Chapitre 9
Si les mois de juillet et d'août étaient synonymes d'été dans l'hémisphère nord, en Australie, dans l'hémisphère sud, c'était l'hiver. Et, bien qu'il n'y ait pas de neige, les températures ne dépassaient que rarement les seize degrés. Un véritable choc thermique pour quelqu'un quittant un pays où une canicule faisait parler d'elle ! N'ayant emporté que sa valise initialement prévue pour son voyage de noces et qui ne contenait que des robes légères, Hermione s'était tout de suite rendue dans la première boutique de prêt-à-porter qu'elle avait trouvé. C'est donc chargée de nombreux sacs de vêtements chauds qu'elle s'était mise à la recherche d'une chambre d'hôtel. Et lorsqu'elle l'avait trouvée, elle s'y était fait couler un bon bain d'eau chaude. Sa peau était rouge écrevisse et toute fripée lorsqu'elle en était sortie, mais elle se sentait définitivement mieux. Elle avait ensuite envisagé d'aller se balader un petit peu, mais s'était finalement laissé tenter par la fin de son livre.
Le lendemain, à la première heure, elle s'était rendue au bureau de police le plus proche.
Se présentant comme une fille venant d'apprendre qu'elle avait été adoptée, à la mort de ses parents adoptifs, elle avait demandé si l'on pouvait la renseigner sur Wendell et Monica Wilkins, ses prétendus parents biologiques. Une pauvre petite orpheline pouvait-elle obtenir l'adresse ou ne serait-ce que le numéro de téléphone de sa dernière famille sur Terre ? Elle avait supplié, les yeux larmoyants, priant pour ne pas éclater de rire. La standardiste, émue, l'avait redirigée vers l'agent qualifié pour ces situations, dans le fond du poste de police.
Au moment où elle l'avait aperçu, Hermione avait tout de suite pressenti qu'elle n'aimerait pas ce personnage. Et pour cause. L'homme, âgé d'une cinquantaine d'années, l'avait détaillée de la tête aux pieds dans un regard lubrique puis s'était tourné vers son ordinateur avant de lui poser plusieurs questions. À chaque fois qu'il relevait la tête, il se mettait à fixer sa poitrine, les yeux brillants. Monstrueusement mal à l'aise, Hermione s'était mordu la langue presque jusqu'au sang pour ne pas faire de remarques cinglantes. « Tu as besoin de ces infos, tais-toi. » S'était-elle répétée à plusieurs reprises. Lorsque, enfin, il lui avait tendu un petit morceau de papier, elle le lui avait presque arraché des mains et s'en était allée rapidement.
Tout ça, c'était il y a cinq jours.
À l'heure actuelle, Lizzie devait être partie depuis une bonne demi-heure maintenant et son thé était devenu froid. Hermione soupira, elle devait se remuer.
Même si elle avait trouvé l'adresse de ses parents dès le premier jour, merci la magie, elle n'avait pas encore trouvé le courage d'aller à leur rencontre. Vous parlez d'une Gryffondor ! Mais elle avait tellement peur... Lui pardonneraient-ils d'avoir altéré leurs mémoires ? De les avoir en quelque sorte manipulés ? De leur avoir caché la guerre et son implication à elle ? Tant de questions auxquelles elle souhaitait avoir des réponses, mais en même temps qu'elle redoutait de poser. Alors elle les avait observés.
Ils vivaient à présent dans un petit quartier résidentiel assez semblable à celui dans lequel ils vivaient en Angleterre. La maison l'était aussi d'ailleurs : une grande cuisine ouverte sur le séjour, deux chambres, un petit jardin avec balancelle à l'arrière, un grand garage avec un atelier bricolage pour son père. Vraiment très semblable.
Chaque soir, lorsqu'ils rentraient du travail, les Granger/Wilkins suivaient le même rituel : ils cuisinaient ensemble, mangeaient à la lueur des chandelles tout en discutant de leur journée puis s'installaient dans le salon pour une heure ou deux. Parfois, ils lisaient, côte à côte, parfois, ils regardaient un film. Sa mère posait alors sa tête sur les genoux de son père.
En ce qui concernait le travail, il était comique de constater que même dans leur nouvelle vie, ils étaient dentistes. Il fallait croire qu'ils étaient destinés à pratiquer ce métier.
La jeune femme soupira. Cinq jours qu'elle les suivait dans leur quotidien et, force était de constater, qu'ils étaient heureux. Avait-elle le droit de réapparaître dans leur vie après tout ce temps ? Que se passerait-il ensuite ? Elle laissa tomber sa tête contre la table, avant de la taper quelques fois dessus.
