45- Passé noir
Bon les gars...ON A ATTEINT LES 10K CETTE NUIT! Vous êtes vraiment les best! (dédicace spéciale à mflandrin97 qui a refait ma soirée hier😂) -- Bonne lecture!
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-Tu dis ça mais chaque fois je peux rester des jours entiers sans nouvelles! Sanglota une voix féminine.
Karmen se figea : c'était impossible ! Elle se pencha discrètement en avant, mais cela ne fit que confirmer ses doutes : c'était bien Mona qui se tenait devant Logan, le visage ravagé par les larmes.
-Mona, la première fois où on s'est embrassés, à ce bal, tu te souviens ? Si tu n'as pas eu de nouvelle, c'est parce qu'on m'a reproché de ne pas avoir veillé assez sur quelqu'un.
-Et moi, quand est-ce que tu veilles sur moi hein ?!
Karmen fut ramenée quelques semaines en arrière, la fameuse soirée où elle s'était évanouie en quittant le bal, et où Coyle avait remonté les bretelles à Logan sur son absence...Les répercussions s'étaient étalées jusqu'à son amie !
-Je veilles tout les jours sur toi, même si tu ne le vois pas.
-C'est bien facile, ricana son amie.
-Tu n'as pas confiance en moi ?
-Actuellement j'ai beaucoup de mal, tu disparais tellement avec des prétextes étranges, je ne sais plus où j'en suis...chuchota Mona en s'éloignant.
Des bruits de pas se firent entendre, Karmen n'aurait su dire s'il s'agissait de ceux de Logan ou de Mona, mais elle entendit distinctement Logan lancer :
-Attend ! Ne pars pas !
Mona donc.
-Laisse moi tranquille !
-Ne fuis pas comme ça, s'il-te-plaît.
-Je ne supporte pas tous ces mensonges, laisse moi le temps de souffler Logan.
-Tu sais que je n'ai pas le choix ! Je dois veiller sur elle, on me l'a ordonné !
-Qui est-ce qui t'a ordonné ça hein ?! Cria Mona
Un silence lui répondit.
-Qui est-ce qui est assez important pour toi pour que tu fasses tout passe au second plan après cette demande ?! Qui a un tel pouvoir ?! (une autre silence) Personne Logan...chuchota-t-elle à peine assez fort pour que Karmen l'entende.
-Mona, c'est compliqué, s'il-te-plaît...Je ne peux pas la laisser seule.
-Il va falloir apprendre à dire autre chose que s'il-te-plaît si tu veux nous donner une chance Logan. Va-t-en. Maintenant. Cracha Mona.
Des bruits de pas retentirent un moment dans le couloir, puis plus rien. Du moins pendant un moment. Des sanglots vinrent troubler le silence ambiant, faisant monter la culpabilité de Karmen,qui se savait responsable du malheur de son amie. Surmontant son appréhension, elle sortit de l'ombre et s'approcha de Mona qui s'était recroquevillée au sol.
Elle entoura ses épaules de ses bras après s'être baissée à sa hauteur, et la garda contre elle même lorsqu'elle sursauta à son contact. Une fois qu'elle l'eut reconnue, Mona laissa libre court à son chagrin et vida toutes ses larmes contre l'épaule de son amie, silencieuse. Une fois calmée, elle renifla et se releva, suivie de près par son amie.
-Tu as tout entendu n'est-ce pas ? Souffla-t-elle.
Karmen lui lança un regard éloquent.
-Je m'en doutais. Et toi aussi d'ailleurs ! S'esclaffa-t-elle entre deux larmes.
-Tu es loin d'être discrète !
-Parce que tu y connais quelque chose toi ? Plaisanta Mona.
Karmen allait répondre quand soudain le baiser qu'elle avait échangé plus tôt dans la soirée lui revint en mémoire. Elle préféra donc se taire, sauf que son amie n'était pas dupe : elle l'arrêta aussitôt et la retourna face à elle pour la regarder droit dans les yeux.
-Attend attend, toi tu me caches quelque chose : qu'est-ce qui se passe ?
-Je...Je ne sais pas encore comment en parler, un peu plus tard s'il-te-plaît.
-Mmh...Je ne te lâcherai pas. Mais d'accord, plus tard.
-Merci.
Elle se remit à avancer, pour retourner à sa chambre, et invita du regard son amie à la suivre. Lorsqu'elle repassa dans le couloir où s'était déroulé la mise en pièce de Thomas puis son baiser avec Coyle, Karmen se tendit et fixa résolument devant elle, s'interdisant d'y repenser : Mona remarqua son changement d'expression mais s'abstint de toute remarque : son amie avait demandé du temps, elle en aurait.
