50- Côté sombre

**Pardonnez moi ce gif mais il me faisait trop rire**

-Levez un peu le bras ?

Karmen s'exécuta passivement, sans regarder Julie qui s'affairait autour d'elle depuis une heure maintenant. A peine s'était-elle réveillée que tous les événements de lui veille étaient revenu la frapper de plein fouet. Et depuis elle n'avait cessé de remuer le problème dans sa tête.

Elle ne comprenait pas comment ni pourquoi il l'avait espionnée ; s'était-elle emballée un peu vite ? Si ça se trouve, il était juste passé au mauvais endroit au mauvais moment, et elle même ne pouvait pas garantir qu'elle aurait poursuivit son chemin à sa place...

-Julie ?

-Oui madame ?

-Oh non pas de madame entre nous je t'en prie ! Je viens du même milieu que toi ! Je voulais te demander comment ça s'était passé avec Maxime hier soir ?

En effet, après avoir contribué à réunir le frère et la sœur, Karmen les avait emmenés à l'orangeraie pour qu'ils profitent d'un moment calme en tête à tête. Elle avait ouvert les volets en bois de la même manière que Thomas quelques dizaines de jours plus tôt – un brin de nostalgie lavait envahie à ce moment là – et les avait laissés.

-C'était un moment difficile, nous avions tellement de choses à nous raconter ! Je n'en reviens toujours pas qu'il soit allé en prison quand ces...monstres m'ont violée. Et lui est devenu dingue en apprenant que la chose s'était renouvelée dans mon nouveau pays.

-Comment ça ? S'exclama Karmen en fronçant les sourcils.

-J'ai subi des violences après que la maîtresse du roi se soit lassée de moi... Des soldats royaux principalement... Puis le roi Étienne m'a trouvée par hasard, alors que je m'apprêtais à être violée une fois de plus. Il m'a juste relevée après s'être assuré que le soldat finirait bien sa vie en prison, puis m'a sortie de la misère.

-Le roi ? S'étonna Karmen.

-Oui il est si bon ! Je lui dois la vie et bien d'avantage ! Vraiment mad...Karmen, c'est quelqu'un d'admirable.

La jeune femme acquiesça sans répondre : hier soir, Coyle lui avait affirmé le contraire, mais là quelqu'un qui était sujet de ce roi lui donnait une version totalement différente. Cela voulait-il dire qu'il avait tord ?

-Et après ?

-Il m'a gardé au palais, et me donnait plein de robes à faire pour des courtisanes diverses et variées. J'étais heureuse, mais avec une peur monstrueuse des hommes : je n'étais tranquille que quand il était là.

Karmen devina qu'elle parlait du roi Étienne. A présent, elle était convaincue d'avoir raison, Coyle ne devait pas continuer à croire de telles inepties à propos du roi voisin. C'était de toute évidence quelqu'un de bien ! Il fallait qu'elle lui parle.

Malheureusement pour elle, il ne passa pas à la chambre de la journée : ruminant tous les scénarios possibles, la jeune femme refusa de sortir lorsque Logan vint la chercher.

-Mais ça te fera du bien je te dis ! Argumenta-t-il encore.

-Pas la foi. Laisse moi...maugréa-t-elle.

-Le bal est dans quelques jours, tu ne peux pas rester enfermée ici pendant tout ce temps !

-Logan ! Cria-t-elle en se retournant vers lui.

Il leva les mains en signe de reddition.

-D'accord je m'en vais.

A nouveau seule, la jeune eut le loisir de se morfondre toute la journée. Il lui manquait : son corps contre le sien, son odeur, son faux air autoritaire et ses mains caressant sa peau : tout de lui manquait à la jeune femme. Et le manque était omniprésent. Partout, tout le temps. Jamais l'homme ne quittait ses pensées.

