21- Cauchemar
Attention, quelques mots un peu crus en début de chapitre! Bonne lecture.
-Viens poupée...
Karmen se blottit le plus loin possible du monstre qui l'appelle, main tendue vers elle. Il a toujours ce sourire carnassier, cette lueur lubrique dans le regard, c'est sans issue !
-Arrête ! Sanglote-t-elle en se repliant sur elle même.
Mais sourd à ses suppliques, son bourreau s'approche et commence à caresser sa peau de ses mains avides, tandis qu'il l'embrasse de force. Ses baisers langoureux ne font naître aucun désir chez la jeune femme, submergée par le dégoût. Le dégoût d'elle même, de son corps et de sa faiblesse.
-Viens là sale chienne, ne fais pas d'histoires, grogne à nouveau le colosse au dessus d'elle.
D'un geste sec et sans bavure il arrache sa robe qu'il jette au loin, sans un regard en arrière. Sa seule et unique obsession est de satisfaire son désir charnel avec cette femme. Femme qui réduite à l'état d'objet, ne s'appartient plus du tout. Elle n'est qu'une ombre.
-Je vais te faire jouir tellement fort que tu vas en redemander.
Le langage cru et sans autre signification possible de son ravisseur fait frémir la jeune femme, coincée sous le corps massif d'un homme qu'elle répugne.
Ses mains s'aventurent à présent au niveau de son intimité, comme la première fois. Moins surprise, Karmen serre toutefois les dents :son impuissance lui donne envie de vomir...
Soudain au dessus de sa tête, un parfum familier lui fait lever la tête : des gens sont autour d'elle et assistent à tout ! Mais le pire...Le pire c'est qu'elle les connaît.
« Mona. Maxime. Pit. Iris. Émile. Coyle, les identifie-t-elle sans peine.
Penchés au dessus d'elle, tous la regarde avec condescendance pendant que son agresseur poursuit son exploration dévastatrice.
-Tu es une lâche, crache Mona froidement.
-Pitoyable, tu le mérites, renchérit Maxime en serrant la main de Mona.
Karmen a les larmes aux yeux, mais ses anciens amis n'en ont pas fini avec elle.
-Dire que j'ai supporté la prison pour devoir être avec toi après, souffle Iris en pinçant ses narines.
-Veiller sur toi était un calvaire, ajoute Émile en la foudroyant de ses yeux bleus.
Pit se contente de ricaner d'un air dédaigneux, pendant que Coyle fait un pas en avant.
-Tu es une catin, complète-t-il.
Ses yeux métalliques transpercent violemment le regard de la jeune femme prise au piège. Elle n'a même pas le temps de se demander ce qu'il fait là alors qu'il enchaîne d'une voix froide, dénuée d'expression :
-Je suis soulagé de ne plus avoir à supporter le poids que tu m'imposais en vivant dans MA chambre. Tu vas satisfaire cet homme et retourner en prison. Tu n'inspires que pitié et dégoût, je ne sais pas comment j'ai pu te supporter.
Touchée jusqu'à la plus petite fibre en elle, Karmen éclate en sanglots devant ces mots cruels, qui achèvent de lui faire perdre la raison. Lorsqu'elle comprend que Bastien va passer à l'acte, elle ferme les yeux très fort, et part...loin, loin de tout.
-Karmen réveille toi ! Crie une voix
La jeune femme, consciente, refuse cependant d'ouvrir les yeux. Les souvenirs affluent aussitôt dans son cerveau, lui coupant toute envie d'ouvrir les yeux.
-Bastien...Non, gémit-elle en se roulant en boule.
-Bastien ? Mais que... ?
La voix proche de son oreille n'achève pas sa phrase, et la jeune femme se crispe, craignant de nouveaux coups : cependant, rien ne vient. De plus en plus anxieuse à l'attente de la douleur, elle sert fort dans son poing...Une couverture ?
La douceur surprenante de l'étoffe serrée entre ses doigts fins achève de la convaincre d'ouvrir les yeux. En effet c'est une couverture qu'elle sert contre elle... A travers ses paupières, elle suit les arabesques finement cousues dessus avec un fil d'or.
