Piscine - [20h]

Bordel ! Damon vient de m'embrasser.

Damon: Je pense qu'on devrait sortir.

J'approuve d'un simple hochement de tête encore trop bouleversée pour qu'un mot s'échappe de ma bouche. Il sort de l'eau et me tend la main pour m'aider à m'extirper. J'attrape sa main et me hisse hors de la piscine avec toute la grâce dont je dispose. J'émerge de l'eau et sens le regard de Damon sur moi.

Damon: T'as de vrais obus !

Je rougis instantanément et croise les bras sous ma poitrine. Ce qui est une très mauvaise idée car cela les remonte un peu plus. Damon en profite pour me détailler du regard comme s'il passait mon corps au scanner. Bon autant jouer de mes charmes ! Je m'avance vers lui de manière sensuelle.

Marion: Tu me dévores du regard c'est légèrement angoissant. On dirait un vampire.

Je relève ma tête vers lui et fixe ses lèvres. Au moment où Damon s'abaisse peut-être pour m'embrasser je le pousse de toutes mes forces dans l'eau. Il chute lamentablement et tombe à l'eau. Je m'esclaffe en voyant la tête qu'il fait.

Marion: La prochaine fois trouve un autre compliment.

Ses yeux me lancent des éclairs et la sensation d'être criblée de balles se fait ressentir en moi.

Damon: Marion t'es morte !

Ouh j'ai peur !

Marion: Tu ne vas pas pleurer pour si peu ce n'est que de l'eau puis ce n'est pas comme si tu n'étais pas trempé juste avant.

Il peste contre moi et finit par me rejoindre à l'extérieur du bassin. Je récupère ma serviette sur un des transats.

Damon: Je vais me changer et je te rejoins dans ta chambre.

Chacun part de son côté, lui à l'aile ouest et moi à l'aile est. Je rentre dans ma chambre après avoir ouvert la porte à clé et pars me doucher pour me débarrasser du chlore de la piscine.

Douchée, je cherche mon pijama et le trouve plié sous mon oreiller. Je pense
que l'on va éviter le pyjama dépareillé avec le t-shirt des Télétubbies. Je décide alors de porter un pyjama assorti plus classe. Je réponds aux nombreux messages de Camélia et Will qui s'inquiètent du fait que je n'ai point mangé ce soir. Je m'informe sur l'actualité et apprends que le président souhaite augmenter la chasse aux magiciens. Chaque année c'est le même discours ! Je lis mes cours d'histoire en attendant Damon et en particulier sur un cours d'histoire dont nous ne sommes pas trop attardés lors de ma première année au manoir.

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Il y a des millions d'années après la disparition subite des dinosaures qui dominaient le monde durant l'ère Secondaire, l'Homme est apparu dans l'humanité durant l'ère Quaternaire. Il se développa en même temps que la Terre. Quatre éléments majeurs indispensables étaient alors perçus comme des pouvoirs: le feu, la terre, l'eau et l'air. Les Hommes voulurent les contrôler, les posséder mais cela était contre nature. Ainsi pendant le Moyen Âge, deux magies furent créées, la magie noire et la magie blanche. Ces deux puissances s'opposèrent. La magie blanche émanait d'ondes positives et tout ce qui était en référence avec le bien alors que la magie noire faisait ressortir le côté sombre et malhonnête des personnes. Des hommes cherchèrent à contrôler ces magies sans penser aux conséquences. La soif de pouvoir et d'écraser les autres était plus important pour eux. Nombreux sont ceux qui tentèrent et pourtant ne réussirent point même les plus grands hommes considérés comme les plus sages. Jusqu'au jour où une femme s'appropria la magie noire. Personne ne sut comment elle avait fait et aujourd'hui nous ne le savons toujours point. Malheureusement son cœur fut rempli de cette magie et ainsi la naissance des sorcières fut-elle. C'est de là que tout commença...

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J'ouvre les yeux mais ne perçois rien étant dans l'obscurité. Je me frotte les yeux et remarque enfin que je suis dans mon lit. Je tâtonne pour trouver mon téléphone sur ma table de chevet et finis par l'attraper. Je regarde l'heure et y lis 02h43 et une notification d'un message de Damon.

{ De Damon ❤
23h45: Oublions ce qui s'est passé c'était une erreur.}

Je relis le message pour être certaine de l'avoir lu. Mais je ne me suis pas trompée, Damon m'a bel et bien envoyé cela. C'est une blague ! J'éteins mon téléphone et m'enroule dans la couette. Je sens mon cœur dans ma poitrine se crisper, le peu d'espoir que ce baiser m'a apporté vient de partir en fumée comme évaporé.

