Case 11- Casse-noisettes et Grincheux
Maxine
« Envoyez une photo ! »
Je fixe le message que le boss vient de m'envoyer. Une photo, et puis quoi encore. Mon regard se porte sur mon lit où est disposée la house du costume de la perche. Il ne devrait pas tarder à arriver avec la mienne. Adossé au comptoir de ma cuisine, je bois tranquillement mon café, tandis que mes armes sont posées sur la table. Ça me frustre de participer à ce genre d'évènement, sans être couché tranquillement derrière ma lunette de visée. Les demandes des commanditaires sont parfois pénibles.
La sonnerie de mon interphone s'active. Bien que j'ai hâte de voir la tronche de la perche en découvrant ce que je lui ai préparé, je ne suis pas pressé de voir le mien. J'ouvre la porte, son sourire en coin et ses yeux pétillants ne me présagent rien de bon.
— Max, salue-t-il en entrant.
— La perche.
Il s'avance jusqu'à mon lit, dépose sa house, puis se dirige vers le réfrigérateur pour récupérer une bière.
— On a encore trois heures pour se préparer. Qui commence ? demande-t-il en la décapsulant.
— De nous deux, lequel a le plus à mettre ?
Je croise les bras sur ma poitrine. Il boit une gorgée. Me laisse dans l'attente. S'approche. Passe un bras autour de ma taille. Se penche à mon oreille.
— Sûrement moi, susurre-t-il taquin.
Je grogne.
— Fini ta bière, je vais prendre une douche.
Il se met à rire pendant que je disparais dans la salle d'eau. J'en ressors une vingtaine de minutes après. Il est assis sur ma chaise de bureau, fumant tranquillement une cigarette.
— La curiosité ne l'a pas emporté ? l'interrogé-je en me dirigeant vers ma commode enveloppée de ma serviette.
— Tu n'as pas besoin de sous-vêtement, j'ai tout prévu de ce côté.
Ma main se fige à quelques centimètres de la poignée. Mes yeux se ferment. Mes lèvres se pincent. Je fais volte-face pour le descendre, mais il joue avec la pointe de son couteau sur mon bureau. Son sérieux bien trop évident.
— Et pour répondre à ta question, non, je n'ai pas ouvert la house.
— Qu'est-ce que tu mijotes Damien ?
Il écrase sa cigarette. Se lève et se rapproche de moi. Il passe son doigt de mon épaule à mon oreille. Glisse sa main sur ma nuque, resserre sa prise. Se penche, me fixe de son regard profond.
— Il y aura du gratin ce soir, et certains auront des tenues qui risque fort de te faire perdre tes moyens, dont notre cible, prévient-il avec un avertissement sous-jacente.
À ne pas prendre à la légère. Rester pro jusqu'au bout, quoiqu'il arrive.
— Préparons-nous, réponds-je après un soupir.
— Tutute, avant de vouloir s'entre-tuer, autant en profiter, souffle-t-il.
Il se penche un peu plus et écrase ses lèvres dans mon cou. La méthode efficace pour ne pas me faire penser que je risque de me farcir un vieux porc plus tard.
Elder
La tête de mon costume posé sur l'îlot de mon dressing m'attend patiemment, tandis que j'attache les boutons dorés de ma veste rouge vif, encadrés par des tresses dorées formant des motifs symétriques. Ornée de décorations dorées sur les épaules, avec des épaulettes à franges qui ajoutent une touche d'élégance militaire. Le visage sérieux, j'ajuste mon col, et les boutons de manchettes sur les poignets bordés de blanc viennent contraster avec le rouge intense de la veste. Autour de ma taille, une ceinture dorée brille, renforçant l'aspect raffiné et imposant de l'ensemble. Mon pantalon, blanc et ajusté, offre une sobriété qui équilibre les détails riches de la veste.
Je positionne l'oreillette qui me permettra de communiquer avec la panthère et le caméléon, puis insère l'immense tête de casse-noisette, à l'expression théâtrale, avec une moustache noire proéminente, des yeux circulaires et un chapeau rouge orné d'insignes dorés. Chaque détail de ce costume, des ornements militaires à l'allure théâtrale, me fait ressentir toute la grandeur et l'élégance d'un personnage sorti tout droit d'un conte de fées.
