Chapitre XXXVIII

Heeeey !

Bonne lecture !!



Hugo était assis depuis plus d'une heure sur une chaise inconfortable à écouter un homme qu'il avait espéré tant de fois ne plus jamais revoir. A sa gauche, sa sœur suivait attentivement les paroles de l'avocat tout en glissant quelques regards inquiets à son frère. Il entendait parfois un mot sur deux. Défense. Témoignage. Agression. Et puis des fois des phrases dont il aurait aimé ne jamais avoir entendu.

« Il va falloir qu'on décide ensemble Hugo ce qu'il faut que vous disiez ou non. »

L'intéressé ne comprenait pas bien cet avocat. Il ne l'avait jamais vraiment compris.

« La vérité ? » demanda le journaliste comme si c'était la réponse la plus évidente.

L'avocat sourit tristement. Combien de clients perdus comme lui avait-il eu dans son cabinet ? Pour lui ça devait être une journée comme une autre, pour Hugo c'était celle qui sonnait le basculement de sa vie. Le début de la fin.

« Une défense ça se construit. »

Il attrapa leurs dossiers et un carnet noir.

« Alors je vais vous expliquer comme ça va se passer. Le juge va vous appeler à la barre, vous demandez votre nom, votre adresse, de dire toute la vérité rien que la vérité et de prêter serment. Il va vous poser des questions. »

Il jeta un regard appuyé à ses deux clients.

« Des questions douloureuses. »

Hugo frissonna et Léna porta une main sur sa cuisse. Il la remercia d'un regard. Dieu, qu'être avec sa sœur dans cette épreuve lui faisait du bien.

« La nature de vos relations avec votre père, les relations entre votre mère et votre père. Il va falloir rentrer dans les détails. Raconter combien de fois c'était par jour, la nature des agressions, ce que ça vous faisiez. Il faudra aussi donner des exemples. »

Hugo inspira lourdement. Il avait mis tant de temps à sortir de cet enfer, il ne voulait pas s'y replonger. Le problème n'était pas de trouver un exemple, mais plutôt de savoir lequel sélectionner, lequel il parviendrait à raconter jusqu'au bout.

« Ça peut durer combien de temps ? »

L'avocat haussa les épaules.

« Dix minutes comme plusieurs jours. Et le procès dure trois jours, le juge peut demander à vous réentendre. »

Il nota quelque chose sur son carnet que ni Hugo ni Léna ne pouvait déchiffrer.

« Je sais que vous vous êtes plutôt préparé à témoigner Léna, mais c'est pour vous que je m'inquiète. Est-ce que vous vous sentez prêt à parler devant lui ? »

Hugo ne savait pas. Ça changeait tout le temps. Il se sentait parfois prêt et puis la minute d'après il savait qu'il s'effondrerait au moindre regard échangé avec son père.

« C'est normal d'avoir peur. Mais vous devez comprendre que c'est votre revanche sur lui, sur tout ce qu'il vous a fait subir, à vous et à votre mère. »

Hugo hocha la tête.

« Vous devez aussi vous préparer à la défense. L'avocat de la défense va vous interroger dans l'espoir de rendre votre témoignage caduc. Il va vous attaquer sur le caractère soudain et très tardif de votre témoignage, sur peut-être l'emprise émotionnel de votre mère sur vous, ça peut être beaucoup de choses. Il ne faut pas que vous vous énerviez, il faut rester calme. »

Pourquoi s'énerverait-il ?

« Vous allez voir ça va être dur, il va remettre en cause toutes les bases. Le plus dur ce sera le sourire assuré de votre père, vous verrez. »

Il n'aimait pas ce vous verrez, comme s'il savait pertinemment qu'il allait se foirer. Ce fut dans l'incertitude qu'ils se quittèrent, sur une poignée de main. Léna traînait presque son frère. Ils s'assirent sur le trottoir juste ne bas de l'immeuble du cabinet.

« T'inquiètes pas, tu vas y arriver. » murmura Léna.

Il sourit.

« Qu'est-ce que tu en sais ?

- Je vais t'aider. »

Il soupira tant il trouvait cela absurde.

« Qu'est-ce que tu pourras bien faire ? »

Léna l'entoura tout doucement de ses bras.

