Avec un petit coeur
J'inspire un grand coup, mes mains cherchent frénétiquement celles que je tenais l'instant précédent.
Hein ?
Je tenais des mains ?
Je fronce les sourcils, cherche mon souffle. J'ai rêvé, j'en suis sûre, je suis certaine d'avoir senti un contact. Mon cœur bat la chamade, je me sens presque mal, mais, d'un autre côté, j'ai l'impression de flotter dans un nuage de bonheur.
Je ne me rappelle pas le moins du monde de mon rêve, en revanche. Je sais juste qu'il fut fort en émotions, riche en tourbillons, rempli de bonbons, noyé de bourdons... Oh, là, là, il faut que je mange tout de suite.
Je m'élance dans le couloir, me rendant compte au passage que je suis déjà habillée pour une raison qui m'échappe un peu. Mais sur l'instant, peu m'importe, alors je cours jusqu'à la cuisine. Je tourne à l'angle du couloir, effectuant un dérapage digne d'un film, avant de m'écraser contre un tissu mauve.
Je relève la tête, un peu hébétée, et rencontre celle de ma mère. Elle me toise étrangement, sur le seuil de la cuisine, les bras croisés sur la poitrine.
- Maman ? J'ai... envie de passer, s'il te plait.
En prononçant ces mots, je toise les Miel Pops nonchalamment posés sur la table.
Ne vous inquiétez pas, mes chéries, j'arrive.
Ouh là, voilà que je me mets à parler aux céréales. Il faut vraiment que je les mange, maintenant, tout de suite, ou c'est mon bien-être mental qui va en pâtir.
- Maman ! je répète, un peu plus fort. J'ai faim !
Elle me lance un regard long, très long, chargé de sentiments que je ne parviens pas à reconnaître. Je la fixe en retour, penche un peu la tête pour lui signifier mon incompréhension. Finalement, elle fait un pas sur le côté, me laisse prendre place à la table en bois et directement verser les céréales dans ma bouche grande ouverte. Après de longues secondes durant lesquelles le seul son audible est celui de mes mastications, je me lève et finis par me prendre un bol et du lait.
Je mange tranquillement mes Miel Pops lorsque mon téléphone glisse jusqu'à moi. Je lève les yeux d'un air interrogateur - décidément, que de doutes ce matin. Ma mère est debout à mes côtés, toujours murée dans un silence un peu flippant.
- Bonjour, bien dormi ? je tente avec hésitation.
Puis mon regard dévie vers le petit objet rectangulaire qui brille à côté de mon coude.
- Comment se fait-il que tu sois en possession de mon téléphone ?
Je commence à avoir quelques doutes quant au silence inquiétant de ma génitrice. Je fais lentement glisser mon doigt sur l'écran, révélant mes nombreuses notifications.
En fait, il n'y en a que deux. Deux messages d'un certain Marc, affichés sur l'écran de verrouillage en toutes lettres.
Marc - Je t'attends derrière le tableau à 12h.
Marc - Tu pourras m'acheter mes barres de céréales préférées ? <3
Je relève la tête en direction de ma mère.
Oh, non. Elle n'a pas lu ça ?
Il faut croire que si, au regard qu'elle me lance.
- C'est... je balbutie, les joues brûlantes. C'est pas ce que tu crois...
Mais elle se contente d'un regard lourd de sens.
- Je t'ai crue, hier.
Nom d'un chien, Marc. Tu n'étais pas obligé d'ajouter un petit cœur.
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