L'heure affichée sur l'horloge m'indique qu'il est grand temps que je me présente à la soirée. Je mets mon téléphone dans ma poche et ma clé USB, puis sors de la suite. Nombre d'invités ont eu l'intelligence comme moi de prendre une chambre dans cet hôtel. Donc, se croiser vêtu dans des tenues plus qu'inappropriées pour certains n'est pas dérangeant.
J'arrive dans la grande salle réservée pour l'occasion où tout a été mis en œuvre pour satisfaire les invités. Un grand sapin richement décoré occupe le fond de la pièce. Des serveurs munis de plateau avec des boissons, passe entre les clients. Des buffets longent les murs. Une musique de fond couvre légèrement les discussions sur un air de fête. Les petits plats dans les grands, dont je n'ai plus eu l'occasion de participer.
— Ça ne va pas être compliqué pour toi de siroter un verre avec ce truc sur la tête ? entends-je dans l'oreillette.
Je me retourne, et aperçois un renne s'approcher de ma position.
— Je ne pensais pas que le loup se déguiserait en mouton, répliqué-je à la remarque.
— Pour le coup, c'est une panthère en Rudolf, j'ai fait avec les moyens du bord.
Je lui serre la main, puis vais pour entamer une conversation, cependant elle se met sur la pointe des pieds et regarde par-dessus mon épaule.
— Le caméléon n'est pas avec toi ? demande-t-elle en scrutant l'entrée des visiteurs.
— Je n'ai pas eu de nouvelles depuis l'acceptation, réponds-je en me tournant vers les portes.
Un sucre d'orge humain arrive à ce moment dans la salle. Suivi d'un couple particulièrement assorti. L'un est vêtu d'un costume intégral de Grinch, recouvert d'une fausse fourrure verte ébouriffée qui donne l'illusion parfaite de cette créature grincheuse et malicieuse. Son visage est entièrement dissimulé derrière un masque réaliste, tellement détaillé qu'il donne l'impression que sa peau est véritablement celle du personnage : un teint vert vif, un nez retroussé et des yeux malicieux qui semblent prêts à comploter. Autour de sa taille, un chien-renne gonflable est attaché comme un accessoire. Cela ajoute une touche comique et absurde à l'ensemble. Sa posture figée et son expression innocente contrastent avec mon apparence excentrique et grincheuse, renforçant l'effet hilarant. De plus, deux boules lumineuses sont accrochées autour de son cou.
La femme à ses côtés contraste parfaitement avec cet affreux bonhomme vert. Elle se tient vêtue d'une robe rouge éclatante, courte et bouffante, qui rappelle immédiatement l'esprit de Noël. Les bordures de la robe sont ornées de fausse fourrure blanche, douce et moelleuse, qui encadrent délicatement le col, les poignets et l'ourlet du vêtement. Une série de lacets entrecroisés sur le devant ajoute une touche élégante et cintrée, mettant en valeur sa silhouette et sa poitrine tout en restant ludique. Deux pompons blancs pendouillent de la taille, dansant légèrement au moindre mouvement, renforçant l'aspect festif et mignon de l'ensemble. Sous la jupe, un jupon en volants apparaît, ajoutant du volume. Des cuissardes noires laissent entrevoir des bas bariolés rouge et blanc.
Elle porte un masque de bal richement orné, revisité aux couleurs de Noël. Les motifs tourbillonnants et complexes, qui serpentent avec élégance sur sa surface, sont rehaussés de rouge profond et de vert sapin, tandis que des accents dorés scintillants illuminant l'ensemble, rappelant les décorations traditionnelles des fêtes. Les arabesques semblent presque vivantes, évoquant les branches d'un houx ou les ornements d'un sapin de Noël. Les yeux sont encadrés par des lignes fluides qui dirigent le regard avec grâce, et une teinte douce d'ivoire illumine la base, créant un contraste parfait avec les couleurs festives. En son centre, un motif rappelant une étoile ou une fleur de poinsettia est mis en valeur par des reflets dorés. Ses cheveux bruns sont relevés en cascade flottant à chaque mouvement derrière son dos.
