43- Menaces

-Karmen tu es prête ? S'enquit Logan.

-Oui j'arrive deux secondes !

Elle vérifia une dernière fois si ses jupes étouffantes étaient bien en place, palpa son ventre pour déceler un faux pli récalcitrant. Elle effleura le collier qu'elle portait tous les jours depuis une semaine maintenant : il fallait qu'elle parle à Coyle. Un dernier regard à son visage encadré de ses boucles brunes aujourd'hui, puis elle partit rejoindre Logan qui l'attendait sur le pas de la porte depuis un petit moment.

-Qu'est-ce qui est compliqué dans les mots « soit prête pour le dîner » ?! râla Logan en lui offrant son bras.

-J'hésite encore entre...

-Oui oui je sais, « prête » et « dîner », comme la semaine dernière ! La coupa son compagnon.

-Non ça c'était la semaine dernière, j'allais dire entre « tais-toi » et « je peux encore retourner changer de robe » !

Logan leva les yeux au ciel de manière exagérée mais ne renchérit pas, de toute manière il avait bien compris qu'avec Karmen c'était peine perdue. Amusée par l'agacement qu'elle arrivait à provoquer chez le général, la jeune femme releva le menton en lui jetant une œillade provocante.

-Oooh attention toi ! La prévint-il d'un air pincé mais amusé.

-A quoi ? Demande-t-elle innocemment.

Pour toute réponse son ami lui envoya une pichenette sur le nez, que Karmen fronça par réflexe. Il ne manquait plus qu'elle soit toute rouge au banquet !

Alors qu'ils arrivaient vers la file devant la grande salle, une voix connue interpella les deux convives :

-Karmen ! Tu es là !

Thomas pressa le pas pour arriver à sa hauteur, l'air de ne pas être accompagné. Étant donné qu'elle avait rarement eu l'occasion de le croiser durant la semaine qui venait de s'écouler, la jeune femme se sentit contente de le revoir. Lorsqu'il arriva à sa hauteur, elle lui ouvrit ses bras et le serra contre lui, devant l'air désapprobateur de Logan resté en retrait.

-Te voici toi, souffla-t-elle contre sa nuque.

-Tu m'as manqué. (il s'écarta d'elle) Comment vas-tu ?

-Très bien, toi aussi j'espère ?

-J'irai un peu mieux si je ne t'avais pas manquée toute la semaine !

En effet, la jeune femme avait partagé son temps entre des promenades à cheval avec Logan dehors, des visites à l'orangeraie avec Étienne et des instants de couture avec Mona qui n'avait pour leur part rien donné de concret...A part des vilaines piqûres dans l'index.

-Je suis désolée j'étais débordée...

-Ne t'inquiètes pas va, je me doute bien que tu ne vas pas m'éviter !

Karmen grinça des dents en se rendant compte que si, c'était un peu le cas, mais elle ne dit rien. Depuis le dernier bal, il y a un peu plus d'une semaine, elle se sentait mal à l'aise avec lui, en raison de leur rapprochement au moment de la danse, provoquée par sa stupide envie de rendre Coyle jaloux.

Coyle. Tant qu'elle y pensait, cela faisait depuis ce fameux soir qu'elle ne l'avait pas revu : elle gardait un vague souvenir comme quoi il avait été à son chevet tard le soir avec l'accident, mais depuis plus rien. Même pas au détour d'un angle de couloir ni un regard en se croisant, rien. Aucune parole. Très vite, elle avait ressenti le manque, ce poids lourd qui vous pèse sur la poitrine à chaque fois que vous pensez à la personne attendue.

Mais le poids était toujours là au bout d'une semaine, et Coyle non. Elle avait alors pris sur elle pour sourire et se montrer à l'aise lors des dîners auxquels elle allait en général, et attendait le soir pour se relâcher, quand elle était seule. Logan avait remarqué son changement d'attitude selon les lieux où ils se trouvaient ensemble, mais lorsqu'il lui avait demandé si tout allait bien, elle lui avait assuré que oui. Il n'avait pas insisté.

-Tu n'es pas accompagné ? Reprit-elle alors qu'ils se dirigeaient tous les trois vers la salle de banquet.

-Grace était malade, et étant un des hommes qui accueille la délégation, j'ai été obligé de venir, malgré le fait que je sois seul ce soir.

-Tu ne seras pas seul, nous serons ensemble ne t'en fais pas.

