10- Embuscade

Certains passages sont susceptibles de choquer attention. Bonne lecture!

Un cliquetis métallique réveilla Karmen en sursaut ; une gamelle pleine venait d'être glissée sous les barreaux, percutant la cuillère qu'elle avait posé la veille avant de dormir. Elle se félicita de cette initiative, qui lui avait permis de sauver son déjeuner, surtout qu'elle n'avait pas mangé depuis plusieurs jours.

-Mona ? Appela-t-elle.

-Je suis réveillée, répondit cette dernière. Comment tu te sens ?

-Nauséeuse mais déjà un peu mieux. Un de mes bandages est jaune, je dois le changer non ?

-Oui absolument ! S'écria Mona. Le pus s'écoule de la plaie, elle doit être bien nettoyée. Sinon tout va s'infecter et avec les conditions de vie ici les conséquences pourraient être dramatiques.

-D'accord merci, je ferai ça avant de parti, la remercia Karmen ;

-Dépêche toi alors, ils ne vont pas tarder.

Karmen hocha la tête et mangea goulûment le contenu de son écuelle, une sorte de bouillie informe mais qui lui remplirait l'estomac un bon moment. Elle ne préférait cependant pas savoir de quoi elle était constituée...

Elle roula l'ancien bandage et le balança dans sa petite cellule, et entreprit de refaire un bandage autour de son épaule, qui la faisait atrocement souffrir. Elle gémit au moment de serrer le nœud, la douleur était pratiquement insoutenable...

Un garde immense fit soudain son apparition au bout du couloir, l'épée au flanc et le visage refermé. Il déverrouilla toutes les cellules d'une main experte à l'aide d'une clé énorme en fer, et tapa du plat de son épée contre les barreaux de ceux qui dormaient encore.

Le son produit donna un affreux mal de crâne à Karmen qui serra les dents ; ce n'était que le début et elle avait déjà l'impression d'être au bout du rouleau...Qui sait peut-être qu'elle n'arriverait même plus à se lever après les journées dans la carrière...

Elle se leva avec difficulté après que le garde ait ouvert sa porte, et sortit dans le couloir comme tous les autres. Le garde déverrouilla ensuite la cellule où était Mona : Karmen vit en sortir une jeune femme, qui devait avoir son âge, blonde comme un nouveau né, les cheveux jusqu'à la taille, certainement dus à de longs mois en prison... elle paraissait fragile et frêle, mais des muscles puissants saillaient sous sa peau claire.

Elle releva la tête et fixa directement Karmen, qui lui sourit : elle serait un alliée précieuse ici. La jeune femme fut saisie par la détermination muette qui brillait dans le regard noisette de son amie, qui arrivait cependant à afficher un air soumis face au garde ; Karmen aurait cru se voir dans un miroir en revêtant un de ses masques...

Elles calèrent leur pas au même rythme au moment de quitter les galeries, sans avoir encore échangé un seul mot, ce qui - Karmen en était sûre - ne manquerait pas de leur valoir un coup entre les omoplates du garde derrière elles.

Après avoir sillonné une multitude de galeries interminables, la file des prisonniers déboucha enfin sur une immense carrière ; celle-ci s'étendait sur des lieues à l'horizon, et était malgré l'heure matinale remplie d'ouvriers maniant pelles et pioches.

-Suis moi, lui souffla Mona en la tirant derrière elle.

Elle lui désigna la tas des pioches à quelques pas de là, autour duquel se précipitaient les prisonniers pour saisir leur outil.

-Il n'y a en général pas assez de pioches, gare à toi si tu n'en a pas, expliqua Mona.

-Mais qu'attendons nous ?

Pour toute réponse Mona se dirigea vers un des mur de la carrière, et en retira deux pioches cachées dans un renforcement. Elle en tendit une à Karmen avec un sourire d'enfant gâtée.

-Je suis là depuis longtemps, et certains gardes m'aiment bien, ils me laissent cacher mes outils ici, sans les enlever. Voici la tienne, poursuivit-elle en lui lançant une de deux pioches.

-Je...merci, hésita Karmen. Tu en fais beaucoup pour moi.

-Ici peu de gens sont dignes de confiance, il faut savoir les reconnaître, répondit seulement Mona.