-Il veut m'acheter avec des cadeaux le porc, murmure-t-elle pour elle même.
Complètement perdue, elle pousse un cri quand une main ferme la retourne de l'autre côté du lit : ça y est il va encore la violer ! Se débattant comme un diable, elle hurle comme jamais pour qu'on la lâche : aussitôt la poigne se desserre autour de son épaule, et elle se réfugie à l'autre bout du lit.
Roulée en boule, au bord de la crise de nerfs, la jeune femme ne remarque pas le regard inquiet posé sur elle, ni son environnement. Tout ce qui compte en cet instant présent c'est que personne ne la touche.
-Karmen bon dieu calme toi, souffla la voix à l'autre bout du lit.
Sourde à cette voix qu'elle ne reconnaît même pas, la jeune femme se balance d'avant en arrière, les bras serrés autour de ses genoux : les images de son viol tournent en rond dans sa tête et achèvent de la rendre folle. Ses mains contre ses cuisses, ses baisers bestiaux, le moment où il est rentré en elle...
-Mais qu'est-ce que tu as...
Absente à elle même, Karmen se balance un peu trop fort en arrière et tombe à la renverse : elle heurte le sol brusquement, mais dans un état de semi-conscience tel qu'elle ne sent même pas la douleur.
Elle reste étendue ainsi quelques secondes avant qu'un visage n'apparaisse au dessus d'elle. Les boucles blondes en bataille, les yeux gris métallique...La jeune femme met un moment avant de mettre un nom dessus. Coyle.
-Rien de cassé encore ? Lance celui-ci en lui tendant la main.
Sonnée, Karmen fixe cette main pendant que les paroles de Coyle lui revienne en mémoire : « Tu n'inspires que pitié et dégoût, je ne sais pas comment j'ai pu te supporter... Je suis soulagé »
Les larmes montent seules, et quelques instants plus tard la jeune femme est étendue face contre terre au pied de son sauveur, à pleurer sur la cruauté de ses mots. Comme une litanie, elle répète ce qu'il lui a dit comme pour s'en convaincre. « Je suis soulagé »
Pourquoi ces mots la blessent-ils autant ? Elle, Karmen, insensible à tout, capable de jongler entre les masques, réduite à néant par de vulgaires insultes ? Impensable.
Un bruissement au dessus d'elle lui indique qu'il s'est agenouillé à ses côtés : lorsque sa main passe sous le creux de ses reins, elle frémit mais ne relève pas la tête. Elle ne réagit pas non plus lorsqu'il la porte jusqu'au lit pour l'y déposer délicatement. Le contact du matelas contre son dos lui fait oublier un court instant ses tourments, tandis que Coyle s'assoit sur le bord du lit à ses côtés.
-Bon prend le temps de te calmer et raconte moi ce qui t'a mise dans cet état à t'en faire tomber du lit en hurlant alors que tu dormais...
Karmen inspire profondément en fixant le sommier du lit, et se ressaisit ; un rêve. C'était juste un rêve. Personne ne l'a violée, Bastien est bel et bien mort, ses amis ne lui ont pas parlé, et Coyle n'a pas prononcé toutes ces paroles blessantes.
Mais par contre hier, il a bel et bien menacé de te renvoyer en prison. A ce souvenir la jeune femme frissonna ; elle ne voulait pas y retourner ! Mais alors pourquoi était-il si gentil ?
-Hier vous avez dit...commença-t-elle.
-Non. Oublie ça, l'interrompit Coyle en détournant le regard. J'avais eu une mauvaise journée, je me suis défoulé sur toi, je suis désolé.
-Mais alors...
-Tu restes là. La coupa Coyle en plongeant son regard dans le sien.
-Mais je ne veux pas être un poids, le contredit-elle en se remémorant ses paroles dans son cauchemars.
-Il n'y a aucune raison, la réconforta-t-il en serrant sa petite main dans la sienne, immense à coté.
Rassurée, la jeune femme se détendit un peu, attendrie devant l'attitude protectrice de l'homme assis à ses côtés. Dieu seul savait pourquoi il prenait autant soin d'elle...