- Mais. Qu'est-ce. Que. Je. Dois. Faire !? Demanda-t-elle tout haut, ponctuant chaque mot par un coup de tête.
Lorsqu'elle s'arrêta, son front était rouge et elle n'avait toujours pas trouvé de réponse à sa question. Que n'aurait-elle pas donné pour avoir Harry à ses côtés. Elle avait vraiment été bête de lui répondre qu'elle souhaitait être seule, parce que là tout de suite, maintenant qu'elle était bien réveillée et qu'elle n'avait pas de chouette virevoltant autour de sa tête, elle souhaitait plus que tout avoir quelqu'un à qui parler.
Avisant le tas de lettres tout près d'elle, elle tendit paresseusement le bras et attrapa le tout pour les feuilleter. "Harry, Ron, Ron, Ginny, Molly, Harry, R..." Tiens, elle ne connaissait pas cette écriture. Intriguée, elle la retourna, mais le destinataire n'était pas inscrit au dos. Elle fronça les sourcils. Et si c'était Ron ou Ginny qui avait écrit avec une plume permettant de changer l'écriture ? Ils n'iraient quand même pas jusque-là, si ? Après tout, ils avaient déjà été bien loin dans la manipulation... Son cœur se pinça.
Chassant les mauvaises pensées qui commençaient à envahir son esprit, elle ouvrit l'enveloppe qu'elle tenait entre ses mains. Et ses yeux s'écarquillèrent lorsqu'elle lut la signature en bas de la page.
« Salut Hermione,
Tu avais dit que tu écrirais, j'attends toujours. Prends-le comme un reproche, s'en est un.
Ma mère me harcèle littéralement pour savoir si j'ai eu de tes nouvelles. Je ne sais pas ce qu'elle s'imagine, mais j'ai fini par décider de t'écrire. Et je t'en prie, je t'ordonnerai presque même, de me répondre ! N'importe quoi, mais réponds-moi, qu'elle me laisse tranquille, par Merlin ! Mon patron va finir par me virer si un hibou débarque encore dans la réserve. Les dragons sont ingérables et s'agitent à leur approche. Ce qui n'est pas l'idéal lorsque, justement, on essaye de les garder tranquilles pour les soigner ! De ce fait, si tu pouvais privilégier la cheminette pour me répondre, ce serait formidable. Je suis chez moi tous les jours avant 6h30, ensuite entre 13 et 13h15 pour le déjeuner et puis à partir de 21h30. Tu peux toujours tenter de me joindre entre-temps, mais je ne te promets rien du tout. »
À très bientôt, (tu as intérêt!)
Charlie.
PS : mon adresse de cheminette est la suivante, Charlie Weasley, Roumanie, Réserve Regele Aerului*, baraquement 4.»
Hermione relut la lettre deux fois avant de se laisser aller dans un éclat de rire nerveux. Ce Weasley n'était définitivement pas comme les autres. Jetant un rapide coup d'œil à sa montre, elle constata qu'il était 9h55 du matin. Bien. Combien d'heures de décalage y avait-il entre l'Australie et la Roumanie déjà ? ... Déjà ? Comme si elle l'avait su un jour ! Se moquant d'elle-même, elle s'habilla rapidement et descendit à l'accueil de l'hôtel. En arrivant à Sydney, elle avait tiré au sort pour savoir si, pile, elle prendrait une chambre côté moldu ou face, du côté sorcier. C'était tombé sur pile.
- Bonjour ! Est-ce que vous avez une connexion internet ? Demanda-t-elle à la jeune réceptionniste occupée à lire un magasine people tout en mâchant ouvertement un chewing-gum
« Ferme ta bouche quand tu rumines, on dirait une vache au bord de la route. » Pensa Hermione en levant les yeux au ciel.
Depuis qu'elle louait sa chambre ici, elle n'avait jamais vu la jeune femme faire autre chose que mâcher et lire ses magazines. La moindre des choses aurait été qu'elle compense son allure en accueillant correctement les clients, mais ce n'était même pas le cas. À la place de son patron, il y a longtemps qu'Hermione lui aurait remonté les bretelles... Et fait mettre une jupe plus longue... Et se laver les cheveux... Et se laver les dents aussi tiens, ce ne serait pas du luxe. Merlin, c'était bien son haleine qui sentait si fort l'alcool à travers le chewing-gum mentholé ? Hermione retroussa son nez, vraiment gênée par l'odeur.
