Chapitre 11 : La face cachée


Quand je me sens chuté, j'ouvre les yeux avec un mal de crâne épouvantable. Ma tête tourne dans tous les sens et je prends quelques minutes avant de retrouver une stabilité normale. En observant autour de moi, je remarque que je suis seule, dans la salle à manger. Les filles sont sans doute en cours de danse. Le miroir n'est pas là, et il n'y a aucune trace qui prouve que j'ai réussi à faire un tour aux enfers. Ma tenue de souillon est de retour, je ne ressemble plus du tout à une guerrière. Je me relève et me dirige vers la porte de sortie. En voulant tourner la poignée, je me rends compte qu'elle est fermée. Je touche ma chevelure et en sort mon épingle à cheveux pour tenter de la glisser dans la serrure, mais ça ne fonctionne pas cette fois-ci. Je lève les yeux au ciel : il n'y a pas de porte de sortie aux alentours. Mon regard est soudainement attiré par une bouche d'aération cachée derrière la cuisinière. En poussant la cuisinière, j'essaye d'ouvrir la bouche d'aération et après deux essais, j'y arrive et me glisse à l'intérieur. C'est compliqué parce que c'est petit, et que j'ai du mal à respirer. Mais avec beaucoup de courage, je parviens à avancer, je ne sais pas où ça mène, mais je sens qu'il y a quelque chose à trouver. Quand je vois le bout de lumière qui annonce la sortie, je prends une grande inspiration et me décide à avancer, une fois que la lumière m'éblouis un peu, je tends l'oreille. Deux voix féminines parlent, c'est celle de Linda qui s'adresse à Mélissa.

- J'aimerais savoir qui a l'épée vorpaline

- Je ne sais pas qui c'est, vraiment.

- Je sais que tu sais, peut-être que c'est cette nouvelle ...

- Non, tu fais fausse route.

- On verra...

Elles s'en vont toutes les deux et sortent. Il y a des soupçons, mais pas de preuve. Je sors alors de ma cachette et croise le regard de Dinah qui m'attend.

- Te voilà enfin, Léna !

- Dinah, est-ce que quelqu'un se doute de quelque chose ?

- Je ne sais pas, mais je pense que Linda le sait. En tout cas, aucune des patientes ne le sait, à mon avis. Mais il faut que tu fasses attention à toi

- Où est-ce que je vais ensuite ?

- Là, tout de suite ? Tu devrais retourner auprès des autres, pour te fondre dans la foule.

- Message reçu !

Nous passons la porte toute les deux mais partons chacune dans une direction opposé. Je rejoins Anna et Maria dans la salle de danse, prête à suivre un cours.

- Tiens, Léna, où étais-tu ?

- Dans ma chambre, je réglais quelques affaires personnelles

- Tu as toujours des contacts avec ta famille à l'extérieur ?

- Un peu, oui.

C'est un mensonge, bien entendu. La seule personne avec qui je suis en contact à l'extérieur, c 'est Meryl. Melissa nous aligne toutes ensemble et commence son cours. Mon regard se fixe sur le miroir, et je remarque quelque chose de différent. Comme une fissure, mais à l'intérieur. Intriguée, je donne un coup de coude à Anna et lui montre le miroir du regard.

- Que vois-tu dans le miroir ?

- Il y a comme une fissure, tu ne l'as vois pas ?

- Non, du tout.

Quand c'est notre tour de danser, je me laisse totalement porter par mes mouvements. Le regard d'Anna se pose sur moi avec bienveillance, mais mon esprit est perturbé : d'où peux-tu venir cette fissure ? Si ce n'est pas le miroir qui commence à se briser, est-ce possible qu'il y ait une fissure au pays des merveilles ? Quand je termine, je suis autant essoufflée qu'épuisée, et j'ai besoin d'une pause. Dans ma tête, des images se succèdent : Mon épée transperçant le bocal qui contient les rêves, et juste à côté un réveil qui indique l'heure. Ma vision se termine et je fais un sursaut avant de revenir à moi. Cela est-il possible que le pouvoir de persuasion me soit tombé dessus ? J'entraîne Anna hors de la salle de danse.

