57-Boîte de Pandore (Fin Partie I )


Elle fixait le sol. Les lattes du parquet s'étalaient à perte de vue devant elle. Elle fixait ses rainures comme si elles allaient lui apprendre quelque chose d'essentiel. Quelque chose qu'elle ne connaîtrait pas encore. Mais une fois encore le destin s'était joué d'elle. Elle avait appris ce qu'elle n'aurait jamais voulu savoir.

Les larmes lui montèrent aux yeux sans qu'elle ne puisse rien faire pour les en empêcher. Elles dévalèrent sur ses joues telles une multitude de torrents en furie. Karmen ne voyait plus rien, tout était flou et elle était dans l'incapacité totale de réagir. Même la force d'essuyer ses larmes lui manquait. Elle était vide.

Une paire de bottes apparut soudain devant ses yeux. Elle n'osa même pas lever les yeux. Comment le pourrait-elle à présent ? Elle s'était permis tant de choses, tant de folies ! Et tout cela sans se douter un seul instant du pouvoir qu'il possédait à son encontre. Elle n'était qu'une idiote.

-Karmen qu'est-ce que tu fais enfin ?

-Tu m'as menti...Tout ce temps...Tu n'as jamais rien dit. Murmura-t-elle.

-Je...Cela ne change rien, et encore moins à ce que je suis.

Il semblait à présent sur la défensive. Sa voix n'était plus agressive et son ton était beaucoup plus clément.

-Au contraire ça change tout. Absolument tout...murmura-t-elle en gardant les yeux rivés au sol.

-Qu'est-ce que...

-Je ne suis pas digne de toi. Le coupa-t-elle. Je n'ose même pas te regarder en face, j'en suis incapable. C'est injuste.

-Mais ça n'a aucun rapport ! S'écria le colosse en s'abaissant à sa hauteur. Je suis le même avec ou sans titre !

Il lui tendit la main pour l'aider à se relever mais elle la refusa et recula encore un peu plus. Elle perçut son froncement de sourcils mais n'y réagit pas. Non il n'était pas le même, et si elle avait su, jamais elle n'aurait eu une attitude aussi irrespectueuse et hors normes. Comment avait-elle pu...

-Je n'aurais jamais du me laisser aller ainsi, j'ai honte...chuchota-t-elle.

-Ce n'aurait pas vraiment été toi. Regarde toi enfin ! Il y a une minute tu me criais dessus et maintenant tu refuses même de lever les yeux vers moi !

-Mais j'y suis contrainte ! Protesta-t-elle avec véhémence.

-Mais par qui ? Parce que ce n'est pas par moi Karmen.

-Par tous ces codes qui gravitent autour de toi...Je devrais même te vouvoyer mais ça, je n'arrive plus à m'y résoudre...C'est tellement...

-Tellement quoi.

-Rien. (elle inspira brièvement) Sire.

La distance. Ce serait sa seule arme pour s'en sortir. Elle se releva et aborda un air froid et indifférent. Les masques étaient de retour. Elle allait recommencer à jouer le jeu, voici trop longtemps qu'elle l'avait déserté. Elle s'était laissée emporter sans y prêter attention et voilà ce que ça donnait.

Coyle s'approcha d'elle et tenta de lui prendre les mains, mais elle les retira derrière son dos, hors d'atteinte. Elle devait tenir bon.

-Mais qu'est-ce qui te prend enfin. Ce n'est pas toi ça ! Arrête ! Cria-t-il.

Elle ne répondit rien, et baissa les yeux. Ne pas le regarder. Ne pas le regarder ! Elle savait que si elle croisait son regard bleu glacé elle rebrousserait chemin tout aussi sec. C'était sa faiblesse, mais elle avait la lucidité de la reconnaître, cela la sauverait peut-être...

-Karmen, je n'ai aucune idée de ce qui peut bien te passer par la tête, mais je ne le laisserai pas aller au bout de ton idée.

-Mon devoir est de contribuer à l'épanouissement du royaume même depuis mon statut modeste de citoyenne comme les autres, et c'est bien ce que je compte faire. Débita-t-elle d'une voix monotone.

-Tu déblatères des âneries, elles ne m'abuseront pas Karmen. Cesse cela immédiatement ! Gronda Coyle.

Il prit son menton entre ses mains, et la força à lever les yeux vers lui : il la surplombait depuis le début de leur relation mais jamais elle ne s'était sentie aussi petite et écrasée. Une vulgaire fourmi face à un géant. Était-ce à cause de ce qu'elle venait d'apprendre ? Sûrement.

Ses yeux bleus implacables sondèrent les siens et elle dut se faire violence pour ne pas réagir. N'exprimer aucune émotion, ne rien laisser transparaître. Mais elle put lire dans son regard à quel point il était inquiet, et à quel point il paraissait sincère. C'était juste deux iris bleues mais à elles seules elles parvenaient à lui retourner le cœur et à jouer avec.

