12- Rencontre

Malheureusement la jeune femme ne put bénéficier que de quelques heures de sommeil : un soldat vint ouvrir sa cellule en plein milieu de la nuit, pour l'escorter à la carrière.

Dans les cellules avoisinantes, Karmen vit quelques hommes sortirent, mais aucune femme...

Comme pour les équipes de jour, ils furent amenés à la carrière, mais cette fois dans un silence total..Karmen ressentait l'absence de Mona, sans qui elle était perdue.

Lorsqu'elle avait quitté sa cellule, elle l'avait aperçue appuyée contre le mur qui séparait leurs deux cellules, endormie avec sa main toujours en dehors. Elle avait l'air si paisible !

Le groupe de prisonniers déboucha enfin sur la carrière, faiblement éclairée pour la nuit, juste assez pour permettre de voir les grandes fosses.

Ce serait idiot de tomber dedans...

La file se divisa instantanément en plusieurs groupes, qui partirent dans des directions opposées. Karmen suivit une fille qui se dirigeait vers le fond d'une fosse, et obliqua à une intersection ; elle devait retrouver sa pioche laissée là la veille.

Après avoir vérifié que personne ne la suivait, elle retira l'outil de sa cachette, et s'en éloigna pour commencer à creuser.

Ses coups lui paraissaient inefficaces et son épaule la fit très rapidement souffrir ; en tâtant la blessure, elle sentit un liquide poisseux s'en écouler : la plaie s'était rouverte...

Mais elle n'avait pas le choix, il lui fallait continuer, les gardes patrouillaient et risquaient de la réprimander si elle s'arrêtait. Alors elle arma sa pioche, encore et encore, pendant des heures qui lui semblèrent des années.

Chaque coup était plus dur que le précédent, et Karmen devait se retenir de gémir face à la douleur que cela lui causait. C'était comme si son épaule se disloquait à chaque impact !

Sa jambe n'était pas en reste, la jeune femme devait faire peser le poids de son corps plus d'un côté de l'autre, sinon elle se serait écroulée.

Autour d'elle, les hommes semblaient plus détendus que ceux de la journée ; ils semblaient rigoler constamment, mais le plus étonnant, c'est que les gardes rigolaient avec eux !

C'est une autre ambiance de travail...enfin si on peut considérer qu'ils travaillent.

Alors que Karmen abaissait sa pioche pour une énième fois, des éclats de voix se rapprochèrent dans son dos.

-Oh une nouvelle ! Eh Pit viens voir ça ! clama une voix gutturale.

-J'arrive! cria une seconde voix en réponse.

Karmen se retourna lentement, la pioche pendant à bout de bras. Elle ne savait pas trop quelle attitude adopter, Mona l'avait bien mise en garde contre les équipes nocturnes...

Après avoir échappé à Bastien allait-elle devoir faire face à des ouvriers ? Seule contre tous elle n'avait aucune chance !

Elle resta calme, et attendit que le groupe arrive à sa hauteur.

-Bonsoir, lança un colosse. Tu es nouvelle ?

-Oui je viens d'arriver, répondit-elle d'une petite voix.

Il n'a pas l'air bien méchant...

Le colosse se retourna vers ses coéquipiers qu'il regarda avec un sourire amusé :

-Vous entendez ça ? Une nouvelle les gars ! Ça faisait longtemps !

-La dernière a terminé au fond d'une fosse c'est vrai, ricana un second, juste derrière son chef.

Okay note à moi même ; poli et amical ne signifie pas sans mauvaises intentions idiote !

Celui qui semblait être le chef du groupe se retourna vers elle et l'attrapant par le poignet l'attira contre son torse. Il est gigantesque...

-Oui mais elle n'était pas aussi délicieuse que celle là, tenta-t-il de la rassurer. Tu es splendide, ça se voit que tu es nouvelle à ta peau, renchérit-il.

-Mmmh, marmonna Karmen. Merci.

Huum question élocution on repassera.

-A croquer, renchérit un troisième homme derrière. C'est à se demander comment tu as atterri ici !

-Je n'en sais rien... choisit de répondre la jeune femme, toujours acculée au torse du colosse.

Ce dernier sembla saisir son malaise et l'éloigna de lui tout en la tenant par les épaules.

-On veut pas te manger hein, lui assura-t-il en la regardant droit dans les yeux. Moi c'est Maxime, compléta-t-il dans un sourire.

Légèrement rassurée, Karmen s'autorisa un sourire.

-Et les autres ? Demanda-t-elle doucement.

-Oh eh bien voici Pit, répondit Maxime en désignant un homme, l'air surpris qu'elle demande. Après il y a Oliver, et Joan, finit-il en désignant tour à tour les deux hommes restant derrière lui.

-Salut! lui lancèrent-ils en cœur.

Karmen ne savait plus quoi penser : d'un côté ils lui balançaient que la dernière femme avait fini dans le fossé, mais de l'autre ils se présentaient gentiment ! Il faut que je sois fixée.

-Et..euh la dernière femme dont vous parliez, comment a-t-elle finit dans le fossé?demanda-t-elle d'une voix plus inquiète qu'elle ne l'aurait voulu.

Maxime haussa les sourcils, surpris.

-Mais tu pensais que...enfin que c'était nous ? S'exclama-t-il

-Et bien...j'ai entendu beaucoup de choses sur les équipes de carrière de nuit, éluda-t-elle en baissant les yeux vers le sol.

Joan éclata de rire derrière elle, très vite suivit par Pit, Oliver et Maxime.

