Chapitre 7 - La Garde Robe- Loïs

Des esprits. Elle voyait des esprits. Loïs avait toujours été d'un naturel superstitieux, croyant autant aux mythes roses qu'aux malédictions irrationnelles. Collin avait d'ailleurs pour habitude d'allumer une veilleuse près de leur lit, ou de changer de trottoir au moindre chat noir ou gris croisant leur route. Loïs ne s'en sentait pas gênée, elle savait que ça l'amusait.

— Si tu pouvais lâcher mon bras, ça m'arrangerait, grinça Maïa en montrant les dents.

S'exécutant, Loïs croisa les bras sur son torse, faisant mine de se réchauffer. Pourtant, cette fois-ci, elle ne riait pas. Une tâche blanche, floue et muni d'un visage avait traversé le couloirs. Leur escorte, Moon, avait à peine sourcillé quand Maïa avait juste tressailli sans marquer d'arrêt. Mais elle aussi l'avait vu : Loïs n'était pas folle enfin ! Voyant qu'on la distancait, la jeune femme accéléra la cadence.

On les déposa devant la porte d'un dressing, enfin cela, Loïs le devina uniquement grâce à l'inscription délabrée qui peignait la porte de bois. Ressing. Avec un g à moitié effacé.

— Merci, pour le reste, on va se débrouiller, pria Maïa en relevant la tête, son masque tenu entre ses doigts crispés.

Moon sembla hésiter.

— Merci ! répéta-t-elle, en  haussant la voix.

Et il obéit, les quittant d'un pas militaire.

Loïs ignorait ce qu'elle avait en tête, et bien qu'elle adorait l'ambiance de la soirée, quelque chose l'avait poussée vers sa camarade étudiante, bien avant de la reconnaître. Une aura particulière se dégageait de Maïa, quelque chose que la présidente des élèves n'avait jamais remarqué avant. 

Dans son souvenir, Maïa était solitaire  mais pas coupée de la salle de cours. Elle levait la main occasionnellement mais toujours pour répondre aux questions que tous ignoraient. Puis elle reprenait ses notes, silencieuse, avec toujours une place vide à côté d'elle. Dans leur université d'art et de photographie, la sociabilité n'était pas nécessaire. Au contraire, la concurrence régnait entre les élèves, et cela Maia semblait l'avoir bien compris.

Pour elle, le chacun pour soi semblait être devenue une seconde nature. Un jeu dans lequel elle se titrait championne. Quelque part, Loïs avait de la peine pour elle. Elle qui s'estimait chanceuse d'être si bien entourée ne serait-ce par Collin ou une auréole d'autres étudiants. Elle avait toujours essayé de s'intéresser à la vie tous ceux qui occupaient un siège dans la salle de classe. Et beaucoup le lui rendaient bien.

— C'est bon, tu peux déguerpir ! scanda Maïa, ce qui la sortit de ses rêveries. Regarde, le buffet et la salle de bal n'attendent que toi. Moi, j'ai à faire ! Ou tu peux bien rester là à te choisir une robe. Comme tu veux, tant que tu ne traîne plus dans mes pattes !

Si la vue du dressing ne s'imposa pas à elle, et ne la laissait pas sans voix, Loïs aurait sans doute émis une remarque sur son insolence. Mais à ce moment là elle ne pouvait pas détacher ses yeux de la pièce. Jamais elle ne s'était tenue devant quelque chose d'aussi magnifique. Les miroirs brillaient, des strass couvraient d'adorables tabourets en peau—synthétique, elle l'espérait. Si l'entrée laissait croire à de l'usure et des toiles d'araignée, l'intérieur avait tout le luxe d'un palais royale.

Cette pièce était une véritable améthyste. Un joyau dissimulé dans une roche terne.

Quelques étoffes s'échappaient des armoires, du rose, du blanc étincelant, du bleu roi, et de la dentelle. Loïs ne remarqua même pas que la brune lui avait déjà faussé compagnie. Les robes l'attiraient. Plus que de coutume d'ailleurs. Elle n'avait pas pour habitude d'être aussi superficielle, pourtant. Mais là, un seul souhait la hantait : celui de toutes les essayer.

Les cintres doraient sous la lumière lunaire qui perçait le plafond par petites fentes. Puis Loïs repensa au fantôme. Il lui avait semblé rayonnant d' argent. Était-ce également la lune ? Elle se trouva soudain un peu idiote d'avoir été effrayée pour si peu. Puis les grandes robes, toutes nouées aux lacets et au bustier serré, lui rendirent le sourire.

De grands paravents noirs l'attendaient, car naturellement, elle ne partirait pas sans avoir vêti l'une de ces robes. Une robe blanche, pure, retint son attention. Elle paraissait si douce, si envoûtante que Loïs n'hésitait plus et la sortit de sa prison pimpante.

Enfin, elle l'aurait fait si elle n'avait pas été saisie d'un sursaut. Le vêtement retomba à ses pieds, mais elle ne le ramassa pas, tétanisée. Son cœur martelait à sa poitrine, sa conscience la suppliait de fuir, mais elle ne cilla pas. Elle avait peut-être hurlé mais ne s'entendit pas. Tout lui parut trouble, et épars.

Car à côté de la robe blanche comme neige, gisait une flaque aussi rouge que le sang.

Derrière elle, une lame de verre trancha l'air et le calme de cette nuit divine.

Loïs cria. Pour de bon cette fois.

***

Bonjour à tous, comment allez-vous ?

Ah j'espère que vous aimez les robes. 😎... Et les fins à suspense.

Sinon, le jeu est la pour vous consoler !

Le fameux Impro-personnages. Le principe, je vous donne une situation, et vous pouvez me dire ce que ferait vos personnages (que j'ai lu votre histoire ou non) dans cette situation.

1) C'est Noël, et il neige. Qui est assez courageux pour aller dehors, et que fait-il ?

2) Une étoile Filante passe. Vos personnages ont le droit de faire un voeu chacun. Que souhaitent-ils ?

3) Bloqués, un soir d'orage sans réseaux dans un salon. Vos personnages decident de passer le temps en...

Plein de bisous et à demain 😘

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