— Il y en a qui n'ont pas lésiné sur les moyens, remarque Vera en les détaillant.
J'acquiesce. Puis observe le couple se séparer froidement, comme s'ils menaient une mission. Le Grinch entame une conversation avec le sucre d'orge, tandis que la femme se dirige avec nonchalance vers un groupe d'hommes. À leurs comportements, je devine de suite qu'ils font partie de la mafia. Pas des gens recommandables pour elle. Je glisse ma main dans ma poche, récupère la clé et la tends discrètement à Vera.
— Tiens, tous les fichiers sont en copie dessus.
— Qu'est-ce que tu fais ?
— J'ai une personne à aller voir, réponds-je en ne quittant pas le groupe d'hommes des yeux.
— Et le caméléon ?
Je pose ma main sur son épaule.
— Si on ne se voit pas, ce n'est pas grave. Profitons un peu de la fête.
Elle ne me répond pas de suite. Pose ses doigts à son oreille, puis hoche la tête.
— J'ai des collègues qui sont arrivées, mieux vaut se séparer.
D'un commun accord, nous nous dirigeons dans des directions opposées. Je me rapproche du groupe et active mon modulateur de voix que j'ai inséré dans la tête de mon costume. Je reconnais immédiatement, Vladimir Blagadov, un ennemi de ma famille. Accroché à son bras, la femme que j'ai repérée plus tôt. Elle lui fait des caresses sensuelles sur le bras, riant aux blagues vaseuses des hommes. Se laissant palper les hanches par les doigts potelés de Vladimir. Ses yeux bleus montrent du dégoût, mais restent ancrés sur l'homme.
Nous trinquons tous en nous souhaitant de merveilleuses fêtes, tandis que nous échangeons des banalités sur les affaires. Récupérant ainsi des informations cruciales.
— Livio n'a pas fait le déplacement au final.
Je tique sur le prénom.
— Non, une affaire de famille à régler d'après ce que je sais, réponds l'un d'eux.
— Tant mieux, je n'aurais pas à me salir les mains ce soir, rit un autre.
Et moi, je n'aurais pas l'occasion de l'enfoncer. Ça me renfrogne.
— Et si nous allons nous salir tous les deux, propose la femme au crochet de Vladimir.
Le regard du mafieux pétille.
— J'aime cette invitation. Messieurs, vous m'excuserez.
La soirée est bien entamée, l'alcool et l'autre drogue font déjà leurs effets. Le couple s'éclipse. Je prends congé quelques minutes après, puis les suis en dehors de la salle. Ils prennent l'ascenseur jusqu'aux suites. Je ne sais pas ce qu'il me prend, mais je n'ai vraiment pas confiance en Vladimir. J'atteins l'étage peu de temps après eux.
Ils sont juste à côté de ma suite. Je prétexte de rentrer me reposer, puis retire ma tête de casse-noisette. Me précipite vers mon ordinateur et me connecte aux caméras que j'avais au préalable hackées. À ma grande surprise, le Grinch apparaît dans le couloir. Sors une carte magnétique et pénètre dans la même suite qu'eux.
Mes doigts pianotent sur les touches. Je me connecte à la caméra du salon. La femme est à califourchon sur Vladimir qui prend plaisir à lui malaxer les fesses. Elle lui embrasse le cou, en se déhanchant sur lui. Lentement, elle descend en déboutonnant sa chemise puis son pantalon qu'elle descend sur ses chevilles en même temps que son caleçon. Je ferme les yeux sur cette vision d'horreur. Mais en les rouvrant, je remarque l'ombre de l'intrus qui s'approche derrière eux. Mon cerveau ne fait qu'un tour.
Je me redresse, remets ma tête de costume. Sors, pirate la sécurité de la porte. Entre en trombe dans la suite. Un cri s'échappe de ses lèvres.
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