Case 19 - Mission : Sauver Noël ou pas
Maxine
C'est officiel : le boss a perdu la tête. Non content de nous faire supporter ses sautes d'humeur toute l'année, il décide de fermer le Torb'J pour une semaine. Une semaine entière, juste pour organiser... un escape game de Noël.
Je tire sur ma cigarette, appuyée contre ma 4L, et observe les lumières clignotantes qui encadrent l'entrée comme une guirlande posée par un aveugle. Le pire dans tout ça ? Je ne peux pas y échapper. Participation obligatoire. Pour « renforcer l'esprit d'équipe », selon les mots du boss.
L'esprit d'équipe, c'est ce truc qu'il veut qu'on renforce après nous avoir engueulés toute l'année.
Fichtre !
Tous arrivent un par un. Nous sommes six en tout. Six âmes égarées embarquées dans cette farce festive.
Le boss, bien sûr. Il joue à fond le rôle du maître du jeu, avec un costume de père Noël mal ajusté et une barbe blanche qui lui donne l'air d'un ours polaire alcoolique. La perche. Toujours prêt à transformer n'importe quelle activité en compétition. Il est déjà en train de parier avec Ginette sur qui sortira de la salle en premier. De plus, il n'a pas encore eu la joie d'accomplir la mission. Ça, c'est pour demain.
Ginette, la vétéran du bar, avec son pull de Noël clignotant et son éternel air blasé. Deux serveuses, qui semblent plus intéressées par leurs téléphones que par le concept d'un escape game. Et moi. Obligée de participer à cette mascarade sous peine de me voir retirer mes jours de congé.
L'intérieur du Torb'J a été transformé en un décor kitsch à vomir. Des guirlandes lumineuses pendouillent des plafonds, des faux cadeaux sont empilés dans un coin, et une horrible musique de Noël joue en boucle. Le thème ? « S'évader de la maison du père Noël ». Original.
— Bienvenue, bande d'incapables ! s'exclame Tobias en levant les bras. Votre mission : retrouver les clés du traîneau et sauver Noël !
— C'est une blague ? grogné-je en croisant les bras.
— Non, Max, répond-il avec un sourire sadique. Et pour rendre ça plus intéressant, j'ai caché des indices dans des endroits très... originaux.
La perche ricane.
— T'inquiètes, Max. Je suis sûr que tu trouveras ta vocation en fouillant les toilettes.
Je lui lance un regard noir.
— Toi, je te préviens, une réflexion de plus et je t'enferme dans une cheminée.
Nous sommes enfermés dans une pièce décorée comme un salon de Noël. Une cheminée en carton-pâte occupe un mur, un sapin ridiculement chargé d'ornements encombre le centre, et des chaussettes pendues à la cheminée contiennent probablement les premiers indices.
Tobias surveille depuis un écran dans une pièce adjacente.
— Vous avez une heure ! annonce-t-il dans un micro.
Ginette, déjà agacée, s'approche des chaussettes.
— Bon, on ne va pas y passer la nuit, dit-elle en fouillant dedans.
Elle en sort un papier froissé.
— Indice : Le père Noël aime les sucreries.
La perche, aimant les défis, se met directement dans la peau de tueur professionnel. Calculateur. Réveillant son intelligence infaillible.
— Facile. Cherchez des bonbons.
Il se précipite vers le sapin et commence à fouiller dans les branches, renversant une boule au passage.
— T'es censé chercher, pas détruire, rétorqué-je en le rejoignant.
— T'as un problème avec ma méthode, Max ? réplique-t-il en haussant un sourcil.
— Oui, ton existence.
Ginette trouve finalement un bonbon en plastique caché sous le canapé, qui contient un nouveau papier : Les clés du traîneau se trouvent là où le lait devient chaud.
— Une vache ? propose l'une des serveuses, avant de retourner à son téléphone.
Eh bah. On n'est pas sortie de l'auberge.
— Peut-être là où le boss cache ses stocks de vodka, indiqué-je.
Nous nous dirigeons vers la cuisine, où un chaos encore pire nous attend : des casseroles suspendues, des placards bourrés de faux cadeaux, et une fausse bûche de Noël qui clignote.
La perche attrape une casserole et commence à la secouer comme si elle allait révéler un trésor.
— Damien, tu vas casser un truc, grogne Ginette.
— Et alors ? Ce n'est pas toi qui payes, réplique-t-il avec un sourire narquois.
Je le pousse hors de mon chemin et ouvre un placard. Un objet me tombe dessus : une peluche de renne qui hurle Jingle Bells à plein volume.
Diantre ! Je suis maudite.
— Tobias ! crié-je en brandissant la peluche. Si je te trouve, je te fais avaler ça.
Après une série de disputes, de moqueries, et de quelques indices trouvés par hasard, l'une des serveuses a marché sur un faux cadeau contenant un mot, et Ginette a découvert un indice en cherchant son briquet, nous arrivons à la dernière étape : un coffre au pied du sapin.
L'indice final ?
« Seul le vrai esprit de Noël peut ouvrir ce coffre. »
— Le vrai esprit de Noël ? répète Ginette. C'est quoi, ça ? Un cocktail ?
— Probablement du vin chaud, murmure sa collègue, toujours rivée à son téléphone.
La perche, quant à lui, tente de forcer le coffre avec un couteau à beurre.
— Ce n'est pas comme ça que ça marche, crétin, dis-je en le repoussant.
— Alors, propose mieux, Max, rétorque-t-il.
Je m'approche du coffre, le fixe un instant, puis donne un coup de pied dedans. Il s'ouvre dans un craquement.
— Voilà votre esprit de Noël, dis-je avec un sourire narquois.
À l'intérieur, une clé en plastique et un mot : bravo, bande d'imbéciles, vous avez sauvé Noël. Maintenant, débarrassez.
Le boss nous rejoint, hilare.
— Alors, ça vous a plu ? demande-t-il.
— Non, répondons-nous tous en chœur.
— Tant pis, votre récompense est d'être tous présent le vingt-cinq pour la grande soirée annuelle des poivrots.
Nos épaules s'affaissent. Le show sera donné le jour j, comme l'aime tant notre boss. La où le pognon afflue et que nous on sue le plus. Je quitte le Torb'J sans un mot de plus, le claquement de la porte accompagnant mon départ. Noël peut bien aller se faire foutre.
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