28- Liqueur
*Un long chapitre que j'ai coupé en deux, la partie suivante arrive lundi ou mardi du coup*
Point de vue de Coyle :
Coyle se passa main sur le visage lentement, comme pour évacuer toute la fatigue qu'il sentait s'accumuler. Il travaillait beaucoup, dur et tard. Et il ne dormait même plus... Il avait déserté le divan de la chambre, cette cohabitation avec Karmen devenait délicate.
Cette femme...réveillait une partie de lui qu'il croyait enfouie à jamais. En sa présence, il redevenait celui d'avant, avant que tout cela n'arrive...Il n'arrivait pas à contrôler ses gestes, ses paroles et ses pensées et cela l'effrayait.
Il fallait qu'il se ressaisisse, on avait besoin de lui, mais il ne parvenait pas à se résoudre à se séparer d'elle : elle s'était ancrée si naturellement dans son quotidien...il se voyait mal la renvoyer aux prisons, où elle n'avait rien à faire.
Depuis la semaine dernière, il ne lui avait parlé qu'une seule fois, dans les jardins. Alors qu'il était en réunion avec les principaux vassaux du royaume et tous les nobles de la cour, il avait ouvert la fenêtre pour prendre l'air, et se souvenait de cette frayeur lorsqu'il l'avait aperçue hurlant à gorge déployée, dominée par l'ombre d'un autre homme.
Il était en plein conseil à ce moment là, certainement le plus important de l'année. Mais comme à chaque fois, il n'avait pas écouté sa raison et s'était rué en dehors de la salle, l'épée dégainée.
-Attendez moi je reviens ! Avait-il hurlé.
Il savait que personne ne pourrait rien dire sur son comportement, mais entendait déjà les ragots dans son dos. Peu importait, Karmen était en danger à ce moment là, et pour lui rien d'autre ne comptait.
Il était arrivé sur les lieux une minute plus tard, avait tiré Karmen sur ses jambes pour l'éloigner de son agresseur et s'était occupé de celui-ci. Il se souvenait de son regard effrayé lorsqu'il l'avait reconnu, de sa tentative de s'excuser, mais il avait dû l'assommer avant qu'il n'en dise trop.
Il s'était retourné vers la jeune femme pour vérifié son état, et son cœur avait manqué un battement en voyant l'état déplorable dans lequel elle se trouvait : agenouillée au sol, le dos courbée, elle fixait le vide sans avoir l'air d'être vraiment là...
-Ça va ? Lui avait-il demandé.
Et là...Elle l'avait regardé d'un air si perdu et peureux qu'il avait regretté son ton froid. Elle s'était affaissée un peu plus sans un mot, et fixait le ciel, complètement ailleurs. Encore sur le qui-vive de ce qui venait de se produire, il l'avait soulevé, comme une poupée.
Tout le long du trajet elle n'avait pas articulé un mot et n'avait pas réagi aux paroles des courtisant qu'ils avaient croisés, déjà en train de parler de ce qui s'était passé dans la salle du conseil...
Il l'avait ramenée à la chambre, bordée, mais elle avait posé sa minuscule main sur son bras : il n'avait pu réprimer un frissonnement à ce contact perdu depuis une semaine. Il ne pouvait pas le nier, cela lui avait fait quelque chose.
-Restez, s'il-vous-plaît...
Il avait été à deux doigts de céder. Mais il ne pouvait pas. Il lui mentait encore et encore et commençait à s'en vouloir, il ne voulait pas...s'attacher. Il ne pouvait plus. Alors il était retourné à sa réunion, emportant avec lui la marque brûlante de sa main sur son bras.
Point de vue de Karmen :
-Il est passé ?
-Non mademoiselle...Le repas était posé contre la porte mais je n'ai vu personne...souffla Lina.
Karmen referma les yeux et rejeta sa tête dans les oreillers, la mine renfrognée : depuis l'épisode dans les jardins il ne s'était toujours pas remontré. Il ne pouvait pas disparaître, lui sauver la mise en silence et repartir ! Il ne pouvait pas ! N'avait pas le droit !
Aussi énigmatique soit-il, il n'en restait pas moins un être humain...Qui manquait à tous ses devoirs. Depuis quand ne prenait-on pas de nouvelles de quelqu'un de la sorte ? Méditant sur ses pensées, elle se rendit compte de leur égoïsme et rougit ; qu'est ce qui lui prenait de penser ainsi ?!
-Lina, mets de l'eau chaude dans la baignoire s'il-te-plaît.
Aussitôt la petite s'exécuta, sans un mot. La jeune femme s'attachait de plus en plus à elle, elle était si mignonne ainsi, tellement innocente...
-C'est fait, annonça-t-elle en revenant quelques instants plus tard.
Pressée de décompresser un bon coup en cette fin de matinée, Karmen se plongea dans la baignoire et manqua presque de glisser. Dès que l'eau eut enveloppé son corps, elle se sentit mieux, plus détendue. Ses soucis lui sortirent de la tête un moment, jusqu'à ce qu'elle sorte de l'eau.
