Case 14 - Messe rouge à la Bastille
Maxine
Éviter de me rendre au bar après la ronflante de la perche. Check. Récupérer une mission entre temps. Check. La terminer ce jour pour me retirer ses images du ballet de casse-noisette... Dure affaire. Bordel. Même en étant bourrée et en évitant toutes drogues j'ai baissé ma garde devant une assiette de biscuit. Depuis tout est flou. Comme un rêve, ou plutôt un cauchemar. L'enfer.
Je grimpe dans le plafonnier de la salle des lumières. Atteins le conduit d'aération étroit. Tire ma mallette, puis rampe jusqu'à ma planque. Cible : Gaston. Façon : Une balle dans la tête pardi. Voyons, on e change pas mes habitudes. Raison : Ah, le trafic d'humain ce n'est pas bien. Encore un qui a voulu jouer au plus malin. Un petit contrat sans importance, mais le commanditaire, comme tant d'autres, avaient une demande particulière.
Gaston participe au spectacle de Noël de sa fille. Il doit jouer le l'âne dans la représentation de la crèche. Rien que de le tuer ainsi, me fait sourire. Un peu moins pour les gamins traumatisés qui sortiront par la suite. Ils sont tordus nos commanditaires.
J'atteins la grille d'aération, déballe mon matos, installe le trépied, pose mon Warfare, règle la lunette, me couche derrière et patiente. Le spectacle n'a pas encore commencé. Les adultes s'installent dans l'amphithéâtre. On ne se refuse rien quand on a du pognon et que l'on veut faire plaisir à sa progéniture. L'opéra Bastille. La hauteur est parfaite. Pas de vent, vu que je suis en intérieur. Je règle ma visée, histoire d'éviter trop d'éclaboussures de sang.
La populace assise. Les lumières s'éteignent. Le rideau se lève. L'orchestre entame les premières notes. La première partie commence. Un chiant pas possible m'arrachant un bâillement à m'en décrocher la mandibule. En même temps, j'ai évité de rentrer chez moi à part pour récupérer ma mallette. Quand je fais des conneries mettant en péril une mission, mieux vaut éviter les endroits où la perche me trouver facilement. Et comme je ne quitte jamais Paris à cette période : demande farfelue de meurtre oblige. Mon champ d'action est limité.
Entracte.
J'ai une envie irrésistible de faire pipi. Cependant, je ne bouge pas. Deux heures se sont écoulées. Vingt minutes pour que je fume par procuration. Un spectacle des plus ennuyeux. Des jeunes en tutu rouge, sautillant de gauche à droite.
Je fais craquer mon cou.
Les minutes passent, tous se réinstallent. Le rideau se lève à nouveau. Aahh ! La maison du bonheur est installée. Les acteurs prennent place. Ma cible avec sa tête d'âne prend position. S'appuie contre la poutre en bois. Parfait, garde ta position. Ne bouge surtout pas. Je cale ma crosse sur mon épaule. Baisse mes yeux derrière la lunette. Le canon dépasse légèrement de la grille, au millimètre près.
Les enfants commencent la pièce. Les adultes les accompagnants, les aident à réciter. L'âne semble en profiter pour pioncer. Mon doigt glisse sur la gâchette. Appuie. La balle fuse dans le noir. Se logent entre les yeux de la bestiole. Échec et math. Il ne bouge plus. Garde sa position. Mais je confirme de ma position qu'il est raide mort, au vu du sang qui goutte de son costume.
Je remballe. Pas de temps à perdre. Cela reste une zone à risque. Je quitte ma planque, atteins ma sortie. Me glisse dans les couloirs. Emprunte la porte de secours. L'air frais m'accueille. Je rabats ma capuche sur la tête. Marche tranquillement sur le trottoir, m'allume une cigarette en sortant mon téléphone pour envoyer un message au boss. M'arrête. Fronce des sourcils. Une sensation bizarre me parcourt le dos.
À peine après avoir avaler une bouffée de nicotine, on me cagoule. Me coince les bras. Me traîne. Bien sûr, je ne me laisse pas faire. Me débat. Je reçois un coup dans la nuque. J'ai beau être résistante, l'enflure sait taper là où l'inconscience prend le pas.
Fichtre ! Je suis dans la merde.
Ils me jettent comme un vieux sac de pommes de terre dans le coffre. Laissant mon cerveau chercher l'identité de mes ravisseurs. Mon commanditaire ? Cela se trouve, je n'ai pas buté la bonne personne. Les copains de ma cible ? Trop absorbé par le show, pas possible. La police ? Nah, je suis un fantôme aux yeux de leurs fichiers.
Mon corps valdingue dans le coffre. Le conducteur n'y va pas de main morte, et exacerbe mon humeur. D'une : il ne m'a pas laissé profiter de ma clope. Deux : il prend les dos d'âne comme s'il faisait un rallye. Trois : Mes principes vont sauter en même temps que son cerveau. Virage serré.
Je fais un roulé-boulé et me cogne contre les sièges arrière. Le coffre n'est pas très large pour un van. C'est même plutôt étriqué.
Un objet glisse et me cogne la tête au passage. Ma mallette ? Ils ont pensé à prendre mon arme ? J'ouvre les yeux en grand derrière le tissu qui me couvre la tronche.
— La perche ? crié-je ahuri.
Un rire se propage dans l'habitacle.
Bordel de merde. Il a échappé à mes réflexions sur mes potentiels ravisseurs. Il devrait être au Torb'j, pas ici. L'enflure m'a traqué pendant l'une de mes missions. Je suis projeté en avant, sûrement parce qu'il emprunte la descente d'un parking souterrain. Chez lui ? Ou une autre de ses planques ? Plus mystérieux que lui, il n'y a pas. Le fourbe.
Il freine. Claque sa portière. Mes mains sont entravées. Et il a serré le lien fort le con. Aucune échappatoire. Son briquet craque. Et en plus, il me nargue. J'ai envie de fumer moi.
— Ah, ça n'a pas été simple de te suivre, informe-t-il de l'autre côté de la tôle. Quand tu veux fuir, t'es une sacrée championne dans le domaine.
— Allée Damien, j'y suis pour rien si la mission a failli capoter, râlé-je dans le coffre. Je n'avais pas prévu de faire un trip sur casse-noisette.
Je l'entends tirer sur sa cigarette et souffler sa fumée. Déjà, la torture commence.
— S'il n'y avait que ça.
Ayant oublié tout ce qu'il s'est passé, je ne sais pas à quoi il fait référence.
— Je n'ai que vingt-quatre heures pour m'occuper de toi Max...
C'est déjà trop. Son domaine de punition est intenable. Il ouvre son coffre. Pose sa main sur mon cou en serrant légèrement. Se penche à mon oreille.
— Vingt-quatre de pure intensité, susurre-t-il profondément.
J'inspire profondément. Je suis piégé dans les griffes de l'ange de l'extermination.
Diantre, ces vingt-quatre heures vont être longues.
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