Chapitre 9 : La Bibliothèque de l'asile
Quand j'ouvre les yeux, je suis dans une pièce très sombre. Le temps que mes yeux essayent de s'habituer à l'obscurité, je cherche mon téléphone pour mettre un peu de lumière, même si ça reste faible. A première vue, je suis dans une bibliothèque, mais j'ignorais, jusqu'à présent, que l'endroit où je suis enfermée en possède une. Par curiosité, je vais voir la porte d'entrée qui est fermée à clef, et impossible à ouvrir de l'intérieur. Je regarde un peu autour de moi et l'endroit à l'air totalement abandonnée, il n'y a pas âme qui vive. Je commence à étudier chaque étagère, si l'endroit est fermé et abandonnée, ça veut dire que c'est un endroit interdit, un lieu où il nous est interdit d'aller. Je continue à avancer entre les étagères et à passer ma main sur les trachées des livres. Des livres anciens, mais qui referment chacun une histoire. Plus j'y réfléchis, plus je crois que si la bibliothèque nous est interdite, c'est parce que les livres sont un moyen de développer l'imagination et de pouvoir rêver, or comme le directeur veut nous voler nos rêves, et nous rendre belle, il nous a interdit l'accès à la bibliothèque, mais nous avons droit à des cours de danse intensifs. Il veut nous empêcher d'utiliser notre esprit, mais il veut pouvoir utiliser nos corps, il veut faire de nous des corps vide, sans imagination, qui ne pensent pas. Autrement dit, des zombies. Je prends un livre au hasard et, sans regarder le titre, l'ouvre à la première page. Il y a un mot écrit dessus, c'est un mot pour Linda, la chargée d'accueil de l'Asile et c'est signé. Je me penche pour déchiffrer l'écriture minuscule. C'est signé Marco. Je regarde le titre. « Le pays des songes », une histoire autour des rêves et de la douceur. Je lève les yeux au ciel : donc il veut nous voler nos rêves pour les offrir à Linda, et pour ça, il est de mèche avec la reine rouge du pays des merveilles car elle a plus de pouvoir. Ce plan me paraît vraiment surréaliste, pourtant j'ai l'impression que c'est bien ce qui se prépare. Je prends le livre et le range. Je ne fais que l'emprunter, de toute évidence, si tous les livres ici sont abandonnés, ils sont en libre service. Je suis en pleine inspection du rayon littérature quand j'entends un bruit. Paniqué, je me réfugie derrière un fauteuil et observe : deux personnes sont derrière la porte et l'une d'elle déverrouille la serrure. En plissant les yeux, je reconnais Marco et Linda, j'ai toujours le livre dans ma poche, j'évite de respirer et écoute. C'est Marco qui prend la parole le premier :
- ça te plaît alors, que je t'offre les rêves de toutes ces filles ?
- Oh oui, beaucoup ! Je me sens rajeunir à force d'aspirer les rêves de chacune
- Il en reste encore beaucoup, tu sais. Cet endroit t'est réservé, elles n'ont pas le droit d'y entrer, elles n'ont pas le droit de nourrir leur imagination. Mais toi, tu en as le droit.
- Tu sais me parler, mon Marco.
- Avec l'aide d'Eleina, la reine rouge, nous mettons tout en place. Elle aura sa part de rêves aussi.
Scandalisée, je reste muette. Mais mes pensées filent à toute allure et je retiens mon énergie. C'est comme si je ressentais la puissance de l'épée vorpaline, mais je me retiens. Ils quittent ensemble la bibliothèque sans se douter que je suis à l'intérieur et ferment à clef. Je fouille dans ma poche et en sort un morceau du gâteau au CBD, me souvenant que c'est le moyen pour voir Absolem, je croque dedans. A peine ai-je le temps de l'avaler que le papillon apparaît devant moi.
- Bonjour Léna, que puis-je faire pour toi ?
- Je suis scandalisé, je ne comprends pas pourquoi ils veulent utiliser ce moyen pour rajeunir. C'est horrible de voler les rêves d'innocentes.
- Ils ont peur de l'avenir et de qu'ils deviendront. C'est pour ça qu'ils veulent à tout prix s'accrocher à des rêves, et quand ce sont des rêves innocents, c'est encore mieux, ils sont plus frais.
- Que puis-je faire ?
- Tu dois rompre le sort, et toi seule peux le faire car l'épée t'a choisie. Mais tu dois aussi franchir toutes les étapes de la quête.
- Mais....
- A bientôt Léna ! Et appelle-moi quand tu auras franchi une étape
- Attendez....