Elle faisait une action, elle l'imaginait en train de commenter sarcastiquement sa maladresse ou encore pire elle l'imaginait s'approcher d'elle, la prendre dans ses bras, comme il savait si bien le faire. Il savait la faire se sentir en sécurité. Rien qu'en l'enveloppant dans ses bras. Le savait-il au moins ?!

Non, bien sûr que non, sinon il serait là, avec elle. Il ne vint pas le jour suivant, ni celui d'après : Karmen passait ses journées seule dans sa chambre, à refuser de parler à qui que ce soit. Le quatrième jour, Julie vint lui apporter la robe sur mesure qu'elle avait fini.

-Julie elle est splendide ! S'exclama Karmen en la voyant.

-J'ai eu du mal à trouver le tissu que je voyais bien aller avec vos yeux mais une Mona qui semblait vous connaître m'a aidée !

-Tu es vraiment douée. Je remercierais Mona plus tard.

Sans plus attendre, les deux femmes s'affairèrent autour de la montagne d'étoffes qui constituaient l'ensemble. Le tissu blanc nacré, avait été brodé avec un fil d'or ce qui faisait ressortir l'aspect épuré de l'ensemble. La sœur de Maxime avait vraiment bien travaillé. A présent un peu plus habituée aux essayages de robes, Karmen mit moins longtemps à l'enfiler complètement et put très vie admirer le résultat dans la glace.

-Julie tu as des doigts de fée c'est incroyable ! Souffla-t-elle.

-J'ai vraiment beaucoup aimé la confectionner, confia cette dernière.

-On comprend pourquoi en la regardant...

Malgré cet événement qui lui redonna le sourire quelques temps, Karmen retomba très vite dans la mélancolie après le départ de Julie. La robe, posée sur le dossier d'une chaise, avait très vite perdue de son intérêt. Les deux jours suivants, elle ne sortit même pas de son lit et passa la journée à dormir, s'éveilla au moindre bruit, en espérant qu'il s'agissait de Coyle.

Mais ce n'était jamais lui. Et elle se sentait mal. Terriblement mal : leur dernier moment ensemble était idyllique, et elle avait tout gâché. Cela voulait-il dire qu'elle aurait du passer sur le fait qu'il l'ait espionnée ? Elle doutait de plus en plus de son choix...

Lina, Logan et Mona avaient tous eu le droit au même traitement : elle les ignorait quand ils passaient le seuil de la chambre. Elle savait que son attitude était celle d'une gamine capricieuse, mais elle avait besoin de rendre quelqu'un responsable de ce qui lui arrivait. Sur le coup elle s'en moquait mais après elle s'en voulait. Jusqu'à ce que la prochaine personne entre en tout cas...

Coyle aurait-il eu le droit au même déni ? Elle ne se posa même pas la question. Elle savait qu'elle aurait tout fait pour arranger leur situation. Cela faisait des mois qu'ils se mentaient à eux mêmes sur la nature de leurs sentiments, et au moment où tout semblait s'arranger, ils se disputaient de nouveau. Quelle idiote je suis.

Leur relation ne serait jamais facile, c'était évident. Mais de là à se disputer lors de leurs premiers échanges depuis des mois ? Allaient-ils vraiment dans la bonne direction ? Étaient-ils faits pour être ensemble ? En proie aux doutes monstrueux qui l'habitaient, la jeune femme se tortura l'esprit des heures durant, passant d'un opposé à l'autre. Infernal.

Le soir du bal, elle fit un effort pour se lever et s'habiller convenablement. Elle avait décidé qu'elle s'était bien assez morfondue sur son sort, et que maintenant elle devait aller de l'avant. Passée cette soirée, elle ferait tout pour voir Coyle et arranger les choses entre eux.

Après avoir vérifiée que sa robe tombait convenablement sur ses hanches et ses jambes, la jeune femme orna elle-même sa coiffure de petites fleurs blanches arrachées à un plant sur une table. Elle noua ses cheveux dans un chignon bancal et libéra quelques mèches. Pour finir, elle passa la fine chaîne avec la pierre taillée au bout offerte par Coyle autour de son cou. On y est.