Salle de cours - [10h]

Mr.H: Bonjour à tous. Pour votre cours de potions aujourd'hui vous ferez simplement une potion pour guérir les plantes malades de la serre. Vous avez une heure pour préparer votre potion et la donner à votre plante. Mr.Libishcolt va chercher les plantes qui vous seront apportés pour cela.

Mr.L quitte la salle.

Je suis affalée sur ma table et prête peu d'attention au cours. En effet mon corps est présent mais mon esprit se trouve hors de cette salle très loin d'ici. L'événement de la veille ne fait que de passer en boucle dans ma tête. Je ne comprends pas pourquoi ni comment ce retournement de situation. J'ai bien compris que Damon regrette mais que cela se fasse de manière aussi rapide me laisse perplexe.

Mr.L revient avec un chariot rempli de pots avec différentes plantes et, avec Mr.H ils en distribuent à chaque duo.

Mr.L: Bien évidemment c'est à vous de déterminer la maladie de votre plante afin qu'elle obtienne le bon remède.

Nonchalante je tourne ma tête pour jeter un rapide coup d'œil à notre plante. C'est un mini cactus ramoli rempli de plusieurs tâches. Ma motivation étant clairement absente, je regarde le mur puis ferme les yeux.

Cate: Je te rapelle que nous sommes ici pour travailler.

Marion: Je te laisse analyser les symptômes.

J'ai besoin de réconfort. Je me sens comme un mouchoir qu'on a utilisé puis jeté. Je n'aime pas ressentir autant de sentiments négatifs, un mélange de tristesse, de dégout, de questionnement, d'incompréhension et j'en passe.

Diego: Ça bosse dur à ce que je vois. L'intello de service se rebelle en ne foutant rien. Tu changes Marion !

Bordel! Faites le taire. Je me passerai bien de ces commentaires puérils. Je ne réponds pas, à quoi bon ne dit-on pas "On répond aux imbéciles par le silence".

Diego: Si tu pouvais également faire un passage dans ma chambre pour t'aider dans ta rébellion ça me ferait plaisir.

Cate: Tu la boucles jamais dis donc. Comment on peut être aussi stupide !

Cate prends ma défense. Suis-je entrain de rêver ?

Diego: En persévérant on arrive à tout ! J'arriverai un jour à t'avoir Marion.

Cette citation je la connais par cœur c'est ce que mon père me répétait sans cesse. Tout le monde l'utilise pourtant elle vient d'un ancien poète grec qui se nommait Théocrite. Mon père me disait qu'il faut se battre dans la vie car lui-même a dû le faire pour atteindre ses objectifs.

Cate: Tu pourrais partir ? Ou t'as tellement pas d'amis que tu viens nous gratter l'amitié ?

Diego pose son index sur la bouche de Cate.

Diego: Chut... Tu viens à peine d'arriver depuis quelques semaines mêle toi de ce qui te regarde.

Diego pose une main sur mon jean et remonte de plus en plus. Mon cerveau étant complètement off, met un certain temps à réagir. C'est alors que je vois le cactus s'élever dans les airs et s'écraser sur le visage de Diego. Il pousse un cri de douleur ce qui attire l'attention et tout le monde se retourne vers nous.

Cate: Bah alors Diego on s'amuse avec notre plante !

Diego retire avec délicatesse quelques épines qui lui sont restées plantées en serrant les dents, tandis que le cactus lui s'est reposé tout seul sur notre table.

Mr.H: Veuillez retourner à votre place Diego et cessez de déranger les autres. Sinon la prochaine fois vous êtes virés.

Mr.L: C'est surtout ces jeunes demoiselles qui s'amusent bien également. La prochaine fois que je vous surprends vous êtes collées.

Cela ne m'étonne même pas. Mr.L prend toujours parti pour Diego même s'il est en tort. Malencontreusement si on le lui fait remarquer il le prend comme une remise en cause de son autorité. Ainsi la situation se retourne contre vous même si vous êtes innocents au départ.

Je ne réponds rien toujours choquée de ce qu'à oser Diego.

Cate: Ça va ?

Cate me regarde avec une lueur d'inquiétude que je distingue dans ces yeux. Où est la caméra cachée ?

Marion: Oui oui t'inquiète.

Pourtant au fond de moi je sais bien que ça ne va pas. Je respire un coup et me remotive. Je ne vais pas tout gâcher et déprimer pour un garçon.

