Case 22 - Compétition Fatale : Le Père Noël en Ligne de Mire

Damien

— Tiens, j'ai une mission pour toi, m'indique le boss en glissant une carte sur le bureau.

Je la récupère et soupir.

— C'est une blague ?

— Jamais à cette période de l'année, se moque-t-il, de plus le commanditaire a mis plusieurs mondes sur le coup, car il a du mal à dénicher sa proie.

Une grimace se placarde sur mon visage. Plusieurs tueurs sur une même cible, annonce une compétition acharnée. Mes yeux se plissent, puis je les pose sur Tobias. Il a le dos tourné, donc impossible pour lui de répondre à mon doute. Cependant, je ne pense pas qu'il soit assez con pour mettre Max en face de mes compétences... Du moins, je l'espère.

Je quitte le bureau sans un mot de plus. Me dirige vers mon alpine, monte à l'intérieur, démarre et pars direction mes appartements. J'en profite, pour appeler le caméléon.

— T'es occupé, j'ai une mission assez délicate.

— Je ne vais pas pouvoir t'aider cette fois-ci mon ange, je suis également en mission.

Je pose mon coude sur la portière et me passe la main dans les cheveux.

— Tu es sûr ?

Je l'entends soupirer de l'autre côté du combiné.

— Damien, si je me suis installé en Corée, c'est en partie pour celui que je traque et pour une autre raison. J'ai pu t'aider avec Blagadov, mais j'ai dû repartir, désolé.

Et cela ne m'arrange pas du tout. Il raccroche tandis que j'entre dans le parking privé.

Chez moi, je prépare mon sac à dos, puis commence par m'équiper. Mon dressing est organisé comme un musée de la mort : des lames bien aiguisées, des armes légères pour le combat rapproché, et un fusil de précision si les choses prennent une tournure trop chaotique. Je choisis une lame fine et mortelle, un Glock bien huilé, et un couteau dissimulé dans ma botte.

Une fois prêt, je quitte la planque pour me rendre au point de surveillance. La cible : un père Noël qui, selon mes informations, a passé beaucoup trop de temps à traîner dans des affaires douteuses. Un « mec bien » pour le public, une ordure dans les coulisses. Ça va être un plaisir.

Mon point de surveillance se situe dans un café abandonné, juste en face d'un marché de Noël. L'endroit grouille de types en costume rouge, riant et posant pour des photos avec des gamins émerveillés. Une vraie horde de pères Noël. Identifiez celui qui vous intéresse dans cette masse, disent-ils. Rien de plus simple, non ? Sauf qu'il y a un détail qu'ils ont omis de mentionner : je ne suis pas le seul sur ce coup.

Je repère une silhouette familière sur un toit adjacent. Annabel, une tueuse qui a une relation malsaine avec les cutters. Elle nettoie ses victimes comme on épluche une orange. Elle observe la foule avec une précision glaciale. Je plisse les yeux. Si elle est là, ça veut dire qu'elle vise aussi la cible.

Je serre les dents. Ça va être une longue soirée.

Maxine

La mission est tombée comme une brique. Pas d'avertissement, pas de briefing élaboré. Juste un message sec et sans âme :

Père Noël. Paris, 15e. Pas seul sur le coup. Attention, premier gagnant : prime de risque en supplément.

Je pousse un soupir en fixant mon téléphone. Une compétition ? Génial. Rien de mieux pour finir l'année que de se coltiner des imbéciles arrogants et prétentieux. Ça pue le chaos, mais je n'ai jamais été du genre à reculer devant un défi. Si quelqu'un va remporter ce jackpot, ce sera moi.

Je prépare mon matos : un Warfare compact pour les tirs précis et mes berettas. Pas de fioritures, juste l'essentiel. Une mission rapide, nette, sans bavure. C'est le plan, en théorie.

Direction les rues bondées de Paris. Mais pas directement dans le bain de foule. Nah. Je préfère survoler les toits à l'abri des regards, invisible parmi les autres. Mon point de départ est une galerie marchande qui surplombe la place centrale. De là, je peux observer les mouvements et identifier ma cible. Le problème ? Tous ces foutus pères Noël.

Un mec bedonnant, un faux sourire collé sur le visage, distribue des bonbons en plaisantant avec des familles. L'un d'eux est ma cible. Mais lequel ? Chaque détail compte : posture, langage corporel, petits signes qui trahissent une habitude ou un comportement. C'est là que je l'aperçois.

Un père Noël différent des autres. Moins jovial, plus tendu. Ses gestes sont mécaniques, ses yeux scrutent constamment la foule. Bingo. Je descends discrètement, prête à m'approcher. Mais quelque chose attire mon attention dans un coin de ma vision.

Alina.

Diantre ! Qu'est-ce qu'elle fout là celle-là ? Je la croyais en Russie.

Cette garce en talons aiguilles est une artiste de la strangulation. Et là, elle s'avance vers l'un des pères Noël, un sourire suffisant sur le visage. Je grogne. Elle va éliminer une cible au hasard. Elle fait toujours ça : réduire la compétition, même si ça implique de tuer des innocents.

Je la suis des yeux alors qu'elle s'approche d'un homme en rouge, l'attire dans une ruelle sombre, et fait son boulot en moins de temps qu'il ne faut pour dire « Ho Ho Ho ». Les hurlements de l'homme sont étouffés, et elle disparaît dans l'ombre.

C'est alors que je la repère. Une autre silhouette, à l'opposé de la place.

La perche.

Bien sûr qu'il est là. Ce fumier ne rate jamais une occasion de prouver qu'il est le meilleur. Il est posté dans un café, observant tout, comme un rapace prêt à fondre sur sa proie. Je retiens un sourire. Peu importe à quel point il est bon, ce soir, il n'aura pas l'avantage.

Je sors mon téléphone. Compose un numéro. Il décroche.

— Tu feras gaffe, il n'y a pas que toi dans le coin, me moqué-je en posant ma mallette.

— M'en parle pas, je me doutais bien que tu serais sur le coup, tu as vu Melas ?

Tiens, Alina n'est pas la seule du lot. La pro du cutter est dans le jeu aussi.

— Nah, mais madame Rodou a déjà fait une victime. Le pauvre, plaigne-je faussement celui qui git sûrement dans sa pisse.

Je l'entends soupirer.

— Il y en a d'autres ? D'où je suis ma vision n'est pas large, interroge-t-il à cran.

Eh oui, mesdames, vous êtes sur notre territoire. Et ça ne plaît pas à la perche tout ça. À moi non plus d'ailleurs.

— Non. Seulement nous et les gueuzes.

Il émet un rire.

— Si elles t'entendent les appeler ainsi...

— C'est ma proie, et de toute façon il s'est fait la malle.

Il jure dans le téléphone, tandis que je lui raccroche au nez. La cible a profité du mouvement de foule pour s'immiscer et descendre dans une bouche de métro. Et si nous avons repéré les tueuses, elles nous ont également aperçus. Ou seulement Damien, car je reste fondu sur les toits.

Un sourire machiavélique se dessine sur mon visage. J'envoie un message au marchand de glace, qui fera tout pour me dégager le passage.

Quatre tueurs, une cible. Uriel, Melas et madame Rodou doivent être bloqués ensemble. Max est en traque. 

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