- Tu as faim ? questionna-t-il.

- Mais je nous ai déjà fait perdre du temps...

- Je sens que tu en as besoin, sourit-il légèrement.

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J'étais assise sur un banc, en tailleur avec un livre au creux de mes mains. Severus était en train de terminer son lunch  lorsque je lui fis un signe de la main pour lui dire de se lever. La bouche encore pleine il ne répondit pas et se contenta de froncer les sourcils. Prise d'un élan de motivation je déclarai :

- Nous devons continuer au plus vite. Je ne veux pas rester sur place une minute de plus.

Un pas après l'autre, nous sortîmes du parc. Je pris la tête de la marche et guidai Severus à travers les paysages d'Écosse, passant par les montagnes, petits villages et forêts en tout genre. Après plusieurs heures de marche, nous étions à présent à dix minutes de notre destination finale.
Je sentis qu'une certaine atmosphère se mettait en place au fur et à mesure que nous avancions. Un instant plus tard, je sentis mon pied s'enfoncer légèrement dans la terre. Je fis un deuxième pas sur cette terre moelleuse et m'exclamai en soufflant d'épuisement:

- Nous y sommes !

Effectivement, nous venions d'arriver dans la vallée des fées. Je m'assis à même la terre et pris une grande inspiration. Je fermai les yeux, focalisant mon esprit sur les sons de la nature. Nous avions fait la moitié du chemin, mais après cette étape le plus dur restait à venir.

Severus me tendit un bocal vide après l'avoir sorti de son sac à dos. Une fois prête, je m'en emparai et en ôtai le bouchon. Je choisis un espace où la terre était sous le soleil. À  l'aide d'une branche, je délimitai la zone où la terre me semblait la plus fraîche avant de remplir le bocal en prenant de grosses poignées de ce petit bout de nature. À ce moment là, je me moquais de tout, que mes mains soient sales ou mes vêtements tachés, je voulais juste avancer. Une fois le bocal débordant de la pureté de cette terre, je le refermai pour le ranger avec soin.

Il ne nous restait plus qu'à récupérer deux éléments. L'air s'annonçait être le plus compliqué à attraper. En effet, il nous fallait atteindre le point culminant de la Grande-Bretagne : le mont Ben Nevis. Pour ce qui était du feu, nous comptions nous en emparer en dernier pour pouvoir le maintenir en vie  jusqu'à l'apparition de la pleine lune pour pouvoir démarrer le rituel qui nous ramènerait chez nous. Par chance, la pleine lune pointait le bout de son nez le soir du réveillon du nouvel an, au moment où le grand feu de joie serait allumé. Mais ce soir, je voulais absolument que nous nous reposions et profiter d'un pseudo réveillon de Noël avant l'expédition en montagne du lendemain. C'est pourquoi, nous fîmes immédiatement demi-retour pour sortir de la forêt. Nous étions très loin d'une quelconque zone urbaine alors je pris la décision de nous arrêter dans un modeste village rustique. Nous pouvions voir à travers les fenêtres des hommes et des femmes qui s'attaquaient à la préparation du repas de Noël ou bien des enfants qui s'enjouaient en décorant les maisons et en aidant les plus petits d'entre eux à accrocher leurs chaussettes au bord de la cheminée. Les maisons dégageaient une bonne odeur de dinde et de marrons et même des chorales d'enfants chantaient de jolies chansons de Noël qui retentissaient dans tout le village. J'aimais tellement ces moments, quand tous mes sens étaient en éveils.

Nous marchions à travers le village enneigé, ma main essayant tant bien que mal de se réfugier du froid dans celle de Severus. Au coin de la rue, un vieil homme habillé chaudement nous sourit avant de s'avancer en s'appuyant sur sa canne pour nous offrir son aide.

- Nous cherchons un endroit pour passer la nuit, demandai-je d'une voix tremblante de froid.

- Si vous voulez passer un bon réveillon de Noël vous n'avez qu'à continuer votre chemin tout droit jusqu'à une rue illuminée. Lorsque vous l'emprunterez, une auberge sera directement sur votre droite, m'expliqua précisément l'ancien.

- Merci monsieur, merci infiniment et joyeuses fêtes !

