Chapitre 8

Ce furent les coups de bec intempestifs contre sa fenêtre qui réveillèrent Hermione. Grimaçant en ouvrant les yeux, elle se maudit d'avoir oublié de fermer les rideaux avant de se mettre au lit la veille. Foutu soleil.

- C'est bon, j'arrive ! Grommela-t-elle lorsque les tapements reprirent.

À peine eut-elle ouvert la fenêtre qu'une magnifique chouette au plumage mordoré s'engouffra dans la pièce, lâcha le courrier sur la tête d'Hermione et alla se percher sur le dossier de la chaise du bureau. La jeune femme la fusilla du regard en la pointant du doigt.

- Tu es très mal élevée, tu le sais !? Quelqu'un devrait vraiment t'apprendre les bonnes manières !

L'oiseau émit un petit hululement vexé en battant des ailes.

- C'est cela, oui, répliqua Hermione en ramassant la lettre qui était tombée au sol.

Elle la plaça sur le haut de la pile qui recouvrait le petit meuble sous la fenêtre et se détourna pour aller se préparer un thé. C'était sans compter sur la chouette qui hulula violemment, vola jusqu'à la pile, attrapa sa lettre et fit tomber le reste. Elle alla ensuite lâcher, à nouveau, l'enveloppe sur la tête d'Hermione.

- Non, mais ça ne va pas bien dans ta tête !? Je ne lirai pas cette lettre parce que je n'en ai pas envie ! Et regarde-moi tout ce bazar maintenant ! S'exclama-t-elle en avisant la pile répandue par terre.

A raison d'au moins trois enveloppes par jour depuis dix jours, il y en avait un joli paquet. Elle les avait toutes posées là en attendant de savoir quoi en faire. Les lire ? Les utiliser pour raviver son feu de cheminée ? La seconde option la séduisait particulièrement.

Elle se releva, retourna à la confection de son thé, mais dû encore s'arrêter lorsque la chouette se mit à voler autour de sa tête en hululant.

- Cela suffit, maintenant ! Arrête de me tourner autour comme ça ! Cria-t-elle.

La chouette poussa un cri plus aigu avant d'attraper l'enveloppe qu'elle venait d'apporter pour la lâcher, une troisième fois, sur la tête d'Hermione.

- Argh ! Très bien, je vais le lire ton maudit courrier ! Mais arrête de crier ! Gronda la jeune femme

Fier de lui, le volatile hulula de telle façon qu'on aurait pu croire qu'il riait et alla se reposer sur le dossier de la chaise de bureau.

Hermione soupira lorsqu'elle reconnut l'écriture en patte de mouches de son meilleur ami. Elle allait pour la repousser lorsqu'elle croisa le regard de la chouette. Grognant de frustration, elle l'ouvrit.

La lettre n'était pas bien grande, une demi-page à peine.

« Hermione,

J'espère que la chouette ne t'a pas trop importunée, mais il m'en fallait une têtue qui ferait tout pour te remettre ce courrier. Ne me lance pas ton regard noir, après dix jours de silence radio, j'ai décidé d'employer les grands moyens. Et puis lorsque je l'ai vue dans la ménagerie, j'ai tout de suite compris que cette chouette serait parfaite pour cela. Elle s'appelle Lizzie, je lui ai donné ce nom en référence à Elizabeth Bennet², j'imagine que tu sais de laquelle je parle, vu son tempérament. Quoiqu'il en soit, sache que, dorénavant, Lizzie t'appartient. Elle te tiendra compagnie et puis ce sera plus pratique pour toi que de toujours aller à la poste.

Enfin bref. J'aimerais te voir, que l'on discute. Je ne peux pas te laisser croire que je t'ai trahie, parce que ce n'est pas le cas. J'étais au courant de ce qu'il se passait, oui, mais depuis la veille seulement. J'ai surpris une conversation entre Ron et Ginny. J'avais exigé qu'ils t'en parlent avant la cérémonie, auquel cas, je m'en chargerais moi-même. Ils avaient promis, mais ils m'ont berné aussi. Ginny a tout fait pour que je ne puisse pas te parler. Si tu y réfléchis un peu, tu te souviendras que plusieurs fois, je suis venu frapper à la porte de votre chambre avant de finalement partir voler.

Je suis sincèrement désolé, Hermione, crois-moi. Peut-on se voir ? Dis-moi simplement où tu te trouves et je viendrais, où que tu sois.

Affectueusement,

Harry »

Ainsi donc il ne lui avait pas caché toute cette histoire comme elle l'avait pensé... En même temps, elle ne lui avait pas laissé l'occasion de s'expliquer non plus.

Mi-soulagée mi-honteuse, Hermione se laissa tomber sur le lit en reniflant bruyamment. Un poids sur son épaule suivit d'un petit hululement attira alors son attention. En tournant la tête, son regard tomba dans celui doré de la chouette.

- Tiens, je t'avais presque oublié toi. Ainsi donc tu t'appelles Lizzie.

Hululement et bruissement d'ailes.

- Il parait que je suis ta nouvelle maîtresse. Tu crois qu'on va réussir à s'entendre toi et moi ?

Hululement et bruissement d'ailes.

- Harry a raison quand il écrit que tu as un sacré caractère en tout cas, je n'ai jamais vu de chouette aussi têtue que toi.

Hululement fier.

- Bienvenue chez toi Lizzie.

Hermione approcha sa main et la chouette tendit la tête pour quémander une caresse. La jeune femme sourit, cette chouette était vraiment un sacré phénomène.

- Eh bien ma grande, que dirais-tu de te reposer un peu le temps que je prenne une douche puis que je réponde à Harry ?