-Donc avec Logan, vous êtes ? Demanda Karmen au détour d'un couloir.
-C'est assez étrange...Je lui plais, il me plaît, mais c'est tellement...
-Compliqué.
-Quelle déduction bravo ! Ironisa son amie.
Devant l'air blessé de Karmen, elle se reprit.
-Excuse moi, je suis un peu sur les nerfs, la soirée n'a pas été facile...
-A qui le dis-tu...
-Mais j'ai l'impression qu'il n'est jamais là, soit disant il doit veiller sur...(elle lui jeta un regard gêné) ...toi.
-J'en suis tellement désolée Mona... Mais il dit vrai, il n'a pas le choix, son ami lui a demandé ça.
-Et pourquoi?
-Tu comprendras quand je te raconterai tout. Mais pour le moment c'est à toi.
-En fait c'est aussi à cause de moi que ça bloque : je n'arrive pas à m'ouvrir à lui, à cause de mon passé. J'ai tellement honte et je ne sais pas comment il réagirait s'il savait...
-S'il savait quoi ?
Mona ouvrit la porte de sa chambre devant laquelle elles venaient d'arriver et la laissa passer devant elle. Avant de répondre, elle alluma toutes les bougies de la pièce une par une, l'air de réfléchir à la manière de formuler les choses. Finalement, elle s'assit sur le matelas et invita Karmen à la rejoindre.
-Tu te souviens la première fois que tu m'as demandé comment j'étais arrivée en prison ?
-Comment l'oublier ; tu m'avais dit que « les histoires les plus angoissantes se racontent tard le soir dans le noir, mais ce ne sera pas ce soir là pour la mienne. »
-Exactement, s'esclaffa son amie en s'allongeant pour fixer le toit du lit.
Karmen suivit son exemple et plaça un coussin sous sa nuque avant de s'allonger à son tour. Devant l'air amusé de son amie, elle haussa les épaules, l'air de dire « c'est juste un coussin et alors ? ». Mais elle convenait intérieurement qu'elle était devenue amoureuse de cet environnement si cocon...
-Et bien, ce soir sera peut-être le mien, du moins je vais essayer...reprit-elle.
-Si tu n'y arrives pas...Ce n'est pas grave.
-J'ai besoin d'en parler à quelqu'un de toute manière, ça me pèse tellement avec Logan...
Elle étira ses bras loin derrière sa tête et inspira longuement avant de se lancer.
-Je suis née à la capitale, et j'y ai vécu jusqu'à la mort prématurée de mes parents alors que je n'avais que 5 ans. Je suis devenue une enfant de la rue après avoir épuisé ce qu'ils m'avaient laissé, et à ce moment j'avais 14 ans.
-Et aujourd'hui tu en as ?
-J'ai 29 ans, j'en aurai 30 cet hiver...
Elle a 5 ans de plus que moi ! S'étonna la jeune femme.
-...J'ai donc commencé à apprendre les rouages pour survivre, j'ai dû voler en hiver, faute de trouver un employeur qui voulait d'une adolescente autrement que comme objet de plaisir sexuel...A ce qu'il paraît ils les aiment jeunes...
-C'est horrible...murmura Karmen en se remémorant sa propre expérience.
-Je n'ai jamais pu me décider à devenir une putain...Pourtant ça aurait été chose aisée selon les propositions alléchantes que j'ai reçues...Mais c'était impossible pour moi, servir d'objet...Ils ont une main ! Plaisanta-t-elle pour détendre l'atmosphère.
Karmen lâcha un rire nerveux en rejetant l'image qui lui était venue à l'esprit et invita son amie à poursuivre d'un sourire. Mona lui prit la main et prit quelques secondes avant de reprendre la parole.
-Puis un jour, une vieille herboriste du nom de Gretta m'a prise sous son aile, alors qu'elle venait de me voir voler. Sur le coup je m'étais méfiée, puis au fur et à mesure des jours qui s'écoulaient en sa compagnie, j'ai compris qu'elle ne me voulait aucun mal, mais aujourd'hui je me rends compte que ses connaissances empoisonnées m'ont pourrie la vie...
-C'est à dire ?
-J'étais douée, mais surtout curieuse.
-C'est une qualité pourtant ! Réfuta Karmen.
-Cela dépend des cas justement. J'ai appris comment soigner, guérir et faire du bien avec pour seul allié le pouvoir des plantes, mais j'étais désireuse de savoir plus... Gretta m'a mise en garde contre le pouvoir obscure des plantes...Mais j'ai insisté, je voulais savoir, je voulais effleurer ce pouvoir inconnu et si alléchant, même du bout des doigts....Sauf que j'ai plongé la main beaucoup trop loin.
