Chapitre 26
Le visage à quelques centimètres du sien, Sienna éprouva le besoin de se rapprocher de lui. Pourtant, il ne restait rien comme distance pour que ses lèvres touchent les siennes.
Une hésitation lui coupa la respiration parce qu'elle craignait que ce baiser soit le début de quelque chose qu'elle n'arriverait pas à maîtriser.
Une partie d'elle voulait désespérément qu'il l'embrasse et qu'il se souvienne d'elle. Une autre craignait qu'il la rejette.
Partagée entre le cœur et la raison, elle se pinça les lèvres en soulevant les paupières afin de plonger son regard dans le sien.
Sans crier gare, il écrasa sa bouche contre la sienne. Elle prit une profonde inspiration en acceptant ce baiser puissant et identique aux précédents.
Il glissa sa main sur sa joue puis sur son menton. Avec autorité il pressa ses doigts sur ses mâchoires et rejeta sa tête en arrière en plongeant sa langue contre la sienne. Sienna n'avait jamais connu quelque chose de comparable si bien qu'elle avait l'impression que son corps se liquéfiait sous la brûlante ardeur de ce baiser.
Le désir la consumait si fort qu'elle ne voulait pas qu'il s'arrête. Elle sentit ses mains sur son visage, ses pouces se pressaient sur ses pommettes comme s'il voulait à jamais laisser son empreinte sur elle.
Elle poussa un soupir et il recula son visage du sien.
Le cœur battant la chamade, elle le regarda dans les yeux pour essayer de percevoir des lueurs d'espoir, mais tout ce qu'elle décela c'est un violent désir qu'il essayait en vain de combattre. Il la regardait avec encore plus d'intensité que sur le bateau. Son visage était crispé de retenue tandis que ses mains continuaient de caresser son visage et ses cheveux.
- Nous ferions mieux...de...vous êtes marié, lui rappela-t-elle.
Il émit un rire caverneux.
- Dans ce cas, dites-moi où elle est, chuchota-t-il dangereusement contre ses lèvres. Peut-être que c'est vous.
La panique se mêla au désespoir qu'il continue de l'embrasser.
- Tant que cette femme n'a pas signé, ce mariage est incomplet, mais vous avez raison. Je suis marié. Et je crois que la femme que je cherche est devant moi.
Elle voulut secouer de la tête, mais il la tenait si fort entre ses mains qu'elle ne pouvait plus la bouger.
- Vous êtes si réceptive que ça serait un jeu d'enfant d'obtenir la vérité.
Sienna avait l'impression d'être comprimée dans un étau de frustrations et les hormones jouaient un rôle cruel à son état.
Il semblait extrêmement sérieux et prêt à obtenir la vérité de cette façon.
Mohamed ne se souvenait pas, mais il était désormais certain qu'il avait devant lui la femme qu'il cherchait.
Cette odeur de jasmin ne lui était pas méconnue tout comme le goût sucré de cette bouche qu'il pouvait jurer avoir déjà goûté.
Elle réagissait comme si elle avait déjà éprouver ce désir dans ses bras et elle était si réceptive et peu craintive qu'il veuille la posséder qu'il était convaincu que cette jeune femme avait déjà était sienne par le passé.
- Je ne suis pas votre femme, dit-elle d'une voix altérée par le désir. Ce n'est pas moi, mais si vous voulez tout savoir...
Elle s'interrompit, une expression hésitante sur son visage.
Mohamed resta silencieux afin de ne pas troubler la jeune femme qui s'apprêtait enfin à lui dire la vérité.
- On s'est déjà rencontré par le passé, lâcha-t-elle d'une voix emplie de tristesse.
Il retira ses mains sur son visage et posa son index sous son menton pour qu'elle le regarde dans les yeux.
- Comment ? S'enquit-il avec impériosité.
Sienna avait l'impression que son cœur était en train de cesser de battre. Elle aurait voulu que cet instant dure pour toujours mais la partie la plus sombre de son esprit lui avait rappelé les dangers qu'elle prenait à lui révéler la totale vérité. Les lois de son pays, des lois qu'il avait lui-même rédigées étaient la plus grande menace et ce mariage qui n'était qu'à moitié valide ne la protégeait en rien.
- Vous aviez pour projet de détruire ma maison et le quartier dans lequel je vis depuis que je suis enfant, commença-t-elle alors qu'elle avait l'impression que des lames lui transperçaient la gorge. Je vous ai maudit pour ça et je vous ai affronté jusqu'à ce que j'apprenne quelque temps plus tard que vous aviez mis un terme au projet pour le diriger ailleurs, vers un autre site. Voilà la raison pour laquelle j'étais si bouleversée quand je vous ai vu lors de l'entretien.