Je prends la loupe mise à notre disposition sur la table et analyse les caractères anormales du cactus. Après avoir trouvé les symptômes et cherché les maladies dans un manuel sur Les Maladies des Plantes, Cate et moi sommes en train de préparer la potion. C'est surtout Cate qui se débrouille seule et moi j'accompagne du regard chacun de ses mouvements sans grande conviction.

Self - [12h]

J'ai fini par m'endormir. Cate a continué seule et n'a même pas cherché à me réveiller. À mon réveil plutôt brusque, causé par Mr.L en tapant sur la table, je me suis excusée auprès de Cate de mon manque de contribution à cette séance. Elle l'a très bien pris, ce qui m'étonne, je l'ai ensuite félicité de son autonomie. Je m'en suis sortie avec un simple blâme de Mr.L, m'inscitant formellement de ne plus jamais m'endormir en cours.

Will: Tu ne manges pas ?

Marion: Je n'ai pas très faim.

Je croise le regard de Camélia lourd de sens qui m'annonce qu'une discussion s'impose après le déjeuner.

Camélia: Donc vous partez tout à l'heure durant tout le week-end.

Will: On va retrouver Catherine.

Camélia: Je vais me retrouver seule avec les deux autres idiots.

Alexis lui pince la joue gentiment puis pose ses lèvres sur la joue de Camélia.

Alexis: Tu vas pas t'ennuyer avec nous, t'inquiète pas. On fera des parties d'échec à trois s'il le faut.

Camélia fait une tête dégoutée et nous regarde.

Camélia: Personne n'a vu Damon depuis ce matin ?

Alexis: Aux dernières nouvelles Marion était avec lui à la piscine hier.

Marion: Oui mais depuis hier soir je ne l'ai pas vu.

Will me jette un coup d'oeil furtif comme s'il connaissait la vérité.

Will: Il a dû avoir une panne d'oreiller vous le connaissez aussi bien que moi.

Alexis: Pourtant pour manger il est toujours là c'est louche.

Un silence de réflexion s'installe à table où chacun analyse les paroles d'Alexis. Will reprend sa discussion sur le sport avec Alexis tandis que Camélia me scrute. Le brouhaha habituel du self résonne mais pour autant je ressens une présence familière dans mon dos. Lorsque je me retourne je vois d'abord Damon un grand sourire scotché sur son visage puis Juliette collée à lui tel une sangsue. Je me replace face à mon plat et décide de les ignorer royalement. Ils viennent s'installer à notre table.

Juliette: Coucou désolé du retard on était pas mal occupé Damon et moi.

Je ne la vois pas mais je peux ressentir un sourire coquin et un gros sous-entendu par le ton qu'elle emploie. Damon s'assied en face de moi je croise son regard une demi seconde qui me paralyse sur place. Le regard plein d'indifférence me fait bien comprendre qu'hier ce n'était qu'éphémère. J'inspire une longue bouffée d'air pour me motiver. Il la joue comme cela pas de problème jouons tous les deux.

Marion: Comment ça va Juliette ? Ça faisait un moment qu'on ne t'avait pas vu parmi nous.

Juliette: Ça va pendant tout le mois de juin et juillet j'étais en vacances aux Bahamas puis en août j'étais là mais comme notre relation avec Damon est tellement fusionnel on était souvent en dispute ce mois-ci.

Camélia: Ça fait combien de temps que vous êtes ensemble ?

Juliette regarde Damon en minaudant et en papillonant des yeux.

Juliette: Ça fait déjà quelques mois hein chéri ? 5-6 je crois...

Alexis: Ouais si on compte pas les nombreuses ruptures et toutes les tromperies de Damon. Je pensais plutôt que tu étais un bon vide-couille Juliette pour Damon...

Juliette foudroit des yeux Damon.

Juliette: C'est comme ça que tu me vois sérieux. Tu ne leur as pas dit que c'était vraiment sérieux et que je ne suis pas ce genre de filles.

Au fond de moi je jubile face à la scène qui s'offre à moi. Sûrement embarrassé par la situation, Damon se passe la main dans les cheveux le visage crispé.

Damon: Déjà Alexis tu as raison c'est ce que je pensais mais pour te dire aujourd'hui c'est devenu sérieux.

Scotchée, choquée, abasourdie. Un silence cette fois-ci de mort s'installe à table puis un fou rire de la part d'Alexis se met à résonner dans tout le self. Toute la table l'observe éberluée ne comprenant pas sa réaction.