Ils se présentèrent à leur tour à l'entrée de la salle, et suivirent le valet qui devait les mener à leur table. Mais alors que la jeune femme était en train de s'asseoir, un second homme les accosta : Karmen le reconnut facilement. C'était l'homme de main de Étienne, qu'elle avait souvent vu au moment où ils sortaient tous les deux. Elle ne connaissait pas son prénom en revanche...

-Madame, Messieurs bonsoir, les salua-t-il.

Elle hocha la tête d'un air chaleureux tandis que Logan et Thomas se contentaient d'un regard. Nullement impressionné par les deux hommes qui l'encadraient, l'homme poursuivit sa tirade sans bégayer.

-Le roi Étienne vous fait quérir à sa table, il s'excuse de cette demande non préméditée mais très appuyée selon ses propres mots. Si vous voulez bien me suivre...

Perdue, la jeune femme se tourna vers ses compagnons tour à tour pour les interroger du regard, ce à quoi ils répondirent par un haussement d'épaules désolé tous les deux, l'air de dire « le roi ordonne, on s'exécute ».

Avec un regard désolé pour Thomas qui venait de lui demander sa première danse, elle se releva donc en relavant ses jupons contre elle, alors que Thomas lui parlait.

-N'oublie pas ma danse, j'ai jusqu'au bout de la nuit s'il faut !

Elle le rassura d'un sourire puis suivit le valet qui se faufila entre les tables en évitant les nouveaux convives qui arrivaient sans cesse, il n'aurait pas été là que la scène aurait été la même ! Ahurie devant sa vitesse et son aisance, elle dut presser le pas pour ne pas se faire distancer.

Lorsqu'elle arriva devant la table du souverain, plus garnie et plus grande que toutes les autres, elle baissa humblement la tête et attendit qu'on lui fasse signe de se relever. Les napperons étaient absolument hideux tiens...

-Voyons pas de ça entre nous ! S'exclama la voix du suzerain au dessus d'elle.

-Majesté.

Elle se releva calmement et attendit, face à un souverain attablé de manière presque grossière pour son rang tant il était avachi sur la table. Ce qui ne lui enlevait pas son charme, bien au contraire cela lui conférait un aspect mauvais garçon tout à fait...charmant, elle devait bien l'avouer.

-Venez donc avec nous ! L'invita-t-il avec un grand sourire.

-Majesté il n'y a plus de place à la table...osa-t-elle.

L'air surpris, le roi Étienne regarda autour de lui, et constata effectivement que son invitation était futile étant donné qu'elle n'avait même pas de place où s'asseoir... Il parut régler ce petit problème d'un geste de la main, en déclarant :

-Vous là. (il tendit le bras vers une personne dos à Karmen) levez vous, vous prendrez la place de cette jeune femme à sa table initiale.

-Majesté je vous... tenta cette personne, une dame à l'occurrence, à en juger par la haute coiffe.

-Non non, allez-y je vous prie. Insista-t-il sans plus de cérémonie.

L'intéressée se leva de manière très raide, certainement vexée d'être congédiée de la sorte de la table d'un roi plus qu'apprécié. Mais que faire face à un roi ? Karmen ne le savait pas, mais en revanche, ce qu'elle comprit, c'est qu'elle avait en fait affaire à une certaine personne qui le lui ferait payer cher.

Face à elle se tenait Liliana, l'air revêche et furieuse. Oups. La fameuse dame à la haute coiffe semblait appartenir à celle qui l'appréciait le moins dans les 9 royaumes. Malheureusement pour elle... Elle lui envoya un regard plein de haine à l'insu du souverain qui attendait d'un air impatient que l'échange se fasse.

-Allez, allez...grommela-t-il en avant de boire une grande gorgée de vin.

Impassible face à l'attitude désagréable et odieuse de la sorcière face à elle, Karmen déglutit le plus discrètement possible, essayant de garder contenance. Pas facile quand une paire d'yeux de serpent vous fixe...

Finalement, la congédiée tourna les talons raide comme un piquet et disparut entre les multiples tables, autour desquelles régnait toujours une activité incessante. Karmen, quant à elle, tira sa chaise seule puisque personne ne semblait venir l'aider : elle eut du mal à la porter en arrière sans paraître d'une empotée, mais le roi sembla le remarquer tout de suite puisqu'il s'écria :

-Oh Karmen pardonnez-moi ! Je manque à tous mes devoirs et je ne parle même pas de mes serviteurs qui devraient être autour de vous !