Karmen sourit et emboîta le pas à sa guide, piétinant à cause du poids de la pioche. Elle n'avait strictement aucune idée de comment elle allait pouvoir la manier ! Le groupe avec lequel elle était sorti de sa cellule s'était dispersé entre différents « points de creuse » comme les appelait Mona, pendant qu'elle et cette dernière partait un peu plus loin.

-Le matin on sera exposées au soleil, expliqua Mona, mais il ne fait pas trop chaud et on bénéficiera de l'ombre l'après midi. De plus les soldats qui surveillent ce secteur m'aiment bien.

Karmen était ébahie par toutes les astuces que possédaient la jeune femme. Mais comment avait elle eu le temps de les accumuler ? Elle était si jeune, qu'avait-elle bien pu faire pour se retrouver si jeune dans les prisons de la capitale ?

C'était une question qu'elle devrait lui poser à un moment où à un autre...En attendant, elle avait une dure journée de labeur qui l'attendait, autant se concentrer là dessus. Karmen empoigna sa pioche avec détermination et se plaça à quelques pas de Mona qui avait déjà commencé à balancer son outil contre la roche.

-Les débris seront ramassées par l'équipe de nuit, nous vous préoccupez que des minerais précieux ! beugla le soldat passant au dessus d'elles.

-L'équipe de nuit? Reprit Karmen à l'intention de sa voisine.

-Oui, les prisonniers sont divisés entre l'équipe jour et nuit. Ceux de la nuit ont souvent été dans la notre à la base.

-Pourquoi ont-ils changé alors ?

-Désobéissance. L'équipe de nuit est la pire chose qui puisse nous arriver. Surtout pour nous les femmes.

-Que ?....

-Les viols, la coupa Mona. Ce n'est un secret pour personne que la nuit il se passe des choses pas nettes ici. Donc fait très attention, il ne faudrait pas que tu y finisses.

Karmen hocha la tête consciencieusement, la mine renfrognée. L'image de Bastien à califourchon sur elle était revenue comme un coup de massue après les propos de Mona.

-Ça va? s'inquiéta celle-ci.

Karmen hocha la tête sans desserrer les dents. Ce n'était pas le moment de se plaindre. Elle arma son bras et commença à frapper. Dans un premier temps ce fut facile, le granit s'effritait et tombait avec facilité, les minerais étaient nombreux et la jeune femme eut vite fait de récolter deux grosses récoltes.

Mais la fin de journée fut éprouvante ; on aurait dit que la pioche pesait plus lourd qu'elle tellement elle avait du mal à la soulever... A ses côtés, Mona travaillait inlassablement sans se plaindre ne serait-ce qu'une seule fois, ce qui étonna beaucoup Karmen, qui avait tous ses muscles embrasés...

Un grand coup de trompe sonna la fin de son dur labeur, elle laissa s'éclata au sol sa pioche dans un grognement sourd. Incapable de résister plus longtemps, elle se laissa tomber à genoux et prit sa tête entre ses mains, et pleura.

Elle pleura toutes les larmes de son corps, sans vraiment savoir pourquoi, peut-être à cause du fait que sa vie lui filait complètement entre les doigts ces derniers jours...Elle était passée de maîtresse de l'école de la capitale, à une fugitive pour finir comme une vulgaire prisonnière en prison...

Sans un mot, Mona s'était agenouillée à ses côtés, et la serrait à présent fort contre elle, lui caressant les cheveux avec douceur. Karmen se laissa guider lorsqu'elle la releva pour suivre le reste du groupe qui regagnait ses cellules. Elles n'échangèrent pas une parole, mais durent se séparer pour rentrer dans leur cellule respective.

Karmen se laissa glisser contre le mur en pierre, et engloutit tel un fantôme la portion de bouille déposée devant la carafe d'eau : c'était infâme mais cela lui donnait l'impression d'avoir quelque chose dans l'estomac.

-Ça va mieux? lança Mona de l'autre côté du mur.

-Je crois...oui ça va passer, la rassura Karmen. C'est dur, mais ce doit être parce que c'est le premier jour.

-J'ai rarement vu des gens s'adapter aussi vite, certains tombent dans les pommes même parfois, tu as assuré.

-J'en ai pas l'impression... souffla Karmen.. J'espère que peu de gens m'ont vue fondre en larmes.

-Ça arrive plus souvent que tu ne le crois, tu verras les prochains nouveaux.

