31- Revendications
-Qu'est-ce qui vous fait croire que le roi vous cédera ce que vous voulez en me menaçant moi ? Bafouilla-t-elle.
-J'ai mes informateurs, je n'ai rien à vous expliquer que je sache.
Karmen sentit un frisson lui parcourir l'échine ; sa question était légitime, comment un roi pouvait-il plier devant la demande d'un hors-la-loi pour la sauver elle, une simple paysanne clandestine dans son palais ?
-Vous n'y arriverez pas avec moi, murmura-t-elle en serrant les couvertures contre elle.
L'homme la regarda d'un air moqueur et détourna le regard lorsqu'il avisa des yeux humides de son otage. Il savais qu'il aurait ce qu'il voulait, mais il n'avait aucun compte à lui rendre à elle. Elle n'était qu'un pion.
Avant de rentrer dans la chambre, il avait assommé proprement les gardes, de manière à ce qu'ils se réveillent quelques minutes plus tard pour aller prévenir de l'intrusion. Ce qui ne tarda pas.
-Qui est dans cette chambre ?! S'écria une voix grave derrière la porte.
L'homme bâillonna habillement Karmen de sa main et répondit :
-Je me nomme Edwin. J'ai en otage une jeune femme que je n'hésiterai pas à violenter s'il le faut pour obtenir gain de cause.
Un silence répondit à cette annonce : derrière la main d'Edwin, la jeune femme angoissait. Et si jamais on le laissait l'occire sans rien faire ??
-Que voulez vous ? déclara enfin la voix.
-Je veux obtenir réparation pour la mise à mort de mon père il y a quelques semaines de cela, Americ Kolo. Je suis son fils.
Karmen étouffa une exclamation derrière son « bâillon » : c'était l'homme qui avait été pendu le jour où Karmen avait sauvé Iris ! L'homme qui la retenait en otage était son fils !
-Il n'était pas coupable des crimes qui lui étaient reprochés, ses coéquipiers lui ont collé l'affaire sur le dos avant de s'enfuit, j'ai des noms, poursuivit-il.
Karmen tourna la tête de force et le supplia d'enlever sa main du regard : hésitant, il finit par y concéder en lui faisant signe de ne rien tenter...Pour sa propre sécurité.
-Je demande audience au roi ici même et maintenant ! Tonna-t-il.
Des bruits de pas précipités retentirent derrière la porte et le clame revint aussi vite qu'il était venu. Déroutée, Karmen se retourna vers son ravisseur qui fixait la porte avec une espèce d'anxiété dans le regard.
-Alors vous êtes là pour laver l'honneur de votre père? Demanda-t-elle doucement.
Il la fixa durement, mais finit par répondre :
-Qu'est-ce que cela peut bien vous faire ?!
-Mon père a été assassiné sous mes yeux, énonça calmement la jeune femme sans le quitter des yeux.
Mais à l'énonciation de cette simple phrase, Karmen vit que le regard d'Edwin s'était adouci. La jeune femme ne lui voulait vraiment aucun mal, elle connaissait cette sensation de rage, surtout lorsqu'elle était provoquée par la mort d'un proche. Peut-être que je pourrais résoudre le problème moi-même...
-J'allais avoir 17 ans. Ces assassins sont rentrés juste après que mes parents m'aient cachée dans le cellier. La seule chose que j'ai vu ce fut les gouttes de sang contre la serrure. Ça ne m'a jamais quittée complètement. Mais on apprend à vivre avec.
L'homme en face d'elle ne put le nier, les paroles prononcées par la jeune femme trouvèrent un écho particulier en lui. Mais...il voulait réparation ! Cela faisait des semaines qu'il prévoyait tout dans les moindres détails, et... il n'était pas venu pour échouer si près du but !
Karmen sentit avec regret cette petite brèche, lueur d'espoir, se refermer dans le regard du fils maudit. Son regard se refit noir et inquiétant, et il évita le regard démuni de sa captive de longues minutes interminables dans toute cette tension.
-Ne te laisse pas envahir par la colère...
