car c'est ce que je suis, une grosse tarée.

   - Je suis tout autant fou que toi, je te rassure ! Allez, ramène toi.

   Je le suis hors du bus. Je crois que nous avons un peu traîné, car le conducteur nous jette un regard noir et referme sa porte juste derrière nous. C'est vrai qu'il n'y a plus grand monde en dehors du lycée.

   - Merde, on va être en retard, je crie avant de partir au galop jusqu'aux grilles.

   Le surveillant me toise lorsque je passe devant lui, ayant à peine ralenti.

   Bon, le bon côté, c'est que les élèves ne sont pas encore rentrés, le mauvais, c'est que je vois plus Hugo, et donc que je suis complètement paumée au milieu de tous ces visages d'inconnus qui ne me regardent même pas. Je suis complètement transparente, ouinnn...

Et elle recommence à pleurnicher ! T'es pathétique.

   MERCI, je sais. Je tourne et retourne au milieu des élèves, désespérant de trouver un visage connu dans cette foule compacte. J'arrive même plus à avancer ! Je suis à deux doigts de paniquer...