Melissa s'approche de moi et me fixe, je me sens comme déshabillé du regard. Je recule, apeurée, mais Dinah vient à ma rescousse. Je sens un autre monde quand ma main touche la surface du miroir, c'est comme si, au delà de l'apparence parfaite de celui-ci, il y avait un autre monde en train de tomber en ruine, qui n'attend que son héroïne pour le sauver.

- Léna, il faut qu'on t'explique le rôle de ce miroir.

- On le garde ici afin de le protéger. Personne ne doit savoir qu'il est là, pas même notre directeur.

- Pourquoi ?

- Parce que le directeur ne veut qu'une seule chose, c'est s'emparer du pays des merveilles.

Le directeur de l'Institut ? S'emparer du pays des merveilles ? Mais pourquoi donc ? J'essaye d'en savoir un peu plus auprès de Mélissa.

- Pourquoi veux-t-il s'en emparer ?

- Parce qu'il veut pouvoir continuer à rêver, il veut avoir une jeunesse éternelle et en offrir une à Linda. Et pour cela, il est prêt à voler des rêves innocents pour se les approprier. Tu n'es pas sans savoir que tant qu'on continue à rêver, on reste émerveillés par la vie, mais une fois qu'on devient adulte, on perd cet émerveillement. Le pays des merveilles est le pays de tous ceux qui rêvent encore.

Dos au miroir, je bois ces paroles. Fascinée par tout ce que le pays des merveilles peut représenter. C'est alors que j'entends des pas dans le couloir, qui se dirigent vers la salle de danse. Mélissa se poste devant moi pour me protéger, tandis que Dinah s'enroule autour de mes jambes. Je baisse les yeux pour fixer ceux de la chatte rousse.

- écoute, Léna, tu as un droit sur ce miroir parce que l'épée vorpaline t'a choisi, toi, pour protéger le pays des merveilles. Donc je tenais absolument à ce que tu sois au courant pour ce miroir.

- Oui mais.... Je ne l'ai pas cette épée.

- Pas encore, non. Elle viendra à toi, le moment venu.

Je n'ai pas le temps de parler plus que le directeur déboule dans la salle, et me lance un regard mauvais. Ce miroir aurait donc des pouvoirs surnaturels ? Ou bien, est-ce juste l'entrée vers un autre monde ? Et pourquoi le directeur veut s'emparer du miroir ? Aurais-t-il des vertus éternelles ? Si l'épée n'est pas encore venue à moi, personne ne peut me vouloir du mal, pourtant quelque chose de mauvais émane de ce directeur.

- Léna, viens ici !

- Non, elle ne bougera pas

- Que dis-tu, Mélissa ?

- Léna ne viendra pas vers toi, c'est elle que le pays des merveilles a choisie, elle ne t'appartient pas.

Il tente de s'approcher de moi, mais Mélissa se poste devant moi pour me protéger. De mon côté, mes pas reculent. Je commence à avoir un peu peur, mais je ne laisse pas ma peur gagner.

- Non, Marco, laisse-là tranquille !

- Viens, Léna, avec moi, tu seras en sécurité !

Je recule et le miroir m'aspire, me faisant tomber dans un tourbillon d'émotions. Mélissa ne me rattrape pas, ni Marco d'ailleurs, Dinah monte la garde et moi, je tombe sans penser à la chute. Quand mon dos finit par toucher une surface dure, je reprends peu à peu mon souffle. Je suis à nouveau vêtu de ma tenue de combat : la robe rouge et grise. Je me relève et frissonne. J'observe un peu tout ce qu'il y a autour de moi, et découvre que je suis dans une vaste pièce aux murs très grands et bleus. Sur une table, il y a cette petite bouteille qui ressemble à une fiole que j'ai bu la première fois, qui m'a fait atterrir au pays des merveilles. Mais cette bouteille est placée sur une étagère beaucoup trop haute pour moi. Je regarde autour et découvre une porte, que je m'empresse d'essayer d'ouvrir. Mais elle est fermée et il n'y a pas de clef. L'endroit me fait étrangement penser à la salle de danse, mais en beaucoup plus grand. Et il n'y a pas d'I-pod contrairement à l'endroit où je me trouvais juste avant. Je tente de m'approcher de la table, pour attraper des clefs, mais je ne suis pas assez grande pour les atteindre.

Il n'y a rien à ma disposition, qui me permette d'y accéder. Je m'apprête à enfoncer la porte quand mon regard s'arrête sur un gâteau assez gros de couleur verte. En le reniflant, je reconnais l'odeur du CBD, et par curiosité, j'en croque une bouchée. Ma tête commence à tourner pendant que je mâche doucement. Mon corps se met alors à tomber et je me sens disparaître petit à petit. Où est-ce que je vais ? Je ne serais peut-être plus dans la salle de danse, ou peut-être n'y retournerais-je pas. Quand j'ouvre les yeux, je suis allongée à côté d'un champignon hallucinogène. J'essaye de reprendre peu à peu mes esprits, mais le champignon à côté de moi est géant et je commence à avoir la tête qui tourne. A peine ai-je le temps de me relever qu'un papillon s'approche de moi. Il est grand, de couleur bleue et je commence à reculer, par peur. Mais un large sourire se dessine sur ce qui ressemble à son visage.