Frank était malade, il avait le cancer, le cancer de la peau.

Tout avait commencé lorsqu'une étrange tâche était apparue sur son corps, elle grandissait légèrement au fil du temps et avait l'air de vouloir s'exploser à tout moment, un peu comme une ampoule.

La mère de l'adolescent, voyant que la tâche ne disparaissait pas et que d'autres commençaient à apparaitre, emmena son fils voir un spécialiste de la peau, un dermatologiste. Celui-ci confirma qu'il y avait quelque chose qui clochait, que c'était un cas assez rare chez les jeunes, normalement ce type de cancer ne survenait qu'au personnes plus âgées.

Des tests avaient suivis cette consultation, et ils avaient découvert que Frank avait l'épiderme particulièrement sensible. Exposés à ses faits, le garçon se rappela toutes les fois où il était tombé, où il s'était cogné contre des objects et que sa peau avait réagit de façon excessive.

« Ce type de cancer est du à une intense exposition au soleil », les mots du médecin résonnaient dans ses oreilles.

Livide comme il était, il se rappela toutes les fois où ses parents essayaient de lui donner des couleurs mais à la place, sa peau brulait.

Frank était naturellement d'un blanc pur, fragile, délicat.

Sa mère le regarda, inquiète, croyant que c'était en partie de sa faute.

Il la regarda droit dans les yeux, lui transmettant les mots qui ne voulaient pas sortir de sa bouche.

« Ça va aller », son regard disait et répétait secondes après secondes.

Parfois, parler à travers un regard en disait plus. C'était comme ça qu'ils avaient appris à se rassurer, à s'aimer.

Il n'allait pas mourir, ce type de cancer était guérissable. Mais son cœur tremblait un peu, c'était une situation nouvelle, c'était effrayant d'avoir une maladie, d'avoir ses mots résonner dans son esprit. Une partie de lui était terrifié parce qu'il avait peur de ce qu'il ne connaissait pas, de l'étranger.

Frank chassa ses pensées de son cerveau, une grande partie de lui était optimiste, même quand il se retrouvait dans des situations où la vie semblait être contre lui, même si il savait qu'il avait le droit de baisser les bras. Pour lui, lever la tête et sourire étaient deux actions inscrites dans sa peau, dans son coeur.

Il allait guérir, il le savait.

Quelques semaines plus tard, après de nombreux traitements, quelques chirurgies, Frank n'avait plus le cancer de la peau.

Il était une orchidée, tendre, belle, même s'il avait des cicatrices là où toutes ses cellules malignes s'étaient développées. Sur son nez, sur ses bras et quelques unes sur son dos.

Elles traçaient un chemin, une histoire. Ses tâches signifiaient tellement pour lui, elles lui montraient qu'il était spécial, qu'il avait quelque chose à offrir au monde.

Le jeune homme regarda le ciel changeant d'habits, devenant un peu plus coloré.

Il était une orchidée tachetée, différente, brillante, belle. Les pigmentations sur sa peau dansaient comme le vent frétillant dans les arbres nus. Elles chantaient comme les oiseaux sortis de leurs nids. Elle souriaient au rythme des vagues s'écrasant sur le sable mouillé.

Frank n'était plus malade, il n'avait plus le cancer, il était à présent une plante. Une plante vivante, battante, magnifique.