-Ce n'est rien sire, juste une chaise, j'arrive fort bien à la porter seule.

Essayant de paraître sereine, elle s'assit tandis que le roi venait de se lever avec l'intention évidente de venir l'aider ; sauf qu'il se trouvait qu'elle était déjà assise, et il se retrouva donc debout tout seul.

Amusée, Karmen eut un rire léger, qu'elle étouffa dans sa main pour ne pas manquer de respect au roi face à elle, toujours debout. Il sembla l'entendre tout de même puisqu'il lui lança une œillade complice. Il se décida enfin à se rasseoir puis fit passer le plat jusqu'à la jeune femme.

-Vous devez avoir faim, je vous ai privé du début de votre repas. Déclara-t-il.

-Merci.

Curieusement, le banquet se déroula sans encombre, contrairement au premier qu'elle avait passé ici, dans cette salle. Les courtisans à la table étaient-ils plus corrects à cause de la présence du roi ? Idée à voir... Tout en est-il que personne ne vint l'enquiquiner cette fois sur une pièce de théâtre quelconque ou tout autre pique piégée.

Comme elle s'y attendait, sa première danse fut pour le roi Étienne, qui lui tendit la main à peine sorti de table : amusée, elle accepta et laissa ses gants sur une banquette dans un coin de la salle de bal : celui de ce soir marquait la moitié du séjour de la délégation du pays voisin à la capitale. Dans une semaine ils rentreraient chez eux, et la jeune femme s'en sentait bien triste.

-Avez-vous seulement connaissance de la joute verbale qui se livre normalement à table ? Le questionna-t-elle en dansant.

-Ma foi je la connais oui, je l'ai si souvent observée, mais personne n'a jamais osé avec moi.

-Je ne sais pas si je dois dire que vous manquez réellement quelque chose...plaisanta la jeune femme en regardant le lustre au dessus d'elle.

-Je m'y serais bien essayé, juste pour voir une fois ! Contra le roi en la faisant valser sur elle même.

De cette manière, lorsqu'il la tira vers lui, elle se retrouva collée à son torse imposant, les mains sur ses épaules pour se retenir : avec son éternel petit sourire charmeur, Étienne continua de danser comme si de rien n'était, leurs corps plus proches que jamais.

Autour d'eux, les courtisans ne manquaient pas une miette de la danse hypnotique des deux personnes, l'une étant le roi, invité d'honneur tout de même. Et l'autre ? Cette petit jouvencelle collée tout contre lui, qui était-ce ? Personne ne le savait mais tout le monde se le demandait.

Au fur et à mesure de la soirée, Étienne réquisitionna toutes ses danses tel un militaire sur un champs de bataille. Plusieurs hommes tentèrent de s'approcher, mais ils furent devancés à chaque fois. Un court instant Karmen espéra voir apparaître celui qu'elle attendait, mais elle ne le vit point, à aucun moment.

Alors elle continua à danser et s'appliqua à découvrir l'homme formidable qu'était celui face à elle, toujours agréable et drôle. Ils parlèrent si longtemps qu'elle en perdit la notion du temps. Ainsi elle apprit qu'enfant il était impossible de le laisser dans la même pièce que l'héritier du trône de l'époque, autrement dit le roi qui était son hôte aujourd'hui.

Mais depuis leurs relations avaient évoluées et ils semblaient – d'après lui – avoir trouvé un terrain d'entente. Même s'il n'apparaissait pas beaucoup en public, c'était selon Étienne un homme admirable.

Agacé qu'elle l'appelle majesté en le vouvoyant, il la menaça de la perdre dans le palais si elle refusait de l'appeler par son prénom et d'en finir avec toutes ces cérémonies. Elle capitula, n'ayant aucune envie de finir seule dans les couloirs obscurs qu'elle connaissait encore très mal.

Alors que la soirée touchait à sa fin, et que Karmen allait se retirer avec Logan, Thomas l'intercepta en lui attrapant le bras.

-Je suis déçu je n'ai pas eu ma danse, bougonna-t-il d'un air faussement déçu.

-Difficile de refuser quoi que ce soit à un roi...

-Vous marquez un point.

-Nous pouvons toujours danser si vous voulez.

-Non, non vous vous apprêtiez à vous retirer, je ne voudrais pas vous retenir. Je voudrais juste vous parlez, serait-ce possible ?