-Je dois aller travailler, annonça Coyle en retirant sa main en douceur.
Ressentant une légère pointe de regret, lorsque le contact se rompit, la jeune femme hocha toutefois la tête alors que Coyle se relevait en lissant son uniforme.
-Bonne journée, lança-t-elle
-Reposez vous, lui conseilla-t-il avant de quitter la pièce.
La jeune femme ne se fit pas prier pour appliquer ce conseil...
***
Le lendemain, un doux rayon de soleil caressant sa joue lui fit ouvrir les yeux ; le soleil était déjà haut dans le ciel et illuminait toute la pièce. Elle avait dormi très longtemps... Engourdie, la jeune femme tenta de s'étirer sous les couvertures, mais au tintement qui retentit au bout du lit, elle se figea ; elle leva la tête et découvrit avec horreur qu'elle venait de renverser son petit déjeuner avec ses galipettes !
Mortifiée, elle s'assit tout de suite dans son lit pour constater les dégâts causés : le pain avait éparpillé des miettes un peu partout sur les couvertures, collées entre elles par la confiture qui s'était renversée !
-Oh non !
Une main plaquée sur sa bouche comme pour étouffer un cri, Karmen continua de lister les dégâts avec parcimonie : le lait été lui aussi tombé, et s'imbibait déjà dans les couvertures. Coyle va me tuer.
Bon, elle n'avait plus qu'à tenter de réparer tout ça. Elle choisit de déplacer le plateau déjà - pas la peine de faire plus de dégâts - puis posa dessus tout ce qui n'avait pas trop souffert...à savoir les fruits. Génial.
Elle entreprit de ramasser les petites miettes une à une, et roula en boule la seule couverture touchée par le lait. Elle doit valoir une fortune olala ! Décidée à ce que les dégâts soient à peine visibles, elle se décida même à lécher la confiture collée aux fibres du tissus, déjà en train de sécher.
-Dégouttant, grogna-t-elle en sentant les fibres accrocher à sa langue.
Trop concentrée sur sa tâche, elle n'entendit pas les bruits de pas dans le couloir, pas plus que celui de la porte quand elle s'ouvrit : c'est donc ainsi - allongée sur le ventre, les jambes repliées en tailleur sous elle en train de lécher une couverture pleine de confiture - que Coyle la trouva.
Il resta un moment perplexe, à la regarder lécher sa couverture consciencieusement, puis se risqua à faire un pas dans la chambre : aussitôt la jeune femme perçut le grincement du plancher et releva la tête : les yeux écarquillés et levés vers Coyle, sa langue pendante toujours pleine de confiture acheva l'homme en face d'elle.
Pris d'une crise de fou rire incontrôlable, il se tenait les côtes, pliés en deux, à pouffer comme un enfant de 5 ans. Vexée, la jeune femme se rassit très droite sur le lit, et lécha discrètement ses lèvres pour enlever toute trace de la dite confiture.
-Un problème ? Lança-t-elle sèchement, les joues cramoisies.
-Je...non aah ! S'exclama Coyle en repartant fans un fou rire.
-Dites moi si je vous dérange surtout.
Pour toute réponse Coyle s'affala sur le divan, toujours mort de rire.
-J'étais pas prêt, souffla-t-il entre deux éclats, avant de repartir de plus belle.
Soufflant d'un air mécontent, la jeune femme poussa la couverture par terre avec ses pieds et se rallongea dans l'espoir d'échapper à cet affreux moment de honte. C'était sans compter qu'elle n'avait plus aucune couverture - et donc rien pour se cacher.
-Non mais c'est pas vrai dites moi que je rêve, ragea-t-elle en arrangeant brusquement un oreiller.
-Non c'est bien réel, ricana l'homme derrière elle.
-Oh vous hein !
-Si tu aimais autant les couvertures au petit déjeuner il fallait me le dire, railla Coyle, toujours étendu sur le divan à pouffer.
-Merci de l'information mais ça ira je me débrouille bien sans, siffla Karmen entre ses dents.
