Saviez-vous que notre oeil a un champ de vision d'environ cent cinquante degrés répartis inégalement ? Par exemple, nous ne voyons qu'à soixante degrés du côté de notre nez, et ce n'est pas si mal ; les trente degrés restants permettraient de voir quoi, au juste ?

C'est pour cela que, ce lundi soir, je vois sur ma gauche un mouvement à la vitre. Sur ma gauche extrême, à la limite du possible. Sans ce champ de vision hors norme, je n'aurais jamais pu remarquer que quelque chose venait de passer sur le rebord de ma fenêtre.

D'abord interdite, je décide d'aller voir la cause de ce mouvement et ouvre en grand. C'est un simple pigeon, qui me regarde de ses grands yeux inexpressifs, en roucoulant pour une raison inconnue. Ses plumes grises sont terminées par une pointe noire sur ses ailes, son cou est légèrement bleuté. Que c'est moche, un pigeon, quand on y pense.

Je m'apprête à refermer la fenêtre quand un détail me stoppe dans mon geste ; j'ai cru apercevoir un éclat blanc sur cet oiseau, qui est tout sauf blanc. Stupéfaite, je me fige pour ne pas effrayer l'animal. Je commence à rouvrir lentement, et tends ma main vers l'oiseau immobile. Il ne réagit que lorsque j'écrase mes mains sur son plumage.

Pas très vif, l'animal.

Il commence à se débattre avec une énergie qui me surprend, mais je tiens bon et je parviens à le plaquer, telle une rugbywoman (je ne sais pas si ça se dit mais j'aime mieux), sur le rebord. Enfin, après une longue minute de souffrance, je réussis à voir ce qu'était ce truc blanc. J'écarquille mes yeux avec surprise, non, avec une stupéfaction mêlée à la fierté d'avoir vu cela.

Non, je n'ai pas rêvé, ce pigeon a bel et bien un message accroché à la patte.