-Je vous écoute.

-Je voulais dire, en privé, précisa-t-il d'un air hésitant.

Karmen leva le regard vers Logan, qui opina du chef. Depuis le dernier accident et les ordres de Coyle, Karmen avait remarqué qu'il se débrouillait toujours pour être pas très loin d'elle. Il lui paraissait normal de lui demander de s'éloigner seule en compagnie de Thomas par conséquent.

Ayant obtenu son autorisation, la jeune femme suivit le conseiller vers l'extérieur de la salle, pour se retrouver dans un couloir plongé dans l'obscurité, uniquement éclairé par la lumière venant de la salle de bal et un petit rayon de lune de la fenêtre à carreaux d'en face.

Dos à elle, Thomas avait les bras croisés dans le dos et faisait des petits ronds en marchant devant elle, qui attendait patiemment. A des moments il relevait la tête pour parler puis se ravisait avant de repartir de plus belle, les mains toujours dans le dos. Au bout d'un moment, la jeune femme sentit l'agacement mêlé à de la curiosité poindre, et décida de parler :

-Thomas ? Tu voulais me dire quelque chose ?

-Oui je...enfin c'était le moment de...hésita-t-il.

-Thomas.

A l'énonciation de son prénom, le jeune homme releva la tête et riva son regard au sien : il avait l'air un peu perdu. Ne l'ayant jamais vu de la sorte, la jeune femme essaya d'y mettre un peu du sien : elle s'approcha de lui et lui sourit doucement, l'encourageant à parler d'un geste de la tête. Se tordant les mains, il se jeta enfin à l'eau.

-Je sais qu'on se connaît depuis peu de temps, mais je me sens différent. Tu m'as transformé Karmen, je ne sais pas si tu en as même conscience... Ta présence...C'est tout ce qui illumine mes journées et...

Il marqua une pause, semblant chercher ses mots en se mordillant la lèvre : anxieuse, la jeune femme avait perdu ses couleurs et son sourire aux premiers mots qui avaient jailli de la bouche de son « ami ». Elle voyait parfaitement où il voulait en venir, et craignait déjà la réaction que provoquerait sa réponse chez lui.

-Tu es essentielle, toi et ton sourire êtes ma raison de sourire, de vivre, de respirer...

La jeune femme commença à trouver qu'il en faisait beaucoup trop, elle était très peu fleur bleue, et ces longues déclarations de long en travers l'ennuyait. Clairement. Elle ferma son visage et ne laissa transparaître aucune émotion, alors qu'elle mourrait d'envie de l'empêcher de continuer pour conclure cette discussion au plus vite.

-Karmen. (elle releva son regard vers lui) Je suis tombé amoureux de toi. Et je sais que toi aussi.

Oula. Pause. La première partie de la phrase, oui elle s'en doutait bien. Mais la deuxième ? Était-ce une blague ? Elle, amoureuse de lui ? Elle était si choquée de cet avancement de sa part qu'elle ouvrit des yeux ronds sans le faire exprès, oubliant son plan initial de lui faire comprendre doucement – mais clairement – que cet amour n'était pas réciproque.

Qu'est-ce qui avait bien pu lui faire penser ça ? S'était-elle montrée trop amicale avec lui ? Aussitôt cette pensée ayant germé dans son esprit elle rougit ; bien sûr que oui elle s'était montrée trop amicale. Le bal. Sans même y penser elle avait contribué à déclencher tout ça. Elle regretta son geste à cet instant là plus que n'importe quand auparavant.

Perdue dans ses pensées, elle avait complètement évincé Thomas de son esprit, qui suite à sa tirade s'était approché d'elle.

-Karmen dis quelque chose je t'en supplie...

Elle releva la tête pour lui dire que supplier n'avancerait rien et que de toute manière elle s'était mal comportée et qu'elle s'en excusait, mais elle se retrouva à loucher sur le visage de Thomas qui s'approchait dangereusement – trop dangereusement ! – du sien pour...Mince. Il voulait l'embrasser, ne doutant même pas d'une réponse positive.

Prise de court, elle n'eut d'autre choix que de détourner la tête en fermant les yeux pour éviter de le laisser coller ses lèvres sur les siennes. Elle sentit le bref contact contre sa joue gauche, presque irréel tant il avait été bref. Quand elle releva la tête, Thomas avait un visage décomposé et semblait désespéré. Ses sourcils relevés et sa bouche encore légèrement entrouverte dans un « o » presque choqué auraient été comiques dans une autre situation, mais pas maintenant.