Quelques instants plus tard, alors qu'elle mettait un peu d'ordre dans ses affaires éparpillées dans la pièce, deux coups brefs furent tapés contre la porte. Elle ne put s'empêcher de sursauter mais alla bien vite ouvrir : Logan s'engouffra dans la pièce comme s'il avait craint qu'elle ne referme la porte sur lui.

-Je suis passé eh bien ! S'écria-t-il.

-N'en fait pas des tonnes s'il-te-plaît.

-Seulement si tu m'expliques pourquoi mon droit de visite m'a été supprimé cette semaine.

-Je n'avais envie de voir personne c'est tout.

-Curieusement Coyle m'a dit la même chose à chaque fois qu'il m'a jeté des archives...bougonna Logan.

Karmen se figea.

-Tu l'as vu ?

-Oui bien sûr. Que s'est-il passé entre vous pour que vous faisiez la tête comme deux enfants en bas-âge ?

-Il va bien ? S'enquit Karmen en ignorant sa question.

-Aussi bien que toi durant cette semaine. Vous êtes comme ces oiseaux étranges là, je ne sais plus leur nom : lorsque l'un est malade l'autre le devient aussi automatiquement.

-Trop aimables comme comparaisons ! Railla Karmen en recommençant à ranger.

-Cesse donc de t'acharner contre ces pauvres frasques qui ne t'ont rien fait et allons-y.

-Déjà ?

-Tu as décidément un problème avec l'heure toi. Allez viens !

Karmen se résigna et laissa tomber la couverture qu'elle tentait de plier depuis plusieurs minutes et suivit Logan à l'extérieur. Elle avait beau savoir où elle allait, elle ne pouvait s'empêcher de se sentir anxieuse. Et tout cela pourquoi ? Aucune idée...

Ils marchèrent en silence jusqu'à la salle de réception où ils n'eurent pour une fois pas à attendre. Un valet les escorta jusqu'à une table où étaient déjà installées des personnes inconnues à la jeune femme. Une fois assis, Logan commença les présentations :

-Karmen je te présente Louise de Bonnay, et Henri son mari. A côté d'eux tu as Florence de Fontange et Baptiste de Gönglich, ils sont fiancés. Messieurs Dames, Karmen Oligan ici présente est avec moi ce soir mais aussi sur invitation du roi Étienne.

Ses mots semblèrent imposer le respect puisque la jeune femme se retrouva saluée avec bienveillance. Les courtisans attablés à ses côtés e semblaient pas lui vouloir du mal, contrairement aux derniers banquets où elle avait dû supporter leurs joutes verbales incessantes.

Le repas se déroula sans encombrement quelconque, rythmé par tous ses services si complexes. Les valets et les domestiques virevoltaient autour d'eux sans toucher qui que ce soit. Karmen qui mangeait pour la première fois presque depuis une semaine, ne se fit pas prier pour se remplir la panse.

-Voilà ce que ça donne de s'affamer, la provoqua Logan à voix basse.

Elle lui coula un regard noir et envoya danser son pied contre son tibia pour toute réponse. Le visage congestionné, Logan retint un cri de justesse et se massa discrètement le mollet. Affichant un grand sourire, la jeune femme revint à la discussion de la table sans se soucier des regards assassins de son ami.

-Ils repartent ce soir ? Demanda la nommée Louise.

-On arrive à la fin des deux semaines donc j'imagine que oui... lui répondit Baptiste.

Le dénommé Henri se tourna vers elle et lui adressa un petit sourire.

-Et vous, vous connaissez le roi Étienne donc ?

-Oh je ne dirais pas que... je le connais, mais...bafouilla-t-elle en avalant de travers sa bouchée.

Elle capta le regard encourageant de Logan et se reprit.

