20- Le carnet


Bon je publie en avance en signe de soutien à ceux qui passent le bac...et parce que j'en ai envie mdrr😂

Un coup léger frappé à la porte réveilla Karmen ce matin là. Émergeant à peine, elle eut à peine le temps de se réveiller totalement qu'on refrappait déjà un peu plus fort. Assise sur le lit en tailleur, les cheveux en bataille, elle fixa la lourde porte en bois sans bouger : pourquoi Coyle aurait-il frappé ?

Il n'aurait jamais frappé. Ce n'était pas lui. Karmen serra les couvertures un peu plus contre elle et commença à paniquer ; si quelqu'un - qui que ce soit - rentrait et la voyait...Elle était fichue.

Autant un domestique qu'un haut dignitaire...Il ou elle irait cafter au roi et Karmen serait renvoyée d'où elle vient, si ce n'est pas pire...Ici il n'y avait pas de pitié pour les voleurs, les menteurs et les traîtres...Bien qu'elle ne se situe dans aucune de ces catégories, elle restait en infraction.

Plusieurs coups plus puissants l'interrompirent dans ses pensées ; quelqu'un était vraiment décidé à rentrer ! La jeune femme envisagea toutes ses options : se cacher ? Pas besoin de beaucoup chercher pour la trouver... Se faire passer pour quelqu'un d'autre ? Oui mais pour qui ? Non mauvaise idée.

Il ne lui restait que les fenêtres : se levant brusquement, elle faillit trébucher sur le tapis en s'en approchant : dans un grand fracas, elle accrocha la table de chevet pour se rattraper et se figea.

Aucun bruit indiquant la présence de quelqu'un. Elle reprit sa traversée pour rejoindre les fenêtres et faillit frapper le carreau de rage : elle était au moins à dix étages du sol ! Impensable.

A présent pressée contre la vitre, elle fixait la porte sans rien dire. Après tout rien n'indiquait que la personne voulait rentrer, elle voulait peut être juste parler à Coyle.

-Eh ! S'exclama soudain une voix qui la fit sursauter.

La jeune femme serra fort le rideau dans son poing mais ne pipa mot.

-Allez qu'est ce que tu attends dépêche !

Karmen comprit que c'était bien à Coyle que cette personne voulait s'adresser, et elle était l'un de ses proches à en juger par le ton familier qu'il employait. La voix était grave et rocailleuse, un peu bourrue. Certainement un homme plus âgé qu'elle.

-Bon je repasse plus tard...grogna-t-il.

Des bruits de pas dans le couloir informèrent la jeune femme qu'il renonçait à entrer, ce qui la détendit tout de suite. Toujours accroché à son rideau, elle se laissa lentement glisser contre le mur. Je connais cette voix j'en suis sûre, mais d'où ?!

De là où elle était, elle aperçue les quelques feuilles glissées sous la porte : éparpillées au sol, l'une d'entre elle était cachetée. Curieuse la jeune convalescente se leva et s'approcha pour les examiner.

Certaines étaient remplies de gribouillis illisibles et d'autres affichaient des plans détaillés, de bâtiments selon la jeune femme. Qu'est ce que Coyle pouvait bien avoir à faire avec des bâtiments ?

L'enveloppe cachetée attira son attention avant qu'elle n'ait eut le temps de s'appesantir sur la question. Pliée avec finesse elle semblait contenir beaucoup de documents, confidentiels vu le sceau apposé dessus. « Voilà tout ce que j'ai pu savoir sur ce qui s'est passé» indiquait une écriture dessus.

Intriguée, Karmen se rappela soudain que ces documents ne lui étaient pas adressés. Rougissant en pensant à la réaction de Coyle s'il la surprenait ainsi - par terre à fouiller - elle se releva et posa le tout sur le bureau.

Après avoir mangé son déjeuner posé sur un plateau à son attention, la jeune femme retourna sur le lit, et commença à lire le carnet qu'elle avait trouvé.