-Tu n'as jamais été vraiment toi-même avec moi...souffla-t-elle sans le quitter des yeux.

-Si. Si Karmen. Je me suis redécouvert à travers toi. Je n'ai jamais joué.

-C'est impossible. Tu peux posséder tout ce que tu veux, pourquoi diable m'aurais-tu..M'auriez-vous choisie moi ? Se reprit-elle.

-Arrête d'essayer de prendre de la distance, toi comme moi savons que tu n'en n'es plus capable.

-Je le suis tout à fait. Tu te trompes.

-Non c'est toi. Tu es aveuglée et tu ne vois pas la chose dans sa globalité. Tu n'as pas les idées claires.

Se pourrait-il qu'il ait raison ? Une lueur d'espoir vacilla en elle pour s'éteindre aussi tôt. Non, bien sur que non. Elle sentait qu'elle avait les idées parfaitement claires. Tout ceci n'était que des bonnes paroles pour la retenir. Des belles paroles comme il lui en avait sorti tout au long de leur relation...

-Au contraire je n'ai jamais été aussi sûre de moi. Tout était voué à l'échec, depuis le début.

-Tu ne crois pas ce que tu dis.

-Si, bien au contraire. Je comprends tout.

Elle retira le collier qu'elle ne quittait plus depuis des semaines, et après l'avoir serré une dernière fois dans le creux de sa paume, elle le déposa sur le bureau de Coyle. C'était terminé.

-J'ai une dernière question...commença-t-elle.

-Pose-la.

Elle avait besoin de savoir comment elle avait pu en arriver là. Elle se sentait coupable de ce que venait d'annoncer le garde quelques instants plus tôt.

-Que s'est-il passé avec le roi Étienne ? Souffla-t-elle.

Coyle regarda autour de lui en déglutissant, et essaya de s'approcher à nouveau de Karmen. Mais cette dernière avait pris sa décision et plus rien ne la ferait changer d'avis. Elle recula encore, jusqu'à se retrouver acculée au pilier du lit derrière elle.

-Raconte moi.

-Il est venu comme il l'avait promis. Il a réclamé ta tête en donnant une description des plus précises, je ne pouvais pas prétendre ne pas te trouver. De plus tu avais fait forte impression à la cour ces derniers jours, je n'aurais pas été en mesure de te cacher...

-Un roi incapable de faire ce qu'il veut...ricana Karmen en levant les yeux au ciel.

-Karmen. (elle se tut immédiatement) J'ai refusé d'accéder à sa demande. Il a essayé d'en venir aux mains, mais mes gardes l'ont stoppé sans problème.

Karmen commença à culpabiliser : c'était de sa faute. Elle n'aurait jamais du se mêler de ce qui ne la regardait pas, elle répandait le sang et la vengeance partout derrière elle finalement. Son cœur se serra en songeant à la déception que Coyle avait du ressentir à son égard.

-Et après qu'as-t-il fait ? Murmura-t-elle.

-Il a juré de nous déclarer la guerre. Avançant comme argument que j'avais refusé de lui livrer un traître.

-Moi.

-Oui.

C'était un cauchemar. La jeune femme se prit la tête entre les mains et commença à envisager le pire. Étienne qui tuait Coyle, Étienne qui venait la chercher... Elle serra fort la mâchoire pour s'empêcher de crier. Elle comprit qu'elle était morte de peur, et malade de remord. C'était insupportable.

-Tu étais au courant. Tu savais qu'il déclarerait la guerre à ton royaume. Pourquoi ne pas m'avoir livrée ? Cela aurait résolu tout tes problèmes.

Cette fois-ci, Coyle s'approcha d'elle à grands pas sans lui laisser le temps de s'éloigner. Il prit avec force son visage d'une seule main, et siffla entre ses dents :

-Parce que être roi c'est connaître la loi et savoir quand ne pas l'appliquer. Je n'aurais jamais livré une innocente, même inconnue. Je connaissais Étienne depuis l'enfance, et je savais les démons qui l'habitaient. Mais toi tu n'as rien voulu entendre ! Cria-t-il en haussant le ton.

Ses yeux bleus brillaient de colère. Sa main sévère plaquait sans retenue la jeune femme au pilier derrière elle, tandis qu'elle sentait les larmes venir. Il la rendait responsable. Elle le savait, mais l'entendre le dire était différent. Très différent.

-Je suis désolée. Je suis sincèrement désolée. Pardonne moi...murmura-t-elle.

Elle aurait tellement aimé dire d'autres choses. Mais les larmes se déversèrent toutes seules et ne lui en laissèrent pas la possibilité. Elle cligna des yeux pour essayer de les chasser, mais rien n'y fit. Face à elle, Coyle la regardait droit dans les yeux sans rien dire. Il ne lui avait jamais paru aussi loin d'elle qu'en ce moment.