-J'ai eu plusieurs occasions de le rencontrer c'est un homme charmant.

-J'ai entendu beaucoup de bien de lui, intervint Florence en se penchant à son tour vers elle.

-Il est fondé à mon humble avis.

-Des neufs royaumes je n'ai jamais entendu que du bien du lui, avança Baptiste.

Karmen tiqua : des neufs royaumes ?! Il les avait tous vus ? Elle ne put s'empêcher de lui demander.

-Vous voyagez beaucoup messire ?

-En effet. J'aime particulièrement le royaume de Nebraska, ainsi que celui d'Eyrwevor. J'y emmène souvent Florence depuis que l'on se connaît.

-Pour mon plus grand bonheur, répondit cette dernière en papillonnant des cils.

Karmen se surprit à les envier : ils paraissaient si unis, si heureux. Aucune remarque désobligeante sous-jacente, rien de tout ça. Tout à fait l'opposé de sa relation avec Coyle, si complexe. Aurait-elle le droit à ce même bonheur un jour ? Ou alors la vie allait-elle continuer de s'acharner sur elle encore longtemps ?

Perdue dans ses pensées, elle suivit le groupe à la fin du repas dans un état second. Elle n'était plus vraiment sûre de vouloir danser...Mais malheureusement pour elle, le destin en décida autrement lorsque Étienne apparut dans son champs de vision : vêtu avec toujours plus de luxe et des tissus rougeoyant, il lui tendit galamment la main en arrivant à sa hauteur.

-Madame.

-Sire.

Un sourire flottant au coin des lèvres, il l'attira vers la piste de danse où ils prirent une danse en cours. La jeune femme mit quelques secondes à s'adapter au rythme de la mélodie, puis se laissa porter par ses pieds. Elle imposa volontairement une certaine distance entre son corps et celui du roi, soucieuse de ne pas refaire ses vieilles erreurs passées. Qui sait si Coyle n'était pas encore dans le coin : tabasser un roi devait s'avérer être un peu plus compliqué.

-Votre robe est splendide, je vois que Julie n'a pas perdu de temps pour faire valoir son talent. Déclara soudain le roi.

-Oui elle est tellement douée, je n'en reviens toujours pas, répondit prudemment Karmen en évitant son regard.

Bon dieu ce qu'elle détestait ce regard insistant, notamment sur son décolleté ! La fameuse phrase prononcée par Julie ne quittait jamais vraiment son esprit : « avant que je ne plaise à une maîtresse de passage du roi Étienne ». Le roi avait beau être une figure emblématique très appréciée, il semblait être aussi un beau coureur de jupons. Et elle se méfiait de cette facette de l'homme. Coyle avait-il raison à son propos ?

Mais parlait-il seulement de quelques maîtresses ou alors de quelque chose de plus grande envergure ? En attendant de savoir elle se tenait sur ses gardes.

-Êtes vous heureux de rentrer chez vous demain ? S'enquit-elle.

-Oui et non à vrai dire: j'aime beaucoup ce pays, le quitter me rend quelque peu nostalgique.

-Je comprends ; quand partez vous exactement ?

-Demain dans la soirée. J'espère vous voir au départ !

Karmen lui adressa un sourire, faute de pouvoir répondre : elle ne savait pas si Coyle laisserait une telle chose se produire...Ou peut-être que si ? Ne s'en moquait-il pas après tout ? Cela faisait une semaine que c'était bien le cas...

-Venez donc un moment sur les balcons, j'étouffe ici. Enchaîna-t-il.

Cela avait tout l'air d'un ordre, la jeune femme ne se faisait pas d'illusions. C'était le roi, il parlait, on s'exécutait, même s'il n'était pas dans son pays. Toujours souriante, elle le suivit sans un mot, en espérant que sa tenue trop légère ne lui ferait pas trop défaut à l'extérieur...