« 3e jour de la lune ascendante :

Aujourd'hui, je l'ai revue. J'ai besoin de coucher tous ses sentiments contradictoires par écrit, sinon je vais devenir fou.

Elle était dans les quartiers de mère, qui l'avait apparemment invitée à boire le thé. Depuis cette fois où nous nous sommes embrassées dans les cuisines, je n'ai pas encore pu lui parler seul à seul.

Je ne sais absolument pas si elle a aimé, ou si elle ne veut plus me voir, c'est horrible. En plus à côté de tout cela, père veut que j'apprenne à gérer tellement de choses ! Il n'arrête pas de dire que je ne serai jamais prêt sinon, mais rien ne presse je n'ai que 16 ans !

Karmen s'interrompit dans sa lecture : elle lisait le journal d'un adolescent ! Amusée par cette idée, elle découvrit très bientôt qu'il était très mature pour son âge : il sortait parfois de ces réflexions !

Aujourd'hui, a eu lieu une énième exécution, écrivait-il. Père m'a forcé à y aller et je n'ai rien pu dire. Je ne suis pas choqué par la vue du sang, ni des blessures, mais dans ce cadre précis tout me révulse ! Ces gens, coupables ou non, n'ont pas le choix de vivre ou pas, il leur est enlevé !

Quand la hache du bourreau tombe sur le cou, j'ai l'impression qu'elle s'y enfonce si lentement...Le sang gicle et la tête tombe dans le panneau tout ça dans l'espace de quelques secondes qui me paraissent une éternité à chaque fois.

Je me suis forcé à regarder, car je sais que plus tard j'en verrai d'autres, alors autant m'habituer. Mais à cause de ça je n'ai pas pu rejoindre celle que j'aime. Depuis que nous nous sommes parlés dans les jardins, tout va pour le mieux. Elle m'aime et moi aussi.

A cause de mes parents, je ne peux pas la voir autrement que en cachette, toutes ces histoires de rang et de privilèges nous font obstacle. Mais je ne désespère pas de les affranchir un jour pour l'avoir enfin tout à moi.

La jeune femme arrêta de lire un instant pour réfléchir : il parlait ici de rangs, alors soit celle qu'il aimait avait un rang inférieur au sien, soit c'était l'inverse et lui n'était pas assez bien pour elle, mais selon l'influence de ses parents sur lui décrite dans ces lignes, Karmen optait plus pour la première option.

5e jour de la lune descendante :

En ce moment tellement de choses changent.Bientôt j'aurai 18 ans, et avec toutes ces responsabilités dont je ne veux pas. Olivia, ma tendre aimée, reste malgré tout chaque jour auprès de moi, en silence. Cela fait bientôt deux ans que nous sommes amants en secret, j'admire son courage et sa ténacité pour supporter tout cela sans un mot. C'est un ange.

Hier je l'ai emmené dans les grands jardins, ceux avec la vue sur la mer. On aurait dit une enfant devant un jouet neuf. Ses grands yeux noisettes brillaient d'admiration, les miens devaient certainement briller d'amour devant ce beau spectacle.

Sa douceur n'a d'égal que sa beauté. Bon dieu que je l'aime ! Ses longs cheveux blonds lui caressent les reins à chaque pas, ça me rend dingue et me donnent des envies pas très conventionnelles...

Karmen rougit devant cette confidence, mais continua sa lecture, captivée par le destin de ce mystérieux jeune homme si tourmenté.

Ses yeux illuminent mes journées, quand je les croise je me sens capable d'accomplir n'importe quoi. La confiance qu'elle a en en moi me ferait vaciller si je m'avisais seulement un instant de penser à la trahir.

Elle constitue tout ce qui permet de tenir debout, je ne pensais pas dépendre autant de quelqu'un un jour. C'est comme une lanterne sur un chemin, sans elle je sortirai des clous.

Légèrement émue par ces confidences qui ne lui étaient pas adressées, la jeune femme ferma la reliure du livre délicatement et le rangea dans a cachette : elle ne tenait pas à ce que qui que ce soit le trouve avant qu'elle n'ait finit.