La jeune femme s'apprêtait à poursuivre sa phrase lorsqu'un coup retentit contre la porte en bois : Karmen se rassit sur le lit, se demandant bien qui pouvait vouloir quelque chose à une heure pareille.
-Entrez !
La lourde porte roula sur ses gonds pour laisser apparaître la petite bouille anxieuse de Lina. Lui souriant aussitôt qu'elle l'eut reconnue, sa maîtresse lui fit un signe de la main amical pour qu'elle s'approche. Effleurant à peine le sol de ses petits pieds, l'enfant sautilla jusqu'au lit, où elle murmura à Karmen :
-Un homme....Très très grand, m'a demandé de venir voir si tu étais bien rentrée dans ta chambre...Mais je ne voulais pas te faire peur alors j'ai toqué, tu ne m'en veux pas ?
Déposant un baiser sur le sommet du crâne de l'enfant, Karmen caressa ses cheveux d'une main douce en répondant :
-Il n'y a aucun problème ma puce, tu as bien fait. Cet homme, dit moi, il avait des yeux bleus très clairs ?
-Oui oui c'est lui ! S'exclama la petite,en joignant ses minuscules mains. Il avait une immense veste rouge de velours, j'ai failli lui rentrer dedans sans l'avoir vue, mais elle était toute douce !!
Charmée par l'enthousiasme de sa protégée, Karmen reconnut aisément la description de Coyle, et sentit son cœur palpiter un peu plus fort à l'annonce de sa demande à Lina : il avait voulu s'assurer qu'il ne lui était rien arrivé, mais il n'avait certainement pas prévu la langue bien pendue de la petite...
-C'est très gentille à toi, mais il se fait tard, tu devrais aller te coucher maintenant.
Avisant Mona sur le lit, Lina s'inclina à nouveau et se retira non sans un dernier regard adoré devant cette femme brune qu'elle admirait tant. Les deux amies restèrent un petit moment en silence, avant que Mona ne brise l'absence de bruit.
-Tu as décidément des choses à me raconter. (Karmen ouvrit la bouche) Non, je continue d'accord !
Elles se rallongèrent et Karmen écouta la suite de l'histoire de son amie.
-J'ai appris la composition des poisons les plus rares et les plus meurtriers. J'avais soif d'apprendre et Gretta se faisait vieille et faisait passer son savoir, aucune de nous deux n'a mesuré à ce moment là ce que nous faisions, ce n'est qu'aujourd'hui avec du recul que j'y parviens.
-Que s'est-il passé ?
-Gretta est décédée. J'ai repris sa chaumière, et j'ai continué à soigner les gens comme elle me l'avait demandé avant sa mort. A ce moment là, j'avais 13 ans. Elle a pris soin de moi comme sa fille, même si notre lien a mit du temps à se tisser. Mais au fur et à mesure des bruits ont commencé à courir...
-De quelle sorte ?
-J'étais capable de faire le mal autant que je faisait le bien...Selon les rumeurs,je possédais un pouvoir - ce qui n'était pas du tout le cas ! J'étais seulement herboriste et infirmière. Les gens sont venus me demander des poisons, ou de quoi faire souffrir ceux qu'ils n'aimaient pas...
-Mais c'est affreux...
-Je ne te le fais pas dire. J'en ai éconduit quel qu'uns au début. J'étais jeune, naïve et confiante. Trop confiante. Très vite les gens revenaient se venger en saccageant mon entrepôt ou alors mes réserves de nourriture. J'ai commencé à avoir peur et j'ai arrêté de refuser. Dès lors, tout s'est enchaîné. Je suis devenue tristement célèbre, on me dépeignait comme un monstre alors que j'étais juste morte de peur. (sa voix se brisa) J'ai fait des choses horribles Karmen, si tu savais...
Les larmes se déversèrent sur les joues de Mona, qui dut s'arrêter de parler. Secouée de spasmes, elle se blottit contre son amie qui la serra contre elle en silence, respectant son envie de prendre son temps. Revivre son passé à travers des mots n'était jamais facile, et Mona vivait cette dure épreuve ce soir, à elle de l'aider à se sentir bien.
-Chuuut, tout va bien je suis là...lui murmura-t-elle à l'oreille lorsqu'elle se fut un peu calmée.
