51- Atteinte

**Quelques mots un peu crus en début de chapitre, public averti*

Était-elle vraiment à sa place ici ? La question tournoyait dans sa tête depuis des heures. Toujours appuyée contre la porte, elle avait dans un premier temps pleuré toutes les larmes de son corps. Elle s'était attendue à devoir être arrêtée et condamnée de force, mais personne n'était venu. Pourquoi ?

Avait-il parlé ? Si non, pourquoi ? Que devait-elle vraiment craindre à présent ? Sur le qui-vive, elle était restée appuyée contre cette maudite porte en tremblant de tous ses membres. Puis elle s'était ressaisie, et avait réfléchi.

Il avait parlé de conséquences : elle devait donc craindre des représailles - et royales s'il-vous-plaît. Mais que se passerait-il si elle allait le trouver avant ? Si elle s'excusait ? Au fil de ses réflexions angoissées, elle prit la décision de ne pas se laisser faire. On ne la condamnerait pas pour ce qu'elle avait fait, elle avait encore trop de choses à vivre, trop de personnes à qui se rattacher.

Ce n'est pas parce qu'il était roi qu'il était surpuissant. Tellement angoissée par ce qu'elle s'apprêtait à faire, elle en oublia un moment Coyle. Elle n'y repensa qu'au moment d'arranger sa tenue avant de partir : lorsqu'elle passa sa main sur le collier, elle revit en un éclair leur dernière rencontre - désastreuse.

Elle ne doutait pas un instant qu'il désapprouverait ce qu'elle s'apprêtait à faire : le connaissant il l'aurait plutôt enfermée dans la chambre en jetant les clés. Mais ils étaient toujours en froid, et la situation l'insupportait. Elle le voulait, elle voulait Coyle. Mais lui ne semblait pas se soucier autant d'elle que ça, ou alors si ? Elle n'en savait rien.

Elle se força à paraître impassible, puis sortit de la chambre. Droite et froide en apparence, elle était morte de peur. Le palais était noir et silencieux, reflet parfait des complots et mensonges qu'il abritait. Personne en vue, elle était seule. La fête était finie depuis bien longtemps et elle ne croisa aucune forme de vie.

Heureusement, elle s'était déjà rendue dans la chambre du roi Étienne lorsqu'il l'y avait invitée, et elle se souvenait assez bien du trajet. Cette fois, pas question de se perdre dans les dédales des couloirs trompeurs. Elle garda son objectif bien en tête, et arriva enfin devant la fameuse porte.

Seulement, au moment de frapper, des bruits étouffés lui parvinrent de l'autre côté de la cloison : des gémissements. Elle fronça les sourcils et suspendit son geste. Qui était à l'intérieur ? Elle pencha sa tête pour l'approcher de la serrure, et écouta.

-Arrête, je t'en supplie arrête !

-Ferme-la et viens un peu par ici, allez tu sais comment ça se finit de toute manière ! Gronda la voix de Étienne.

-Je n'en peux plus, s'il-te-plaît, pas ce soir...supplia la voix féminine.

Le corps de Karmen se tendit comme un arc : elle connaissait cette voix. Elle l'avait entendue pas plus tard que la veille. Non, il n'avait quand même pas...Oubliant son idée de départ de frapper, la jeune femme rentra d'un coup dans la chambre - heureusement pas verrouillée.

La scène qui s'offrit à elle l'horrifia : penchée sur le bord du lit à plat ventre, Julie se débattait tandis que Étienne essayait de l'immobiliser. Ses jupes déjà relevées au dessus de ses hanches ne laissaient aucun doute quant à ce qui était en train de se passer. Révulsée, Karmen dut se faire violence pour ne pas partir en courant devant cette vision de son pire cauchemar.

Plongé dans son action, Étienne n'avait pas eu l'air de se rendre compte que Karmen était rentrée, malgré tout le fracas qu'elle avait fait. Il tordit violemment le bras de Julie en arrière et la débarrassa de ses dernières couches de vêtements. Dénudée sous lui, la pauvre malheureuse se mit à sangloter et plongea son visage dans le matelas, comme pour échapper à tout ce qui se passait autour d'elle.