-Espèce d'enfant possessive, se sermonna-t-elle elle même.

Il n'empêchait, qu'elle aimerait bien qu'un jour elle puisse être une femme qu'un homme aime et respecte de cette manière. Espèce d'idiote ce n'est peut être même pas un journal mais un livre comme un autre, alors arrête de rêver.

Elle fut interrompue dans ses petits rêves d'enfant par la bruit caractéristique de la porte : entrebâillée celle-ci laissait voir la tête de Coyle, qui regardait si Karmen dormait. Après s'être assuré que ce n'était pas le cas, il entra complètement et referma la porte d'un geste sec. Surprise par cette violence soudaine et annonciatrice d'une mauvaise passe, la jeune femme ne fit aucun commentaire.

-Bonjour, grommela enfin Coyle après plusieurs minutes de silence gênant.

-Bonsoir.

Il dut être surpris du ton sec employé par la jeune femme car il tourna enfin la tête vers elle. Elle lut dans son regard une grande colère, assimilée à une méfiance surprenante. Elle savait qu'il était froid et cynique, mais le voir ainsi la surprenait beaucoup. Surtout après les belles paroles que tu viens de lire... Stupide conscience.

Intimidée par cette hostilité brusque, la jeune femme serra ses genoux contre sa poitrine et évita le regard inquisiteur et froid de l'homme qui lui faisait face, avec une liasse de papiers entre les mains, qu'il serrait si fort que les jointures de ses doigts en devenaient blanches.

-Comment est-ce arrivé là ? S'enquit-il en brandissant les papiers qu'elle avait posé elle même sur le bureau le matin même.

-Je...euh

-Répondez.

Ow il me vouvoie, c'est mauvais signe, il ne plaisante vraiment pas...

-Une personne a toqué tôt ce matin pour vous les remettre mais vous n'étiez pas là, alors je les ai posé ici. Plutôt que de les laisser traîner par terre. Débita-t-elle d'une traite en regardant ses pieds.

N'entendant aucune réponse, elle leva la tête et comprit qu'il était tout simplement retourné à ses occupations sans lui répondre. Agacée par son manque de considération, elle ne put s'empêcher de lui rentrer dedans.

-Ça vous arracherait de dire merci ? Ou quelque chose d'équivalent je ne sais pas moi !

-Je vous demande pardon ? Répliqua-t-il sèchement sans se retourner.

Même à distance, la jeune femme sentait son sang bouillir dans ses veines. Mais pour la première fois depuis des années, elle arrivait à s'exprimer sans crainte face à quelqu'un ! Même si c'était un membre de la haute cour qui pouvait la réduire à néant !

-Ce matin j'ai eu peur comme jamais quand cette personne a frappé à la porte et s'est mise à parler, j'ai quand même récupéré vos papiers et les ai rangé, alors un merci ne me semble pas de trop !

Coyle la fixa d'un air froid et énervé avant de déclarer :

-Je ne vois pas en quoi cela constitue un acte de courage ou quoi que ce soit qui nécessite un remerciement, alors veuillez repenser au fait que JE contrôle votre présence ici c'est clair ?!

Karmen déglutit péniblement : ils y étaient.

-Vous voulez que je sois renvoyée en prison quand ? Articula-t-elle péniblement.

Sans rien laisser transparaître, l'homme qui lui faisait face soupira bruyamment et sortit de la pièce d'un air très énervé. Apeurée par ce qu'il pourrait faire, la jeune femme frissonna, mais se ressaisit bien vite : après tout, elle était rétablie maintenant, elle n'avait plus aucune raison d'être un fardeau pour cet homme qui était quelqu'un d'influent et occupé, pour qui elle représentait une contrainte.

Elle se coucha l'esprit embrumé, inquiète pour les événements qui allaient suivre.

Hellowwww! Alors toujours aussi confiants en l'avenir de Karmen?😜

Vous pensez quoi de ce journal?😶

L'inconnu derrière la porte?😱

Xoxo😘

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