-Ensuite ma réputation est remontée jusqu'au palais. Reprit soudainement Mona. Des gens de pouvoir venaient me voir, payant toujours plus cher pour mon silence et mes potions. Sauf que je suis devenue la gardienne aux secrets : qui assassinait qui ? Je le savais. Pourquoi telle ou telle comtesse faisait des fausses couches aussi souvent ? Je le savais. Cette épidémie étrange ? Mon œuvre. Aussi lugubre soit-elle...
-Cela a duré longtemps ?
-Presque 2 ans. Jusqu'à cette fameuse nuit. Des gardes royaux sont venus en pleine nuit : ils ont saccagé ma maison, détruit mes réserves et pillé mon argent. Je me suis retrouvée en guenilles, au petit matin, pleurant sur le corps de 2 enfants que j'accueillais chez moi, devant les cendres de ma maison. J'avais été laissée sauve. Moi seule.
-Oh non...
Karmen était horrifiée : elle qui croyait avoir tout vu avec Bastien - elle avait encore du mal à ne serait-ce que songer à son prénom - se rendait compte que la cruauté et l'horreur que semaient ces gardes royaux derrière eux depuis des années étaient sans limites. Mona en avait fait les frais au même titre qu'elle.
-J'avais 15 ans, j'avais tout perdu et ce deux fois. Ils m'ont laissée la vie, histoire que je médite bien sur mon triste sort ou alors peut-être la « faveur » qui m'avait été accordée. Je ne sais pas trop, peut-être ne le saurais-je jamais. Mais il est venu.
-Il ?
-Le roi de l'époque. Le père du roi actuel. Une personne affreuse, terriblement fausse et manipulatrice.
Karmen fronça les sourcils : cette description lui rappelait quelque chose...Mais Mona continua, sans lui laisser le temps d'y réfléchir plus. Pas grave, elle y repenserait sûrement plus tard...
-Le lendemain, à midi pile - je me souviens encore du bruit retentissant des cloches lorsqu'il est arrivé au bout de l'allée qui menait à mon jardin - il est venu. Ce grand fou tout en breloques et en or. Il chevauchait un cheval blanc, entouré d'une bonne centaine de gardes qui ont ravagé mes dernières plantations. J'étais en train d'enterrer les cadavres, creusant à la seule force de mes bras.
Mona se tordit les mains et s'interrompit : la suite de l'histoire semblait être la partie dont elle avait honte.
-Il a ordonné aux soldats de finit ce que j'étais en train de faire, puis m'a entraînée à l'écart. Pour ma défense, c'était le roi, je n'ai pas eu le choix. Du moins pas sur le moment...Il m'a dit avoir une proposition à la hauteur de ma réputation. Pas besoin de chercher bien loin pour comprendre qu'il s'agissait d'un terrible poison. Sauf que n'étant pas n'importe qui il ne voulait pas n'importe lequel. Il s'agissait du pire de tous, que je n'avais fabriqué qu'une seule fois.
-Comment s'appelle-t-il ?
-Le ricina. Contenu dans les plantes de ricine la sève est mortelle et associée à d'autres elle provoque une mort lente et douloureuse les effets sont horribles. Il voulait se débarrasser de deux personnes à la cour mais il est la seule personne censée de toutes celles que j'ai rencontrées, il ne m'a pas dit qui. Les autres n'avaient même pas ce réflexe, j'imagine qu'on n'est pas roi pour rien....
-Oui certainement...
-Il m'a dit qu'il me laissait 3 heures dans l'herberie du palais et que si je lui obéissais j'aurai la vie sauve...
-Donc si tu es là aujourd'hui à me parler....
-C'est que je l'ai fait. Il m'a couverte d'or mais je ne voulais pas de son or maudit. Il m'avait enlevé tout ce que j'avais, je voulais qu'il paye. Si j'ai accepté c'est uniquement pour essayer de trouver un autre poison terrible pour lui. J'ai travaillé sur deux projets en parallèle sans jamais qu'il ne s'en aperçoive. Quand il l'eut obtenu, il m'a récompensée et laissée vivre au palais quelques temps.
-Tu aurais pu rester dans ce confort mais tu ne l'as pas fait.
-Non. Je voulais la vengeance. En attendant mon heure, j'ai soigné des tonnes de gens au palais, et j'ai arrêté de livrer des poisons aux imbéciles. J'étais sous protection royale voit-tu... La première fois que j'ai essayé de verser le poison dans le verre du roi avant un banquet, un jeune homme est rentré dans la pièce à ce moment et je n'ai eu d'autre choix que de cacher la fiole derrière mon dos et de repartir.
-Mais la deuxième fois...