Une bouffée glaciale la saisit brusquement au moment où elle franchit les portes. Toute raide, elle croisa les bras sur sa poitrine pour tenter de contrôler les frissons qui avaient pris possession de tout son être. Avisant de sa position délicate, Étienne se débarrassa de sa veste en velours rouge d'un mouvement de l'épaule, et la déposa sur celles de la jeune femme.

Reconnaissante, elle lui murmura un merci, avant de s'approcher de la balustrade. Serrant les bords de sa couverture de fortune, elle se laissa envoûter une fois de plus par la beauté des grands jardins qui s'étendaient à perte de vue devant elle. Il avait beau faire nuit, quelques allées se détachaient encore dans l'obscurité grâce à la lumière de la lune insolente.

Le clapotis des fontaines achevait de rendre le tableau magnifique. A l'écoute du bruit régulier des vaguelettes en contrebas, Karmen en avait oublié le roi qui se tenait derrière elle en silence. S'avisant de son erreur, elle se retourna pour s'excuser.

-Pardonnez moi sire, j'aime tellement cet endroit que j'ai tendance à oublier tout ce qui m'entoure quand je le regarde, ce n'est...

-Ne vous excusez pas, je comprends parfaitement ce que vous ressentez.

Karmen s'interrompit, hésitant à poursuivre.

-Quelque chose vous tracasse ? Demanda Étienne en s'approchant.

-Non, enfin pas spécialement je...

-Vous savez que vous pouvez tout me dire n'est-ce pas.

Non hors de question. Jamais de la vie. Ils s'entendaient bien certes, mais de là à dire qu'ils étaient de bons amis ? Non. On n'est jamais ami avec un roi. On lui obéit c'est tout. Consciente de l'écart entre leurs avis quant à leur relation, la jeune femme commença à se sentir mal à l'aise.

-Oui oui, c'est aimable...

-Vous savez, si jamais vous veniez vivre dans mon royaume, je pourrais vous faire construire un jardin encore plus grand que celui-ci, et encore plus beau !

-Co..Comment ?

-Si vous veniez, nous...

-Non ça j'ai compris. Mais pourquoi me dites vous cela ?

-Cela me semble évident.

Karmen sentit son cœur s'emballer : non, non ! Elle ne partirait pas d'ici ! « Avant que je ne plaise à une maîtresse de passage du roi Étienne »... Hors de question qu'elle soit la suivante. Suite à son expérience avec Thomas, elle devinait aisément où il essayait de l'entraîner. Et elle n'irait pas. Mais le problème était : comment signifier son refus à un roi ?!

-Je ne sais pas trop quoi dire, c'est...enfin je...

-Ne dites rien. Venez, vous serez charmée !

Et voilà qu'il lui forçait la main maintenant. Elle déglutit péniblement lorsqu'il tendit une main vers elle : que faire ?! Devait-elle la saisir ? Tout abandonner ? Non, non elle ne pouvait pas. Sauf que réfléchir avant de parler n'était pas toujours son point fort et....

-Non.

Voilà le genre de gaffe toute prête qu'elle pouvait faire lorsqu'elle était stressée. Refuser sans aucune politesse l'invitation d'un roi. Ce dernier afficha une expression stupéfaite : on ne devait pas lui dire non bien souvent apparemment... Mais au lieu de s'offusquer, il se remit à sourire d'un drôle d'air et s'approcha de la jeune femme.

-Non ? Voilà qui me paraît bien expéditif.

-Je n'ai pas réfléchi avant de...

-Pas forcément besoin de réfléchir, regardez...la coupa-t-il.

Sans plus d'explications, il attira brusquement la jeune femme contre lui et l'embrassa avec fougue. Prise en étau entre ses bras puissants, la jeune femme tenta de se soustraire à ce baiser forcé, mais sans y parvenir. Très concentré, Étienne n'eut même pas l'air de se rendre compte qu'il embrassait une bouche hermétiquement close.