Juliette: Y'a quoi de drôles Hulk ?

Alexis s'avance devant elle menaçant l'index pointé vers celle-ci.

Alexis: De 1 tu ne m'appelles pas Hulk de 2 ce n'est pas parce que Damon t'accorde plus de temps hors d'un lit que tu es notre amie et de 3 ne fais pas l'hypocrite a joué un rôle de sainte nitouche ça ne te va pas.

Et sur ces belles paroles, Alexis quitte la table.

Juliette: T'as vu comment il me parle et toi tu le laisses faire !

Damon: Ta gueule sérieux tu me les casses. Bouge de là on se rejoint plus tard !

Tel un chien qui obéit à son maître...euh pardon tel la chienne qu'elle est, elle exécute les ordres de Damon.

Will: Après tout ça je vais préparer mes affaires et on part dans une heure Marion.

Damon qui a oublié mon existence pendant cette discussion relève enfin la tête vers moi.

Damon: Vous allez où ?

Marion: Chez nous on va voir maman. Profite bien de ton week-end !

Je sors du self avec Camélia sans en ajouter plus.

Chambre de Marion - [12h47]

Camélia: Bon raconte moi ce qui s'est passé hier avec Damon. Je vois bien que depuis ce matin tu es bizarre.

Marion: Rien il m'a simplement rejoint à la piscine et on a discuté puis chacun est retourné dans sa chambre.

Camélia: Hum...vous avez discuté de quoi ?

Marion: Qu'il m'ait ignoré toute la semaine pour l'histoire de grossesse de Juliette sans me donner de nouvelles même un message sachant que je suis censé être son amie. Enfin bref, c'est peut-être rien mais il sait que pour moi c'est important.

Camélia: Je vois... Et vous étiez seuls à la piscine ?

Marion: Oui à cette heure-ci la piscine était vide puisque c'était l'heure du dîner.

Elle me regarde avec un grand sourire.

Camélia: Franchement vous êtes nuls vous avez la piscine pour vous seuls et vous n'êtes même pas capables de vous envoyez en l'air.

J'en lâche mon vernis que je posais sur les mains de Camélia tellement sa remarque me prend de court. Elle s'en soucie peu car cela lui fait bien rire.

Marion: Je te rappelle que je suis censée me concentrer pour t'appliquer ton vernis donc évite de dire ce genre de bêtises.

Voiture de Will - [13h28]

Je suis en direction de chez moi avec un peu d'appréhension comme souvent. Depuis notre départ du manoir, la radio est le seul fond sonore qui nous accompagne jusqu'à ce que Will finisse par baisser la radio.

Will: Sérieux Marion tu peux tout me dire donc parle moi.

Marion: Je n'ai rien.

Will: Donc tu as quelque chose. C'est Damon ?

Je soupire. Je ne peux plus garder tout cela pour moi j'ai besoin d'évacué tout ce qui s'est passé en moins de 24h: la piscine, le baiser, l'attente dans la chambre, le message de Damon, son soit-disant couple avec Juliette, son indifférence puis le départ.

Après avoir terminé avec Camélia, Will est venu me chercher dans ma chambre. Bien évidemment Camélia nous a accompagné jusqu'au parking. Au moment où nous étions sur le point de démarrer, Camélia nous souhaitant bon voyage, Alexis et Damon ont déboulés comme des fous furieux. Nous avons dû descendre de la voiture pour leur dire au revoir. Alexis m'a serré dans ses bras et avec Damon notre contact a atteint une température glaciale au point où la bise que l'on a échangé c'est fait en coup de vent.

Marion: Son couple avec Juliette tu étais au courant ?

Will me jette un coup d'oeil furtif puis reporte son attention sur la route.

Will: Qu'il passait du temps ensemble régulièrement je le savais comme tout le monde mais qu'ils soient en couple non. Damon ne connaît pas la définition de fidélité et aujourd'hui il est en couple je n'y crois pas une seconde.

Instinctivement entendre les paroles de Will me rassure. Cela me réconforte dans ce que je pensais. Damon en couple c'est juste inimaginable.

Will: Soit honnête avec moi Marion. Est-ce que tu considères Damon seulement comme ton ami ?

Que suis-je censé répondre à ceci ? Clairement la vérité mais cela pourrait avoir des répercussions dans notre groupe. De plus, si cela entache sur l'amitié de Damon et Will, je m'en voudrais toute ma vie.