Cette instant chaleureux me réchauffa le coeur et alors que nous laissions l'homme derrière nous, la fameuse rue lumineuse apparut sous nos yeux. Puis, ses indications nous menèrent face à l'auberge qui était ornée elle aussi d'une enseigne lumineuse. J'entrai à la hâte après avoir enlevé la neige de mes chaussures. L'odeur de la cheminée et du feu qui y crépitait parvint jusque mes narines. C'était un accueil cordial et enthousiaste qui nous tomba dessus. Évidemment, Severus ne semblait pas très à l'aise avec la situation alors il s'empressa de nous prendre une chambre. Une fois installés, je m'accaparai de la salle d'eau. Je laissai ma tenue d'hiver pour la remplacer par quelque chose de plus joli à regarder. Pour l'occasion, j'arrangeai même mes cheveux en les surélevant en un chignon. Lorsque je fus prête, j'ouvris la porte pour tomber directement sur Severus. Surprise, je me mis à rougir. Je le vis me regarder de haut en bas alors qu'il était si proche de moi.

- Tu es ravissante, murmura-t-il de sa voix profonde.

- Merci, je voulais faire comme si de rien n'était et fêter Noël avec toi, dis-je en souriant.

Je levai la tête et mon regard croisa celui de Sev'. Ce regard dans lequel j'aimais tant me noyer. Soudain, quelqu'un toqua à la porte me sortant de ma rêverie. C'était la propriétaire de l'auberge, nous tendant notre repas.

- Je pensais que vous auriez préférés passer cette soirée tous les deux, ajouta-t-elle.

Je la remerciai puis elle retourna en bas d'où l'on pouvait entendre des conversations enflammées et des rires qui provenaient de chaque côté. Sur une table, je posai le service et y portai plus d'attention. C'était un vrai repas de Noël ! Je regardai Severus avec un grand sourire aux lèvres. Il ne nous manquait plus qu'un bon repas, et voilà que nous avions été écoutés. Avec hâte, le dîner commença et je ne pouvais que me sentir bien. En cette période difficile, rien ne pouvait me faire plus plaisir - à part notre retour à Poudlard évidemment - que ça.

Quelques assiettes plus tard, nous étions rassasiés pour un bon moment. Severus finit son verre de vin avant de se lever puis revenir avec une boîte au creux de la main.

"Il n'a tout de même pas acheté un cadeau? " pensai-je.

Mon coeur se mit à battre à toute vitesse. Je me levai à mon tour et me dirigeai vers mon sac à dos d'où je sortis mon cadeau acheté plus tôt dans la journée. Nous échangeâmes nos boîtes, chacun avec un air anxieux sur le visage. Je fus la première à oser ouvrir son cadeau.

- Ça te plaît ? demanda Severus.

- C'est plus que ce que j'imaginais, répondis-je en découvrant un magnifique collier de bronze, les pupilles remplies d'étoiles.

J'étais charmée par la simplicité et le minimalisme du bijou. Seulement deux cœurs entrelacés et voilà que j'en étais ravie. Severus parut soulagé et me fit part de son incertitude sur le cadeau. Il n'avait pas l'habitude de faire et de recevoir ce genre d'attention. Le potionniste vint alors se placer derrière moi afin d'attacher mon nouveau et élégant collier. Je sentis ses mains dans ma nuque ainsi que son souffle chaud ce qui provoqua un frisson qui me parcourut l'échine.
Tentant de paraître normale, je l'incitai à ouvrir son cadeau. Il défit alors soigneusement l'emballage et fit de grands yeux surpris en voyant les bijoux. Il prit un des deux anneaux avant d'envelopper ma main de la sienne pour insérer la bague autour de mon annulaire. Je m'emparai du second anneau, et fit de même. Le regard brillant de nostalgie, il mirait sa main.

- Merci. Merci beaucoup Hermione. Jamais personne ne m'avait fait un tel cadeau. Je ne sais pas comment te remercier autrement, tout ceci est nouveau pour moi, avoua-t-il tout en gardant son air sérieux.

Il passa une mèche de mes cheveux derrière mon oreille.

- Contente-toi de dire que tu m'aimes, lui chuchotai-je.

Ses yeux noirs se tournèrent soudainement vers moi. Au début hésitant, il m'embrassa une première fois puis une seconde fois avec un peu plus de confiance et de passion.
Mais il n'avait rien dit. Alors, il me lança un regard qui valait plus que des mots. Je comprenais que tout ceci devait être nouveau pour lui et qu'un « je t'aime » ne s'accordait pas à tout le monde. Cependant, j'étais confiante et certaine que Severus arriverait à s'abandonner à moi.
Puis, la soirée suivit son cours. Entrelacés, réchauffés et amoureux.
Il n'y avait plus de place pour la solitude et la peur.