Alors que je suis debout à côté de la table du thé, une odeur fumante de cannelle sort de la théière présageant un mélange unique des épices, quelqu'un s'approche et me tape le dos. Surprise, je me retourne. C'est le Chapelier.

- Bonjour Chapelier, que puis-je faire pour vous ?

- Bonjour Léna, pour moi, rien du tout. Mais pour le pays des merveilles, tu peux faire beaucoup de choses.

- Que renferme ce château ?

- Beaucoup de secret. Mais surtout, la malédiction que tu dois briser.

- Que fait-elle cette malédiction ? Et comment dois-je faire ?

- Elle empêche le pays des merveilles de rayonner. Tu as du remarquer qu'ici, tout est très sombre, c'est parce que la reine rouge a jeté un sort et nous a tous plongé dans l'abîme. Mais toi, tu peux le sauver, et pour cela tu dois t'introduire dans le château de la reine de cœur. Pour cela, tu dois trouver l'épée.

Je sursaute, et le regarde, surprise. Mais je sens que je dois le faire, alors je m'avance vers le château, et lui me laisse y aller. Je lui jette un dernier regard :

- Suis-je vraiment obligé d'y aller ?

- Oui, il le faut. Pour le pays des merveilles, tu es la seule à pouvoir le faire.

Je soupire et commence à m'avancer, laissant le Chapelier derrière moi. Le château me paraît énorme lorsque je m'approche assez près pour l'observer. Il est immense, tout en rouge, avec deux tours, et il touche presque le ciel. Prudente, je m'avance encore un peu plus et découvre que l'une des fenêtres au rez-de-chaussée est entrouverte. Alors, sans réfléchir, je me glisse à l'intérieur, et découvre que je suis dans la cuisine, totalement vide quand j'arrive. Mon épée rangée dans ma ceinture, je me glisse entre les casseroles, en étant la plus discret possible. Je sors de la cuisine et marche dans un long couloir vide, où j'essaye de ne pas trop me faire voir. J'entends des bruits de voix d'hommes et des pas, mais ils ne sont pas au même endroit. Je retiens ma respiration et continue d'avancer.

Au bout du couloir, je pousse une porte, c'est la chambre de la reine. Une chambre toute rouge, qui ne respire ni la joie de vivre, ni l'énergie positive, mais plutôt la colère et l'angoisse. La reine doit sans doute être très vieille si elle veut s'emparer des rêves des plus jeunes. Sur la table de chevet à côté du lit, il y a une photo. C'est une photo d'une jeune femme brune, avec un visage enfantin et rond. C'est sans doute la reine quand elle était jeune. Peut-être qu'elle a bien vieilli entre temps. J'entends des pas dans les couloirs, et sans réfléchir, je me cache derrière les rideaux. Il y a quelque chose de malaisant dans cette chambre, comme un début de maléfice. Je ressens cette énergie qui me donne des frissons, mais je ne fais rien. Je tente de reprendre mes esprits pour mettre de l'ordre dans mes idées. Une fois que la voie est libre, je sors de la chambre, en faisant le moins de bruit possible et tente de trouver la salle du trône. Mon instinct me dit que c'est là que je trouverais des réponses. J'avance petit à petit à l'intérieur du couloir qui me paraît long, tout en veillant bien à ne pas être suivi. Dés que j'entends un pas, je me glisse derrière un fauteuil en espérant faire le moins de bruit possible. Quand j'arrive devant une porte gardée par deux armures, j'essaye de ne pas me faire voir, et je parviens à me glisser sous une table pour éviter qu'ils me voient. Je tends l'oreille, pour essayer d'attraper quelques informations.

- Tu as entendu la nouvelle ?

- Non, quoi ?

- Il y a une prophétie disant qu'une jeune femme va venir pour tenter de briser le maléfice, et figure-toi qu'elle est dans l'asile de Marco. Tu sais bien que la reine travaille avec lui, pour maintenir le pays des merveilles comme il est.

- Ah bon ? Eh bien, qu'elle essaye, on verra. Nous aussi, on veut notre cure de jouvence.

Je reste immobile, ne sachant que dire. Ils ne connaissent pas mon nom, c'est déjà ça. Mais ils ont l'air de connaître le directeur, Marco, de l'asile où je suis enfermée. Le miroir de la salle de danse semble leur avoir échapper, c'est le moyen de me rendre au pays des merveilles. Quelques minutes passent, et les deux armures s'en vont. Je sors de ma cachette et m'approche doucement de la porte. Discrètement, je la pousse et entre à l'intérieur. Il y a un bouclier qui protège un bocal, mais le bocal, lui, est totalement fermé, il est relié à des câbles qui mènent à une autre salle. Je sens que c'est le sort qu'il y a l'intérieur, celui que je dois détruire. Il est bien gardé, mais je dois trouver le moyen de le briser. J'observe l'intérieur. Le trône est fabriqué en verre, comme si celui-ci était façonné dans la glace. C'est un trône de verre, qui impressionne. Mais je sens l'énergie malaisante qui y règne. J'entends des pas qui se rapprochent, et une voix, elle n'est pas spécialement accueillante, elle est plutôt en train de crier.

- Donnez-moi mon spectre !

- Tout de suite, majesté.

Prise en flagrant délit, je n'ai que quelques minutes pour trouver une solution. La fenêtre n'est qu'à quelques mètres de moi, et j'ai juste le temps de l'ouvrir avant que la poignée ne se tourne. Au moment où elle s'ouvre doucement, j'ai réussi à passer par la fenêtre et à m'accrocher un peu au mur. J'entends la voix de la reine hurler sur ses serviteurs.

- Pourquoi la fenêtre est-elle ouverte ?

- Je ne sais pas, majesté, je vais la fermer.

- Faîtes !

Je sens que quelqu'un se rapproche de la fenêtre. Je décide de lâcher le mur et de me laisser tomber. Quand la fenêtre se ferme, je suis retombé sur mes pattes. J'essaye de me remettre peu à peu de mes émotions, encore chamboulé à cause de cette énergie mauvaise que j'ai ressentie, et je décide de m'éloigner du château. Je retourne près de la table à thé où se trouve le chapelier fou. Je baisse les yeux à mes pieds et j'ai le vertige. Le chapelier fou me lance un regard.

- Alors, tu as vu le château ?

- Oui, et... j'ai ressenti ce maléfice, il est... puissant, il va me falloir du courage pour le briser.

- Il est puissant, oui. Mais tu l'es aussi, c'est pour ça que nous avons besoin de toi.

- Oui, je le comprends, maintenant.

Il commence à me fixer avec ses yeux sombre.

- C'est toi, la fille de la prophétie.

- Comment ça ? Quelle prophétie ?

- Il y a une rumeur sur une prophétie disant qu'une fille débarquera un jour et elle aura le pouvoir de briser le sortilège du pays des merveilles à l'aide de l'épée vorpaline.

- Je ne peux pas te dire si c'est moi, je ne sais pas. Je n'ai même pas l'épée.

- Mai ne te laisse pas faire par Marco, il est de mèche avec la reine rouge. Veux-tu une tasse de thé pour te remettre de tes émotions ?

- Volontiers

Il me sert une tasse de thé chaud que je bois à petite gorgée. Le liquide traverse mes émotions et les réchauffe, comme s'il y avait quelque chose de magique à l'intérieur. Je le remercie d'un regard et part ensuite à la recherche du miroir. Il faut que je découvre ce qui se trame autour de Marco. Je marche en direction de la forêt noire, en étant sûr que le miroir se trouve là-bas. Je le découvre à l'entrée de la forêt et n'hésite pas à le traverser sans hésiter.