Quand je relève la tête, des gouttes me tombent dessus. Je suis sous une pluie battante qui ne s'arrête pas. Je suis habillé en tenue de guerrière, mon épée à ma ceinture, mais il est impossible pour moi de me relever, c'est comme si mon corps était bloqué. Un écureuil s'approche de moi, et j'ai un petit mouvement de recul mais il me rassure.

- Léna, te voilà de retour !

- Qui es-tu ?

- Je m'appelle Ecuyer, je suis là pour te conseiller. Tu as ouvert le livre ?

- Attends.... Mais tu es au courant ? Que j'ai ouvert le livre des quatre saisons ?

- Bien sûr que oui, je suis au courant. Seul toi pouvais l'ouvrir, tu es dorénavant magicienne

- C'est pour ça qu'il y a eu toute cette lumière autour de moi quand je l'ai ouvert ?

- Oui, c'est bien ça. Maintenant, il faut que tu te relèves.

Je prends mon courage à de main et parviens à trouver la force de me relever. Je regarde Ecuyer, et lui fait un sourire.

- Alors, quelle est ma mission cette fois ? La dernière fois que je suis venue ici, j'ai rencontré le roi Alexandre qui m'a donné cette feuille accrochée dans mes cheveux.

- Et personne ne t'a conduit au royaume d'été ?

- Je ne sais pas, je ne suis pas passé par le miroir cette fois, je te l'ai dis, j'ai ouvert le livre et il m'a conduit ici.

- Et le livre t'a transmis tous ses pouvoirs ?

- Oui

- Alors, il faut que tu t'entraînes. Des pouvoirs, ça apprend à se maîtriser.

- Sur quoi dois-je m'entraîner ?

- Regarde les feuilles, regarde les arbres. Tu dois apprendre à leur faire confiance et à partager ta magie avec eux.

Je fixe un arbre et commence par faire un cercle avec mes mains. De la lumière en jaillit, je la dirige vers lui et elle enroule l'arbre, lui redonnant la vie et de petites fleurs apparaissent au bout de ses feuilles d'automnes. Je recommence la même opération sur un buisson. Et Des pâquerettes apparaissent au bout de ses feuilles. Je lance un coup d'œil à Ecuyer.

- C'est bien comme ça ?

- Oui, c'est parfait ! Continue, tu apprends peu à peu à maîtriser le pouvoir de la nature et à lui donner vie.

Je recommence à faire des cercles et à fixer les arbres ternes qui reprennent peu à peu vie, puisque des fleurs apparaissent dessus. Ecuyer m'intime ensuite de le suivre et je n'hésite pas à une seconde. Nous marchons et arrivons au pied du village que j'ai traversé la dernière fois. J'entends du bruit et Ecuyer m'arrête. Cette voix, je l'a connais. On dirait celle de Marco mais en plus aigu. Je jette un coup d'œil, on dirait le fou d'un roi, mais en plus méchant.

- Bonjour, mesdames et messieurs, je tiens d'abord à vous remercier pour votre bienveillance auprès du roi, qui est très malade, comme vous le savez. Je tiens aussi à vous signaler que nous sommes à la recherche d'une jeune femme qui détient l'épée vorpaline. Elle est recherchée par la reine rouge, la reine de cœur, et elle vous sera très reconnaissante si vous la livrez vivante.

Je retiens un cri. Elle me cherche et c'est peut-être pour ça que le livre m'a conduit au royaume d'automne. Je regarde Ecuyer qui me lance un regard apeuré.

- Que vas-tu faire ? Tu ne peux pas rester ici

- Il faut que je trouve un endroit ou me cacher

- Tu ne pourras pas te cacher à l'infini, il faut que tu échappes à leur contrôle à force de te déplacer entre les mondes, et il faut que tu sois plus rapide.

- Ça, je sais, merci.

Les pas viennent dans notre direction, alors que nous sommes cachés derrière un mur. Sans perdre de temps, nous courons nous réfugier près d'un arbre et, je n'ai aucun mal à me glisser entre les branches. En dessous, nous observons le fou se balader dans la forêt, il est suivi par des cartes en métal. Je lance un regard à Ecuyer.

- Tu crois qu'ils vont me trouver ?

- Pas si tu maîtrises bien tes pouvoirs. Tu as le pouvoir des éléments de la nature, maintenant, toi, tu le sais, mais eux ne le savent pas.

Sans prévenir, je fixe une feuille et forme un cercle avec mes mains. Elle s'envole aussitôt, les deux cartes lèvent les yeux vers cette feuille.

- C'est par là qu'il faut aller, venez !