Coyle eu l'air de comprendre qu'elle ne plaisantait pas puisqu'il se leva pour s'approcher du lit : une fois au bord de celui-ci, il fit mine de parler, mais se ravisa pour jeter la couverture pleine de confiture sur sa protégée :
-On ne vous a pas appris à finir votre assiette madame ?
Ne pouffant étouffer un rire sous le ridicule de la situation, la jeune femme lui jeta un regard mi-amusé mi-provocateur pour répondre du tac au tac :
-Je crains que si justement, je suis au regret de vous annoncer que ce plat ne correspond pas à mes exigences. Trop filandreux, rajouta-t-elle en repensant avec dégoût aux fibres collant à sa langue
-Je me ferai une joie d'en apporter un autre, ricana Coyle de plus belle.
Sans un mot il repartit vers le bout du lit, où il se saisit de la seconde couverture - pleine de miettes - pour venir la secouer au dessus de la jeune femme, qui lui criait de s'arrêter :
-Stop ! Mais stop ! Arrêtez je suis déjà assez collante comme ça !
-Et un petit assaisonnement pour orner le tout, railla Coyle sans s'arrêter pour autant.
Déchaînée, la jeune femme s'arracha du lit pour s'enfuir à l'autre bout de la chambre. Mais bon dieu qu'elle était grande ! A peine au bout, elle était déjà essoufflée - merci la rééducation.
Amusé, Coyle fit mine de la poursuivre, avant d'attraper au passage sur le plateau quelques pommes, avec lesquelles il la bombarda ! Riant sous le stress de se prendre une pomme...en pleine poire justement, la jeune femme cherchait à échapper à l'homme à sa poursuite, mais elle se prit les pieds dans un des nombreux tapis et tomba à la renverse.
Aussitôt Coyle se jeta sur elle pour lui écraser une pomme bien mûre contre son front : dégoulinante, Karmen souffla bruyamment par les narines pour pouvoir respirer autre chose que du jus de pomme.
-Tu ressembles à une salade de fruit grandeur nature, constata Coyle avec un air faussement étonné.
Assis à califourchon sur elle, il sembla prendre conscience soudainement de leur proximité inhabituelle et se releva. Légèrement gêné, il tendit la main à la jeune femme pour l'aider à se relever et se passa la main dans les cheveux en regardant ailleurs.
Une fois face à lui, elle reprit son souffle en regardant ses pieds. Coyle, qui la dominait bien d'une tête, la regarda d'un drôle d'air, ce qu'elle ne remarqua pas. Du jour au lendemain, voilà qu'ils passaient des larmes, au rire. De quoi perdre certains esprits.
Un silence gênant régnait maintenant dans la chambre, quand Coyle déclara abruptement :
-Je vais devoir y aller...J'étais juste passé voir si tout allait bien avant une réunion.
-Je...oui aucun souci.
-Il faudra qu'on parle ce soir.
Karmen releva les yeux vers lui, inquiète : voulait-il lui parler de son renvoi en prison ? De ses paroles agressives ? Du moment où elle avait fondu en pleurs à table la veille ?
Remarquant son air inquiet, l'homme qui la dominait lui caressa doucement la paume de la main en la regardant droit dans les yeux, ce qui eut le don de déstabiliser la jeune femme, incapable de soutenir un regard métallique aussi intense.
-Rien de grave ne t'inquiètes pas. Prends le temps de te laver, la petite porte à gauche derrière le lit donne sur une salle de bain. Tu y trouveras tout ce dont tu as besoin.
Le ton inhabituellement aimable de Coyle surprit la jeune femme, qui n'en laissa rien paraître. Après tout elle commençait juste à retrouver un élan de vie, alors pourquoi se poser autant de questions...
Elle hocha la tête en silence pour signifier qu'elle avait compris, puis retira lentement sa main des paumes de l'homme qui lui faisait face et cramoisie, alla se réfugier dans la salle de bain sans se retourner. Mais qu'est ce qui lui prenait ?!
2600 mots j'en peux plus mdrr!
🔥
Alors ces cauchemars de Karmen? Sa réaction au réveil?💫
Le rapprochement Karmen/Coyle?⌚
Ce chapitre m'a faite mourir de rire à l'écriture j'avoue!
Xoxo
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