27- Escapade

Tout le long de la semaine qui suivit, le perdant de cette joute n'adressa pas une seule fois la parole à la jeune femme. A vrai dire elle ne le voyait même plus. Il ne rentrait pas manger, ne travaillait plus dans la chambre et ne rentrait pas non plus dormir.

La jeune femme vivait seule dans cette grande chambre. Mais le pire dans tout ça, c'est qu'elle ne savait toujours pas précisément pourquoi : l'avait-elle vexé en le battant ? Ou alors l'armure était-elle un mauvais souvenir ? A moins que ce ne soit le combat lui même ?

Elle n'avait même pas la possibilité de lui poser la question puisqu'il fuyait la chambre et qu'elle même ne pouvait pas en sortir. Elle allait devenir folle à force de rester enfermée seule. La petit Lina avait bien essayé de la distraire en lui demandant de lui raconter son histoire, mais de mauvaise humeur, Karmen l'avait renvoyée de la chambre.

Aujourd'hui,c'était décidé, elle sortait. Déterminée, elle coiffa sa tignasse en une longue tresse dans son dos, enfila un pantalon large qui traînait, une chemise blanche bouffante abandonnée un peu plus loin, et saisit l'épée qui était restée au sol depuis la confrontation.

Elle n'avait pas l'intention de faire des folies, juste de prendre l'air dans les jardins et de s'entraîner un peu seule. Elle revêtit une cape bleu marine dont elle mit la capuche, puis inspira un grand coup avant d'ouvrir la porte. Il ne fallait pas qu'on la voit.

-Mince par où on était passé déjà ? Murmura-t-elle sous sa capuche.

Elle tourna la tête de tous les côtés pour tenter de se repérer, ce qui n'était pas chose aisée étant donné qu'elle avait vu ce couloir une seule et unique fois, mais de nuit !

-Bon je crois que c'était là bas...J'espère qu'il n'y aura pas de gardes.

Elle failli pouffer en se rendant compte qu'elle parlait toute seule pour se rassurer : vraiment c'était pitoyable ! Elle sursauta cependant lorsque des voix retentirent à l'autre bout du couloir : immédiatement elle réagi en se cachant derrière une colonne.

-Je te jure ! Fit un garde en passant.

-C'est tellement bizarre...répondit un autre.

-Tout le monde dit qu'il est absent et qu'il n'écoute personne...

-Ça va semer la panique si ça continue, d'ailleurs, là la grande réunion a débuté, on devrait y aller.

Karmen attendit que leurs voix se tassent puis sortit de sa cachette. Elle se demandait bien de qui ils parlaient, mais elle n'eut pas le loisir de s'appesantir sur la question : il fallait qu'elle sorte - et vite - si elle ne voulait pas faire d'autres rencontres de ce genre.

Après avoir tourné dans les couloirs un petit moment, sans faire de mauvaises rencontres, elle aperçut enfin la verrière de la dernière fois. Vérifiant pour la énième fois qu'elle était seule, elle se hâta vers la sortie, un léger sourire flottant sur les lèvres. Elle avait réussi !

-Allez on se dégonfle pas, souffla-t-elle en poussant le dernier battant de ses petites mains.

Mais une fois arrivée dehors, elle comprit que tout ça valait le coup ; les jardins en pleine journée étaient tout simplement splendides ! C'était mille fois mieux que de nuit dans le sens où toutes les plantations étaient visibles. A chaque instant ses avantages...

Lâchant un petit rire enfantin, la jeune femme courut vers le fond des jardins, où personne ne risquait de la trouver. Après tout les jardins étaient officiellement interdits d'accès, mais curieusement...elle n'en avait rien à faire. Elle ne supportait plus d'être enfermée seule.

Une fois sûre d'être assez loin, elle retira son capuchon et commença à s'étirer : de là où elle était, seules quelques fenêtres étaient visibles, dont une extrêmement large vers le 2nd étage. Peut importe je suis re qu'elles sont toutes vides.

-Parade, attaque, fente et contre, récita-t-elle en réalisant les mouvements de base pour commencer.

Petit à petit, elle accéléra le mouvement et perfectionna chaque détail, comme le lui avait appris son père. Elle répéta chaque étape une nombre incalculable de fois, si bien qu'elle perdit toute notion de l'espace et du temps.

Elle se sentit merveilleusement bien. Chaque mouvement était fluide et agréable, ses blessures n'étaient plus que de vagues souvenirs à présent.

-Eh vous là !

Karmen sursauta, et rattrapa son épée de justesse par le bout de la lame : un garde se dirigeait vers. Et elle avait été trop bête pour ne pas faire plus attention. Fébrile, elle ramassa la cape, cacha son visage et se mit à courir.

Chaque foulée lui demandait plus que la précédente, mais il n'était pas question qu'elle s'arrête pour faire face à son poursuivant ; elle était déjà dans une situation assez délicate comme ça.

-Arrêtez vous c'est un ordre ! S'époumona l'homme derrière elle.