Cependant, il relâcha sa prise et caressa doucement la tête de Karmen avec son autre main. Son regard s'adoucit, ce qui fit revenir Karmen à la réalité. Elle avait déclenché une guerre. Et elle devait en assumer les conséquences. Ne pas craquer. Plus jamais.

-Ne me touche pas.

-Karmen...

Elle se défit de son emprise et passa devant lui sans un regard. Elle retira toutes les épingles de ses cheveux, et les posa à côté du collier sur la table. Tout ce que Coyle lui avait fourni devait lui revenir.

-Qu'est-ce que tu fais ?

Elle ne répondit pas. Il comprendrait bien assez vite par lui même.

-Karmen arrête toi.

Loin d'obéir, elle acheva de retirer tous les artifices qui ne lui appartenaient pas lorsqu'il arriva à sa hauteur. Elle lui fit face, et dut lutter pour ne pas revenir en arrière. Elle allait réparer ses tords. Et sortir de sa vie à jamais. Mais avant cela, il lui fallait quelque chose à emporter, quelque chose pour se donner du courage.

Elle se hissa sur la pointe des pieds, et agrippa l'encolure de la veste de l'homme pour le tirer vers elle. Elle l'embrassa une dernière fois, en y mettant toute la passion et l'amour dont débordait son cœur. Ses lèvres scellèrent sa promesse pour elle, sa langue contre la sienne signa son adieu, qu'elle seule connaissait encore.

Puis elle se détacha de lui, parfaitement sereine. Elle faisait ce qu'il fallait faire, et qu'elle seule avait le courage de lancer. Il ne comprendrait pas. Il se sentirait trahi. Et il la haïrait. Mais elle, tout ce qu'elle emporterait ce serait cette lueur d'amour qu'elle lisait à présent dans son regard bleu glacé.

-C'était toi n'est-ce pas...murmura-t-elle. Le Nicholas du journal, celui qui a tout perdu...

Ses yeux répondirent pour lui. Très bien, maintenant elle savait.

-Ça a toujours été elle. Murmura-t-elle en commençant à reculer.

Olivia. Elle vit dans son regard qu'il avait fait le lien. Et qu'il commençait à comprendre.

-Karmen non !

-Je suis désolée. Votre majesté. Mais je dois le faire. C'est trop tard.

Elle lui tourna le dos et partit en direction de la porte. Elle avait fini ici, elle avait brisé toutes ses attaches, et était à nouveau libre. Et lui pouvait à nouveau agir sans se soucier d'elle.

-Karmen !

Une poigne ferme entoura son poignet et la contraignit à se retourner. Prise dans son élan, elle buta contre le torse de Coyle. Elle se retira aussi tôt, mais dut faire face à son regard désespéré. Il semblait vraiment perdu, pour la première fois depuis qu'elle le connaissait. Elle ne voulait pas emporter cette vision de lui, ce serait trop dur d'y repenser.

-Lâche moi Nicholas.

L'utilisation de son vrai nom eu l'effet d'un véritable électrochoc puisqu'il lâcha son bras. Mais il ne se recula pas pour autant, et Karmen comprit qu'elle allait devoir le pousser à bout pour qu'il la laisse s'en aller.

-Tu n'as toujours pas compris ? Railla-t-elle.

-Compris quoi Karmen ?

-Je ne vais pas aller me rendre à Étienne comme tu sembles le penser.

Oh si elle allait le faire. Mais elle ne voulait pas qu'il la croit.

-Explique toi.

Mentir, détourner l'attention, blesser et fuir. Voilà ce qu'elle allait devoir faire pour le protéger d'elle.

-Je pensais arriver à tirer parti de ton statut haut placé. Quand je suis arrivée j'ai vite compris que tu allait être facile à manipuler.

-Tu racontes n'importe quoi.

Oui ça oui elle le faisait. Mais il était primordial qu'il y croit.

-Pas du tout. Regarde par toi-même : les bijoux, les robes, cela m'a bien servi. Me faire une place à la cour était inespéré, mais je reste une « paysanne » en quête de son ascension sociale. J'ai su tirer avantage de la situation.

-Je n'y crois pas une seule seconde.

Elle commença à voir son regard tourner : elle avait touché la corde sensible. Elle serra les dents et s'y engouffra.

-Tu es bien idiot. Je croyais arriver à te faire m'épouser vu tout ce que nous avions partagé, mais j'ai mal visé mon coup, je ne me doutais pas que tu serais aussi haut placé. Je n'ai plus qu'à aller chercher ailleurs ! Ricana-t-elle.

Ses propres paroles lui brisèrent son cœur à elle, mais elle devait aller jusqu'au bout. Pour lui. Elle enfonça le clou.