La femme lui indiqua une petite salle du doigt, sur la gauche puis ouvrit la bouche pour parler. Hermione faillit la supplier de la garder fermée.
- Vous avez droit à une demi-heure par jour.
- Merci ! S'exclama la sorcière en s'éloignant rapidement.
Pour toute réponse, la réceptionniste fit éclater une bulle de chewing-gum. Hermione secoua la tête, dépitée. Vraiment, si elle était la patronne de cette femme, soit elle lui ferait prendre des cours de savoir-vivre, soit elle l'aurait virée tout simplement. Peut-être les deux en fait.
Internet lui apprit que cinq heures décalaient ce pays de celui où Charlie se trouvait. Si elle se dépêchait de trouver une cheminée connectée au réseau, elle pourrait lui parler avant qu'il ne parte travailler. Elle remonta en vitesse dans sa chambre, rassembla ses maigres biens d'un « Failamalle » bien senti et quitta l'établissement après avoir réglé son séjour auprès de Miss Chewing-gum.
- Charlie Weasley, Roumanie, Réserve Regele aerului, baraquement 4 ! Tenta encore une fois Hermione.
Cela faisait près de dix minutes qu'elle tentait toutes les façons possibles et inimaginables de prononcer le nom de la réserve, sans succès. Et naturellement, la connexion ne se ferait que lorsque la prononciation serait la bonne. Rageuse, elle se mit à crier.
- Charlie Weasley, Roumanie, Réserve Regele Aerului, baraquement 4 ! Tu vas fonctionner bon sang !?
- Est-ce bien nécessaire de gueuler comme ça à seulement 6h du mat' !? S'écria soudain une voix dans la cheminée, faisant sursauter Hermione
- Charlie ! Oh Merlin, Charlie, je suis désolée ! Mais c'est le nom de ta réserve, voilà dix minutes que j'essaie de le prononcer !
- Hermione !?
Un grognement suivit. Elle entendit ensuite vaguement un bruit de froissement, le son caractéristique que fait une ceinture lorsqu'on la boucle et un long bâillement avant que la tête endormie de Charlie Weasley n'apparaisse dans la cheminée.
- Tu ne pourrais pas passer de ce côté ? J'ai eu une longue journée hier et j'ai beaucoup trop mal aux genoux pour dire de rester dans cette position.
- C'est faisable de si loin ? S'étonna la jeune femme
Charlie ne répondit pas, se contentant de hausser les sourcils l'air de dire « Si je te le dis ! »
- Mais alors pourquoi ne rentres-tu pas plus souvent au Terrier ?!
- Parce que je n'en n'ai pas l'envie, voilà tout. Bon, tu viens ?
- Charlie, il m'a vraiment fallu dix minutes pour trouver comment prononcer ton adresse et c'était au pif. Je serais incapable de la répéter comme ça.
Le rouquin soupira bruyamment avant de lui demander son adresse à elle. La seconde suivante, il était à ses côtés, dans la chambre d'hôtel côté sorcier qu'elle venait de louer. Plus spacieuse que la précédente, il sembla toutefois à Hermione qu'elle venait soudainement de rétrécir. Et pour cause, un Charlie Weasley vêtu en tout et pour tout d'un jean élimé, les yeux encore embués de sommeil et la tignasse désordonnée, ça prend de la place. Incapable de s'en empêcher, elle le détailla alors qu'il s'époussetait en grognant contre le système de poudre de cheminette.
Là où ses frères étaient très grands et fins, Charlie était légèrement plus petit, bien que toujours plus grand qu'elle, mais également plus musclé. S'ils possédaient la couleur typique de la famille Weasley, ses cheveux à lui, coupés au menton, tiraient plutôt sur l'auburn que sur le roux flamboyant. Quant à ses yeux, Merlin. Tout en restant bleus, ils étaient néanmoins plus foncés, plus sombres, plus mystérieux que ceux de n'importe quel autre Weasley à la connaissance d'Hermione. Sur l'entièreté de son bras gauche, on pouvait voir le tatouage d'un dragon. Intriguée, elle fit un pas en avant pour le regarder de plus près. Il s'agissait d'un Magyar à pointes et on aurait pu croire, à s'y méprendre, qu'il s'agissait précisément de celui que Harry avait affronté en quatrième année. Les traits étaient fins, précis, sans ratures, magnifiques.
Particulièrement gêné par cette inspection en règle, Charlie se racla doucement la gorge, ce qui fit sursauter une nouvelle fois Hermione.
