Chapitre XLII


Heeey !

Booooooooonne lecture !


Hugo regardait fixement l'homme en face de lui. Trop de souvenirs se bousculaient dans sa tête, trop de questionnements, trop de peur pour qu'il parvienne à articuler un seul mot. L'avocat semblait le comprendre puisqu'il se leva pour lui apporter un café immonde – mais seule l'attention comptait. Il en but une gorgée en s'efforçant de ne pas vomir. L'avocat prit une longue inspiration et le regarda droit dans les yeux.

« Je repose ma question. Essayez de me raconter une situation de maltraitance, une qui vous a particulièrement marqué. »

Hugo inspira profondément en serrant son pantalon comme un enfant qui ne voulait pas répondre à son professeur de peur de se voir puni.

« Une fois, Léna n'avait pas respecté l'horaire que mon père lui avait fixé. Ma mère était toujours au travail, il attendait ma sœur et je savais qu'elle allait se faire dérouiller. Quand elle est rentrée, elle s'est prise deux baignes, j'ai essayé de la défendre, j'avais 14 ans, j'étais au collège. Il était tellement en colère, je n'avais jamais vu ça. J'ai reçu la même correction que Léna. C'est pour ça que j'ai décidé de ne pas respecter les horaires qu'il me donnait, comme ça il l'oubliait un peu et il se concentrait sur moi. »

L'avocat hocha doucement la tête.

« Cette situation a duré combien de temps ?

- Jusqu'à ce que je parte pour mes études. J'ai réussi à être indépendant et à couper les ponts. Léna a encore vécu deux ans après mon départ. Mais il buvait tellement qu'il était trop bourré pour arriver à la frapper. »

Il observait attentivement Hugo trembler de plus en plus.

« Pendant cette période, vous êtes allés à l'hopital ? »

Il acquiesça.

« Combien de fois ?

- Je ne sais pas. J'y suis allé pour des déboîtements de l'épaule, des fractures, des foulures, je ne peux pas vous dire combien de fois. J'ai gardé les documents dans mon carnet de santé. »

L'avocat replia le dossier.

« Bon je pense qu'on a fait le tour, vous êtes prêts. Mais sachez que j'ai essayé de recréer les situations d'un procès mais il y a un paramètre que je ne peux retranscrire. »

Oui, il le savait pertinemment et c'était bien ce qu'il l'inquiétait.

« Vous avez des amis pour vous soutenir ? De la famille qui va assister au procès ? Peut-être des collègues ou une copine, un copain ? »

Il soupira. Il y avait Elise. Léna. Pas de famille autour, pas de collègues. Il ne voulait pas les voir dans ce tribunal.

« Ne restez pas seul avant le procès. Ne passez pas la nuit seul, reposez-vous c'est important. Acceptez d'être soutenu. »

Hugo se leva pour le saluer. Il ne se pensait pas capable de suivre tous ses conseils mais il essayerait. C'était déjà un exploit qu'il arrive à parler de son enfance à une personne inconnue. 

Il sortit du cabinet et commença à marcher vers son appartement. Il espérait qu'Elise serait encore là. Il ne voulait pas qu'elle parte. Mais tout autre chose arriva. Devant la porte de son immeuble, Martin fumait une cigarette, adossé contre le mur. Hugo soupira. Il ne manquait plus que lui. Il s'approcha et Martin se redressa instantanément.

« Tu étais où ? Je t'attends depuis deux heures ! »

Hugo s'arrêta à sa hauteur. Il ne savait pas bien s'il devait lui parler.

« J'étais chez mon avocat. »

Martin hocha la tête. Un silence s'installa quelques secondes puis Martin se ressaisit.

« Hugo, je suis vraiment désolé pour ce que je t'ai dit ! J'ai été con, je ne peux pas imaginer ce que tu dois ressentir en ce moment avec le procès qui approche. Pardonne-moi. »

Contre toute attente, Hugo sourit timidement.

« Et je voulais te remercier pour mon père aussi... »

Cette fois, il fronça les sourcils.

« Ma mère m'a dit que c'est toi qui l'avait convaincue. »

Hugo avait parfois l'impression de se faire trahir de tous les côtés.