Marion: Damon est mon ami. C'est une présence masculine très importante pour moi. Tu sais qu'on est très tactile. Je vois en lui Benjamin, il est comme un frère pour moi. De plus si c'est pour être dans son tableau de chasse non merci. J'ai une certaine estime de moi-même. Et si un jour malencontreux je souhaite plus avec lui, ce qui n'arrivera jamais, je t'oblige, je t'ordonne même de tout faire pour me ramener à la raison.

Bon j'espère que ça fera l'affaire. J'ai argumenté et développé comme je peux.

Will: Mouais... On va faire comme si je te croyais. Mais n'oublie pas que même si Damon est mon ami c'est un connard avec les filles.

Marion: Je sais bien Will...

Will: Et hier il s'est passé quoi à la piscine ?

Marion: Rien on a juste discuté.

Will: C'est tout ? Parce que franchement en voyant comment vous vous ignorez vous avez dû vous disputer.

Marion: À propos de Juliette justement mais je ne veux pas en parler.

Ce n'était pas exactement cela mais au point où j'en suis autant mentir.

Will: T'es jalouse ?

Marion: Jalouse d'elle sérieux ? Pas le moins du monde.

Je décide alors de monter le volume de la radio pour mettre fin à cette discussion. Le son Pump It des Black Eyed Peas envahit la voiture et je ne peux m'empêcher de me trémousser. Ce groupe a fait parti de mon enfance. Will me lance un regard lassé ce qui ne m'empêche pas de continuer. Will finit par baisser légèrement le volume.

Will: Hâte de retourner chez nous. On fera une partie de billard.

Marion: Pour te battre ça ne me dérange pas du tout !

Will: On verra bien. Bon nous sommes arrivés.

En effet, nous nous trouvons bel et bien chez nous. Je reconnais tout de suite le bâtiment principal composé d'un seul étage et d'une aile plus ancienne ainsi que le vaste jardin à l'anglaise. Ce manoir est un vestige d'un ancien château du XVIème siècle détruit. Cette maison familiale appartient à ma famille maternelle depuis des générations.

Le vibrement des roues sur le gravillon blanc m'est familier et je soupire d'aise. Enfin chez moi !

Will se gare sur le côté de la maison à l'espace prévu pour le parking. Je reconnais tout de suite la coccinelle cabriolet Volkswagen de ma mère juste à côté de nous. Will éteint le moteur puis se retourne vers moi en souriant.

Will: Nous sommes arrivés à bon port mademoiselle Smith.

Je lui rends son sourire et descends de la voiture excitée de revoir ma mère. J'accours vers l'immense porte d'entrée en bois lorsque celle-ci s'ouvre sur ma mère.

Marion: Mamaaaaan !!

Je la rejoins sur le palier de la porte pour la serrer dans mes bras.

Marion: Tu es toujours aussi ravissante.

Catherine: Pas autant que toi ma fille.

Elle s'éloigne de moi pour me scruter.

Catherine: Quoique tu as une petite mine. On en discutera à table au dîner. Mais où est Will ?

Ma mère est la personne la plus perspicace et à l'écoute que je connaisse. Elle est toujours prête à t'aider du mieux qu'elle peut quand quelque chose ne va pas.

Will: Je suis là Catherine.

Will apparaît derrière nous un sac de sport sur l'épaule et avec mon sac à main.

Will: Tu l'as oublié dans la voiture.

Je le remercie et le décharge en prenant mon sac à main. Will s'approche de Catherine et l'enlace fortement.

Will: Tu es toujours aussi rayonnante Catherine.

Catherine: Et toi toujours aussi grand charmeur. Je prends de l'âge et ma peau se frippe et tu oses dire ça.

Will: Quand j'aurai ton âge je souhaiterai avoir une femme qui a ta beauté.

Ma mère éclate de rire et l'embrasse.

Catherine: Allez entrez !

Nous ne nous faisons pas prier et pénètrons dans la maison. Nous suivons ma mère dans le grand salon et nous nous y installons.

Catherine: Alors quelle nouvelle depuis la reprise ?

Je lui raconte tout ce qui s'est passé depuis le début de l'année en particulier Cate et son caractère bien à elle bien-sûr j'omets de lui raconter ce qui s'est passé avec Damon surtout devant Will. Will lui parle de sa bonne entente avec son binôme Apollon.

Catherine: T'as ramené des affaires dans ton sac de sport ? Mais tu en as assez ici pourtant.

Will: C'est juste que mes affaires ne me vont plus. J'ai pris de la carrure cet été et tout est devenu trop petit pour moi.