« Non, mais qu'est-ce qu'il te prend ma grande !? » Se fustigea-t-elle elle-même, tout en rougissant furieusement.
- Hum. Pardon, je... Il est magnifique ce tatouage, je... Euh... Bonjour.
- Bonjour, répondit Charlie en souriant.
Un silence gêné se plaça alors entre eux et Hermione s'en serait tapé la tête aux murs. Non, mais quelle idiote ! Charlie quant à lui, les bras croisés, en profitait pour la scruter à son tour... Et ce qu'il voyait ne lui plaisait pas. Sur dix jours, il était plus que clair qu'elle n'avait pas dû énormément dormir. Les yeux cernés, le visage pâle et légèrement creusé, elle n'avait vraiment pas bonne mine. Laissant glisser son regard sur le corps de la jeune femme, il put remarquer qu'elle avait maigri. Merlin, comment pouvait-on sérieusement perdre autant de kilos en à peine plus d'une semaine ?! « Apprends que tu es cocu depuis des mois, le jour de ton mariage et que tes amis étaient au courant, fuis ensuite, seul, dans un autre pays pour retrouver tes parents sans savoir s'ils te pardonneront un jour, ajoute à cela toutes les incertitudes quant à l'avenir et on verra si tu ne perdras pas quelques écailles, dragonnier ! » Fit une voix ironique dans la tête de Charlie.
- Vu comme ça... Marmonna Charlie en grimaçant
Malheureusement, Hermione l'entendit et ces mots, accompagnés de la grimace après qu'il l'ait reluqué ouvertement, furent mal interprétés. À son tour, elle croisa les bras sur sa poitrine et fit un pas en arrière en détournant le regard. La déception et une douce colère commençaient à s'insinuer dans ses veines. Non, mais pour qui se prenait-il !? Si le spectacle qu'elle lui offrait lui était si dérangeant, qu'il s'en aille ! Une boule en travers de la gorge, elle souffla et dit sèchement :
- Alors comme tu le vois, je vais bien. Tu peux retourner pour l'écrire à Molly, elle te laissera tranquille après ça. Ou non, tu sais quoi ? Je lui écrirais moi-même, ainsi, tu n'auras plus à te déranger pour moi.
Le changement radical dans le comportement d'Hermione déstabilisa Charlie. Qu'avait-il donc, encore, fait ?
- Euh, Hermione, ça va ?
- À merveille, merci.
De plus en plus perplexe, il voulut pour approfondir la question, mais elle le coupa :
- Écoute, Charlie, je suis désolée de t'avoir dérangé, ça n'arrivera plus, crois-moi. Tu peux retourner auprès de tes dragons, j'ai des choses à faire de toute façon.
Charlie était à présent complètement vexé. Mais pour qui se prenait-elle pour lui parler de cette façon ? Hochant la tête, il tourna les talons en levant la main brièvement et sèchement en signe de salut puis disparu quelques secondes plus tard dans les flammes vertes de la cheminée.
Les épaules d'Hermione s'affaissèrent alors et les larmes qu'elle retenait jusque-là ruisselèrent sur ses joues.
Après avoir fixé l'âtre pendant un moment, elle se rendit dans la salle de bain et se plaça face au miroir sur pied.
Elle avait vu la grimace qu'il avait fait après l'avoir reluqué. Elle l'avait entendu marmonner « Vu comme ça ». Eh bien, vu comme ça, quoi ? Vu comme ça, il était normal que Ronald soit allé voir ailleurs, c'est ça ? La rancœur lui étreignit le cœur.
Elle s'était laissée trois jours pour déprimer et pleurer, après qu'elle eut quitté la cérémonie de mariage, mais force était de constater que cela n'était pas suffisant. Parce qu'elle était fatiguée, épuisée de ne pas dormir. Parce que si la journée, elle était assez occupée pour ne pas penser à sa relation brisée, la nuit, seule dans le grand lit, elle ne pouvait qu'y penser. Et ça la rongeait, Merlin que ça la rongeait.
Bien souvent, elle n'avait qu'une envie, c'était de sortir du lit et de tout briser sur son passage. Comment avait-elle pu être aussi aveugle ? C'est vrai qu'elle avait beaucoup travaillé et étudié pendant trois ans, mais il fallait bien ça pour qu'elle devienne une Médicomage qualifiée. Ron le savait que cela lui tenait à cœur pourtant, il savait que ce ne serait que pour trois ans. N'est-ce pas ?