Ce fut au moment où il commença à dénouer les lacets de son pantalon que Karmen sortit de sa torpeur. Elle n'allait pas assister à ça sans rien faire, elle allait intervenir. Il le fallait. Dans un état second, elle accourut aux côtés des deux personnes au moment où Étienne plongeait sa main dans son pantalon.

-Laisse-la ! Hurla-t-elle en saisissant son bras.

L'air étonné de la voir - mais pas plus que ça - Étienne se dégagea de son emprise d'un geste agacé.

-Karmen dégage, tu ne vois pas que tu interromps quelque chose ? Grommela-t-il en revenant à ses petites affaires.

-Mais tu es fou ! Tu ne vas quand même pas la violer ainsi ?!

-Ce n'est pas la première fois, elle sait comment les choses fonctionnent là dedans, répliqua-t-il avec un regard plein de sous entendus vers son pantalon déformé par une bosse conséquente.

Refrénant une violente envie de vomir devant tant de lubricité, la jeune femme essaya une nouvelle fois d'éloigner l'homme de sa proie. Mais elle était un poids plume et lui un immense colosse. Il l'envoya valser au sol d'un seul geste du bras. Sans plus de cérémonie il se pencha sur Julie qui gémissait dans les couvertures.

Affolée, Karmen sortit le premier objet qui lui tomba sous la main - à savoir un chandelier posé sur un table basse - et le lança de toutes ses forces sur lui. L'objet heurta son crâne dans un bruit sourd et lui écrasa le pied en retombant. Il hurla et s'éloigna enfin de la pauvre malheureuse et se massant le crâne.

-Julie, vient avec moi ! Cria Karmen en se relevant.

L'air de prendre conscience de la chance qui s'offrait à elle, la pauvre jeune femme en pleurs se jeta en bas du lit et rabattit ses jupes sur ses jambes dénudées dans de grands gestes désordonnés. Étienne tendit le bras pour la rattraper au moment où elle passait devant lui mais elle l'évita.

-Salope ! Reviens là, tu n'as même pas idée de ce que tu encours ! Je te ferais fouetter jusqu'au sang ! REVIENS ! Hurla-t-il.

Julie ne l'écouta pas et se rua vers la sortie, talonnée de Karmen qui referma la porte derrière elles. Sans s'arrêter, elle continua à courir et cria à l'intention de Julie :

-Par là ! Suis moi !

Elle tourna au moment où la porte de la chambre se rouvrait derrière elles. Prise en chasse par un roi vociférant des insultes toutes pires les unes que les autres.

-Je demanderais vos têtes !!

Les jeunes femmes n'eurent pas d'autre choix que de continuer à courir. Avisant d'un couloir renfoncé, Karmen eut un éclair de génie.

Elle saisit la main de Julie et déboula dans les escaliers qui menaient aux cuisines : il ne viendrait jamais les chercher ici bas. Elle poussa la porte du cellier qui s'ouvrit dans un grand fracas contre le mur. Julie se rua dans la petite pièce à sa suite et alla se recroqueviller dans un coin, le visage crispé.

-Eh, tout va bien. C'est fini...murmura Karmen en s'agenouillant à ses côtés.

-Non, non il reviendra, ça ne finira jamais...sanglota Julie en plongeant sa tête entre ses mains.

-Ça dure depuis longtemps ?

-Depuis que je suis arrivée dans son pays ; il s'est lassé de son autre maîtresse et j'ai dû prendre la suite. (elle renifla) Il ne s'est jamais lassé de moi curieusement ! Rajouta-t-elle sur un ton amer.

-Mon dieu...

-En un sens je lui dois tellement ! Mais il a des accès de folie parfois et là je ne peux rien faire, à part subir.

-On ne laissera pas ça continuer, tu as ma parole.