Catherine: Mais il fallait me le dire Will. Tu as besoin d'argent ? De combien ? Je te donnerai ça pour t'acheter de nouveaux vêtements

Je sens Will se tendre à côté de moi.

Même s'il est majeur Will ne travaille pas et n'a donc pas d'argent. Ce n'est que ma famille enfin plutôt ma mère maintenant qui subvient à ses besoins financiers. Il a toujours refusé qu'on lui ouvre un compte bancaire où l'on aurait pu lui mettre de l'argent de côté. Il n'accepte pas d'être dépendant de nous financièrement ce que je comprends mais cela est motif de conflit entre nous. Notre famille l'a élevé, il fait partie de la famille, je le considère comme mon frère.

Will: Écoute Catherine c'est gentil mais tu sais je suis majeur maintenant je ne dépends plus de vous. Tu as tant fait pour moi et je ne veux plus que tu te sentes préoccupé par moi. Je vais trouver de l'argent je me débrouillerai.

Catherine: Tu n'es même pas rémunéré car tu ne travailles pas. Où vas-tu trouver de l'argent ? Ce n'est pas le manoir qui va t'en donner crois moi vu que je reste ta seule représentante légale.

Will regarde ma mère en se redressant sur son siège.

Will: Je t'assure que ce n'est pas nécessaire. Ne te donnes pas tant de mal Catherine je vais me débrouiller seul.

Voilà le problème de Will son manque de confiance en lui qui le pousse toujours à se prouver les choses notamment une vie d'autonomie qu'il chérit tant.

Marion: Écoute Will laisse nous encore t'aider jusqu'à ce que tu es fini au manoir et que tu rentres dans la vie active. Tu auras ton autonomie qui t'es si vitale plus tard...

Will: Mais ce n'est pas aussi simple que tu le crois ! Je ne veux pas m'habituer à cet argent et en devenir dépendant parce que le jour où vous ne serez plus là, je ne veux pas ressentir ce sentiment d'abandon.

Marion: Will...

Il se lève du fauteuil et nous regarde tour à tour ma mère et moi.

Will: C'est très gentil de votre part mais je ne veux pas. Ce n'est pas contre vous mais je..je ne peux plus.

Il sort du grand salon sans un mot. Je l'entends monter les escaliers pour se diriger dans sa chambre.

Catherine: Je n'aime pas le fait qu'il se sente comme un profiteur de notre argent. Je l'ai élevé c'est comme mon fils jamais je l'abandonnerai.

Ma mère me parle tout en fixant la fenêtre qui donne une vue sur le jardin. J'arrive à ressentir les sentiments qui l'animent, de la culpabilité et de la tristesse.

Marion: Tu sais comment il est c'est sa peur de l'abandon. Elle ne le quittera jamais c'est gravé en lui. Donne lui du temps.

Elle soupire longuement.

Catherine: Je sais bien mais qu'il éprouve encore ce sentiment avec nous après ces quelques années ça m'attriste. Et dire que je devais lui annoncer l'ouverture de son compte bancaire.

Marion: Pardon ! Tu lui as fait un compte bancaire ?

Catherine: Depuis qu'il vit avec nous j'ai mis de l'argent de côté pour investir pour son compte et maintenant qu'il est majeur il lui appartient.

Oh bordel !

Marion: Maman si Will l'apprend il va très mal réagir surtout que tu lui caches ça depuis longtemps.

Catherine: Je sais mais il acceptera bien un jour de toute façon il n'a pas vraiment le choix...

Marion: Ouais c'est vrai. Je vais aller lui parler.

Catherine: Attend d'abord qu'il se calme.

Je me lève du fauteuil, lui embrasse le front et sors de la pièce laissant ma mère dans ses pensées. Je monte les escaliers qui m'amènent à l'étage supérieur et me dirige dans ma chambre. J'ouvre la porte et cours pour sauter sur mon lit. C'est si bon de retourner chez soi.

Je prends mon téléphone et réponds au message de Camélia qui demande si on est bien arrivé. Je lui réponds par l'affirmatif puis je prends mon ordinateur portable et décide de terminer la saison 2 de Jane The Virgin.

Quelques épisodes plus tard, je descends à la cuisine aider ma mère à préparer le dîner.

Catherine: Tu pourrais faire le dîner s'il te plaît Marion j'ai des choses à faire. Fait le avec ce que tu trouves de toute façon je n'avais pas prévu quelque chose de spécifique.

Marion: D'accord sans problème maman.