La concernée mordilla le lobe de son oreille, ce qui la fit rire, puis retourna se percher sur le haut de la chaise de bureau. Après lui avoir donné de l'eau et un biscuit sec trouvé dans son sac à main, Hermione se dirigea dans la salle de bain. Une heure plus tard, fin prête pour la journée, elle s'installa pour écrire.

"Harry,

Je vais bien, ne t'en fais pas³. J'ai besoin d'être seule encore quelque temps. Je te ferais signe quand je serais prête à te parler.

Hermione. "

Sous l'eau chaude de sa douche, elle avait longtemps hésité à inviter Harry à la rejoindre, mais avait finalement pensé que ce n'était pas une bonne idée. Premièrement, cela lui ferait du bien de se tenir éloignée de tout ce qui pourrait lui rappeler Ron et clairement, Harry faisait partie de ce tout. Deuxièmement, elle avait besoin d'être seule pour la tâche qu'elle s'apprêtait à effectuer.

Après s'être relue une fois, elle confia sa réponse à Lizzie et la suivie du regard quand elle s'envola par la fenêtre. Lorsque la chouette eut totalement disparu de l'horizon, elle alla finir de se préparer son fameux thé. Et c'est donc le nez dans sa tasse qu'elle se remémora les évènements de ces derniers jours.

Les premières septante-deux³ heures après le fiasco du mariage, Hermione s'était enfermée dans la chambre la plus poussiéreuse du premier hôtel moldu qu'elle avait trouvé. Isolée par plusieurs sortilèges, elle avait laissé sortir tout son trop-plein d'émotions. Elle avait d'abord pleuré puis ri, crié puis s'était tue, elle avait frappé les murs puis avait déprimé dans son lit. Il fallait que cela sorte et elle s'était laissée trois jours pour cela, pas un de plus, parce que Hermione Granger ne se laissait pas abattre. Jamais. Hermione Granger en avait déjà vu de bien pires et s'en était toujours remis. Certes, elle avait toujours pu compter sur ses amis et aujourd'hui, elle serait seule, mais elle pouvait le faire.

Le matin du quatrième jour, elle s'était donc levée avec le soleil, avait pris une douche, commandé le petit-déjeuner et s'était installée à table pour réfléchir.

Que faire à présent ? Elle était forte et s'en sortirait, mais elle avait malgré tout besoin de prendre du recul. Aussi, il était hors de question de retourner dans le Londres sorcier.

Elle avait tout d'abord envisagé de se rendre en Afrique, elle qui avait toujours rêvé de visiter ce continent, que cela soit pour les paysages ou pour en apprendre d'avantage sur la culture et les traditions. Elle rêvait depuis toujours d'y mettre un jour les pieds. Elle avait donc attrapé du parchemin et une plume dans le but de mettre par écrit ses idées lorsqu'elle avait pensé à ses parents. Eux aussi avaient un jour rêvé de voyager, de visiter de belles contrées, celles de l'Australie en l'occurrence.

Délaissant temporairement ce qu'elle faisait pour aller se poster devant la fenêtre, elle s'était plongée dans ses souvenirs. Depuis la fin de la guerre, elle avait tout fait pour ne pas penser eux tant cela lui était encore douloureux.

Elle n'avait jamais envisagé de les retrouver, pensant que le sort qu'elle leur avait lancé était irréversible. Mais maintenant qu'elle avait fait ses études de Médicomagie, elle savait que, si et seulement si, le sort était bien effectué, il était possible de le contrer. Les cas comme celui du Professeur Lockhart, qui avait reçu le sortilège par erreur, en revanche, étaient définitif (4).

Et si elle les retrouvait ? Et si elle profitait justement de ce besoin de s'éloigner pour partir à la recherche de ses parents ?

Oui, c'était ce qu'elle voulait finalement faire. L'Afrique pouvait bien encore attendre un peu. Prise d'une soudaine frénésie, elle avait rassemblé ses effets personnels et avait directement transplané pour Sainte Mangouste.

Sur place, elle avait demandé à voir son supérieur et lui avait demandé un congé sans solde. Bien que surpris, l'homme avait fini par accepter. Premièrement, on ne refuse rien à une héroïne de guerre et, deuxièmement, il était au courant, comme tout le monde, du fiasco qu'avait été sa cérémonie de mariage. La pauvre petite avait bien besoin de vacances, avait-il pensé.

Hermione s'était ensuite rendue au Ministère de la Magie pour réserver une place pour le prochain Portoloin en partance pour l'Australie. Chanceuse, elle avait appris qu'il partait le soir-même.

Cela faisait près d'une heure qu'elle était installée dans la salle d'attente, le nez dans un bouquin, lorsqu'elle s'était rendu compte que les employés du département des transports murmuraient à son sujet. Elle n'y avait pas prêté attention, jusqu'à ce qu'elle perçoive la phrase « Combien crois-tu qu'on payerait pour une info pareille ? » Outrée, Hermione avait exigé à voir le directeur sur le champ.

Monstrueusement gêné, l'homme lui avait affirmé que personne n'enfreindrait le secret professionnel, mais elle n'en croyait pas un mot, les gens étaient toujours avides de cancans et plus encore lorsqu'ils pouvaient en retirer quelques gallions. Elle avait alors prévenu le directeur que, si jamais l'information sur sa destination sortait de ses murs, elle poursuivrait le service entier en justice.

La prenant très au sérieux et souhaitant montrer sa bonne foi, il avait fait rassembler tout son personnel pour leur faire signer un document attestant de leur discrétion, auquel cas, ils se verraient démis de leur fonction et contraint à payer une amende faramineuse. Cela avait eu le mérite d'en faire blêmir plus d'un.

Satisfaite et pas peu fière, Hermione était ensuite retournée à son livre en attendant le départ du Portoloin. Ça avait du bon, parfois, d'être une "héroïne".

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