Elle n'aurait pas du dire cela : elle le sentit à l'instant même où il se retourna vers elle la main levée. Sa paume vint percuter sa joue dans un bruit sourd, la projetant contre la couche.
-Tu n'as AUCUNE idée de ce que je peux ressentir alors ta gueule ! Vociféra-t-il rouge de colère.
Apeurée, la jeune otage se réfugia de l'autre bout du lit sous le regard brûlant de son ravisseur : pas question qu'elle lui échappe. C'était sa monnaie de sortie. De longues minutes s'écoulèrent encore avant que des signes de vie leur parviennent de l'autre côté de la porte.
-Son altesse royale concède à négocier avec vous en direct, annonça une voix masculine.
Edwin jeta un regard triomphant à Karmen, l'air de dire «Je te l'avais bien dit ! » et se saisit de sa dague et se leva pour s'approcher de la porte.
-Je veux que toute personne inutile aux négociations s'en aille. Déclara une voix rauque et grave, pleine d'autorité.
Même de là où elle était, Karmen frémit en sentant l'autorité se dégager de cette phrase, si banale en apparence...Le souverain était arrivé. Lui seul pouvait décider de son avenir, mais de toute manière, s'il la voyait, il la renverrait non ?
Elle sursauta lorsque Edwin revint vers elle la dague au poing : il affichait une mine si déterminée qu'il lui faisait peur ! Elle cria et tenta de se débattre lorsqu'il la saisit par les cheveux mais ne put résister à sa force lorsqu'il la traîna devant la porte.
-Arrêtez immédiatement ce que vous faites à cette jeune femme ! Tonna la voix derrière la porte.
Karmen gémit sous la poigne d'Edwin, qui ne desserra pas sa prise pour autant. Elle se sentait si faible...
-Je fais ce que je veux tant que je n'ai pas obtenu gain de cause, grinça-t-il.
-Qu'est-ce qui vous fait croire que je vais tout tenter ? Demanda le roi derrière la porte.
-J'ai vraiment besoin de vous l'expliquer ? Railla Edwin en tirant un peu plus fort sur la chevelure de la jeune femme.
-Aaah arrêtez je vous en pris ! Hoqueta celle-ci en essayant de saisir les mains derrière son cou.
Le souverain sembla abattre son poing contre la porte avec violence vu comment celle-ci se mit à trembler sur ses gonds...
-Lâchez la ou aucune négociation ne sera plus possible !
Grognant avec colère, Edwin accéda toutefois à la demande de son roi, même s'il jeta la jeune femme plus qu'il ne la lâcha... Elle heurta la porte dans un grand fracas et s'écroula contre...A cause du choc, une bosse commençait déjà à se former sur sa tempe.
Silencieuse, elle ne sut retenir quelques larmes. Derrière elle, Edwin s'était reculé et attendait les bras croisés.
-Je veux une preuve qu'elle va bien, annonça la voix vibrante de colère de l'autre côté de la porte.
Le ravisseur fit signe sèchement à sa captive de s'exprimer, ce qu'elle fit sans tarder. La porte ça allait une fois merci.
-Votre majesté...Je..enfin je n'ai subi presque aucun dommage...Aidez moi.. balbutia-t-elle en le suppliant.
Un grognement étouffé lui parvint de l'autre côté de la porte, mais aucune réponse : le souverain avait-il changé d'avis ? Allait-il la laisser là, seule ?!
-Que revendiquez-vous ? Explosa-t-il soudain.
-Le somme que vous devez payer pour libérer 10 chevaliers des rangs ennemis, en dédommagement de la mort non justifiée de mon père !
Karmen hoqueta : cela représentait beaucoup d'argent ! Un chevalier retenu captif coûtait déjà 1000 pièces d'or à la couronne, alors 10 ?! Donc 10 000 pièces ?! Jamais le roi n'accepterait !
Elle tourna la tête et vit que Edwin était dans un état proche du sien : cette demande démesurée allait-elle passer ?