Seule dans cette chambre encore une fois, elle fit les cents pas en se rongeant les peaux : qu'avait-elle la possibilité de faire ?
Elle fit le tours des meubles, mais ils ne présentaient rien d'intéressant. Sauf le petit sous la fenêtre au fond...Elle ne l'avait jamais remarqué jusque là. Elle s'approcha en penchant la tête sur le côté, tel un chat curieux.
C'était une sorte de mini-bar, avec une porte coulissante. A travers la vitre, elle nota la présence de nombreuses bouteilles, toutes remplies de très bons alcools, très forts. Elle en avait déjà vu lorsqu'elle était encore serveuse à la solde de Silas, et se rappelait que certains soldats ressortaient bien éméchés après seulement quelques verres.
Elle fit coulisser la porte, et caressa d'un air fasciné les petites bouteilles du bout des doigts : et si...
-Bon de toute manière, qu'est ce que je pourrais bien faire de mal ici ?
Rigolant toute seule, elle saisit plusieurs bouteilles entre ses bras et se redressa : elle n'avait qu'à...les poser sur le bureau tiens. Elle prit un verre minuscule, se disant qu'elle boirait moins ainsi.
Elle savait que noyer ses tourments dans l'alcool ne résoudrait rien, mais pour le moment elle en avait envie. Pour une fois elle allait braver des règles et s'amuser un peu, même si c'était seule, face à un bureau de marbre avec des bouteilles qui n'étaient même pas les siennes.
-Commençons par...de l'eau de vie tiens. J'ai toujours rêvé d'y goûter.
Elle se versa un petit verre pour commencer, et l'avala d'une traite. L'alcool lui brûla la gorge au passage, laissa derrière lui une sensation de chaleur. C'était affreux et agréable à la fois.
Curieuse, elle recommença, et la sensation de brûlure disparut petit à petit pour laisser place à cette douce chaleur. A présent elle ne pouvait plus s'arrêter, chaque verre en appelait un autre. Elle se découvrit une étonnante résistance à l'alcool, même si la tête lui tournait et que ses pensées étaient de moins en moins cohérentes.
Elle essaya le poteen, le whisky, l'absinthe, ainsi que de la vodka et du rhum. Surtout le rhum. Qu'est ce que c'était bon d'ailleurs ! Pour le coup elle allait en reprendre un coup. Peut-être deux...De toute façon à quoi cela servait-il de compter ?
Les bouteilles roulaient sous le bureau l'une après l'autre. Bientôt, elle n'eut plus rien à avaler. Elle tenta de se lever pour retourner en chercher mais le sol semblait...onduler ?
Ricanant comme une idiote, elle fit le chemin à quatre pattes, les yeux fixés sur le mini bar au loin...Si loin ! Elle eut l'impression de mettre une éternité à l'atteindre. Une fois devant, elle se redressa et saisit plusieurs bouteilles au hasard, de toute manière elle n'arrivait plus à lire quoi que ce soit. C'était comme si elle venait de sortir la tête de l'eau ! Sa vision était complètement brouillée.
Elle tituba jusqu'au bureau, qui avait l'air de s'éloigner dès qu'elle faisait un pas...Agacée, elle manqua d'éclater plusieurs bouteilles au sol, qu'elle rattrapa de justesse. Ce qui lui donna une petite idée : pourquoi ne pas essayer de danser !
Elle garda une bouteille dans chaque main, débouchées, et commença à esquisser quelques pas de danse. Ses pieds et ses bras ne semblaient pas très coordonnées pour le moment...
-Youpoupidou ! (elle avala une autre gorgée de vodka) Pouah ça fait du bien !
Sur un petit nuage, elle continua de s'agiter dans tous les sens, persuadée d'être une danseuse étoile devant toute la cour.
-Applaudissez encore ! Hurla-t-elle en débouchant une énième bouteille.
A présent elle était déchaînée, elle n'entendit même pas la cloche du soir. Ses pas de danse étaient tout ce qu'il y avait de plus désordonné mais à ses yeux c'était parfait. Elle était parfaite. Elle était si...Bourrée.
C'était comme si sa conscience était sortie de son corps. Une bouteille de rhum dans une main et un coussin dans l'autre, elle poursuivait à présent un être imaginaire, animal ou humain, impossible à dire.
-Mais attennnnnd ! Je veux jouer ! Viens on se tape ! Allez !
Elle hurlait à tue-tête en agitant le coussin au dessus de sa tête lorsque la porte s'ouvrit derrière elle. Complètement ivre, elle ne nota même pas la présence de quelqu'un d'autre dans la chambre.
Karmen qui craque?🍺
Qui est rentré dans la chambre?🐾
J'avoue avoir fait une recherche pour trouver les noms des boissons, j'avais pas d'idées! 😂
Xoxo😘
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