J'observe de l'anxiété sur son visage mais je n'y prête pas attention car elle quitte la cuisine sur-le-champ. Je cherche alors dans les placards les ingrédients nécessaires pour préparer le dîner de ce soir.

Cuisine - [19h55]

Je viens de terminer mon dîner avec l'entrée et le plat principal. Je suis assez satisfaite du résultat. Depuis que je suis au manoir je n'ai pas de temps pour faire part de mes talents culinaires.

Plus jeune, ma mère m'a transmis sa passion pour la cuisine étant traiteuse. Passion qui s'est aussi transmise à mon frère Benjamin et à Will.

Je prends la cloche du salon et la remue pour la faire sonner. Cela signifie que le dîner est prêt. Le temps que ma mère et Will arrivent je dresse la table pour nous trois. C'est quelques minutes plus tard que ma mère apparaît dans la cuisine légèrement embarrassée.

Catherine: Qu'est-ce que tu nous as préparé de beau ?

Marion: Une salade niçoise légèrement garnie puis des pâtes au saumon. J'aurai pu mieux faire mais c'est tout ce que j'ai trouvé de rapide à faire pour ce soir.

Catherine: Ne t'en fait pas demain j'irai faire des courses et j'achèterai ce que tu souhaites tu feras une liste.

Marion: Parfait.

Catherine: Passons à table.

Marion: On n'attend pas Will ?

L'embarras que j'ai aperçu au moment où elle passait le seuil de la cuisine refait surface sur son visage.

Elle s'installe muette, se sert de la salade. Je l'observe pantoise attendant une réponse à ma question.

Marion: Maman où est Will ?

Catherine: Il ne prendra pas part au dîner.

Marion: Et pour quelle raison ? Si c'est par rapport à ce qu'il s'est dit tout à l'heure je peux aller le chercher.

Ma mère m'indique avec ses yeux la chaise pour que je m'installe également. Je rends grâce à Dieu pour le repas puis me sers et commence à manger en attendant les explications pour Will.

Catherine: Écoute je suis allée le voir pour régler les choses puis j'ai été obligée d'être franche avec lui et de lui avouer pour son compte bancaire ce qui l'a rendu encore plus énervé qu'avant. Il ne veut plus m'entendre et il n'est pas d'humeur à manger.

J'analyse ses propos et comprends que Will est encore plus énervé qu'avant mais ce que je n'adhère pas c'est sa réaction excessive. Elle aurait peut-être pas dû pour l'argent mais elle ne l'empoisonne pas non plus ma mère se tracasse juste pour lui, elle n'est pas obligée mais pourtant cela lui tient à cœur.

Je décide de changer de sujet pour ne pas rabâcher ce sujet qui je vois touche énormément ma mère.

Marion: Sinon comment vont mon très cher père et mon frère d'amour ?

Je le dis avec beaucoup de sarcasme dans la voix ce qui ramène l'attention de ma mère sur moi alors qu'elle fixait son assiette depuis le début du dîner.

Catherine: Marion je suis vraiment désolée ton père peut s'avérer stupide parfois.

Marion: Ça je le sais bien pas besoin de le préciser !

Catherine: Et ton frère je ne comprends toujours pas son changement subite de comportement à ton égard. Dès que j'évoque ton prénom il me coupe et change de sujet. Cette situation détruit notre famille et surtout toi.

Elle a tout à fait raison cependant j'essaye de ne pas le montrer. S'éloigner des membres de sa famille parce que ceux-ci te renient alors qu'avant vous étiez complices n'est pas chose facile.

Marion: Parfois je me dis que si je n'avais pas eu ses pouvoirs tout aurait été plus simple et qu'en ce moment même nous serions là à dîner en famille tout en discutant.

Catherine: Ne te jette pas la pierre Marion tu sais très bien que ce n'est pas de ta faute, tu n'as rien demandé pour posséder ses pouvoirs.

Marion: Ne te voile pas la face maman tu sais très bien que si je ne les avais pas reçu aujourd'hui tout serait normale. Je suis l'élément perturbateur à notre situation familiale propice.

Ce sentiment de culpabilité enfouie en moi refait surface et je sens des larmes se former au coin de mes yeux. Je les essuie d'un revers de la main pour ne pas inquiéter ma mère Malheureusement, celle-ci les a vu et quitte sa place en face de moi pour venir me réconforter. Elle m'enlace et me caresse les cheveux. Après quelques minutes de silence, ma mère retourne à sa place et finit son repas.