-J'ai réussi. Mais seulement à verser. Car voit-tu il se trouvait que le roi se méfiait de moi, et qu'il faisait goûter ses plats à 4 goutteurs simultanément avant de le manger lui même, et ce depuis des mois. J'ai manqué cette information et c'est ce qui m'a coûté ma perte.
-Ne me dit pas que...
-Si. Les 4 hommes qui lui servaient son vin ce soir là sont tous tombés au sol en se tordant de douleur et sont morts dans d'atroce souffrance devant mes yeux. Mais tu sais le pire ? C'est que le roi est resté impassible, comme si ça ne l'étonnait pas. Il s'est simplement tourné vers moi et...(elle déglutit) il a passé lentement son index sous sa gorge dans un geste sans équivoque.
-Tu devais être morte de peur.
-J'avais déjà dépassé ce stade là : j'ai couru, je me suis enfuie le plus vite possible, mais ça n'a fait que lui offrir une grande partie de chasse qui s'est bien évidemment soldée par ma capture en bonne et due forme.
-Que t'as-t-il fait ?
-Il m'a faite torturer devant lui. Je m'en souviens encore... (elle frissonna) Il été là, tout près de moi, impassible hormis son petit sourire de vainqueur, pendant que plusieurs gardes étaient chargés de me faire hurler à mort. Je me suis évanouie tant de fois que je ne pourrais même pas les compter. J'ai perdu du poids si rapidement qu'ils ont été obligés de me laisser un peu de répit avant de recommencer. De plus belle. Cracha-t-elle.
La gorge nouée par les confidences affreuses de son amie, Karmen déglutit difficilement...C'était difficile d'imaginer que la femme forte qu'elle était aujourd'hui ait subi toutes ces horreurs.
-Puis un jour, il s'est levé. Il avait l'air lassé ou satisfait, je ne sais plus...Il a pris le fouet de mes mains du garde devant moi, et s'est mis lui même à frapper. Karmen je te jure que je n'ai jamais rien vécu de si horrible... Sauf qu'à un moment, un garde est rentré comme une tornade dans la pièce et a hurlé « Sire ils se sont enfuis ! ».
-Qui ça ?
-Je ne sais pas, mais ça a eu le don de le faire s'arrêter. Il a balancé le fouet, et s'est approché de moi pour me dire que « à présent ma vie serait en enfer sous terre pour l'éternité » selon ses propres mots. Puis il est parti. Tout simplement, et il n'est jamais revenu. J'ai alors commencé mes travaux à la carrière, accomplissant chaque jour les mêmes gestes, ce pendant des années....
-Tu ne l'as jamais revu ?
-Jamais. Mais si je pouvait je le tuerai de mes propres mains je le jure ! Mais tu es arrivée...Et la suite tu la connais.
-Oui...
Karmen, prise d'une impulsion, se tourna et serra fort son amie contre elle, et lui murmura à l'oreille :
-Merci de ta confiance...Ne t'en fais pas pour Logan, tu pourras lui en parler quand tu te sentiras prête. Rien ne presse, ton passé fait partie de toi de toute manière. Tu as fait des choses mal, mais jamais volontairement. Volontairement dans le sens où tu étais forcée.
-J'aurai pu partir, tout abandonner...sanglota Mona contre son épaule.
-Seule ? Sans personne ? Tu n'aurais pas survécu et je ne t'aurai jamais rencontrée alors je t'interdis de dire ça.
Mona ne répondit pas, et très vite son amie sentit son souffle s'apaiser contre elle, signe qu'elle avait cédé au sommeil. Soulagée de ne pas avoir à raconter son histoire ce soir, Karmen tira les couvertures sur elles et suivit son amie dans la spirale des rêves peu de temps après.
Tard dans la nuit, quelqu'un entra sur la pointe des pieds dans la chambre, et déposa un papier sur la table de chevet de la jeune femme, s'arrêtant quelques instants devant son visage paisible endormi, tourné elle. S'agenouillant pour se trouver à sa hauteur, un homme rentra dans la lumière dispensée par la quart de lune visible par la fenêtre.
-Merci de me donner sans même t'en rendre compte une raison de ne pas aller le tuer...murmura-t-il.
Contemplant encore un moment la femme endormie devant lui, il déposa un rapide baiser sur son front avant de se relever et de sortir de la chambre sans se retourner.
Salut!
Un chapitre lourd en révélation donc, qu'est-ce que vous en pensez?
Logan et Mona?
Son passé difficile?
Le personnage en fin de chapitre?
Retenez bien le personnage de celui qui lui a tout pris, il sera important pour la suite, je n'en dit pas plus!
Xoxo
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