Son baiser n'était pas doux, il était sauvage et rude. Ses lèvres rappaient celles de la jeune femme comme du papier de verre, lui donnant envie de se retirer au plus vite. Lorsqu'il tenta d'insérer sa langue entre ses lèvres scellées, Karmen réussit enfin à se détacher de lui.

Elle s'éloigna vivement, devant un Étienne au regard interrogateur. Elle essuya sa bouche du dos de la main, dégoûtée de ce qui venait de se passer. Il l'avait forcée. Il l'avait embrassée. A sa place. Elle se sentait sale, elle se sentait souillée ! Comment pourrait-elle le regarder en face après ça ? Est-ce qu'il lui pardonnerait ?

-Vous voyez que je pouvais vous donner une bonne raison, railla Étienne en se rapprochant.

-Non, non restez où vous êtes ! S'écria-t-elle en levant ses mains devant elle.

-Pourquoi, n'avez-vous donc pas...

-Non ! Cria-t-elle. Allez-vous-en.

Elle venait de donner un ordre à un roi. Encore une fois merci la réflexion avant de parler ! Elle sentait que les larmes n'étaient pas loin. Si elle restait encore, elle allait fondre en larmes devant lui, et elle refusait de s'abaisser à un tel état de faiblesse. Il fallait qu'elle s'en aille. Sauf qu'au moment où elle passait en courant devant le roi, celui-ci l'attrapa par les épaules pour la mettre face à lui.

-Voyons, voyons, où allez vous ainsi ? Vous nous faussez compagnie ?

-Lâchez moi !

Ils étaient seuls sur le balcon, sans personne pour lui prêter assistance en cas de besoin. Elle n'avait aucune chance s'il décidait de lui faire du mal. Elle avait dépassé les limites, sa seule chance était de fuir. La gifle partit toute seule, sans que rien ne l'en empêche. Elle frappa la joue du roi de toutes ses forces, dans un bruit assourdissant pour un si petit geste.

Sur le coup la tête du roi partit sur le côté, et il posa sa main dessus par réflexe. Le temps qu'il fasse cela, Karmen était déjà en train de courir vers l'intérieur, les jupons relevés dans une main et l'autre posée sur son collier qui virevoltait au rythme des secousses provoquées par sa course effrénée.

Un rire mauvais éclata derrière elle :

-Karmen si vous saviez comment j'aime les femmes sauvages, mais là vous dépassez tous les records ! Soyez assurée que ce ne sera pas sans conséquences !

Le cœur au bord des lèvres, elle se força à ignorer ses mots pour rentrer à l'intérieur. Une fois mêlée aux courtisans, elle ralentit le rythme de sa course. Elle se força à rester quelques instants dans la salle de réception pour ne pas attirer l'attention sur sa fuite. Une fois la délai écoulé, elle s'éclipsa discrètement et regagna sa chambre en courant.

Chaque bruit la faisait sursauter, chaque brin de voix semblait être celui de Étienne. Elle était dans un état proche de la folie, on aurait pu la faire enfermer dans un asile vu l'état dans lequel elle se trouvait. Haletante, elle ne se détendit que lorsqu'elle eut fermée la porte de la chambre à double tour. Adossée au battant, elle se laissa lentement glisser à terre et prit sa tête entre ses mains.

Comment les choses avaient-elles pu – encore ! – déraper à ce point ?! Pourquoi tout le monde semblait-il si aimable au premier abord avant de lui planter un couteau dans le dos ? Qu'avait-elle fait pour mériter cela ? Était-elle vraiment à sa place ici ?

Coucou!

Alors le malêtre de Karmen en l'absence de Coyle?

Son attitude?

Les avances de Etienne? Vous l'aimez toujours autant mdrr?

La réaction (très réfléchie avouons-le, cf mon adorable gif teaser) de Karmen? Sa fuite?

Xoxo

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