-Sans vouloir vous vexer, je crois que vous ne pouvez rien pour moi... C'est le roi.

-Je me fiche comme d'une guigne qu'il soit roi. Je vais te cacher quelque part au moment du départ, il n'aura pas le choix. Il ne va pas envoyer une garnison à la recherche de ce qui n'est en apparence qu'une simple servante - pardonne moi du terme.

-Ce n'est rien, mais je...

-Pense à Maxime ! La coupa Karmen.

-Ce n'est pas si simple ! Cria Julie entre ses larmes.

D'un geste vif, Karmen plaqua sa main contre sa bouche et lui faisant les gros yeux. Julie tenta de parler mais Karmen lui fit signe de se taire en désignant la porte. Des bruits de pas se firent entendre, de plus en plus proches. Le cœur au bord des lèvres, les deux jeunes femmes se firent toutes petites dans la réserve. Une ombre passa sous la fissure de la porte, mais finit par s'éloigner.

Karmen relâcha enfin sa prise et s'autorisa à respirer à nouveau pleinement. A ses côtés, Julie était dans le même état fébrile mais avait un peu plus de mal à retrouver son souffle. Une fois calmée, Karmen reprit la parole :

-Ce doit être l'heure où les cuisiniers commencent à préparer les plats : allons chercher Maxime.

-Non ! Non je ne veux pas qu'il le voit...(elle désigna son corps à moitié couvert) comme ça. La dernière fois il a tué les gardes qui avaient fait ça. Il n'hésitera pas, roi ou non.

-Je vois...Nous allons passer par ma chambre, il nous reste bien assez de temps.

Elle releva la jeune femme qui serrait les lambeaux de ses habits contre elle, et la guida calmement à travers le palais. En raison de l'heure matinale, elles ne firent aucune mauvaise rencontre et arrivèrent sans encombre à destination.

Une fois la porte close, elle fit s'asseoir la jeune femme encore sous le choc sur un divan, alors qu'elle partait lui chercher de nouveaux vêtements. Malheureusement, elle était dans la chambre de Coyle et les seuls habits qui s'y trouvaient étaient uniquement masculins. Mais elle n'avait pas le choix, il ne fallait pas laisser Julie vêtue ainsi. Elle se saisit d'une large chemise et d'un pantalon en toile et retourna auprès de sa protégée.

Les yeux dans le vide, celle-ci paraissait fixer une scène qu'elle seule pouvait voir. Elle était en dehors de la réalité, ça se voyait dans son regard. Consciente qu'il était de son devoir de l'aider, Karmen prit le temps de l'habiller du mieux qu'elle put. Soulevant ses membres comme si elle était endormie, elle lui passa patiemment la chemise manche par manche, puis s'attaqua au pantalon.

Lorsqu'elle toucha sa jambe, Julie tressauta et riva enfin son regard au sien, l'air apeurée.

-Tout va bien, tu vas juste mettre ce pantalon et nous allons redescendre voir Maxime. Il prendra soin de toi.

-Je...Je...

-Julie, fais moi confiance.

Elle secoua enfin la tête à l'affirmative et laissa Karmen lui passer les jambes du pantalon. Peu accoutumée à de tels vêtements, elle fit quelques pas en marchant de travers car elle essayait de voir les coutures étranges de ce nouvel habit. Une fois rassurée quant à leurs fermetures étranges, elle revint vers Karmen qui l'enveloppa dans une cape avec un capuchon qu'elle rabaissa sur sa tête.

-Allons-y.

Le soleil était à présent levé et illuminait parfaitement le couloir obscur quelques heures auparavant. Serrant les contours de sa capuche contre son visage, Julie suivit néanmoins Karmen. Une fois arrivées aux cuisines, elle furent confrontées à l'agitation grandissante qui y régnait.

Les marmitons croulaient sous les ordres des cuisiniers plus âgées et les servantes tentaient de se frayer un chemin entre eux. Mais grand parmi les grands, Maxime se démarquait parfaitement dans toute cette agitation. Colosse immobile face à son morceau de viande en pleine découpe, il paraissant hors du temps.