-Tu en as vu arriver beaucoup ?

Karmen espérait que Mona saisirait la perche qu'elle lui tendait et lui en dirait plus sur elle.

-Oui, finit elle par répondre simplement.

Loupé. Karmen décida qu'elle reviendrait à la charge plus tard, maintenant il fallait qu'elle dorme. Elle souhaita la bonne nuit à sa compagne et partit s'allonger sur sa paillasse. Elle ne paraissait pas si terrible que ça finalement après une journée comme celle ci...

Le sommeil vint sans problème cette fois ci, sans que les douleurs aiguës à l'épaule de la jeune femme puissent l'en empêcher.

Ce fut un cliquetis qui fit sursauter Karmen au beau milieu de la nuit : la cuillère contre la porte était tombée. Et un rapide coup d'œil lui apprit que c'était à cause de la porte entrouverte. Sa cellule était normalement verrouillée...

Sur le qui-vive et peu friande de se faire agresser en pleine nuit elle se leva prestement et s'approcha de la grille ouverte : personne en vue devant, ni dans le couloir. Sans réfléchir, elle franchit le pas de la porte.

Ce fut là seulement qu'elle avisa de l'ombre calée contre le mur à sa droite : la personne était dans l'obscurité, mais Karmen se figea lorsqu'elle reconnut le sourire carnassier qui s'offrit à la lumière : Bastien.

Crier ne lui servirait à rien ; il était celui qui faisait la loi ici, et personne n'irait douter de sa parole, en plus elle se trouvait en dehors de sa cellule, elle était donc ouvertement en tord.

-Délit de fuite, voilà qui n'arrangerait pas ton affaire, ricana-t-il.

Karmen garda le silence. Ce qui eut l'effet prodigieux d'énerver Bastien, qui perdit son petit sourire provocateur. Elle lui résistait. D'un geste brusque, il la saisit par l'épaule et la tira contre lui, l'articulation douloureuse de Karmen la fit gémir sous le coup : Bastien écrasa aussitôt sa main contre sa bouche pour l'empêcher d'émettre un autre son.

Karmen roula des yeux pour lui signifier qu'elle avait compris, mais il ne la lâcha pas pour autant... Sans plus de cérémonie il l'entraîna à sa suite et rentra dans une salle à peine éclairée après deux torches mourantes. Après avoir fermé la lourde porte derrière lui, il la lâcha enfin.

-Il me semble que nous avions une certaine histoire...disons en suspens, annonça-t-il.

-Ne t'avise pas de me toucher sale porc obsédé. Trouve toi une autre catin. cracha Karmen d'un air dédaigneux.

-Oh mes des catins je peux en avoir autant que je peux tu sais, se moqua-t-il sans vergogne, mais pour le moment la seule que je veux voir plier devant moi, c'est toi chère fleur.

Karmen rigola nerveusement : ce type était taré, ce n'était pas possible, il avait déjà détruit sa vie, que voulait-il de plus ? La baiser. Mais étant donné la situation, violer était un terme plus adéquat.

-Tu ne m'auras que par la force, accompagnée d'une très grande lâcheté, le brava-t-elle.

-Lâcheté ? Reprit-il en fronçant les sourcils.

-Oh parce que pour toi, m'enlever en pleine nuit et m'amener ici, dans le but évident que personne ne te voit, ce n'est pas de la lâcheté peut-être ? ricana Karmen, s'étonnant elle même d'arriver à rigoler dans une situation pareille.

Bastien ne régit pas à la provocation de Karmen, mais grogna devant son insolence, qui eut l'effet inverse chez la jeune fille, qui éclata de rire : cela semblait bien énerver cet imbécile !

Une gifle venue de nulle part lui coupa le souffle, et avant d'avoir compris ce qui lui arrivait elle se retrouva à terre, Bastien en train de se jeter sur elle.

-Tu parles trop, passons aux choses sérieuses, ricana-t-il entre ses dents. Pas la peine de crier ici personne ne viendra te chercher.

-Tu peux toujours courir, lui cracha Karmen à la figure.

Sur ce mots, elle se prépara à le frapper le plus fort qu'elle pouvait, mais le colosse bloqua rapidement ses poings frêles dans ses grandes paumes et les écrasa au sol. Karmen était à sa merci. Que pouvait-elle bien faire à présent ?

