Chapitre 27 : Le rêve prémonitoire


Quand je ferme les yeux, je n'ai pas la sensation de tomber comme lorsque je traverse le miroir. A l'instant où je les ferme, je les ouvre dans un nouveau lieu, c'est un long couloir sombre. L'épée vorpaline n'est pas avec moi, mais j'imagine que je suis quelque part entre l'asile de fou et l'enfer. Je me relève et avance dans ce couloir jusqu'à tomber dans une salle de bal. Une grande salle avec des miroirs, mais je ne parviens pas à définir à qui elle appartient. Je suis le chemin jusqu'à l'un des miroirs et pose ma main sur l'un d'eux. Il y a une vibration qui s'infiltre dans mon corps et je sursaute. Je recule face au miroir, qui me paraît solide, impossible à traverser. Au fond du couloir, j'entends alors des bruits de voix et j'essaye de faire le moins de bruit possible. Il y a deux voix féminines, en m'approchant, je reconnais celle de Mélissa qui discute avec la reine de cœur.

- Mélissa, tu devrais nous dire qu'elle est la fille qui détient l'épée vorpaline.

- Je ne sais pas qui c'est, je te le jure

- Alors, qui est Léna ?

- C'est une de nos patientes.

Je retiens un cri. Melissa essaye toujours de me protéger, parce qu'elle sait, que l'épée vorpaline n'obéira à personne d'autre qu'à celle qui la détient. Nous sommes dans un rêve donc elles ne peuvent pas me voir. Pourtant, les paroles me font frissonner, je m'approche doucement de Mélissa qui est en train de fixer la reine de cœur. Elle ne baisse pas les yeux, mais la reine continue.

- Il nous faut cette fille, où est-elle en ce moment ?

- Je ne sais pas

- Si tu le sais, arrête de nous mentir. Si tu ne nous dis pas où elle est, j'essayerais de demander à quelqu'un de plus compétent que toi.

- Là, pour le coup, je ne sais pas où elle est.

La reine lui tourne le dos et Mélissa part dans la direction opposée. Je suis sur le point de lui courir après quand je me rappelle qu'elle ne peut pas me voir, car nous sommes dans mon rêve. Je m'installe en tailleur par terre et réfléchit, si personne ne peut me voir, je vais avoir du temps pour penser. Je vois un lièvre débarqué. Je sursaute, c'est le lièvre de mars, celui qui m'a protégé au pays des merveilles.

- Léna ! Mais que fais-tu ici ?

- Et toi ? Pourquoi es-tu dans mon rêve ?

- Parce que je dois t'aider à gagner pour rompre le sortilège.

- Tu peux me voir ? Parce que je viens de croiser Mélissa avec la reine de cœur et elles ne peuvent pas me voir.

- Oui, je peux te voir parce que nous avons un lien de connexion, je peux apparaître dans ton rêve dés que tu en as besoin. Qu'ont dit la reine de coeur et Melissa ?

- Elle me cherche, et Melissa fait ce qu'elle peut pour me protéger. Mais elle ne sait pas où je suis en ce moment

- Et toi ? Tu sais où tu es ?

- Oui, je suis aux enfers pour exercer mes pouvoirs

- Oui, j'ai entendu dire que tu avais ouvert le livre des quatre saisons et qu'il t'avait transmis sa magie.

- C'est ça.

Le lièvre me regarde comme si j'étais une créature étrange. Depuis que je possède les pouvoirs de la nature, je ne me reconnais plus vraiment.

- Il faut que tu partes, tu ne dois pas rester aux enfers

- Mais où dois- je aller ? Les gens que je croise n'arrêtent pas de me dire que je dois faire confiance à l'épée.

- Oui, mais tu dois aussi écouter ton cœur, et être curieuse au maximum. Où n'es-tu pas encore allé jusqu'à présent ?

- Je ne suis pas encore allé au royaume de l'été

- Dans ce cas, c'est là où tu dois aller, et tu vas devoir rencontrer la reine, Abigail.

Je sors de ma poche la petite clef en or que m'avait confié la reine de l'hiver et la fait tourner entre mes doigts. Le lièvre la regarde, et sourit.

- Cette clef te permet d'ouvrir toutes les portes, c'est une bonne chose que Lana te l'ai confiée.

- Peux-t-elle me permettre d'ouvrir la porte de chaque royaume ?

- Oui, c'est son but. Et surtout, ne l'a perd pas, elle est comme toi avec l'épée vorpaline, elle est précieuse

- Oui, j'en prendrais soin.

- Il est temps pour moi de te laisser et n'oublie pas de te réveiller.