« Je te protégerai. »

Il pouffa encore plus tristement.

« Tu m'as protégé quand il était là, c'est à mon tour maintenant. »

Il posa sa tête contre la sienne.

« Viens on va chez moi et on va parler. Si tu dis ce que tu as sur le cœur, ce sera plus facile après. »

Ce fut sur ces paroles qu'ils quittèrent enfin ce trottoir, marchant peut-être vers leur perte.


Guillaume avait fait la bise à une bonne partie de la rédaction mais il restait bloqué sur un regard. Celui de cette femme au milieu de l'open space. Elle l'avait vu lui aussi. Il ne la connaissait pas, il ne l'avait jamais vue. Aussi il s'en approcha mais fut intercepté par Martin qui lui fit une accolade.

« Salut ! Ça me fait super plaisir de te voir ! »

Martin s'écarta pour faire de la place à Maëlle.

« Je te présente Maëlle, c'est une amie des Etats-Unis, du coup faut lui parler en anglais. »

Guillaume acquiesça. Il lui fit la bise et s'efforça de s'exprimer du mieux possible. Martin se moqua gentiment mais il se débrouillait plutôt bien. Maëlle lui sourit d'une manière qui ne lui arrivait que rarement. Martin tiqua quelques instants sur son comportement. Guillaume et Maëlle parlaient l'air de rien comme s'il n'existait pas, comme si il n'y avait qu'eux dans ce monde.

Maëlle s'était assise sur une chaise de bureau qu'elle avait piquée. Guillaume était en face d'elle et lui expliquait son métier. Il avait un anglais plutôt basique et peinait parfois à trouver ses mots. Mais elle avait comprit. Une sorte d'humoriste qui interrogeait les gens sur des sujets à la radio. Elle lui promit d'aller écouter et elle y pensait réellement. Il était étrange cet homme. Il avait un sourire séduisant et un accent amusant. Il était très grand et semblait un peu maladroit. Elle se sentait bien, à l'aise et le temps s'était presque suspendu en plein vol.

Martin les observait de loin avec un sourire au coin des lèvres. Yann passa derrière lui et l'entoura discrètement.

« Je peux te déranger ? » demanda le présentateur

Martin lui accorda quelques secondes de son précieux temps.

« J'ai pensé à Hugo et tu ne crois pas que tu devrais essayer de parler à Elise ? »

Martin réfléchit patiemment. Est-ce que c'était la meilleure solution à prendre ? Agir derrière le dos de Hugo ? Mais Yann semblait plutôt sûr de lui et il intima Martin de passer un coup de fil rapide à Elise. Il s'exécuta.

« Salut Elise, tu vas bien ? »

Elle ne répondit rien.

« Ecoute, par rapport à Hugo, je sais que c'est pas facile. Mais tu ne dois pas le lâcher.

- Il me cache toute sa vie, ça ne peut pas marcher entre nous. » soupira Elise

Martin déglutit, il ne savait pas trop comment la convaincre.

« Il est fou de toi ! Il ne t'en parle pas parce qu'il a honte de lui, de toutes ces histoires. Ce n'est pas facile à dire. Regarde tu as bien réussi à le faire parler, il faut que tu le forces à s'ouvrir à toi mais habilement. »

Elle ne répondit toujours rien.

« Il a besoin de temps mais il a surtout besoin de toi. Il va devoir affronter son père, il a besoin de toi, sinon il en sortira détruit. Tu ne peux pas imaginer ce que ça lui fait d'y penser, d'en parler. »

Non, elle ne savait pas mais elle se doutait que ce n'était pas beau à voir.

« Je vais y réfléchir Martin. »

Il sourit tout seul.

« Tu promets ? »

Elise soupira encore une fois.

« Oui, je promets ! »

Ils se quittèrent sur cette parole. Martin était soulagé. Il ne pouvait pas être avec son ami mais il essayait au moins de réparer sa merde. Elise était seule dans son appartement. Elle regardait ses pieds. Que devrait-elle faire ? Elle se leva. Elle devait aller voir Hugo.


Voilààà

Merci pour la lecture et encore désolée maelle13 ^^ courage

Bonne nuit !!

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