- Ecoute Anna, je viens d'avoir une vision.

- Comment ça ?

- Je crois que je peux voir au fond des choses, du moins ce qu'on refuse de montrer...

- Eh bien, peut-être que ce lieu n'aura plus de secret pour toi si tu t'entraînes.

Je laisse Anna retourner voir Mélissa et je m'aventure seule. Je traverse les couloirs déserts, essaye de distinguer la lumière dans l'obscurité. Quand je touche une poignée, je lève les yeux au ciel en espérant que ce soit la salle à manger, mais c'est juste la cuisine. J'entre dans la pièce déserte et essaye de distinguer ce qui pourrait s'y cacher. Je m'approche un peu plus et frappe dans mes mains, une fissure apparaît. Surprise, je fais un bon en arrière. Mais rien n'a bougé, il y a juste cette fissure. Alors, je frappe dans mes mains une seconde fois et une seconde fissure apparaît. Pas de doute, j'en suis bien l'origine. En m'approchant de ces fissures, je découvre que chacune est une petite porte. Je me précipite vers la porte d'entrée de la cuisine et la ferme à clef, puis revient ensuite vers les fissures. Mes yeux suivent leur ligne, et je continue à frapper des mains pour pouvoir distinguer ce qu'elles cachent. Je recule un peu, et découvre que chaque fissure se transforme en porte. Je sens alors mon cœur tambouriner dans ma poitrine, ce qui me donne le courage de pousser la première porte.

Derrière la première porte, il y a un couloir qui mène à un buffet. Je m'approche, sur ce buffet, il y a cette boisson que je reconnais tout de suite : c'est la boisson que Dinah m'a conseillé de boire quand elle m'a entraîné au pays des merveilles. Je m'approche et la saisie : la couleur du liquide a changé, mais est-ce le fait de boire cette boisson va m'entraîner au pays des merveilles ? Sans réfléchir, je l'avale d'un seul coup. Le goût n'est pas le même : c'est salé, un peu amer, ça ne ressemble en rien à la boisson sucré que j'ai prise la première fois. Mon corps disparaît et je ferme les yeux, évitant de penser à ce qui m'attend.

Quand j'ouvre les yeux, je suis allongée, par terre et en observant, je remarque que je suis dans des cachots. Est-ce que l'Asile possède des cachots ? Sans doute, il y a tant de choses que j'ai découvert sur ce lieu ces derniers jours. Et je ne suis pas au bout de mes surprises. Je me relève et prend une grande respiration. En regardant un peu partout, je constate que je suis bien dans un cachot. Je commence à fouiller, à fouiller le cachot de fond en complot pour essayer de trouver un indice, quelque chose qui me rapproche du sortilège ou des rêves que je dois délivrer. En fouillant, je trouve un pendentif, un pendentif ancien. Je sors de ma poche l'exemplaire du livre « Le pays des songes », et je l'ouvre à la deuxième page. Il y a une carte dessinée, une carte qui représente le pays des songes. Je mets le pendule au-dessus et il commence à bouger. Le pays des songes existe-t-il vraiment ? Où est-ce le pays des merveilles qui n'existe plus ? Où peut-être faut-il que quelqu'un rallume l'espoir ? Le pendentif bouge, et se pose sur différents passages de la carte. Dés que j'entends un bruit, je me dépêche de ranger le livre dans ma poche et je mets le pendentif autour de mon cou. Les bruits viennent de la cuisine, ce qui signifie qu'il y a quelqu'un. Sans trop réfléchir, je frappe des mains et une fissure s'ouvre dans le mur sombre du cachot, je m'y approche un peu et commence à suivre ses contours. Une porte apparaît et je m'engouffre à l'intérieur, plus j'avance, plus je me rends compte que c'est un couloir qui mène à une chambre, au fond il y a un lit et dessus deux personnages identiques qui se chamaillent, et l'un d'eux me lance un regard interrogateur.  

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