Entraînant Julie à sa suite, Karmen se fraya un chemin tant bien que mal pour arriver à sa hauteur.

-Maxime !

Il relâcha son couteau et la fixa sans rien dire.

-J'ai besoin de toi, enfin ta sœur plutôt...On peut s'isoler dans un endroit quelques instants ?

Le colosse parut enfin aviser de la présence de sa petite sœur, et il fronça immédiatement les sourcils en remarquant son air apeuré.

-Karmen qu'est-ce qui s'est passé ? Gronda-t-il en serrant les poings.

Il n'était pas dupe. Mais Karmen n'était pas non plus idiote, elle savait qu'elle ne pouvait pas lui annoncer tout de but en blanc. De ce cas là il serrait impossible à stopper et ni rien ni personne ne l'empêcherait de faire la peau à Étienne. Non elle se devait d'agir avec parcimonie.

-N'y a-t-il pas une réserve dans laquelle nous pourrions discuter ? Insista-t-elle.

Maxime parut comprendre qu'elle ne dirait rien de plus puisqu'il les guida vers un couloir renfoncé. Il leur ouvrit la porte et s'effaça pour les laisser passer devant lui. Julie s'adossa au mur tandis que Karmen tirait une caisse en guise de tabouret. Après avoir fermé la porte, Maxime demeura debout, à fixer Karmen droit dans les yeux.

-Bon...Je vais avoir besoin que tu veuilles sur ta sœur jusqu'au départ de la délégation.

-Pourquoi ?

-Et bien déjà parce que c'est ta sœur, puis il se trouve que vivre dans ce pays étranger n'est pas fait pour elle. Elle veut rester ici mais va devoir ruser.

-Karmen je sens que tu ne me dis pas tout.

Julie intervint avant que Karmen n'ait eu le temps de l'en empêcher :

-Je te raconterai tout. Mais seulement après le départ de la délégation.

-Je veux savoir.

-Si jamais je te le dis, tu seras exécuté pour avoir essayé de me venger. Et cette fois Karmen ne sera pas là pour nous réunir, ses compétences restent limitées ne l'oublie pas. On ne ramène pas les morts.

Les mots durs de Julie semblèrent calmer Maxime autant qu'ils parurent l'inquiéter encore plus. Leur sens était évident, elle avait subi quelque chose, mais elle refuserait catégoriquement de lui en parler avant que ce ne soit le moment. Karmen lui faisait confiance sur ce point là.

-D'accord, lâcha finalement son frère.

-C'est pour ton bien, rajouta Karmen.

Il hocha la tête d'un air pensif mais ne répondit rien. Il tendit la main à sa sœur et l'entraîna à sa suite sans un mot. Au moment de sortir, il se retourna vers Karmen :

-Merci d'être là pour nous.

-Ce n'est rien. Prend soin de toi.

Il lâcha un petit sourire puis disparu avec Julie à sa suite. Sonnée par la nuit blanche qu'elle venait de passer, Karmen aurait presque été prête à s'endormir ici. Mais elle devait remonter. Elle inspira profondément puis sortit à son tour quelques minutes plus tard. La lumière l'aveugla un court instant mais elle se ressaisit bien vite.

Elle grimpa les marches d'une traite mais percuta quelqu'un à la sortie de l'escalier en colimaçon.

-Ah !

Sonnée par le coup, elle tâtonna avant de se rendre compte qu'elle avait été projetée au sol sous le choc. Sa tête avait cognée violemment la rambarde, et une vive douleur s'y propageait par vagues houleuses.

-Je suis désolé ! Est-ce que ça va ?

-J'ai la sale manie de percuter tout ce qui bouge depuis...(elle leva la tête et s'interrompit) Logan ? Encore toi ?

-Karmen ? Mais tu es encore debout ?

-On pourrait dire ça si je m'étais couchée un jour...marmonna-t-elle en se relevant.