Ils partent aussitôt, en s'éloignant de l'arbre où nous nous trouvons. Ecuyer me félicite, et je lui lance un sourire.

- Tu vois que tu as réussi.

- Oui, en fait, il faut juste savoir se concentrer

- Exactement

Nous nous assurons qu'il n'y ait plus de cartes en métal à proximité et descendons de l'arbre. Ecuyer vient se refugier sur mon épaule et je quitte l'arbre pour marcher tout droit, nous arrivons au bord d'une rivière et il se penche vers mon oreille.

- Là, tu devrais pouvoir utiliser tes pouvoirs.

- Avec la rivière ?

- Oui, parce que tu possèdes les éléments donc tu pourrais réussir à t'entraîner. Essaye

- D'accord, je vais voir ce que je peux faire

Je fixe la rivière et commence à faire des cercles avec mes mains, une tornade se forme peu à peu et elle vient ensuite s'écraser contre un arbre, je recommence l'opération plusieurs fois avant d'obtenir une tornade quasi parfaite. Ecuyer me félicite.

- C'est bien, Léna, tu apprends vite !

- Ces pouvoirs vont m'être utile, tu penses ?

- Oh oui, c'est certain !

L'eau vient m'éclabousser et je rougis. Si aussi bien l'eau que la terre m'obéit, cela veut dire que tous les éléments terrestres sont en moi, et que je peux apprendre à me défendre face aux cartes de la reine de cœur. Ecuyer descends de mon épaule et me regarde.

- Entraîne-toi ! Et n'oublie pas que le bandersnatch est ton ami, si tu as besoin d'aide, appelle-le, et il viendra te secourir. Mais essaye avant tout de faire les choses par toi-même. Tu dois apprendre à gérer tes pouvoirs naissants.

Je fixe un buisson, je tends une main vers lui et l'autre main vers la rivière, puis je les rassemble et une tornade jaillit de la rivière pour venir s'écraser sur le buisson. L'écureuil fait un bon en arrière.

- Tu apprends vite, on dirait.

- Merci ! Je fais ce que je peux.

Je ramasse une feuille et la regarde.

- L'automne a de belles couleurs ici.

- C'est normal, c'est notre saison. Mais depuis que l'équilibre est rompu, tu vois, nos couleurs sont de moins en moins lumineuses.

- Toujours quelqu'un pour me rappeler que je dois rompre ce sortilège à tout prix.

Ecuyer hausse les épaules et je reste muette tout en continuant à manier mes pouvoirs et en jouant avec les différents éléments. Des acrobaties aux formules, j'essaye de tout apprendre en un temps record. Je me tourne vers Ecuyer, prise d'un doute.

- Que devrais-je faire si jamais je me retrouve face à Linda ?

- Qui est Linda ?

- Une amie de la reine de cœur

- Oh ! eh bien, dans ce cas, tu devras apprendre à te défendre avec tes pouvoirs. N'oublie pas qu'ils naissent de tes émotions, plus ton énergie est puissante, plus tu sais te défendre.

Il se place face à moi et me fait signe de continuer. Ma main touche le sol et une racine en jaillit. Je recule et une autre apparaît juste après à côté de moi, la racine s'enroule autour de mon bras et je me laisse faire. Je regarde Ecuyer, paniquée. Lui a l'air très calme.

- C'est le pouvoir de la terre. Il t'appartient aussi.

- Mais c'est normal que je puisse faire ça ?

- Oui, tout est normal. Laisse la magie venir à toi.

Je respire un grand coup et regarde l'horizon. Je peux presque médité si je n'avais pas un compte à rebours à respecter et, sans qu'il me dise quoi faire, Ecuyer m'entraîne vers un coin où les arbres sont n'ont pas encore de feuille, ce ne sont que des troncs. Mais juste à côté, je reconnais le miroir qui scintille. Je regarde mon compagnon du coin de l'œil et il me regarde de la même manière.

- Si le miroir t'appelle, vas-y, il a sans doute quelque chose à t'apprendre

- Oui, ou quelque part où m'emmener.

- Sans doute. Mais n'oublie pas, c'est toi qui possèdes l'épée Vorpaline et qui peut rétablir l'équilibre, tu peux tout faire.

Il reste en retrait, et je m'approche du miroir, je passe ma main à travers, alors que le reflet semble flotter. Je jette un dernier regard à Ecuyer en le saluant et me jette la première dans le miroir. Je retiens un cri, en tombant dans l'infini. Cet étrange sensation me donne des frissons et réveille ma peur, pourtant, je devrais être habitué, mais ça me fait toujours très froid dans le dos.