Ma mère a toujours été dans l'ombre de mon père malgré son bel héritage. Elle aime aveuglément mon père et cela s'est toujours vu et même aujourd'hui, elle prend toujours partie pour lui et a du mal à lui tenir tête. Petite, j'étais fascinée par l'amour qu'elle lui portait mais maintenant je trouve cet amour à la limite de la soumission.

Chambre de Marion - [20h34]

Après mon repas et la vaiselle je suis directement remontée dans ma chambre laissant ma mère à ses occupation. Allongée dans mon lit à fixer le lustre de ma chambre, je revois le jour où tout soudainement à basculer dans ma vie.

● ● ●

J'admire les tresses que maman m'a faite, dans le miroir de ma propre salle de bain. La robe que je porte est celle que j'ai reçu à Noël, c'est une de mes robes préférées. Elle me va bien je trouve. Je jette un dernier coup d'oeil au miroir pour voir si tout est parfait car cela tient à coeur mon père. Dans quelques minutes, mon père recevra à la maison ses collègues qui sont aussi d'importants hommes politiques français.

Mon grand frère Benjamin et Will font irruption dans ma chambre pour me demander si je suis prête.

Marion: Vous auriez pu toquer ! Ben je te le dis à chaque fois.

Benjamin: Je te rappelle que je suis ton grand frère et donc je fais ce que je veux. À peine 13ans et déjà exigeante.

Je lui tire la langue pour lui montrer mon mépris.

Will: Mais quelle gamine !

Benjamin: Descend petite peste les invités sont arrivés.

Je saute sur le dos de Will et enroule mes bras autour de son cou. Will sort de ma chambre et dévale les escaliers à une vitesse impressionnante. Ben nous rejoint bien après.

Benjamin: Il n'y a pas que Marion qui est une gamine visiblement.

Will lui tire la langue ce qui fait marrer Ben qui finit par reporter son attention sur moi.

Benjamin: Oublie pas ce qu'on nous a dit: "Bonne conduite".

J'acquiesce, descends du dos de Will et plisse ma robe qui s'est légèrement froissée. La porte s'ouvre sur mon père riant puis une dizaine de messieurs en costume. Ma mère ferme la marche et nous indique d'un regard que c'est le moment pour saluer les invités. Mon frère prend les devants et tend sa main vers un des hommes.

Benjamin: Bonjour monsieur. Bienvenu chez nous. Je suis l'aîné Benjamin Smith. Ravi de faire votre connaissance. Voici ma petite soeur Marion Smith et Will notre cousin.

Will et Ben se mettent à saluer les invités et j'en fais de même. Je tends ma main pour saluer un monsieur sous le regard fière de mon père et au moment où ma main est tendue vers lui un puissant jet d'eau sort et l'éclabousse complètement. Tout s'enchaîne très vite.
Dans la panique voulant m'excuser et cherchant à limiter les dégâts, j'agite mes mains. Ce qui empire les choses et mouille tous les autres collègues de mon père. Tout le monde me regarde avec effroi et je stoppe tout mouvement apeurée par moi-même. L'indignation et la stupéfaction prennent place sur les visages dans un silence de plomb jusqu'à ce qu'il soit interrompu par un des invités, personne n'osant avouer l'irrévocable.

Invité: Votre fille est une magicienne !

Tous les autres invités décident alors de sortir de la maison pour rejoindre leur voiture et quitter les lieux au plus vite. L'invité qui est resté, regarde tour à tour ma famille puis braque ses yeux sur mon père.

Invité: Ce déjeuner est un véritable fiasco. Henri tu sais ce qu'il te reste à faire si tu ne veux pas que cela se sache. J'essaierai de convaincre les autres de ne pas en parler mais je ne te promets rien. Cela pourrait entacher ta campagne politique.

Il nous gratifie d'un sourire qui s'avère plus d'encouragement plutôt que de politesse et rejoint sa voiture. Un silence pesant règne dans la pièce. Par terre j'observe mes mains les larmes aux yeux, je sens toute l'attention des membres de ma famille sur moi cependant je n'ose pas croiser leur visage stupéfait. Après ce qu'il me semble une éternité, un raclement de gorge provenant de mon père se fait entendre. Lorsque je croise son regard en relevant ma tête ce que j'y vois me cloue sur place. La haine, le dégoût et le mépris ont pris place à la fierté que me portait mon père. Mais contrairement aux autres, seul Will a une lueur de compassion et même de compréhension je dirai envers moi. À ce moment-là son petit sourire se trouve être mon seul soutien et m'empêche de ne pas craquer complètement.

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Nora

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