Chapitre 7 : Les rêves éternels


Quand j'arrive à l'institut par le miroir, je suis directement projeté dans ma chambre et je tombe sur mon lit avant que le miroir ne disparaisse. Mon téléphone affiche un appel manqué de Meryl. Les dessins sur mon mur ne bougent plus, pourtant, en les observant, je suis certaine de voir qu'ils ont changés de feuille. Surprise, mais heureuse que ce soit elle, je me précipite dessus et compose son numéro. Il faut absolument que je lui raconte ce qui vient de m'arriver. Elle décroche dés la première sonnerie.

- Léna !! Comment tu vas ?

- Ça va, merci !

- Comment se passe ton séjour ?

- Eh bien... ça dépend des moments, mais j' ai appris que le directeur de l'établissement était un fou. Tout ce qui l'intéresse, c'est briser nos rêves d'enfant pour s'assurer une jeunesse éternelle.

- Mais tu es sûr ? Où plutôt tu es sûr que tu n'es pas en train de virer vers la folie ?

- Non, non.

- Qu'est-ce que tu vas faire ?

- Je ne sais pas... essayer de découvrir la vérité, peut-être.

- Fais attention à toi ! Ils tiennent à leur réputation, et ne vont pas laisser un élément déclencheur comme toi tout briser.

- Ne t'en fais pas, j'essayerais d'être discrète Mais j'ai besoin d'en savoir un peu plus, comment ta mère a-t-elle découvert le pays des merveilles ?

- Eh bien, il me semble qu'elle a lu beaucoup de livres à la bibliothèque, et c'est comme ça qu'elle a réussi à s'évader.

- Donc c'est peut-être ça la clef pour sortir de cette maison de fous ?

- Peut-être bien, oui.

Je raccroche et décide d'enfiler une chemise de nuit et de m'attacher les cheveux. Je sors de ma chambre, sur la pointe des pieds, en jetant des regards autour pour vérifier que personne n'est là, pas même Dinah. Il faut que je trouve Maria avant de mettre un plan en exécution. En courant, je me précipite dans le réfectoire pour le déjeuner et je retrouve Maria. Elle me fait signe de m'asseoir à côté d'elle.

- Viens, Léna, assis-toi !

- Salut Maria, écoute, j'ai besoin d'avoir quelques informations supplémentaires sur cet endroit. Tu dois en savoir des choses car tu es là depuis plus longtemps que moi.

- Eh bien, oui. Vas y, je t'écoute

- Qui est le directeur ? Pourquoi veux-t-il voler nos rêves ?

- Oh... eh bien, c'est une très longue histoire. Quand celui-ci a voulu ouvrir cette institution, c'était au départ pour des gens mixes. Filles comme garçons. Mais plus les années avançaient, plus Marco s'est rendu compte que les rêves des filles étaient plus précieux, plus grands aussi, c'est pour cela qu'il n'accepte plus beaucoup de garçons ici.

- Et le pays des merveilles, tu connais ? Pourquoi veux-t-il s'en emparer ?

- Là aussi, c'est une longue histoire. Le pays des merveilles, c'est là où tous les rêves sont stockés, ce sont tous les rêves volés des filles qui sont passés ici. C'est la reine rouge qui veille sur le pays des merveilles, elle est de mèche avec notre directeur.

- Il y a un moyen de briser le maléfice, non ?

- Non.... Sauf si tu es choisi par l'épée vorpaline, et l'élue, elle seule, à le pouvoir de briser le maléfice.

Je retiens un cri. Ainsi donc, la prophétie s'avère vrai, mais je ne sais pas si je suis cette fille. Je prends un morceau de pain et le mastique, tout en réfléchissant. Il va falloir que je trouve un moyen pour réussir à dompter le maléfice, à passer entre les gouttes. De son côté, Maria continue à discuter avec les autres filles.

- Il paraît que l'épée vorpaline a choisi une fille, mais je ne sais pas qui c'est.

- Ah oui ? Et comment l'a-t-elle choisie ?

- Aucune idée, c'est un grand mystère.

- En tout cas, c'est bien, ça veut dire que le calvaire est bientôt terminé.

- Nous verrons biens.

Après en avoir assez entendu, je décide de quitter le réfectoire et de prendre le plan de l'institut que j'ai glissé dans ma poche, pour essayer de trouver le bureau du directeur. Je trouverais très certainement des réponses là-bas. Dans les couloirs, je croise quelques patientes que je ne connais que de vue, et personne ne semble me remarquer. Dés que j'emprunte les escaliers pour monter jusqu'au bureau du directeur, j'essaye de me faire la plus discrète possible. Si personne ne m'entend, je devrais réussir à rejoindre le bureau sans problème. Je jette un coup d'œil à ma montre. Normalement, à cette heure-ci, le directeur est en train de déjeuner, il n'est donc pas à son bureau, je pourrais fouiller tranquillement. Sauf s'il a pris sa clef avec lui, dans ce cas, je devrais trouver un autre moyen. J'arrive au dernier étage et longe le long couloir qui mène au bureau du directeur. Chaque porte est fermée à clef, c'est comme dans un puzzle où chaque pièce est à sa place. Arrivée devant celle de Marco, je constate que la clef est là, et que lui est absent. Alors je tourne d'abord la clef dans le sens des aiguilles d'une montre, puis je tourne la poignée, la porte s'ouvre. Le bureau ressemble étrangement à la salle du trône de la reine rouge. J'entre doucement et referme la porte à clef de l'intérieur. En posant celle-ci sur le bureau, je découvre des documents dans le désordre mais en les feuilletant, je constate que ce sont les feuilles de santé des patientes. Je prends le temps de lire chaque dossier et découvre qu'il s'agit de nos rêves. Les rêves qu'ils comptent nous prendre. Chaque rêve y est détaillé. Les rêves représentent nos vies passés mais aussi nos vies futures, ce que nous aimerions avoir dans le futur. En prenant nos rêves, Marco nous coupera l'envie de vivre et l'envie d'aller de l'avant. Il faut que je parvienne à empêcher ça. J'entends des pas dans le couloir, et je me dépêche de ranger les dossiers. Même si la clef est posée sur le bureau, il doit en avoir un double. Je prends la clef avec moi et me précipite vers la fenêtre, j'arrive à l'ouvrir et à jeter un œil dehors. Le bureau est situé au troisième étage et dehors, c'est Paris. La clef est dans ma poche, mais ce n'est pas elle qui va me sauver. Si je saute, j'ai une chance sur deux de tomber. J'entends la poignée de la porte s'ouvrir et passe une jambe par la fenêtre. Si seulement l'épée Vorpaline était avec moi, je pourrais peut-être essayer de retomber sur mes pattes. Quand j'entends une clef tourner dans la serrure, je panique, je n'ai plus de temps à perdre. Je saute sans réfléchir. Pendant ma chute, je retiens ma respiration.