Elle ignora la main charitable de son ami et se redressa. L'air surpris, il l'interrogea d'un haussement de sourcil comique.

-Oh...J'ai fais, disons une belle nuit blanche... Mais...

-Comment ça se fait ? L'interrompit-il.

Karmen déglutit péniblement : devait-elle lui dire ? N'était-il pas tenu par le devoir avant tout ? Le choix était difficile.

-Tu peux tout me dire je serais de ton côté dans tous les cas, la rassura-t-il.

-Au bal hier soir. Je suis sortie sur les balcons avec Étienne, enfin le roi Étienne... se reprit-elle.

-Continue.

-Ça a dérapé. Il a tenté de me convaincre de venir dans son royaume mais j'ai refusé net - sans vraiment réfléchir aux conséquences d'ailleurs...Il l'a mal pris et a tenté de m'embrasser pour me prouver je ne sais quoi...Je suis encore dégoûtée.

Logan se passa la main dans les cheveux en soufflant d'un air stupéfait.

-Bon dieu s'il l'apprend...commença-t-il.

-Je sais. Le coupa-t-elle. Mais ce qui est fait est fait, Coyle devra bien se satisfaire de mes explications, si jamais il revient me voir un jour. Pour le moment on a plus urgent à régler.

Logan fronça les sourcils :

-Comment ça ?

-Ce n'était pas ma seule connerie de la soirée. Désolée pour le terme mais il est presque trop doux pour ce que j'ai fait.

-Tu m'inquiètes là !

-J'ai voulu m'échapper de cette situation mais il m'a retenu et je l'ai giflé.

-Tu as giflé un roi?! S'exclama Logan.

-Ce n'est pas tout. Je me suis enfuie quand il m'a lâché mais il m'a menacée et j'ai pris peur. J'ai voulu aller m'excuser quelques heures après.

-Il ne faisait pas nuit ?

-Si, plus que nuit même, tout le palais était désert.

-Mais bon sang, tu sais qu'il va me tuer quand il apprendra que je t'ai laissée te promener seule la nuit ?! Cria Logan, hors de lui.

-Il se défoulera sur moi cette fois ci, Mona a plus besoin de toi que moi en ce moment.

-Quoi ? Mais comment tu...

-Sujet qui dérive tais toi. Je dois finir mon histoire avant de m'évanouir de fatigue.

Logan croisa les bras et se renfrogna.

-Excuse moi vas-y.

-Je suis allée le trouver dans sa chambre...(voyant qu'il s'apprêtait à nouveau à lui faire la morale elle leva sa main pour l'arrêter) Mais je n'ai pas pu m'excuser.

-Pourquoi ?

-Il était...Enfin il a...Je n'arrive pas à le dire...

-Crache le terme tel qu'il est on s'en fout.

-Il était en train...(elle déglutit) d'essayer de violer la sœur d'un de mes amis.

Logan ouvrit de grands yeux mais ne réagit pas tout de suite.

-Mais enfin...Qu'as-tu fait ? Tu t'es enfuie j'espère ?! Finit-il par crier.

Elle se contenta de le regarder d'un air suffisant. Au fur et à mesure qu'il comprenait que « non elle ne s'était pas enfuie face à un viol sur une personne de son entourage » son visage se décomposa.

-Non de dieu mais Karmen tu....enfin...

-J'ai fait ce que toute personne serait censée faire dans ce cas. Mais il m'a jetée par terre et est retourné à sa besogne. Je lui ai jeté un chandelier dessus et je me suis enfuie avec Julie. Il n'a pas su nous retrouver et je ne l'ai pas revu depuis.

-Vous allez avoir de gros ennuis...

-Je m'en fiche. J'ai sauvé cette fille et je me suis occupée d'elle comme j'aurai aimé que l'on s'occupe de moi. C'est tout ce qui compte.

-C'était certes fort louable de ta part mais tu oublies que ce type - aussi horrible soit-il - est roi. Invité certes, mais roi !