-Je dois prendre soin de ma petite sœur depuis la mort de mon père, qui l'a beaucoup affectée. Renchérit-il.
Karmen n'entendit aucune réponse et commença à paniquer : son ravisseur semblait s'échauffer et approchait d'elle à grand pas. Elle cria et se plaqua contre la porte mais ne parvint pas à lui échapper. Il plaqua l'acier froid de sa lame contre sa gorge, juste sous la carotide.
La jeune femme déglutit péniblement mais ne parvint pas à prendre la parole, de peur d'enfoncer involontairement la lame dans sa veine.
-Que se passe-t-il ? Aboya la voix grave.
-Rien pour le moment, mais si jamais VOUS continuez à ne rien faire la jeune demoiselle en pâtira. (il promena la lame contre la peau fine de son otage) C'est fou ce que sa peau rend de jolis reflets contre ma lame, vous devriez voir ça...le nargua-t-il.
Un grand coup frappé contre la porte fit sursauter les deux personnes enfermées dans la pièce : le roi semblait ne pas apprécier la provocation.
-Cessez cela ! Si elle perd la vie je vous écorcherai vif espèce d'orchidoclaste!
Edwin blêmit sous l'insulte puis éloigna cependant sa lame du cou de la jeune femme, mais sans la lâcher pour autant. Coincée contre le corps massif de son ravisseur, elle ne pouvait pas esquisser le moindre geste.
-Majesté ne perdez pas votre argent, cet homme n'est motivé que par...
Karmen fut interrompue par l'étau de fer qui comprima soudain sa gorge. Les yeux exorbités, elle comprit qu'il l'étranglait. Son instinct de survie prit le dessus, elle commença à ruer dans tous les sens, bien que coincée dans les bras puissants autour d'elle...
Ses gargouillements étouffés durent parvenir de l'autre côté de la cloison puisque le roi commença à tambouriner avec force contre le bois.
-Cessez vous dis-je ! Sinon je ne réponds plus de rien ! Rugit-il.
A la limite de l'inconscience, Karmen vit du coin de l'œil son ravisseur ouvrir la bouche pour répliquer quand soudain elle sentit son corps se raidir contre le sien. Lentement, la prise autour de sa gorge se desserra, et le corps de Edwin glissa au sol.
Incrédule, elle se retourna et ne mit pas longtemps à comprendre ; étendu sur le ventre, une flèche dépassait largement entre les omoplates de l'homme. Derrière lui la fenêtre était ouverte, le tireur avait du se positionner dans l'un des arbres en face pour tirer.
Fébrile, elle toucha la carotide de son agresseur et ne put que constater son décès. Le souffle court, elle resta ainsi prostrée un moment, saisissant des brides de conversation derrière la porte.
-...tu es fou ! Siffla une voix qui ne lui était pas inconnue.
-N'essaye pas de m'en empêcher tu...
-Tu dépasses les bornes, écoute moi.
Des murmures indistincts s'ensuivirent, tandis que Karmen peinait à reprendre ses esprits. Finalement, elle se releva et hésita à ouvrir la porte : qui se trouvait derrière ? Allait-on l'arrêter ?
Elle prit la décision de l'ouvrir. Précautionneusement, elle se releva, mais fut aussitôt prise de vertiges : elle tenta bien d se rattraper, mais elle ne put que subir la chute qui s'ensuivit.
Sa tête heurta violemment un angle sorti de nulle part, et elle perdit conscience instantanément, le sang s'écoulant déjà de sa blessure.
-Attend tu as entendu ?
-Nick est-ce que au moins tu...
-Non je ne parle pas de ça, mais du choc derrière la porte il y a quelques secondes.
-Je n'ai pas...
La porte s'ouvrit dans un grand fracas, et deux hommes déboulèrent dans la chambre, arme au poing. Karmen gisait non loin d'un cadavre, la tête ensanglantée et les yeux clos.
J'attendais depuis longtemps de l'écrire ce chapitre, enfin!😋
Alors cette intervention royale?👑
L'agression?⌚
Xoxo et merci pour les 3k vous êtes des amours 😘
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