Karmen commença à avoir peur : il ne faiblissait pas, et elle était perdue dans des jardins qu'elle n'avait visités qu'une fois...De nuit.

-Ne m'obligez pas à...

Karmen se sentit brusquement tirée en arrière, un bras de fer autour de sa taille. Par réflexe, elle poussa un cri et se débattit pour qu'on la lâche.

-Lâchez moi merde !

-Certainement pas vous...Attendez, vous n'avez pas une voix d'...

Il la retourna face à lui, et dans le feu de l'action le capuchon descendit, révélant son visage d'ange entouré de ses boucles brunes désordonnées. Essoufflée, la jeune femme avait aussi les joues rouges et le regard animé.

-Ça devient plus intéressant, déclara le garde en souriant.

Karmen tressaillit : pas encore un autre...Mais le garde ne laissa aucune place au doute lorsqu'il empoigna la chevelure de la jeune femme pour la contraindre à s'agenouiller derrière un bosquet. Affolée, elle cria de toutes ses forces, tant pis si on la trouvait là, tout était mieux que d'être violée.

Au dessus d'elle, elle vit la grande baie vitrée s'entrouvrir un court instant, mais ne distingua aucun visage. C'était pratiquement impossible qu'on l'aie vue là où elle était... Les sanglots n'étaient à présent pas loin, et tandis que le garde tentait de l'empêcher de crier - sans succès - les mauvais souvenirs revenaient au galop.

Alors qu'elle commençait à perdre la tête, déboussolée, elle se sentit tirée vers le haut par une poigne ferme qui l'éloigna du garde. Elle n'eut même pas le temps de vérifier l'identité de son sauveur que celui-ci était déjà sur le garde, l'épée au poing.

Le combat dura quelques fractions de secondes, pendant lesquelles son agresseur fut désarmé et projeté au sol. Lorsqu'il leva les yeux vers l'homme qui le dominait de toute sa hauteur, ses yeux s'agrandirent de surprise et il bégaya en levant les mains:

-Oh...Je ne savais pas ! Je vous...

Mais il n'eut pas le temps de terminer sa phrase que le pommeau de l'épée avait déjà frappé son crâne, le plongeant dans l'inconscience. Après s'être assuré qu'il était bien dans les vapes pour un moment, le sauveur de Karmen se retourna vers elle, et lorsque leurs regards se croisèrent, elle se pétrifia ; que faisait-il ici ?!

Le regard gris métallique de Coyle avait happé le sien, l'emprisonnait et le sondait sans pitié : choquée de tout ce qui venait de se passer, elle ne réagit pas et resta agenouillée à terre, figée. Il était là, juste en face d'elle, après une semaine d'absence. Comme ça. Simplement.

-Ça va ? Demanda-t-il d'une voix froide.

Non, non, ça elle n'allait pas pouvoir. Supporter son attitude détachée alors qu'elle avait failli se faire violer dans les jardins, c'était trop. Elle se laissa glisser un peu plus et se retrouva à fixer le ciel sans rien y pouvoir.

Elle sentit les bras de Coyle passer sous elle pour la soulever : il la porta jusqu'à l'intérieur en silence, alors qu'elle se repassait la scène en boucle dans sa tête. Ça avait failli arriver. Une fois encore. Alors qu'elle avait juste voulu sortir prendre l'air.

Elle était encore en train d'y penser lorsqu'ils croisèrent quelques courtisans : aussitôt Coyle rabattit la capuchon sur la tête de la jeune femme et baissa la tête en passant près d'eux.

-Oui on m'a raconté ça aussi ! Disait l'un d'eux.

-Comme ça sans explication ? Renchérit un autre.

-Comme une tornade, personne n'a compris mais il est parti, et croit moi cela faisait des semaines qu'il n'avait pas eu cet éclat si particulier dans le regard.

Karmen n'arriva pas à saisir le foncement de sourcils de Coyle, mais lui pressa le pas : il ne manquerait plus qu'elle pose des questions sur les intrigues de la cour...

Une fois de retour à la chambre, il la déposa sur le lit, la borda et se prépara à repartir lorsqu'il sentit sa petite main saisir son poignet pour le retenir.

-Restez, s'il-vous-plaît...

Il se retourna, croisa son regard et tressaillit : elle avait l'air si fragile ainsi...il retira sa main, espérant qu'elle n'avait pas senti le frissonnement de sa peau.

-Je ne peux pas j'ai une réunion on m'attend.

Impassible face à son expression suppliante, il franchit le seuil de la porte en emportant avec lui l'image de la jeune femme désemparée, les larmes aux yeux. Il s'en voulait d'être aussi injuste et méprisant, mais il avait son rôle à jouer...

Karmen qui a besoin d'air: pas forcément une super idée?😕

Coyle à la rescousse? (encore!)😂

L'attitude du soldat? (J'ai perso une petite envie de lui briser les couilles)🙅

Xoxo de la montaaaaaagne (et de mes pauvres pieds décédés 40 fois aujourd'hui....)😘

ET BONNE FETE NATIONALE !🎉

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top