Chapitre 35: Le jardin éphémère


Mes yeux s'ouvrent lentement pour découvrir un décor que je ne connais pas. La première question qui me vient à l'esprit : « Où suis-je ? Je ne reconnais plus rien. » Je regarde partout autour et j'ai le sentiment qu'il n'y a rien à part le Néant. Je relève les yeux et aperçois le Jabberwocky qui me fixe de ses yeux perçants. Je saute sur mes pieds et sort mon épée.

- Dis-moi où je suis sinon je t'attaque

- Tu es à l'entrée du pays des merveilles, mais tu ne peux y entrer sans affronter ton cauchemar.

- Mais... Dans quel cauchemar suis-je ?

- Le tien, dans la réalité tu es enfermé dans ta chambre à l'asile avec tes dessins.

- Je n'ai peur que d'un cauchemar : celui de rester enfermé dans ma chambre à jamais

- Je te laisserais passer si tu donnes ton épée, car je crois que c'est un objet que veut ma maîtresse. Tu ne peux pas entrer au pays des merveilles sans affronter ton cauchemar, alors donne-moi cette épée.

- Jamais !

Je bondis et me rapproche du monstre en courant. Celui-ci crache du feu et essaye de me viser, mais agile comme je suis, j'arrive à passer au–dessus de la flemme et à me glisser sous ses pattes. Au moment où il se retourne, je parviens à grimper sur son dos. Il hurle et crache du feu, et j'essaye tant bien que mal de m'accrocher. Il bouge dans tous les sens, mais je parviens à monter au sommet de sa tête.

- Maintenant, dis-moi ce que je dois savoir sur ce jardin, l'endroit dans lequel nous sommes enfermés.

- C'est un jardin éphémère. Tout ce que tu vois autour de toi n'est que le fruit de ton imagination.

- Et toi ? Pourquoi es-tu là ?

Il ricane.

- Je dois t'empêcher d'accéder au pays des merveilles, ordre de la reine.

- Pourquoi ?

- Elle veut t'empêcher de te réveiller et d'accéder à l'objet de ton désir. Relis aussi le poème « Jabberwocky », c'est un homme qui doit me battre. Et toi, tu es une femme.

Toujours en ricanant, le monstre tente de s'envoler alors que je suis toujours accroché à son dos. Mais c'est pile à ce moment-là qu'une colère gronde dans ma poitrine et que le coup de mon épée part toute seule et vient se planter dans une des ailes du monstre, l'empêchant de voler. Il pousse un cri, se débat, et je saute de son dos pour atterrir près d'un portail. Il me regarde, d'un air mauvais.

- Tu ne peux pas... me battre... parce que tu es une femme.

- Je t'ai mis à terre, et je ne suis pas une fillette, contrairement à toi

- La reine de cœur tient ton amour prisonnier, et ton épée ne suffira pas à la battre.

- On verra ça.

Je me retourne vers le portail et pousse l'entrée. De l'autre côté du portail, je me retrouve dans un endroit avec des pièces d'ordinateurs détruites. C'est un lieu désenchanté où plus personne ne vient sauf pour y déposer des pièces inutiles. Je me penche vers un écran d'ordinateur totalement éteins.

- On dirait que les secondes se sont arrêtées et que le temps ne s'écoule plus ici.

Je continue mon chemin et finis par trouver une porte, sans hésiter, je passe de l'autre côté. Je me retrouve face à un arbre plein de vie, mais qui ne semble pas être réel. Je tends ma main pour toucher une de ses feuilles, mais je ne sens rien. On dirait que je suis toujours dans cet espace éphémère, mais qu'il n'y a plus aucune menace. A mes pieds, je découvre une carte seule, c'est un quatre de trèfle, je ne dois pas être très loin du château, je la prends et l'observe pendant un moment, je la tourne et la retourne. Quelque chose me dit que je suis sur la bonne voie. Tout en marchant, le décor s'efface peu à peu, laissant apparaître le pays des cauchemars, et cette ambiance angoissante qui me donne des frissons. Le décor se modifie et je finis par découvrir que je suis dans la maison du chapelier fou, cette maison en forme de chapeau qui avait l'air si accueillante au début est devenu un lieu digne d'un film d'horreur. Je regarde autour de moi et constate que les jumeaux ne sont pas là, je suis seule dans ce lieu qui me paraît familier. Je me penche et découvre un vieux clavier d'ordinateur, un peu sale. Je souffle dessus pour enlever la poussière et chaque lettre se met à former un mot. Comme au scrabble, j'essaye de remettre les mots en ordre, et assemblés de manière correcte, ils forment une phrase : « Sauve-toi, Léna ! « Je relève alors les yeux et aperçois le Jabberwocky qui vole dans ma direction. Je me jette sur la porte et m'empresse de la fermer à double tour avant que soit lancé flamme ait eu le temps de me brûler. Il faut que je réfléchisse à la meilleure façon de m'échapper pour pouvoir rejoindre le château de la reine rouge. Je monte à l'étage et fouille dans la chambre. Il y a forcément un indice quelque part, un moyen d'échapper à un monstre quand on se retrouve dans ce genre de situation. Je finis par découvrir un petit carnet caché dans un tiroir et l'ouvre à la première page. L'écriture du Chapelier Fou est reconnaissable entre mille. Voilà ce qu'il écrit : « ma chère Léna, si jamais tu te retrouves piéger par le Jabberwocky dans ma maison, n'aie pas peur. Sors par la fenêtre du haut et passe par la forêt sombre pour aller jusqu'au château, tu trouveras par toi-même le moyen de rompre le sortilège ». Je serre le carnet contre mon cœur et le range dans ma poche avant de regarder cette fenêtre qui mène au toit. Je parviens à ouvrir cette fenêtre et à monter sur le toit. Au loin, j'aperçois le jardin éphémère collé à la forêt sombre, pour y aller je vais devoir passer entre les pattes du Jabberwocky, mon épée est rangée à ma ceinture, mais elle me portera chance. Je me laisse glisser du toit et tombe par terre, sans faire de bruit. Je cours jusqu'au jardin éphémère pour trouver un refuge, mais c'est un jardin éphémère, et tandis que je prends le temps de reprendre mon souffle, le jardin commence peu à peu à disparaître. Je n'ai pas de temps à perdre, je prends mon élan et cours pour me réfugier dans la forêt sombre. Ayant dépassé l'entrée de la forêt, je me laisse peu à peu gagner par l'angoisse qui y règne. Je sors mon épée et avance dans la forêt sombre. Un lièvre bondit devant moi et je manque de le toucher avec mon épée.

- Oh ! Fais attention Léna

- Pardon, mais cette forêt ne m'inspire rien de bon.

- C'est le but de cette forêt, et ce n'est pas un hasard si elle mène au château de la reine de cœur. Mais viens avec moi, je connais un raccourci

A la fois terrifiée et apeurée, je prends mon courage à deux mains et commence à le suivre. 

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