Sienna ne lui avait pas menti, elle venait juste de taire la plus grande partie de l'histoire.
Avec crainte, elle leva son regard dans le sien. Les traits de son visage étaient tendus, ses épais sourcils froncés et ses yeux gris reflétaient une colère silencieuse.
Terriblement mal, Sienna se leva des coussins et remit des mèches inexistantes derrière son oreille. Il se leva à son tour, le visage toujours aussi dur.
- Et vous m'avez laissé vous embrasser ?
- Est-ce un reproche ? Dois-je vous rappeler que...
- Non c'est inutile, la coupa-t-il durement, je suis juste surpris que vous laissiez un homme qui voulait détruire votre maison vous embrasser.
- Tout le monde fait des erreurs, dit-elle sèchement en fuyant son regard. Maintenant que vous connaissez la vérité, est-il possible de rentrer ?
- Vous m'avez laissé vous embrasser, insista-t-il à travers ses dents serrées.
- Qui n'aurait pas envie d'être embrassé par un homme comme vous, se justifia-t-elle avec effort. Vous êtes ténébreux et fort, n'importe quelle femme même la plus saine d'esprit aurait succombé à votre charme.
Elle reprit sa respiration et déclara :
- Vous nous aviez conviés à une réunion, mais j'étais tellement en colère que je suis partie pendant que vous étiez en train de vous exprimer. Vous l'avez mal pris alors vous êtes venu m'affronter dans la librairie de mes parents qui était vouée à disparaître. Nous nous sommes affrontés, je vous ai traité de riche arrogant qui ne se souci pas de ce qu'il détruit. Quelques jours plus tard, j'ai appris que vous aviez abandonné le projet. Il n'y a rien de plus à dire. Quand je suis arrivée ici en étant surprise que vous m'ayez oublié, votre situation m'a été expliquée. Voilà pourquoi vous avez la sensation de me connaître.
Il fronça des sourcils, d'un air sévère et son poing se serra le long de sa jambe musclée.
Non seulement il avait l'air en colère mais aussi peu convaincu par son histoire.
- Vous vouliez la vérité, et maintenant que vous la savez, vous donnez l'impression que vous ne me croyez pas !
Un rictus amer voire de déception creusa la bouche du sultan.
- J'essaye de me rappeler, hélas rien !
- C'est inutile de vous rappeler, parce que ce n'est pas très important.
- Au contraire ça l'est !
Sienna se recula instinctivement, les yeux écarquillés.
- Pourquoi vous mettre en colère ! Je vous ai donné la vérité ! Vous allez me jeter en prison pour ça ? Selon vos lois.
- Que savez-vous de mes lois ! Gronda-t-il en la rejoignant en quelques enjambées.
- Suffisamment pour savoir qu'il ne faut pas traîner ici longtemps !
- Ces lois protègent mon pays et moi par la même occasion. Elles me protègent de ceux qui seraient intéressés par l'idée de me mentir. C'est grâce à ces lois que Farah n'a pas pu aller au bout de son piège avec cette grossesse imaginaire !
Sienna trembla car il venait d'aborder la partie la plus terrifiante pour elle.
- Quand elle a su qu'aucun enfant né hors mariage pouvait prétendre au trône mais au contraire la mettre dans un position extrêmement dangereuse elle a reculé immédiatement, ajouta-t-il d'une voix acerbe. Alors peu importe si ces lois donnent l'impression que je suis un monstre impitoyable elles sont là pour éviter bien des problèmes inutiles.
La gorge serrée, Sienna essaya de ravaler les larmes qui lui dévoraient les yeux et lui tourna le dos.
- Maintenant que tout est limpide entre nous, j'aimerais vraiment rentrer, trouva-t-elle la force de dire.
Un silence assourdissant lui répondit. Toute tremblante, elle ferma les yeux brièvement puis les rouvrit doucement. Tout autour d'elle devenait sombre parce qu'elle avait l'impression de tomber dans un gouffre.
- Nous partirons demain matin, déclara-t-il fermement.
- Très bien.
- Vous auriez dû m'informer de notre rencontre, insista-t-il sur un ton accusateur.
- Est-ce que ça aurait changé quelque chose ? S'enquit-elle en lui faisant face.
