Chapitre 12- Dans Le Noir- Rebecca
Les enfants ont peur des monstres, du noir, d'être abandonnés, des grands monsieurs... Rebecca, elle n'avait jamais connu aucune de ces phobies. Jusqu'à ce soir.
Plongée dans une pièce obscure, son teint devait être plus blanc que la neige qu'elle venait de fouler. Son téléphone hors service lui manquait, l'oxygène pure lui manquait, la liberté lui manquait. Tout lui manquait !
Comme on lui avait délié les mains, seules ses chevilles restaient encombrées de douloureuses chaînes. Une lueur verdâtre irradia un coin du mur : elle approcha, doucement silencieuse.
— Maria Florez ?
Rebecca n'avait pas encore retiré ses lunettes, et bien qu'un des verres s'était brisé dans la lutte, la jeune adolescente préférait encore voir trois fois la même scène qu'une tâche floue et disproportionnée. Malgré cela, on arrivait toujours à la confondre avec son aînée. Son visiteur ne devait certainement pas être trop proche de Maria, se convainquit - elle.
Le fantôme trouva un visage. Les deux tatouages soleils captèrent en premier son regard. Son agresseur ?
— Le maître sera ravi de vous revoir. Oh mais qu'ai-je fait des bonnes manières ?
D'un claquement de doigts, les chaînes s'evanouirent en poussière laissant à la jeune fille une liberté de mouvement qu'elle n'espérait plus.
— Pardonnez-moi cette brutalité mais le maître n'aime pas les intrus. Puisque vous ne portiez pas votre costume, j'ai cru que...Par pitié, ne lui répétez rien : déjà qu'il a lancé une récompense pour quiconque vous retrouverait, je n'ose pas imaginer ce qu'il me ferait s'il apprenait que je vous ai blessée.
Une récompense ? Rebecca se demanda alors quelles bêtises sa sœur avaient commises pour être déjà si recherchée. La sorcière ferait-elle partie d'un gang de mafieux ? Perplexe, elle tâcha de prendre le rôle de son aînée et haussa le menton, l'air médisant.
— Et bien vous avez intérêt à me dire sur le champ où il est, et tâchez de ne pas épier notre conversation lorsque nous nous rencontrerons.
D'accord, elle en faisait trop. Maria n'aurait jamais réagi de la sorte. En fait, sa grande aurait sans doute été terrorisée à l'idée de salir ses ongles dans la crasse de cette pièce lugubre, ou de ne plus jamais revoir sa généreuse famille. Un vraie princesse.
Passée la frayeur, Rebecca n'oublia pas son nouvel objectif : retrouver la sortie, sa sœur au passage et rassurer sa famille. Qu'elle regrette ou non de de s'être échappée de chez elle, cela ne changerait pas les faits, et parce qu'elle préfèrait rester fière en toutes circonstances, elle ne baissa pas les yeux, ni la tête à cette pensée.
Son geôlier lui indiqua la sortie, qui déboucha sur un couloir éclairé d'étranges lumières mauves, mouchetées d'or.
— Au fait, comment vous appelez vous ? lâcha-t-elle, essayant d'offrir un brin d'empathie, au malheureux... agresseur.
— Sun, mademoiselle.
D'où les soleils.
— Mes frères et moi veillons sur le domaine depuis maintenant plusieurs siècles. Avec un grand sérieux et une parfaite implication.
Un petit bavard... un peu lunaire.
Ils longèrent d'étroits passages, striés de brique de pierre avant d'atterrir en plein milieu milieu du hall. Un escalier les conduirent. De là, Rebecca put même observer une petite soirée en contre bas, saluée de valses d'époques et de... tirs à l'arc ?
Elle n'eut pas le temps de se poser plus de questions que Sun reprit la parole. Une porte close en bois noir se dressait devant eux.
— Nous y sommes mademoiselle, la chambre du maître. Il ne devrait pas tarder à y revenir.
Et Rebecca ré-enfila son apparence de danseuse vaniteuse.
— Très bien. Laissez-moi.
Un silence. Pas un mouvement.
— Vous ne voudriez pas que le maître ne relie ces bleus à votre présence, n'est ce pas ? argua-t-elle en s'étouffant sur la fin de la phrase, gardant son ton bourgeois avec difficulté.
Effrayé, Sun prit immédiatement congé, disparaissant dans les escaliers. Rebecca souffla finalement. Il ne lui restait plus qu'à prier pour ne pas recroiser cet étrange personnage —ou l'un de ses frères— durant sa fuite. Sur la pointe des pieds, elle se mit en quête de nouvelles marches, moins visibles par la foule, et débusqua finalement un vieux mais large monte-charge. Cadré de métaux, le mécanisme semblait solide, assez pour supporter son poids du moins. À l'aide des cordes et du système à poulie, elle sureleva la cabine et inspecta l'en dessous : ce n'était pas trop haut. Si jamais elle chutait, elle pourrait toujours survivre sans grands dommages.
Alors prête à s'y glisser, elle se tint au cordage.
Pourtant, quand une silhouette haute se découpa sur le cuivre du monte-charge, Rebecca se retourna sans trembler, prête à sortir un nouveau mensonge pour justifier ses actes. Un inconnu masqué la sonda, de ses grands yeux verts.
— Ce n'est pas poli de partir sans saluer son hôte. Je me trompe... Rebecca ?
***
Bonsoir à tous, j'espère que vous allez bien.
Pas de jeux ce soir mais un petit message pour vous dire que demain, il n'y aura exceptionnellement pas de chapitres ^^
Plein de bisous et à mercredi ❤️
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