Le papillon disparaît et je me retrouve seule. Il faut que je trouve un moyen de sortir d'ici et je n'ai pas le miroir sur moi, en plus je n'ai pas beaucoup de temps pour prendre l'épée, il faut que je la trouve avant Marco. Une idée me vient alors : une épingle à cheveux : Je passe ma main dans ma chevelure et sent quelque chose : une épingle que j'avais accroché dans mes cheveux par mégarde, parce que je me disais que j'en aurais besoin tôt ou tard. Je m'approche alors de la porte et glisse alors l'épingle dans la serrure, et puis je tourne la poignée. La porte s'ouvre et je reprends mon épingle que je remets en place dans mes cheveux, je prends soin de refermer la porte. En évitant de faire le moins de bruit possible, je rejoins un couloir sombre qui me mène à la salle du réfectoire. Une salle baignée de lumière. Il semble que ce soit l'heure de la pause car toutes les patientes sont là. Sans réfléchir, j'aperçois Maria et me dirige vers elle. Dés qu'elle m'aperçoit, elle me fait signe.
- Léna ! Viens t'asseoir avec nous
- J'arrive ! Mais Maria, il faut absolument que je te parle
- Je t'écoute
- La bibliothèque, tu l'as connais ? Tu sais pourquoi elle nous est interdite ?
- Allons parler en privé
Nous quittons la salle commune pour nous réfugier dans le couloir. Maria prend la parole la première.
- Alors, oui, je connais la bibliothèque, mais au fil des années, l'endroit nous est devenus interdit parce qu'on y passait trop de temps, moi et les autres filles. Tu as entendu parler de l'histoire de la fille qui s'est évadé de cet asile grâce à la bibliothèque ?
- Oui, je crois...
- Eh bien, c'est justement suite à ça que nous n'y avons plus accès.
- Et quel est le but de cette salle, maintenant ?
- Marco veut y enfermer nos rêves et les offrir à Linda
- Merci, je sais, regarde ce que j'ai trouvé.
Je sors de ma poche l'exemplaire du pays des songes et le lui montre. Elle le feuillette rapidement, en écarquillant les yeux.
- eh bien, ça ne m'étonne pas de lui qu'il veuille offrir tous nos rêves à Linda
- Mais attends, ce n'est pas tout ! Elle espère rajeunir aussi, en prenant des rêves innocents
- C'est horrible de faire ça !
- Je sais, oui, il faut empêcher ça
- Mais nous ne pouvons rien faire. Seule celle qui détient l'épée vorpaline en a le pouvoir.
Je laisse Maria retourner vers les autres et je me retiens. Je ne veux pas dire que je suis celle qui détient l'épée, pas tout de suite du moins. Je marche en direction de l'escalier quand je croise une jeune femme et que je lui rentre en plein dedans.
- Oh ! Excuses-moi, je... Je ne t'ai pas vu
- Ce n'est rien.... Tu es une nouvelle patiente ici ? Je ne t'ai jamais vu.
- Oui, oui, je suis arrivée la semaine dernière.
- Oh ! Alors, bienvenue. Tu verras. On s'y fait.
- Tu es là depuis longtemps ?
- Oh oui ! Quelques années, déjà. J'étais celle qui tenait la bibliothèque, mais elle a fermé !
- Pourquoi ?
- Eh bien, parce que les livres étaient un moyen d'évasion pour les patientes, et c'est ce que redoutait le directeur est arrivé, donc il a fermé la bibliothèque. Une jeune femme s'est évadée de l'asile il y a quelques années grâce à son imagination.
- Et que sont devenus les livres ?
- Ils sont toujours là, mais ce sont des prisons à rêves.
- Qui a enfermé les rêves dans ces livres ?
- La reine rouge du pays des merveilles.
- Et pourquoi les rêves doivent-ils être enfermés ?
- Parce que Marco veut les offrir à Linda, pour lui assurer la jeunesse éternelle.
Il y a donc bel et bien un lien entre cet endroit et le pays des merveilles. Tout en réfléchissant, je remonte vers ma chambre et m'arrête net devant la porte. Dinah m'attend et elle me fixe.
- Léna, te voilà ! Je t'attendais.
- Que se passe-t-il ?
- Il faut que tu retournes en enfer
- Pourquoi donc ? J'ai déjà la potion dans ma poche
- Certes, mais c'est aussi là que tu trouveras des réponses.
- Et qui dois-je trouver aux enfers ?
- Tu dois trouver Lucifer, l'ange déchu. Lui pourra t'apporter des réponses.
Dinah s'en va et me laisse seule dans ma chambre. Je la regarde s'éloigner, vexé de ne pas avoir eu plus d'explication que ça. Je regarde le miroir qui est apparu devant moi, Vorpaline apparaît dans ma main, et je l'a range dans ma ceinture. Ni une, ni deux, je saute à l'intérieur du miroir et me laisse porter direction les Enfers.
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