Bastien commença déjà à l'écraser de tout son poids. Il releva rageusement le jupon de la jeune femme, crasseux plus qu'à l'accoutumé à cause de sa journée dans la carrière. Karmen lâcha involontairement un petit cri, ce qui parut exciter encore plus son agresseur, à en juger par son sourire grandissant.

Il commença à l'embrasser dan le cou, tout en se frayant un chemin entre ses cuisses, que Karmen s'efforçait de garder fermées...Mais elle ne faisait pas le poids face à un soldat sur-entraîné, qui faisait bien le double de son poids. Elle sentit bientôt l'intimité du soldat entre ses cuisses, et paniqua d'un seul coup : ça ne pouvait pas se terminer comme ça !

Bastien ne remarqua pas qu'elle se tendait sous lui, trop occupé à déposer des suçons le long de son cou, en descendant vers ses seins. Karmen réussit subitement à libérer une de ses mains, avec laquelle elle agrippa violemment les cheveux du violeur, pour lui tirer la tête sur le côté : trop concentré sur son affaire, il suivit le mouvement imprimé par sa tête et alla s'écraser face contre terre à coté de Karmen.

Celle-ci en profita instantanément pour se remettre sur ses pieds et s'éloigner le plus possible de ce fou. Bastien grimaça sans se relever, et commença à hurler des insultes à l'intention de Karmen, qui de son côté s'acharnait contre la porte pour l'entrouvrir et s'enfuir : mais celle-ci était très lourde et résistait fortement aux petits bras de l'ex enseignante...

Soudain, la porte lui fut propulsée en pleine figure, mais de l'extérieur ! Sonnée, la jeune femme roula sur le côté en se tenant le crâne à deux mains ; devant elle se tenait un garde qu'elle n'avait jamais vu, un trousseau de clé à la main.

-Qu'est ce qui se passe ici bon sang? hurla-t-il sévèrement.

-Cette salope va finir devant la cour de justice avec ce qu'elle vient de faire, lui assura Bastien en se relevant.

-Que faisait-elle ici avec vous à cette heure de la nuit ? déclara le sauveur de Karmen avec suspicion.

Karmen voulut ouvrir la bouche pour se défendre mais Bastien ne lui en laissa pas le loisir, en lui balançant violemment son pied dans le ventre à l'insu du soldat sur le pas de la porte.

-Elle faisait un ramdam pas possible dans sa cellule, je l'ai amené ici pour l'obliger à se calmer, déclara-t-il le plus innocemment du monde.

Karmen hoqueta de douleur, mais aussi à cause de l'énorme mensonge que son agresseur venait de sortir à son supérieur, à en juger par le respect avec lequel il s'exprimait devant lui.

Ce fut à ce moment seulement qu'elle comprit où elle se trouvait : une salle de torture ; des objets sombres et inquiétants étaient suspendus aux quatre murs, et plusieurs tables dont se dégageait une odeur de sang séché étaient positionnées au centre.

L'emmener ici pour la calmer. Cette phrase prend tout son sens.

Le supérieur de Bastien sembla convaincu, et fit comprendre à son subordonné d'un signe de tête de faire sortir sa prisonnière de la pièce ; Bastien ne se fit pas prier et traîna Karmen comme un sac jusqu'à la sortie. Consciente d'avoir échappé au pire, celle-ci ne protesta pas face à la violence difficilement contenue dans chacun des gestes de son bourreau....

Une fois dans le couloir, elle se releva et resta où elle était, alors que Bastien se tournait vers l'autre garde derrière lui.

-Je la ramène dans sa cellule ? Demanda-t-il l'air du parfait soldat modèle.

-Oui pour finir la nuit, mais demain elle passera devant le tribunal pour tapage nocturne.

Il se tourna vers la jeune femme et ajouta d'un air sévère:

-Te voilà bien partie après seulement deux jours ici, je te conseille de te ressaisir !

Karmen hocha la tête en silence, désireuse de ne pas aggraver sa situation déjà critique. En un sens elle devait déjà beaucoup à cet homme qui lui avait permis d'échapper encore une fois à Bastien.

Mais elle était consciente que elle n'arriverait pas à s'enfuir une 4e fois : maintenant ils étaient sur son territoire, elle devait jouer selon ses règles.

-Je la ramène à sa cellule général Logan, déclara Bastien avant d'emmener Karmen.