- Je ne me serais pas conduit de la sorte avec vous. Je vous ai enlevé, j'ai dépassé les limites avec une étrangère avec laquelle j'ai eu des différends par le passé.
Sienna sentait sa colère vibrer, mais autre chose grondait dans sa voix. Il paraissait frustré et en rage.
- Veuillez me pardonner, ajouta-t-il d'une voix plus amène. Je n'aurais pas dû me comporter de la sorte.
Un mélange de déception et de colère courut sur son visage et c'était sans doute la première fois qu'elle le découvrait ainsi. Moins impassible, moins énigmatique et ouvert aux émotions.
- J'accepte vos excuses, murmura-t-elle en forçant un sourire.
Il s'approcha d'elle et prit ses mains dans les siennes.
- Je suis soulagé d'apprendre de votre bouche que j'ai abandonné ce projet de détruire votre maison. J'aimerais me souvenir, j'aimerais pouvoir me rappeler.
Il leva sa main pour caresser ses chevaux, la bouche tordue d'un rictus sévère.
Sienna avait l'impression de suffoquer de l'intérieur, mais réprima ses émotions de peur qu'il puisse les déceler.
Il retira sa main et son torse se souleva brutalement. Ensuite, il s'en alla hors de la tente d'un pas furieux.
Sienna s'entoura de ses bras et éclata en sanglots.
Le lendemain, le sultan avait tenu sa promesse de la ramener et quand il lui avait proposé de partir définitivement, Sienna avait accepté la mort dans l'âme.
Elle ne pouvait pas rester ici parce que bientôt, sa grossesse allait se voir et elle ne pouvait pas prendre ce risque. Le sultan avait accepté sa décision avec une froideur qui l'avait paralysée. Ensuite ?
Elle ne l'avait jamais revu.
Le cœur lourd Sienna était montée dans la voiture avec Arif qui avait eu pour ordre de l'accompagner.
- Je regrette votre départ précipité, déclara Arif l'expression fermée.
- Je suis désolée, se contenta-t-elle de murmurer.
- C'est la première fois depuis son accident qu'il donne enfin l'impression d'être lui-même. Vous ne devriez pas partir. C'est une mauvaise décision. Sa Majesté est en colère. Je pense qu'il ne voulait pas que vous partiez.
- Je le dois, répondit-elle difficilement. Je suis en train de compliquer les choses.
- Il ne retrouvera jamais cette femme, car je pense qu'elle n'existe pas, insista-t-il sur un ton dur. Je pense qu'il a signé ces papiers par dépit. Je pense qu'il essaye de se persuader que cette femme existe pour fuir la réalité qui est tout autre. C'est résolu qu'il a sans doute pensé qu'il ne trouverait jamais la femme qu'il espérait avoir à ses côtés.
Arif marqua une pause tout en la dévisageant avec un regard désespéré.
- Cette femme n'existe pas, mais vous oui. Avec vous, il est différent et il redevient l'homme qu'il était avant.
Sienna serra les lèvres et tourna le regard vers la fenêtre.
- Nous avons besoin du guerrier impitoyable d'autrefois et avec vous il redevient cet homme, poursuivit-il. L'avenir qui attend le royaume est redevenu indécis.
- Parce que vous pensez sincèrement que je serais devenu la femme du sultan ? Lança-t-elle en peinant à comprendre où il voulait en venir.
- Oui, avoua-t-il sans une once d'hésitation dans la voix. À choisir entre une parfaite inconnue et Farah. J'aurai préféré que ce soit vous.
- Vous ne savez même pas qui je suis.
- Suffisamment pour savoir que son altesse est en colère à cause de votre départ. Ce qui suggère qu'il se sentait bien avec vous.
- C'est imprudent de votre part monsieur, je pourrais être l'une de ces femmes qui tente de le piéger.
- Si c'était le cas, vous n'auriez pas attendu aussi longtemps pour lui révéler que vous le connaissiez.
Sienna inspira profondément en jetant un autre regard dehors.
- Il a pris le risque de vous enlever parce qu'il avait le pressentiment qu'il vous connaissait.
" Et ce n'est pas la première fois " songea-t-elle en se mordant la lèvre.
- Je ne peux pas rester monsieur, je dois rentrer, conclut-elle en le regardant droit dans les yeux. Il le faut. Je n'aurais jamais dû accepter de venir. Je l'ai fait uniquement parce que je voulais le remercier d'avoir épargné mon quartier. Je ne savais pas pour son accident et s'il ne s'est pas manifesté avant mon départ c'est parce qu'il sait que c'est le mieux à faire.