-Nous n'y étions pour rien, expliqua Maxime entre deux rires. D'autres hommes de cette carrière y étaient mêlés mais nous jamais on toucherait une femme sans son consentement.

-Oh je vois ! Répondit Karmen en rougissant. Je suis tombée sur des gens bien. Désolée, j'étais inquiète.

-Ce n'est pas grave, la rassura Joan. C'est compréhensible en même temps !

-Oui c'est sûr, acquiesça Pit. C'est pas comme si y avait pas déjà eu des histoires ici...

Maxime donna une petite tape sur l'épaule de la jeune femme, un grand sourire sur les lèvres.

-T'as vraiment rien à craindre de nous poupée. Si jamais t'as un souci on sera là, t'as l'air d'avoir fait de mal à personne, lui assura-t-il.

Sauf à un certain garde avide de vengeance...

Les 4 hommes, après lui avoir chacun leur tour serré la main, s'installèrent à quelques pas d'elle pour travailler. Bientôt, les bruits de pioche contre le granit retentirent en cadence. Bercée par ce rythme, Karmen se laissa aller et en oublia sa douleur à l'épaule.

Lorsque le soleil jaillit à l'horizon, les gardes rameutèrent les travailleurs en criant à gorge déployée. Karmen rangea son outil dans son emplacement habituel, et suivit le groupe d'hommes qui étaient venus lui parler quelques heures plus tôt.

Elle était encore un peu méfiante par rapport à eux, mais était d'un autre côté rassurée...Elle verrait bien au fil du temps.

-A demain, lui lança Maxime avant de suivre sa file.

Tiens il n'est pas dans les mêmes parties de la prison que moi...songea la jeune femme, intriguée.

Elle lui répondit d'un signe de la main et s'éloigna vers son couloir. Elle était à deux doigts de s'effondrer, rien ne l'avait préparé à ça !

Telle une ombre qui erre, Karmen traversa tous les couloirs jusqu'à sa cellule sans même s'en rendre compte : une fois devant, elle sourit.

-Mona ! S'exclama-t-elle.

Celle-ci l'attendait, assise sur SA paillasse !

-Un nouveau prisonnier arrive, et ils n'ont plus de cellules, alors je me suis proposée pour aller dans la tienne, répondit son amie à sa question muette.

-Oh Mona c'est formidable ! Cria Karmen en se jetant dans ses bras.

Laissant échapper un petit rire, Mona répondit à son étreinte, comme on l'aurait fait avec une sœur.

Les deux jeunes femmes restèrent longtemps enlacées, chacune savourant la chaleur du corps de l'autre, chose dont on ne bénéficiait pas en temps normal dans une prison.

-Merci, lui souffla Karmen à l'oreille. Je ne sais pas ce que je ferai sans toi Mona.

-Hum je crois que tu aurais du mal à te soigner seule, plaisanta-t-elle. D'ailleurs montre moi ces blessures. Ajouta-t-elle en fronçant les sourcils.

Karmen s'écarta et fit glisser le tissu sur son épaule en grimaçant ; ça avait enflé et suintait de pus...

Mona fit la même tête en découvrant l'ampleur des dégâts.

-C'est fou que tu aies réussi à tenir, grogna-t-elle avec une mine inquiète. Viens là, indiqua-t-elle en saisissant la carafe d'eau derrière elle.

Elle épongea un ruban, et commença à tamponner sur les plaies. A chaque contact, Karmen grimaçait mais ne disait rien.

Sois forte, s'imposa-t-elle mentalement.

Une fois ses soins terminés, Mona banda avec délicatesse chaque blessure, affichant une mine concentrée.

-Mona ça va ? Inquiète la blessée devant son expression.

-Oui ne t'en fait pas, c'est juste que ça fait longtemps que je n'ai pas pratiqué, et avant je pouvais soigner dans des meilleurs conditions, je ne veux juste pas faire d'erreurs...

-Je te fais confiance.

A peine eurent-elles fini qu'un garde se présenta devant leur cellule pour glisser deux plateaux repas par la trappe.

Karmen fut surprise lorsque Mona le remercia d'un signe de la tête, mais ne fit aucun commentaire. Mais celle ci dut remarquer sa mine surprise puisqu'elle lâcha un petit rire en secouant la tête.

-Tu dois me trouver folle... Mais...

-Non pas du tout ! Se défendit Karmen.

-Laisse moi finir ma jolie. Ce garde, à mes yeux n'est qu'un parmi d'autres qui obéissent aux ordres sans se demander pourquoi. Je n'ai aucune raison de lui en vouloir.

-Je vois. Tu n'as pas tort.

Méditant sur les paroles de son amie, la jeune femme mangea en silence. Mona n'avait pas tort, ce garde ne leur avait rien fait, c'était juste qu'il représentait toute sa « classe », et que Bastien appartenait à ce monde...

Elle avait inconsciemment lié les deux, mais se promit de ne plus faire la même erreur. Mona avait raison.

Terrassée par la fatigue, elle s'endormit aussitôt que sa tête eut touché la paillasse, après qu'un garde fut venu chercher Mona pour sa journée à la carrière. Dans un dernier instant de lucidité, Karmen se promit de lui expliquer dès son retour la raison de son changement de groupe.

Hello! Alors j'avoue que ce chapitre n'est pas mon préféré, je le trouve pas très intéressant sur le plan de l'histoire mais il en faut pour encadrer les évènements on va dire!😌

Vos attentes/idées pour la suite? Dites moi tout!😎

XoXo😚

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