« Je suis venu te remercier. Ce que tu as fait, c'est... incroyable. On venait de se disputer mais tu y es quand même allé. Je ne sais pas comment te remercier. »

Hugo sourit et ouvrit la porte de son immeuble.

« Tu m'offriras des sushis ! »

Martin rigola doucement. Il savait que rien ne suffirait pour estimer avoir rempli sa dette.

« Tu te rappelles de ce que tu m'avais dit, il y a quelques mois ? Il n'y a pas de dettes entre meilleurs amis. Tu ne me dois rien. »

Hugo poussa la porte et ils entrèrent dans son appartement. Il pensait trouver Elise mais elle s'était évaporée, laissant seulement derrière elle un papier.

Je dois aller travailler. On se voit ce soir. Je t'aime. Elise.

Il sourit tout seul. Il était heureux qu'elle ne soit pas partie loin de lui trop longtemps. Il n'aurait pas survécu autrement. Martin l'observa d'un œil malicieux. Enfin le bonheur semblait effleurer son meilleur ami.


Maëlle sirotait tranquillement sa limonade et baladant ses yeux autour d'elle. Tout était si différent ici. Il y avait des vieux bâtiments, des monuments immenses, des cafés partout. C'était un plaisir de tous les essayer, de tout visiter. Alors que faisait-elle là à attendre ? Elle l'attendait lui. Un mystérieux personnage rencontré au hasard dans cette rédaction. Guillaume. Si un jour elle avait imaginé aller boire un verre avec un Français. Qu'est-ce qu'elle était en train de faire encore comme bêtise ?

Un bonjour l'arracha à ses pensées. Il était arrivé. Ils se firent la bise.

« Comment tu vas ? »

Elle répondit que tout allait bien. Et c'était vrai.

« Tu restes combien de temps à Paris ? »

Elle réfléchit quelques instants. Elle avait peur que le temps passe trop vite.

« Encore 10 jours. »

Il sembla tomber dans ses pensées. 10 jours. C'était bien trop peu. Elle lui demanda ce qu'il se passait, il sourit simplement pour effacer son visage inquiet. Il était beau quand il souriait.

« Qu'est-ce que tu veux faire aujourd'hui ? »

Elle n'en avait aucune idée. Elle se demanda ce qu'elle foutait là, avec lui, dans un café. Elle se demanda si un jour elle arrêterait de courir après le temps. Elle aimerait tellement prendre les devants. Et pour cela, il lui suffisait de... Elle sauta sur l'occasion et ne réfléchit plus à rien. Elle se pencha tout doucement vers lui. Il ne comprenait pas trop mais suivit le mouvement. Tout doucement, ils rapprochèrent leurs visages afin que leurs lèvres s'effleurent. Il porta une main sur son visage et elle frissonna. C'était la première fois qu'elle embrassait un Français et c'était plutôt agréable. Est-ce que c'était parce que c'était un Français ou parce que c'était lui ? Elle n'en savait rien pour l'instant.

Ce fut lui qui brisa leur union. Il semblait avoir un goût de regret.

« Maëlle, je... Je ne sais pas si c'est une bonne idée. Tu repars bientôt et je vais beaucoup trop m'attacher à toi. On ne devrait pas... »

Elle rigola et l'embrassa à nouveau. Il ne protesta pas. Il avait dû se dire que le futur était pour l'instant hors de portée et qu'il fallait profiter de ce présent, de ce baiser.

Il l'entoura de ses bras et son cœur se mit à battre violemment. Elle rigola en le voyant rougir. Est-ce qu'elle avait fait basculer le cœur de cet homme ? Elle se serait bien moqué de lui mais elle avait bien peur d'être dans le même état. Pourtant, il était bien impossible de tomber amoureux si vite, non ? Elle en était encore persuadée il y a peu. Pourquoi cette ville semblait sonner si différemment par rapport à New York ? Pourquoi tout était si magique ? Elle n'avait pas eu cette impression en descendant de l'avion, jusque au moment où elle l'avait vu, Guillaume.


Voilàààà

Bonne nuit et merci !

Encore désolé Maëlle ^^

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