-J'aurais réussi à duper la personne la plus influente et la plus puissante de ce royaume, quelle aubaine.

-Ça suffit ! Hurla-t-il soudain.

Il s'approcha d'elle d'un air menaçant et elle dut prendre sur elle-même pour ne pas reculer et fuir à grandes enjambées. Pour contrecarrer les tremblements de ses membres, elle leva le menton d'un air fier et le regarda d'un air dédaigneux.

-Je n'ai pas réussi à fuir assez vite, désolée de devoir vous assener ça d'un coup sire.

Oh oui elle était désolée. C'était la seule chose de vraie qu'elle ait dite depuis le début de sa tirade.

-C'est impossible...siffla Coyle en la fixant. Pas toi.

-Oh quoi ? Tu es surpris ? Tu pensais que j'allais avoir des états d'âme ? Pardonne moi dans ce cas ! Rigola-t-elle d'un rire jaune.

Encore une autre vérité tapie dans ce tissu de mensonges. Elle sursauta lorsqu'il balaya d'un coup tout ce qui se trouvait sur son bureau, mais se reprit bien vite. C'était le signe qu'il commençait à y croire. A tout remettre tout en question. C'était ce qu'elle cherchait. Le faire douter jusqu'à la laisser partit le plus loin possible de lui.

Il lui était impossible de rester : il était roi et ne pouvait pas rester avec elle, il ne l'avait tout simplement pas encore compris. Puis il y avait son grand amour, cette Olivia qui vivait encore dans ses souvenirs, sans qu'elle s'en soit jamais douté. Et ça, ça faisait mal. Elle se sentait comme un fantôme.

-Karmen ! (elle riva un regard froid et indifférent au possible sur l'homme face à elle) Je sais que ce n'est pas toi ! Tu essayes de me faire de détester, mais je sais que tu es là dedans. Sous cette carapace que tu te créés.

-Il n'y a aucune carapace Nicholas. Juste moi. Moi qui ai échoué et qui doit partir.

-Tu crois sincèrement que je vais te laisser faire ?! Hurla-t-il.

-Que pourrais-tu faire d'autre ? Raconter à tout le monde que tu t'es fait duper par une paysanne p-pauvre et timide ? Bégaya-t-elle volontairement.

-Tu ne pourras pas partir. Je t'en empêcherais.

Oh. Elle allait avoir un problème si il se mettait en tête de l'obliger à rester. Elle ne pourrait pas aller voir Étienne et stopper la guerre qu'elle avait déclenchée.

-A chaque fois que tu auras le dos tourné je ferais tout pour m'enfuir. Je ne te laisserai aucun répit, et je finirai par réussir à m'enfuir. Menaça-t-elle.

-Ah oui ?

Pour une fois c'était lui qui affichait un air suffisant et moqueur. Il continua sur le même ton :

-C'est ce que l'on verra.

Il la contourna et alla ouvrir la porte. Et de là il prononça les mots qui mirent à eux seuls fin aux rêves de Karmen. A son espoir de se racheter. Et de réparer ses erreurs.

-Gardes. Saisissez-vous d'elle.

Aussitôt, deux immenses armoires à glace rentrèrent dans la pièce et se précipitèrent vers elle, arme au poing. Le regard froid et calculateur, Coyle - ou plutôt Nicholas - les regarda la mettre à terre sans ménagement pour lui passer les menottes aux pieds et aux mains. Une pensée la frappa de plein fouet, alors qu'elle était maintenue au sol face contre terre : elle avait échoué.

-Coyle ! Non attends ! Laisse moi aller voir Étienne !

Tant qu'à finir ses jours en prison, autant lui dire pourquoi elle y allait vraiment. Parce qu'elle l'aimait, elle l'aimait à en crever. A s'en sacrifier pour lui. Mais elle ne put pas dire tout ça.

-On s'adresse avec son roi avec le respect qui lui est dû ! Assena-t-il en arrivant à sa hauteur.

Maintenue debout par les deux gardes qui lui tiraient violemment ses deux bras en arrière, elle plongea une dernière fois son regard dans le sien, et ouvrit la bouche pour lui murmurer ses excuses. Il ne lui en laissa pas le temps.

-Bâillonnez-la, je ne veux plus l'entendre. Ordonna-t-il sèchement.

Aussitôt dit, aussitôt fait. Un tissu vint s'immiscer entre ses dents, et elle n'eut plus que ses yeux pour essayer de lui faire comprendre à quel point elle était désolée. Mais il ne la regarda plus, et se détourna en lâchant son dernier ordre.

-Mettez-la dans une cellule au sous-sol, seule. Je ne veux plus jamais en entendre parler.

***

Je sais que cette fin peut paraître incompréhensible, mais c'est essentiel pour la suite.

Je vous poste ça avant de partir en Allemagne, je vous laisse émettre des hypothèses d'ici là!

Xoxo


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