Arif Bakir se ferma, une colère silencieuse dans les yeux.
Il ne pouvait pas comprendre, d'ailleurs personne ne le pouvait et encore moins le sultan lui-même qui l'avait mise dans une situation sans issue favorable.
Les lois de son pays, son amnésie, le fait que cet enfant ait été conçu hors mariage.
Tout...absolument tout était contre elle.
Sienna quitta l'île Rhafar avec regrets, mais convaincue que c'était le mieux à faire. Elle ne voulait pas se torturer plus longtemps. Rester un jour de plus la briserait totalement.
Lorsqu'elle posa le pied à New York, Ethan était là et elle décela dans ses yeux une lueur inquiète et mécontente.
Sienna s'approcha, le ventre noué et monta dans la voiture.
Ethan resta silencieux et ce silence indiquait qu'il savait.
Oui.
Il savait qu'elle lui avait menti.
- Qui te l'a dit ?
- Peu importe qui me l'a dit, le principal désormais, c'est que tu es de retour et tu vas partir avec moi. Que tu le veuilles ou non, tu as besoin d'être protégé parce que j'ignore si tu le sais, mais tu t'es mise en danger.
- Je sais, murmura-t-elle l'air abattu. Il ne se souvient de rien Ethan.
Son frère tourna la tête vers elle, lui infligeant un regard inquiet et pesant.
- Dans ce cas, prie de toutes tes forces pour qu'il ne retrouve jamais la mémoire. Parce que si jamais ce jour devait arriver...
Ethan avait consulté les lois rédigées par le sultan, et à en juger son regard, il les avait consultées avec profondeur.
- Ethan, qu'est-ce que tu sais que je ne sais pas ?
- Je sais qu'il va te falloir un bon avocat.
- Il n'est pas comme ça Ethan, tu ne le connais pas.
- Et toi tu penses le connaître ?
- Oui, tu n'étais pas là sur ce bateau, tu ne sais pas ce qu'il s'est passé !
- Je sais qu'il a signé un papier indiquant qu'il reliait sa vie à la tienne, je sais qu'il a entamé une procédure officielle pour un mariage avec toi, mais ce mariage ne s'est jamais fait parce qu'il a eu un accident !
Sienna se redressa sur le siège.
- Comment tu...
- J'ai des contacts, la coupa-t-il furieux. Des contacts qui me sont précieux. Sienna, s'il n'avait pas perdu la mémoire et s'il t'avait convaincu de le suivre à Rhafar et de l'épouser dans la minute alors cette grossesse accidentelle n'aurait pas posé de problème, mais étant donné que ça ne s'est pas passé comme ça...
- Je sais, le coupa-t-elle à son tour. Je sais exactement ce que ça signifie. C'est inutile de me faire plus de mal.
- Tu ne connais pas toute l'histoire de sa famille et tu ignores les raisons qui font que les grossesses hors mariage sont interdites Sienna, dit-il gravement. Tu ne connais pas toute l'histoire.
- Et je ne veux pas la savoir, lui dit-elle fermement. Tu ne peux pas comprendre Ethan. Tu penses peut-être que je suis une idiote qui aurait dû réfléchir à deux fois, mais je voulais ce qui s'est passé parce que je me sentais bien avec lui.
- Tu te sentais bien avec un homme aussi dangereux que lui ! Gronda-t-il l'air indigné. Sais-tu au moins qui il est ou tu t'es juste contentée de tomber sous le charme de son charisme indéniable ? C'est un guerrier Sienna, un traditionaliste avec des...
- Il me rendait heureuse, il me donnait enfin l'impression d'être vivante et je me sentais en sécurité dans ses bras, peu m'importe ce qu'il est. J'étais parfaitement consciente qu'il était dangereux et qu'il l'est toujours, mais il me voulait et je ne regrette pas ce qui s'est passé ni même ce bébé et c'est exactement pour cette raison que je suis partie. Pour protéger mon enfant.
Au bord des larmes, elle essuya sa joue en détournant son visage.
- Je ne veux plus jamais en parler s'il te plaît Ethan. Je veux rentrer.
Son frère n'insista pas et démarra en trombe comme s'il voulait l'emmener loin...d'ici, loin de New York afin qu'elle oublie à jamais qu'une fois de plus...la vie lui avait offert souffrance et désespoir...
Je sais que vous attendez tous que la révélation arrive. Patience...❤️
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