-Comment...mais qu'est-ce que tu..bégaya-t-il en paraissant ne plus savoir où mettre ses mains, qu'il agitait comme pour faire passer un message secret.

-Thomas je suis désolée, tu as mal compr...

-Non ! Cria-t-il soudain en la saisissant brusquement par les épaules. Tu n'as pas le droit ! Tu n'as pas idée de ce que...

-Mais arrête ! Qu'est-ce qui te prend tout d'un coup ?! S'écria-t-elle en retour en essayant de se dégager.

Les yeux remplis de haine mais aussi de panique, l'homme força Karmen à reculer jusqu'à la forcer à s'acculer au mur derrière elle. Coincée, elle n'eut d'autre choix que de continuer à parler pour le convaincre de sa méprise. Mais il ne paraissait pas voir les choses comme ça... Quelque chose avait vrillé dans son regard.

-Tu ne peux pas. Répéta-t-il encore une fois.

-Mais quoi ?

-Dire que tu ne m'aimes pas ! Tu dois m'aimer !

-Mais Thomas regarde les choses en face ce n'est pas le cas ! Protesta-t-elle avec véhémence.

-Ça le sera, je te forcerai s'il faut ! Beugla-t-il.

A ces mots la jeune femme comprit que Thomas pouvait devenir dangereux avec des telles idées. Une boule d'angoisse lui noua le ventre : si elle n'arrivait pas à le convaincre, qu'allait-il se passer ?!

-Thomas, s'il-te-plaît arrête, tu...tu me fais peur ! Hoqueta-t-elle.

-Dis le ! Dis que tu m'aimes ! Karmen ! Hurla-t-il en la secouant comme un poirier.

Le cœur au bord des lèvres, la jeune femme ne parvint pas à dire ce qu'il voulait entendre pour se libérer de son emprise et s'enfuir trouver Logan. Elle savait que ces mots ne lui étaient pas destinés, et les lui dire aurait été trahir leur sens. Elle garda le silence, et ce fut une larme qui coula sur sa joue, lentement, traçant un sillon plein de reflets derrière elle.

Les mains toujours crispées autour des épaules de la jeune femme avec autant de force, Thomas avait les yeux d'un fou : il semblait littéralement hors de lui : ce n'était plus le gentilhomme qu'elle avait appris à connaître ces dernières semaines. C'était comme sa version diabolique. Ou alors sa vraie nature révélée ?

Complètement fou, il la secoua encore une fois, espérant peut-être la faire changer d'avis, même si quelque chose dans son regard indiquait qu'il avait compris que ce ne serait pas le cas. A présent sûre qu'elle ne céderait pas, la jeune femme s'enferma dans son silence et ravala ses larmes qui menaçaient de dévaler ses joues tel un torrent.

-Tu n'as pas le choix ! Je suis si influant ici que je pourrai te faire couper la tête ! Bon sang, tu n'as pas compris à qui tu avais affaire ? Tu n'es rien ici, je suis tout !! Je veux quelque chose je l'obtiens ! Aboya-t-il en raffermissant un peu plus sa prise.

Levant la tête avec fierté, Karmen déclara tout simplement à la face du monstre révélé :

-Non.

Elle aurait dit mille et une insulte que Thomas n'aurait pas eu l'air plus choqué : interdit, il la dévisageait comme si elle venait de le gifler. Soudain, il leva la main et arma son bras à l'arrière, prêt à la frapper. Elle se recroquevilla entre ses mains, et ferma les yeux, consciente qu'elle ne pourrait pas éviter le coup.

Coup qui ne vint jamais : tremblante, elle releva les yeux avec lenteur au cas où le coup aurait juste tardé à venir, pour identifier la cause de ce revirement soudain. Elle n'eut pas à chercher bien longtemps : la main de Thomas était retenue à l'arrière, par une immense poigne ferme. L'air aussi surpris qu'elle, il avait tourné la tête pour voir à qui elle appartenait.

-La seule tête qui risque de valser loin de son corps ce soir c'est la vôtre, gronda une voix rocailleuse.

Chalouuuut!

Ça va bien?

Cette déclaration de Thomas, vous vous y attendiez? Son attitude après le refus de Karmen?

La voix derrière à la fin?

XOxo

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