Quand mes pieds touchent le sol et que je regarde autour de moi, je suis sur les champs Elysées. Je me retourne car je sens une présence et retiens un cri. Un gros chien est assis devant un portail et guette. Je me souviens alors des histoires que ma mère me racontait quand j'étais petite : dans la mythologie grecque et romaine, les champs Elysées sont l'équivalent des enfers et Cerbère, c'est le chien qui garde l'entrée, et Lucifer en est le maître. Est-ce que l'enfer a un lien avec le pays des merveilles ou l'Asile ? Je ne sais pas, mais cela me semble possible. Intimidée, je m'approche du chien.

- Bonjour, j'aimerais savoir ce que je fais là.

- Tu dois être Léna, on m'a parlé de toi. Tu te retrouves à l'entrée des enfers, là où les rêves ne vieillissent jamais, et c'est aussi là que les âmes vont quand elles ne savent plus où aller.

- Mais moi, qu'est-ce que je fais là ?

- Tu as sans doute quelque chose à faire. Tu loges bien dans un asile ? Ton entourage te prend bien pour une folle ?

- Euh... oui

- Alors tu as quelque chose à faire ici. Mais c'est à toi de le trouver. Tu as de la chance, tu possèdes l'épée vorpaline, elle t'a choisie, te donnant accès à une multitude de pouvoirs, tu dois t'en servir.

- Oui,... mais comment faire pour libérer les rêves ?

- C'est à toi de trouver !

Je laisse le chien à ses occupations et lui tourne le dos pour avancer un peu plus dans les enfers. Sur mon chemin, je croise quelques âmes en peine, d'autres qui ont le cœur ou des rêves brisés. Peut-être trouverais-je une réponse si je continue à avancer. Plus j'avance, et plus l'obscurité se rapproche de moi, mais mon épée me protège, c'est ma lumière qui me protège. En chemin, je croise Charon, c'est le passeur des enfers, si je me rappelle toutes les histoires.

- Bonjour Charon, que fais-tu ?

- J'emmène ces âmes perdues au royaume des morts, et toi, veux-tu venir avec nous ?

- Non, je ne suis pas perdue, ni morte. Je cherche des réponses.

- A quel genre de question ?

- Je cherche à briser un maléfice qui nous retient prisonnières, moi et d'autres patientes, dans un asile. On veut nous voler nos rêves, et on les retient prisonniers par un maléfice puissant. Je cherche à le briser.

- Rien n'est trop puissant pour celle qui détient les pouvoirs de l'épée vorpaline, et je crois que tu l'as. Pour cela, va tout en haut des nuages là-bas, trouve la fiole, et saute dans le miroir.

- Merci Charon.

Il s'en va et je me retrouve seule. Je fixe l'horizon, les nuages au loin, c'est là où je dois aller. Je commence à marcher, et à éviter les rochers qui se dressent sur mon chemin. Ils sont comme des embûches, des obstacles, que j'essaye d'éviter. Une fois que tous les rochers sont derrière moi, j'emprunte un autre chemin en forme de colline qui doit me mener aux nuages. Ces fameux nuages où je suis censée trouver la réponse à mes questions. Je ne vois pas le miroir de là où je suis, mais je continue à marcher. En chemin, je croise Charon qui navigue avec ses âmes perdues. Il me fait un clin d'œil.

- Bonne route, tu en as du courage pour grimper tout là-haut !

- Ce n'est pas un problème pour moi.

Et je continue à marcher, sans réfléchir. Je marche toujours tout droit, en brandissant mon épée devant moi, les nuages tentent de brouiller les pistes, mais je parviens à habituer mes yeux et à tracer mon chemin. Quand j'arrive tout en haut, la fiole est posée sur une table, et le miroir m'attend. Je m'approche de la fiole et la saisie. Dessus, il n'y a pas écrit « Drink Me », mais il y a bien écrit « Poison », et cela ressemble bien à une boisson maudite. Le miroir est placé juste à côté. C'est un grand miroir à l'ancienne avec un manche, je m'en empare et range la boisson dans ma poche avec la clef. Je fixe mon reflet dans le miroir et une lumière commence à m'aveugler avant que je ne disparaisse d'un seul coup. 

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