Il me tourne le dos et disparaît. Je range la clef dans ma poche et me relève. J'avance petit à petit et découvre un ordinateur portable. Est-ce celui-ci est relié à l'ordinateur de contrôle ? Pour ça, il faut que je l'ouvre. Je me dirige vers l'ordinateur et l'ouvre d'un clap. J'arrive sur le bureau et, naturellement, ma main s'empare de la souris et le curseur clique sur le premier dossier. Je l'ouvre et découvre un plan du pays des merveilles, une croix rouge est barré sur le château, comme si quelque chose de totalement disproportionné se préparait. Je referme l'ordinateur et le laisse poser. Je sens que quelque chose se prépare, une feuille de papier vole jusqu'à moi, je l'attrape au vol, et la lis, perdue dans les mots. Il y en a quelques uns qui retiennent mon attention. Les « suffèches pensées » et le « Jour frabieux », des mots qui n'ont rien à voir avec les ordinateurs, pourtant, il y a forcément une règle logique quelque part. Je regarde le bout de papier, puis l'ordinateur, mais je ne parviens pas encore à trouver la logique. Je prends soin de plier la feuille et de la ranger dans ma poche. Et puis, je regarde ce qui m'entoure : La pièce semble se rétrécir et les murs se rapprocher de plus en plus. Vite, il faut que je me réveille. Je ferme les yeux et m'accroupie contre le mur en espérant ne pas finir écraser.

Quand je les ouvre, je suis dans cette chambre, celle qu'on m'a attribuée quand je suis arrivé aux Enfers. Dans ma poche, je retrouve bien ce petit bout de papier et je sens la forme de la clef. Ce rêve avait tout de quelque chose de réaliste donc. J'ignore l'heure qu'il est mais je décide de me lever. Quand j'ai dépassé le pas de la porte, le trou noir face à moi ne me permet pas d'avoir la notion du temps, ni si nous sommes en pleine nuit ou au petit matin. Alors, comme j'aurais du le faire dans mon rêve, je vise une petite plante sur le point d'éclore et place mes mains vers elle, c'est ce qui permet de la faire grandir, grandir, jusqu'à ce qu'elle vienne jusqu'à moi, et s'enroule. Il se passe alors quelque chose d'étrange, ma chemise de nuit disparaît d'un coup, laissant place à une tenue grise accompagné d'une ceinture rouge. C'est comme si la plante a modifié ma tenue d'un seul coup. L'épée apparaît presque instantanément à ma ceinture. J'entends des voix non loin de moi. C'est Mélissa qui discute avec Lucifer. Surprise, je me réfugie dans ma chambre et ferme la porte pour pouvoir mieux suivre la conversation. C'est Lucifer qui parle en premier.

- Tu ne dois dire à personne où est Léna, pas même à Linda, car je sais que vous travaillez au même endroit

- Non, je ne dirais rien. De toute façon, je protège Léna depuis le début.

- Bien. Surtout, il ne faut pas que nous ayons de « Suffèches pensées » l'un et l'autre.

- Qu'est-ce que ça signifie ?

- C'est un mot valise pour désigner les idées noirs, donc il ne faut surtout pas que nous ayons des idées noirs chacun sinon cela va nous ralentir.

- Oui, tu as raison. On doit protéger Léna jusqu'au bout. Mais laisse là partir dés que tu peux, elle doit aller au royaume d'été

- C'est compris. Cette jeune femme, c'est l'élue, il faut l'orienter sur le bon chemin

La discussion se termine et je soupire face à la chambre qui se tient devant moi. Je fixe les murs, et chacun semble me parler l'un et l'autre.

- Léna, tu dois aller au royaume d'été, mais ne te laisse pas ralentir pendant ton voyage. Ton rêve était bel et bien prémonitoire parce que tu as trouvé dans ce rêve le bout de papier avec les mots valises que Lucifer a utilisées. La clef est dans les mots.

- Cela veut dire que je peux avoir des rêves prémonitoires ?

- C'est cela. Mais pas uniquement, tu peux aller chercher un objet dans un rêve et le ramener dans la réalité, cela fait parti de tes dons en tant que magicienne.

Surprise, je n'ose pas répondre, mais j'entends ce que les murs me disent. Dés qu'ils ont terminés de parler, il n'y a plus rien, plus un bruit. Et je me retrouve seule avec moi-même. A côté de moi, une lumière commence à jaillir, je fais un pas en arrière et retiens un cri. C'est le miroir qui apparaît devant mes yeux. Sans réfléchir, je m'approche et le traverse d'un seul coup. J''espère atterrir au bon endroit cette fois, parce que je n'ai plus de temps à perdre. 

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