L'intéressé hocha gravement la tête et se détourna sans un mot. Sur le trajet, il ne lui adressa pas la parole, en se contentant de la guider dans les couloirs. Karmen sentait sa poigne contre son bras blessé, et dut se retenir de gémir à plusieurs virages, l'étau ravivant la douleur...

Arrivée devant sa cellule, elle soupira discrètement, rassurée d'être entourée d'autres personnes. Mais si elle pensait que cela empêcherait Bastien de tenter quoi que ce soit, elle se trompait...

Il la poussa contre le mur de sa cellule après l'avoir faite rentrer, et rapprocha son visage du sien, une lueur mauvaise dans le regard.

-Tu as encore eu de la chance aujourd'hui salope mais tu ne pourras pas repousser l'échéance indéfiniment, cracha-t-il entre ses dents.

Karmen dut se retenir de tourner la tête tellement l'haleine de son agresseur était insupportable.

-On verra, se contenta-t-elle de répondre sans agressivité ; pas la peine de l'énerver plus qu'il ne l'était déjà.

Mais cette réponse ne sembla pas convenir à Bastien qui lui retourna une gifle, si forte que Karmen crut que sa tête allait exploser contre le mur derrière elle.

-Ici c'est moi qui décide, lui rappela-t-il d'un ton hargneux.

Comme pour confirmer ses dires, il plaqua soudainement sa bouche contre la sienne, tentant de forcer le passage avec sa langue entre ses lèvres scellées. Karmen voulut se dégager mais il lui maintenait fermement la tête avec ses deux mains. Son bassin acculé au sien, Karmen se sentait comme une poupée qu'on dirige à sa guise.

Bastien interrompit enfin leur baiser, une lueur victorieuse dans le regard. Un regard de loup qui ne lâche pas, songea Karmen.

-Ne l'oublie pas, compléta-t-il avant de partir.

Après avoir été sûre qu'il ne se trouvait plus dans le même couloir de celui de sa cellule, la jeune femme se laisse glisser contre le mur, les jambes flageolantes. Elle ne put réprimer les sanglots qui montèrent lui nouer la gorge comme un étau.

Cela faisait beaucoup à supporter, elle ne contrôlait plus rien de ce qui se passait, quelque soit le masque qu'elle tentait de revêtir il ne correspondait plus ici...

Elle avait...elle avait vraiment peur. Pour la première fois de sa vie, plus rien ne se passait comme prévu, et elle était comme une brebis seule dans la fôret...

-Karmen ? Tout va bien? lui demanda soudain la voix de Mona.

J'ai dû la réveiller avec mes pleurs, songea la jeune femme, amère.

-Oui oui, je te raconterai quand j'aurai un peu dormi, évita-t-elle la question. Ne te fais pas de souci tout va....

Sa voix se brisa, elle repartit en sanglots de plus belle.

-Karmen! s'écria Mona. Qu'est ce qui s'est passé ?!

La boule au ventre, Karmen ne parvint pas à sortir une réponse audible.

-Bon vient là, à la limite de nos cellules et sort ta main, ordonna son amie.

Karmen se traîna jusqu'au mur en question, et sortit la main ; aussitôt celle de Mona vint saisir la sienne, la serrant fort. Réconfortée par cette chaleur humaine contre a paume et ce geste en apparence anodin qui signifiait pourtant beaucoup, Karmen commença à respirer mieux.

-Voilà tout va bien, la calma Mona. Je suis là. Calme toi.

Un faible sourire vint éclairer le visage de Karmen , qui renifla peu élégamment.

-Bah alors ! Mademoiselle quelles sont ces manières si peu raffinées?plaisanta Mona.

Karmen éclata de rire, et serra un peu plus fort la main contre la sienne.

-Qui a dit que les bonnes manières avaient leur place ici madame ? Renchérit-elle.

Ce fut au tour de Mona de rigoler, ce qui fit beaucoup de bien à son amie.

-Moi, Mona reine du palais, plaisanta-t-elle.

Karmen s'esclaffa, et laissa glisser sa main pour la rentrer dans sa cellule. Son échange avec Mona lui avait fait beaucoup de bien, elle se sentit plus en capacité de dormir sereinement.

A chaque labyrinthe infernale sa sortie lumineuse. Mona était la sienne à présent.


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