-Je sais...murmura Karmen en baissant les yeux.

Logan sembla enfin réaliser l'état de fatigue dans lequel elle se trouvait puisqu'il cessa enfin de lui faire des reproches. Il soupira puis entoura ses épaules de son bras pour la raccompagner à sa chambre en silence. Il la laissa sur le seuil de la porte, après d'être assuré que personne ne les avait suivis.

-Repose toi...lui conseilla-t-il avant de partir.

Hagarde, elle hocha la tête lentement et partit se dévêtir. Malchanceuse qu'elle était, sa chemise de nuit avait disparue. Une servante avait du passer et la croire usée de la nuit, et l'avait donc emportée avec elle. Super. Fatiguée de se creuser la tête à en trouver une autre alors qu'elle crevait d'envie de dormir, elle finit par enfiler une chemise blanche de Coyle.

Bon sang, elle sentait lui. Sans doute était-ce l'accumulation de tous les événements de la soirée, mais elle se mit à pleurer sans retenue. Recroquevillée sur elle même par terre, elle dut s'appuyer contre le battant de l'armoire pour ne pas s'écrouler. Secouée par de violents sanglots, elle se vida toute la tension accumulée les dernières heures.

Elle avait cru plusieurs fois que ça en était fini pour elle ce soir : qui sait, peut-être que ce serait bientôt le cas...Étienne avait hurlé haut et fort qu'il aurait leurs têtes. Et un roi avait tout ce qu'il voulait pas vrai ?

Comment expliquerait-elle cela à Coyle ? Ils avaient mis si longtemps à abaisser les barrières entre eux, et maintenant elle avait tout gâché. Il avait raison ! Étienne était différent de ce qu'il laissait paraître, et elle, elle n'était qu'une sale égoïste qui ne méritait pas qu'il prenne soin d'elle.

Elle se sentait honteuse, elle l'avait trahi...Elle était sale du baiser de Étienne ! Elle avait repoussé un violeur, un fou et tout un tas d'autres ivrognes sans importance, mais c'était un roi qui avait eu raison d'elle. Lamentable. A cette pensée ses sanglots redoublèrent d'intensité et elle s'affaissa un peu plus contre la cloison.

Elle n'entendit pas la porte s'ouvrir dans son dos. Elle n'entendit pas les pas s'approcher, et elle ne discerna pas plus l'ombre penchée au dessus d'elle. Elle hurla donc en sursautant lorsque deux grosses mains vinrent la relever avec délicatesse.

-Chut ! Chut ce n'est que moi ! Chuchota aussitôt une voix rocailleuse.

Son odeur. Anéantie entre ses dernières pensées et sa présence qui coïncidait parfaitement, elle ferma les yeux et se laissa porter telle une palourde inerte. Coyle la souleva du sol comme il l'aurait fait avec une fagot de paille, et la porta jusqu'au lit où il la coucha délicatement, comme le premier jour où il l'avait ramenée.

Elle se laissa faire lorsqu'il tira les couvertures et une fourrure sur elle. Elle ne devait pas le regarder. Elle ne pouvait pas, c'était trop dur. Elle sentit le matelas s'enfoncer sous elle lorsqu'il grimpa dessus, pour s'asseoir contre le sommier. Elle tourna la tête sur le côté et la sentit arrêtée par ses jambes.

Lentement, il fit courir ses doigts dans sa chevelure brune emmêlée. Toujours en proie aux larmes depuis qu'il l'avait trouvée, elle se calma petit à petit et se laissa aller. Ses douces caresses la bercèrent, et elle finit par sombrer dans le sommeil, sur les paroles bienveillantes de l'homme tout près d'elle :

-Dors amour, je veille sur toi. Je suis désolé. Je suis tellement désolé...

Salut!

Alors Karmen qui tente de rattraper son action?

Ce qu'elle découvre?

Quelques mots à l'intention de Etienne?

La petite scène à la fin?

Xoxo

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top