Chapitre 9- Loup Des Bois-Éden
Quatre heures sonna sur la vieille horloge. Autant pour mon record, grogna Éden, en noircissant son bloc notes. Environ la moitié des invités était passée sous ses interrogations. Que pouvait-il en tirer ? Qu'il faisait face à un paquet d'imbéciles !
Ou de suspects, tous coupables, à la brillance d'un bon roman d'agatha Christie, mentant avec aisance et émotion.
Car oui, félicitations Éden, tu as décroché le pactole gagnant. Tous sont amnésiques, railla-t-il, amer, en absorbant une nouvelle gorgée de café.
Mieux encore, certains prétendaient ne pas avoir touché à l'alcool. Pourtant passé vingt-trois heures, vingt deux pour les plus "alcoolisés" , les souvenirs de la soirée s'estompaient, gommés comme un mauvais devoir d'élève. L'inspecteur n'avait jamais vu ça.
Pourtant, il ne comptait plus le nombre d'affaires qu'il avait dû résoudre après une soirée bien arrosée et parsemé de dragées illicites. À ce sujet, ses collègues avaient fouillé toute la salle, et à première vue, tous les invités semblaient cleans... Mais amnésiques.
— Chef, on a un problème !
Déjà, Éden soupirait.
— La victime... balbultia-t-il, déjà intimidé par le regard perçant de son supérieur. Son ADN n'est pas dans nos bases de données. Comme si elle n'existait pas.
Il avait prononcé cette phrase si doucement qu'Eden douta de l'avoir imaginée. Il ne manquait plus que ça. Une personne sans papier. Ou une erreur juridique. Ou un migrant clandestin. Une incompétence de la part de ses associés. Tous les scénarios y passèrent. Le temps de résoudre tout cela allait encore lui prendre des heures.
Finalement, poing sur la table, Éden se leva. Il avait besoin de prendre l'air, ou de se rendre peu importe où mais cette enquête, tardive qui plus est, rendait l'air anxiogène.
Pourtant, même en dehors de la salle, son cerveau ne put s'empêcher de ressasser ce mystère, ce meurtre. Le crime avait été commis dans une pièce rouge, une chambre à coucher, qui n'avait pas servi depuis longtemps si on en croyait les rivières de poussières qui y avaient élu domiciles. Le coupable n'avait laissé aucun indice, pas même un cheveu. Un seul coup, au cœur, avait suffi à arracher une vie.
À cette idée, Éden sentit des frissons le parcourir. Quelle pourriture, ce métier ! Il ne se souvenait pas vraiment de ce qui l'avait poussé vers la criminalité au lieu des finances comme son père. Quoi qu'il en soit il y était maintenant, et s'en montrerait digne.
Soudain son talon buta sur le long tapis. Quelque chose traînait la-dessus. Il s'accroupit, y glissa la main et retrouva un poignard, propre, gravé d'une rose et d'un diamant. Il manqua de le lâcher, surpris. Était-ce L'arme du crime?
Si c'était le cas, alors le sang avait été nettoyé. Son regard brun s'illumina : une salle d'eau, voilà où il devait se rendre.
Juste devant la salle de bains, une flèche s'était plantée dans le mur. Dessus une lettre. Un ramassis de mots. Des faits qu'Eden ne croyait pas.
Maintenant, il se rappelait pourquoi il avait choisi ce métier : l'amour des énigmes.
Et, bien qu'il soit monté de toute pièce, ce morceau de papier venait de lui en poser une.
Le coupable avait-il écrit cette missive ?
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