Chapitre 15- Princesse Maria - Rebecca

— Et si tu te joignais à la fête ? Tu pourras toujours te faire passer pour ta sœur pour justifier ton âge, continua l'homme masqué qui paraissait curieusement familier à la Latina.

Rebecca resta blême. Son interlocuteur avait déjà refermé la trappe du monte-charge, sous son masque de nacre et de plumes qui camouflait le haut de ses yeux, elle crut voir un rictus se lever puis redescendre. Ses cheveux se logeaient sous un chapeau haut de forme, et sa tenue avoisinait l'ère des derniers rois de France.

— Vous... me connaissez ?

Il pouffa de rire.

— Bien sûr que je te connais. Je connais tout le monde ici. Et surtout la famille de ma chère princesse.

Maria ? Une princesse ? C'est vrai qu'elle se nommait comme tel depuis plusieurs jours. Stressée, Rebecca s'éloigna de cet inconnu. Elle plissa les yeux, pour tenter de discerner quelque chose sous son costume mais que ce soit à cause de son défaut de vue ou le manque de clarté de la pièce, elle ne le reconnut pas. Et pourtant, sa voix lui était familière.

Il la pria de le suivre, et l'emmena dans une pièce majestueuse, couverte de robes et de miroirs. Une véritable demeure de conte de fées. Rebecca écarquilla les yeux, imaginant déjà le nombre de cosplays qu'elle pourrait faire avec tous ces habits et accessoires.

— Tu peux choisir un masque et une robe. Ta sœur ne devrait plus tarder.

Puis elle se ressaisit.

— Attendez, le hela-t-elle alors qu'il s'apprêtait à la laisser seule, vous pouvez me prêter un téléphone pour que je puisse prévenir ma mère.

Il haussa les épaules.

— Elle est déjà prévenue et rassurée, ne t'en fais pas.

Mais Rebecca n'allait pas se contenter de sa simple parole.

— Je veux l'appeler !... S'il vous plaît.

Il longea le mur, fin comme une ombre. En fait, Rebecca crut un instant qu'il avait disparu. Il revint vers, et dans sa main nichait un portable, dernier cri. Sans se poser plus de questions, Rebecca le remercia et s'apprêta à attraper l'appareil quand il leva haut son bras.

— Tutut, Le portable après la robe, annonça-t-il, en désignant du doigt une robe blanche traînant sur le sol.

— Pardon ?

— Tu vas gentiment mettre une robe et un masque puis te joindre aux invités, si tu veux tenir ce téléphone.

Sans comprendre, de vilaines craintes aissaillirent Rebecca. Que lui voulait-il ? Quel était son problème avec les robes ? Qui se cachait derrière ce masque ?

Ayant comme l'impression qu'un révolver  pointait sur elle, elle avança timidement vers la tenue blanche. Son cœur tambourinait : elle devait trouver un moyen de s'enfuir de là. Tout dans ce manoir lui filait la chair de poule.

Dix.

La robe avait une coupe parfaite. Ample, élastique. Rebecca ne doutait pas qu'elle lui irait.

Neuf

D'ailleurs en collant les manches à ses bras, elle remarqua qu'elles lui arrivaient pile au poignet.

Huit

L'homme avait quitté la pièce, mais Rebecca sentait qu'il n'avait pas tout à fait disparu. Elle scruta la pièce.

Sept.

Son pouls s'accélèra. Près de la porte, quelqu'un avait bougé. Il l'observait —ou revenait de temps en temps pour vérifier qu'elle ne compte pas s'enfuir.

Six

La robe scintilla. Légère. Élégante.

Cinq

De toute manière, la pièce ne présentait qu'une sortie. Pas de passage secrets apparents, et s'il y en avait, les chercher serait le moins discret du monde.

Quatre

Son poing se crispa. Elle inspira profondément. Il fallait qu'elle sorte.

Trois

Le décompte continuait dans sa tête. Elle espérait que comme dans ses jeux vidéos, l'homme  baisserait sa garde.

Deux

Encore un peu.

Un

Presque.

Maintenant !

— Aie ma cheville ! Je me suis tordue la cheville ! hurla-t-elle à se casser la voix.

L'hôte se montra à la lumière des lustres et Rebecca se précipita vers la porte. L'effet de suprise lui garantit quelques secondes. Elle lança le tissu brillant sur son visage puis le bouscula. Avec le tissu, le masque tomba, alors qu'elle passait enfin la porte et regagnait le couloir.

Un visage croisa son regard. Elle le reconnut avec effroi. Normal qu'il la connaissait. A la vue de son expression déformée par la colère, Rebecca comprit qu'elle devait déguerpir au plus vite.

Alors elle courut.

Courut et  manqua de chuter à chaque virage.

Courut comme si sa vie en dépendait.
C'était peut-être le cas.

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