En plus, sans vouloir faire de reproches, il ne pouvait pas dire qu'elle l'avait poussé à quoique ce soit. Elle lui avait laissé du temps pour réfléchir à ce qu'il souhaitait faire et elle ne l'avait pas incommodé avec les tâches ménagères, quitte à les faire elle-même lorsqu'elle rentrait épuisée de ses journées de cours. Alors elle ne comprenait pas. Peut-être que justement, elle aurait dû le bousculer ? Peut-être que justement, il avait interprété cela comme un désintérêt de sa part ? Peut-être... Hermione ne savait pas. Ron était retourné dans les bras de Lavande et elle n'en avait rien vu. Ou tout du moins pas avant récemment.
À l'approche du mariage, Ron était devenu encore plus nerveux et distant qu'il ne l'avait jamais été. Troublée par ce changement et ne supportant plus de le voir partir sans excuses valables, Hermione l'avait suivi jusque chez Lavande. Elle avait ensuite patienté, pendant près d'une heure, cachée par un sortilège de désillusion, qu'il ressorte. Lorsque la porte s'était à nouveau ouverte et qu'elle les avait vu s'embrasser sur le seuil, le cœur d'Hermione s'était brisé.
Elle était alors rentrée en transplanant et s'était servie un verre de whisky pur feu. Surpris, Ron lui avait demandé ce qui n'allait pas en rentrant, à peine quelques minutes après elle. Elle lui avait souri, siphonné son verre, répondu qu'elle avait simplement besoin de boire un coup et s'était resservie. Il l'avait laissée là et était monté se coucher en haussant les épaules.
Étant une femme de réflexion plus que d'action, Hermione s'était donnée la nuit pour réfléchir. Malheureusement, le lendemain, à part une bonne gueule de bois et une mine affreuse, elle n'avait rien trouvé dans le whisky. Elle avait alors fait le choix, stupide maintenant qu'elle y pensait, de ne rien dire et d'attendre... En priant pour que ce qu'elle avait vu était en réalité un baiser d'adieu, qu'ils avaient peut-être eu une aventure, mais que c'était terminé. Une femme amoureuse peut trouver toutes sortes de justifications, vraiment. En tout cas, elle aurait pu vivre avec cette explication.
Puis elle avait surpris les échanges de regards entre les deux amants, le matin de la cérémonie. L'évidence lui était alors apparue : ils s'aimaient, réellement. Et elle ne pouvait pas vivre avec ça. Elle avait donc mis fin à toute cette mascarade puisque Ron n'avait manifestement pas eu le courage de le faire.
Une question, cependant, la taraudait plus que tout autre chose : pourquoi l'avait-il demandé en mariage si cela faisait plus d'un an et demi qu'il la trompait ? Elle avait pensé dans un premier temps qu'il souhaitait peut-être les garder toutes les deux, mais Lavande était au courant et elle n'était définitivement pas le genre de femme à partager sur le long terme. Même si ce qui lui était arrivé l'avait rendue beaucoup plus calme et timide, Hermione aurait donné sa baguette à casser qu'elle n'aurait pas accepté d'être une roue de secours. Cela n'avait donc aucun sens.
La réponse la plus plausible qui était alors venue à l'esprit d'Hermione était que si Ron ne l'avait pas quittée, c'était parce qu'elle lui faisait pitié, et qu'il ne voulait pas la voir finir vieille fille. L'idée l'avait mise en colère de nouveau, d'autant plus qu'elle se faisait pitié elle-même. Se laisser aller de la sorte ne lui ressemblait pas et l'état dans lequel elle se trouvait la dégoûtait.
Chaque soir, au moment d'aller se coucher, elle remuait tout cela dans sa tête et ne trouvait pas le sommeil avant le lever du jour. C'est ce qui faisait que Charlie l'ait trouvé dans ce si piteux état.
Se secouant, Hermione sécha ses larmes, se rinça le visage et retourna dans la chambre. Sur un petit morceau de parchemin, elle nota à Molly Weasley qu'elle allait bien, mais qu'elle avait besoin de solitude. Elle lui demanda également de faire passer le mot à son fils et sa fille afin qu'on la laisse tranquille. Elle ne voulait plus recevoir de hibou et n'y répondrait de toute façon plus. Hermione ne donna pas d'informations sur le lieu où elle se trouvait ni sur la durée de son exil.
Une fois la lettre pliée et glissée dans l'enveloppe, la jeune femme attrapa son sac, sa veste et sorti.
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