Ce fil qui jamais ne finit

Ce fil rouge écarlate, couleur sang, qui jamais ne finit. Moi je cours sur son long, je cherche la fin où tous serraient enfin réunis.

Mais il reste tendu, aussi tendu que ceux qui passent en tombent. Oh, bravo à ceux qui sautent, voilà qu'ils se croient plus malins ! Savent-ils que le long de leur chemin, d'autres viendront leur barrer la route ?

Non ils ne le savent pas, car pour savoir il faudrait lever la tête, haut dans le ciel où l'on nous tire par des ficelles. Moi je n'ai qu'à lire ces mots et tout prend sens, cela néanmoins ne résout rien. Moi je n'ai qu'à dire, qu'à faire, mais voilà que soudain tout est réglé ! N'est-ce pas ainsi que pensent et se mentent chacun ? Oh oui ils croient savoir, oh oui ils croient que dire sans s'arrêter pour entraîner dans leur danse folle d'autres qui n'ont que faire que de lever des yeux perdus dans leur direction.

Oh oui, car même si les fils courent le long de notre langue, tous ne savent faire autre que de le suivre aveuglement, sans regarder au dehors. Pensent-ils que tout est meilleur ici, pensent-ils que là dehors s'étend une couche venimeuse ? Oui ! Ils pensent vrai, ils pensent juste, ils pensent comme ils n'ont jamais pensé, mais pourtant cela ne résout rien. Mais pourtant d'autres s'enfoncent dans les sables venimeux. Mais pourtant d'autres le voient, ce fil, le rêvent, même, et pourtant jamais ils n'oseront le frôler, de peur. 

De peur qu'un autre vienne pour les entraîner dans l'autre sens, de peur qu'une fois le bond franchit s'en dresse un nouveau fil plus noir que le premier. Noir aussi sombre que les pensées d'ailleurs, aussi obscur que les volontés des hauts et pourtant plus blancs qu'ils sont là bas. 

Tout ceci pour un fil ? diront-ils, mesquins, en levant les yeux au ciel comme s'ils savaient mieux que tous. Moi je dis, moi je crie, moi je hurle et rit de cette question, car oui je fais partie de ceux qui ont la chance de l'énoncer. 

Tout ceci pour un fil.

Un fil qui cout les couleurs entre elles. Un fil qui traverse mers et terres sans jamais se briser. Un fil, que, oh oui !, j'aimerai briser et ceci en miettes jusqu'au moment où ne restera qu'une trace écarlate sur le sol, qui s'étalera sur notre peau souillée à jamais. Ce rouge qui marquera nos mains d'avoir installé ces fils.

Ah ! Est-ce donc aussi simple ? Voilà que je parle, que j'écris, que les mots s'enchaînent sans plus en finir et pourtant.

Et pourtant.

Et pourtant rien est simple. Et pourtant si un mot pouvait nous guérir, voilà que celui le plus haut de tous n'existerait déjà plus. Le plus haut, certains prétendent que c'est un mensonge, mais moi je sais que c'est la triste vérité. Que si certains croient à l'illusion, c'est parce qu'ils savent que ce cauchemar qu'ils vivent n'a pas de réveil. Pas de temps où le temps s'arrête, pas de murs qui sont brisés par ces murs qui jamais ne cessent de s'emmurer. Que c'est une ronde, c'est la vie, oh oui moi je dis il n'y a pas de réponse plus simple que la vie.

Nous voilà de retour au départ ! Nous voilà de retour à cette simplicité que tous se mentent, et pourtant rien n'est simple. Ceux qui se disent le contraire ne sont pas nous, ils ne sont qu'un mirage, comme une nargue devant ceux qui ne peuvent dire simple sans frissonner. 

Ce fil qui en est le responsable. Ce fil qui sur son expression fait croire à de l'impassibilité. Ce fil qui cache sa nausée devant la cascade écarlate qui ruisselle sur son dos sans cesse. Alors qui ? Oui, moi je vous le demande, à qui la faute, dans ce cas, si ce fil ne peut même plus porter ce fardeau !

Moi je n'est qu'une réponse à vous donner. Et moi je dis que ce fil n'est que la toile tissée de l'araignée qui nous berce. Et cet arachnide, oh, qu'elle nous nargue ! Qu'elle est bien là haut, seule sans air ni bruit, à s'amuser de ses pions pris dans son fil ! Elle pond et l'œuf naît. Elle pond et nous naîssons.

Nous naissons, et l'araignée suffoque. L'araignée regarde, effarée, ses enfants devenir monstres. Plus monstres et plus arrogants qu'elle ne l'est. Elle regarde, épouvantée, ses enfants pousser ce fil, l'étendre et la prendre au piège. Elle regarde, bien trop tard, ses enfants se pendre par ce fil écarlate qui jamais ne finit.

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